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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
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10 novembre 2009

On veut tout savoir sur l'argent des élus

gif_billet_500_eurosParcourant le net, je suis tombé sur le site d'un député qui a décidé de livrer tous les détails sur ce qu'il gagne et fait de son argent. Le sujet est sensible car on entend plus souvent des propos à l'emporte-pièce que des réactions étayées. "Tous pourris", "la place doit être bonne", "ils s'en mettent plein les poches", "il n'y a aucune transparence"…

En l'absence de précisions, on peut toujours penser que les parlementaires, ou autres élus d'ailleurs, sont trop payés. Ou y aller de ses critiques pour les sommes que la République leur verse. On pourra ne pas être d'accord avec ma façon de voir mais j'estime que tout élu a droit à une contrepartie décente pour la tâche qu'il accomplit.

Je veux citer ici mon petit cas personnel. Au cours de mes années d'élu, la seule fois où j'ai reçu des indemnités à peu près satisfaisantes a été lorsque j'ai été adjoint dans une majorité. Pendant cette période, j'ai pu décider de travailler à mi-temps afin de me consacrer convenablement à la fois à ma vie professionnelle et à mon mandat d'élu.

Pourtant, ces indemnités ne couvraient pas totalement mes pertes de salaire. Mais c'était un choix. Je l'ai assumé. Bien sûr, j'ai conscience qu'il n'est pas toujours aisé pour tout élu (ou futur élu) d'envisager ce type de solution, ce qui est une injustice car une situation financière fragile ne devrait pas ôter à quiconque le droit et la possibilité d'accéder à un mandat.

Lors de mes mandats dans l'opposition, les indemnités pour les élus de la minorité (instaurées seulement à partir de 1989 à Aix) ne se sont élevées pour les sept dernières années qu'à environ 300 euros par mois (soit un billet de 10 par jour !) pour une durée de travail assez conséquente quand on s'investit complètement. Vu la somme dérisoire, impossible donc de me mettre professionnellement à temps partiel. Je ne raconte tout cela qu'à titre d'exemple pour illustrer le cas d'un élu de base.

gif_billetsHabituellement, les parlementaires ne sont pas très bavards, ils se font même très "pudiques" lorsqu'on aborde la question. Il est donc intéressant de prendre connaissance des explications que donne Jean-Jacques Urvoas pour son mandat national et l'usage qu'il fait de ses indemnités. Un peu de transparence ne fait pas de mal. Récemment, Noël Mamère a aussi publié ses comptes.

Le problème est que si l'Etat ne tait rien sur les indemnités des parlementaires, rien n'oblige ces derniers à en informer directement les citoyens. L'information serait pourtant salutaire, d'autant que le cumul des mandats et les situations obtenues par piston aggravent l'opacité et alimentent l'anti-parlementarisme.

Cela prendra du temps avant de mettre tout à plat mais la clarté passe par la création d'un statut pour tous les élus, tous les fonctionnaires et tous les emplois rémunérés par de l'argent public, et par la publication de tous les comptes. Pour le secteur privé, à voir les niveaux outranciers des rémunérations du haut du panier divulgués un peu plus chaque jour depuis leur emballement indécent, un cadre législatif ne serait pas non plus de trop. Ne désespérons pas...

Les comptes du député PS Jean-Jacques Urvoas :

http://assemblee.blogs.liberation.fr/urvoas/2009/07/le-prix-de-la-transparence.html 

Les comptes du député Verts François de Rugy :

(clic sur "Finances du député" en bas de page pour lire sa déclaration détaillée) :

http://www.francoisderugy.fr/post/2009/10/23/Transparence 

Et enfin, un moment de grande drôlerie (3'32"),

la vraie interview de Jean Sarkozy :

http://tv.lepost.fr/2009/10/28/1763574_voici-la-vraie-interview-de-jean-sarkozy-sur-france-2.html

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27 octobre 2009

Régionales 2010 : Ça va canarder en PACA

Dans "La Femme du boulanger", en préambule à son interminable récit-torture, le loufoque pêcheur Maillefer justifie son exigence absolue que personne n'a le droit de l'interrompre par le fait que, lorsqu'il était petit, il a reçu une boule de pétanque sur le crâne et qu'il en garde encore des séquelles paralysantes.

Je me demande si les prochaines élections régionales ne vont pas nous faire le même effet. Si l'on a bien saisi, pour l'instant, dans notre région, au premier tour, il y aura plein de listes : NPA, Front de gauche, PS, écologistes, MoDem, UMP et associés, FN, et liste extrême droite dissidente. Chacun veut se compter pour établir un classement pour le second tour en usant du rapport des forces.

Après tout, démocratiquement, on peut le concevoir, le but des manœuvres pour la qualification finale étant de ne pas être hors course. En revanche, politiquement, à gauche et à droite, la stratégie peut s'avérer décevante et même perdante si des listes à faible score ne sont pas en capacité de se maintenir ou de fusionner. Il y aura donc forcément moins de listes au second tour.

Dans la situation actuelle, c'est à gauche qu'il y aura nécessité de fusions. Dans la logique, cela se fera autour du PS, à moins que, par surprise, les écologistes et le MoDem fassent de gros scores et cherchent à s'allier pour dépasser le PS. Vu le système électoral en vigueur, au second tour, une majorité relative est suffisante pour obtenir une majorité de sièges.

En tout état de cause, l'UMP assurera le socle de son score dès le premier tour et n'aura pratiquement pas de réserves de voix pour le second. Pour battre l'UMP en finale, il faudra une union PS + écologistes ou écologistes + MoDem ou encore une fusion large des trois.

Bataille Vauzelle / Mariani

D'ici mars, ça va beaucoup spéculer dans chaque camp et chaque parti pour tenter de virer en tête. On va aussi constater que les alliés potentiels de second tour orienteront leur combat contre l'UMP. Même si Michel Vauzelle ne semble pas cette fois-ci pouvoir rééditer dès le premier tour la grande alliance qui lui a réussi à deux reprises, en tant que sortant, il peut fortement espérer réunir autour de lui pour le second tour.

Hier, l'UMP (euh, Nicolas Sarkozy) a désigné Thierry Mariani alors que deux autres candidats, Guy Tessier et Bernard Deflesselles, s'étaient mis sur les rangs avant lui. L'image très droitière de Mariani risque de lui jouer des tours : les électeurs du FN iront quand même voter FN et des électeurs de droite modérée préfèreront le MoDem ou, pourquoi pas, feront confiance au légitime Vauzelle.

Apprenant la confirmation à peine imposée de Mariani comme tête de liste, Patrick Mennucci a attaqué bille en tête en lui offrant une carte du centre-ville de Marseille, un itinéraire et une photo de l'hémicycle de la Région. Et d'ironiser : "Le candidat sarkozyste a sans doute besoin d'aide pour retrouver le chemin. [...] Car à la stupéfaction générale, il est conseiller régional depuis 2004 ; mieux, il dirigeait la liste de droite dans le Vaucluse où il a été largement battu par Vauzelle".

Et puis encore sur le peu d'assiduité : "Il a boudé le mandat qui lui avait été confié en 2004 : il est peu venu à la Région, 10 fois sur 155 réunions officielles, 2 fois sur 40 commissions permanentes". Cela a obligé Mariani à se justifier : ce dernier a assuré avoir "vite compris, après quelques réunions, que le président Vauzelle ne laisse aucune place à l'opposition, réduite au simple rôle de figurant".

Tiens, on aimerait bien savoir maintenant ce qu'en pensent ses collègues Muselier et Deflesselles et tous les élus de droite qui se sont tapé toutes les séances et les réunions de se voir humiliés jusqu'au mépris par leur nouveau chef.

Voilà pour les batailles au sommet. D'ici peu, d'autres coups fourrés vont se faire jour, à droite comme à gauche et au centre, pour la désignation des chefs de file départementaux. Alors, attention aux boules de pétanque qui volent…

Les règles du système électoral pour les régionales

regionales_1

Si, dès le 1er tour, une liste obtient la majorité absolue des suffrages exprimés, elle obtient d'emblée 25% des sièges à pourvoir (prime majoritaire). Les autres sièges sont répartis proportionnellement entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages (y compris celle arrivée en tête).

Si aucune liste n'obtient la majorité, il est procédé à un second tour :

- Les listes ayant obtenu plus de 10% des suffrages exprimés peuvent se maintenir.

- Les listes ayant obtenu moins de 5% peuvent fusionner avec celles qui ont obtenu au moins 10%.

- Les listes ayant obtenu moins de 5% sont éliminées.

Le nombre d'élus pour chaque liste est établi en fonction des résultats obtenus sur l'ensemble de la circonscription régionale. Les sièges sont répartis entre les sections départementales au prorata du nombre de voix obtenues dans ces sections. En cas d'égalité de suffrages ou de moyenne, c'est la liste dont les candidats ont la moyenne d'âge la plus élevée ou le candidat le plus âgé qui sont élus.

regionales_2

Au 2nd tour, la liste arrivée en tête obtient d'emblée 25% des sièges à pourvoir (prime majoritaire). Les autres sièges sont répartis proportionnellement entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages (y compris celle arrivée en tête). La liste arrivée en tête obtient ainsi la majorité des sièges sans nécessairement avoir la majorité absolue des suffrages. 

22 octobre 2009

Inégalités et sentiment d'injustice

gif_thermometreC'est comme la fièvre. D'abord ça couve sournoisement, puis ça érupte. On ne connaît ensuite la température qu'en la mesurant. C'est ce processus qu'essaie d'analyser Jean-Paul Delevoye, le médiateur de la République. Dans un point de vue publié hier dans Le Monde, il alerte sur les signes d'inquiétude qui, selon lui, traduisent l'ampleur du sentiment d'injustice ressenti par la population en termes d'inégalités entre ses membres. A lire.

(Les termes en gras sont de moi)

Le sentiment d'injustice chez nos concitoyens inquiète par son ampleur

par Jean-Paul Delevoye

       

"Selon que vous serez puissant ou misérable...", l'adage de La Fontaine est devenu le préambule de nombreuses critiques dénonçant l'injustice d'une société qui tarde à prendre conscience des inégalités entre ses membres et peine à les combler.

Je ne sais si les inégalités ont augmenté ou non ces dernières années, si notre société est objectivement plus injuste qu'hier, si ses dysfonctionnements sont plus criants qu'autrefois. Les sociologues et les économistes ne semblent pas en mesure de porter un diagnostic incontestable et je n'ai pas, en tant qu'autorité indépendante, à me prononcer sur les politiques publiques menées. En tant que médiateur de la République, je n'ai pas été confronté à une nette augmentation du nombre de réclamations en cette période de crise.

En revanche, j'ai pu observer une douleur plus profonde chez les personnes qui me saisissent. Je souhaite aujourd'hui attirer l'attention de tous sur cette tension émotionnelle palpable. Le sentiment d'injustice chez nos concitoyens m'inquiète par son ampleur, son intensité, son mode d'expression autant que par les réactions et les actions qu'il déclenche.

Eric Maurin, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), fait l'analyse suivante : le déclassement est une réalité bien circonscrite, touchant une frange de la population. La peur du déclassement, quant à elle, touche tout le monde, notamment ceux qui ont le plus à perdre et le moins à craindre. Au travers d'expériences douloureuses, épisodiques mais dont on craint qu'elles ne deviennent régulières, ces personnes ont été confrontées aux difficultés de notre société. Pour les classes moyennes et supérieures, l'injustice était un cas de conscience autrefois : elle est aujourd'hui un triste présage. Demain, une amère réalité ?

En parallèle, les personnes les plus démunies subissent de plein fouet les conséquences de la crise économique. La violence de ces situations engendre la violence des réactions. Le recours à la violence physique et psychologique, ayant prouvé son efficacité, se systématise : séquestrer un patron est l'assurance de voir les caméras arriver, le débat porté sur la place publique, l'opinion sensibilisée, l'action publique déclenchée.

Je n'excuse pas ces actes mais souhaite qu'on s'interroge sur les motifs de cette colère : comment ces salariés peuvent-ils comprendre que leur usine ferme, leur laissant peu d'espoir de retrouver du travail dans la région et/ou dans leur domaine de compétence, pendant que les traders continuent de toucher des bonus aux montants astronomiques ? Un économiste expliquerait sûrement à raison que ces deux événements ne sont pas liés et taxerait peut-être de démagogie ce rapprochement, mais la personne qui vient d'être licenciée, qui se pose la question non pas de son confort de vie mais de sa survie et de celle de ses proches, peut-elle l'entendre ?

Face à ces injustices perçues, douloureusement subies par certains, une société demande logiquement des comptes à ses gardiens, ceux qu'elle a chargés de contrôler, réguler, réduire ces injustices. Il en ressort parfois la dangereuse impression d'une collusion entre les puissants et le pouvoir, la force et la justice.

Cette impression fragilise le pacte social qui veut que la République protège le plus faible du plus fort et assure les conditions premières du vivre ensemble. Si les membres de la société ne croient plus en leurs institutions et leurs représentants, ils envisagent alors de faire respecter eux-mêmes leurs droits ou se tournent vers d'autres aux discours séducteurs.

Lorsque je ne crois plus à la force du droit, je revendique le droit à la force. Je n'ai pas le droit de séquestrer mon patron. Oui, mais j'ai le droit de nourrir ma famille. Je n'ai pas le droit de conduire sans permis. Oui, mais j'ai le droit d'aller travailler pour gagner ma vie. L'apparition de certaines officines proposant des formations à la désobéissance civile et gangrenant certaines professions n'a rien de rassurant. Que penser alors de la crainte des responsables syndicaux et associatifs d'être bientôt dépassés par leur base ?

Je vois néanmoins en cette crise de confiance une chance que nos institutions républicaines doivent saisir pour démontrer l'efficacité et la nécessité de leur action. "Si l'Etat est trop fort, il nous oppresse, s'il est trop faible, nous périssons", disait Paul Valéry. La crise économique est passagère. La crise des comportements résulte d'évolutions sociologiques et historiques lourdes ; les solutions semblent moins évidentes à imaginer et à mettre en oeuvre. Quoi qu'il en soit, elles ne pourront faire l'impasse sur les deux points suivants.

Il faut privilégier le service du citoyen au confort du système, la défense des causes à la sauvegarde des structures. Dans une société en pleine mutation, nos institutions doivent prendre le pouls des changements et accompagner les citoyens dans la nouvelle voie qui leur est proposée ou qu'ils ont eux-mêmes tracée. Dans leur propre relation à l'administré, nos institutions doivent intégrer ces changements : passage d'une société industrielle à une société de services, d'une société rurale à une société urbaine, d'une société standardisée à une société multiculturelle et multiconfessionnelle.

Aucune politique ne peut être acceptée et appliquée telle la parole divine et infaillible : le temps de l'explication et de l'acceptation de la décision est bien plus important que le temps de la décision elle-même. Ce temps est nécessaire pour installer une véritable pédagogie des enjeux liés à la décision publique. En somme, nos institutions doivent se détacher de toute pratique que l'on pourrait qualifier de corporatiste ou protectionniste et prendre le risque de l'ouverture et de la transparence.

Nos institutions doivent ensuite conjuguer traitement massif, efficace, rationalisé des administrés et respect de l'individu. Un usager de service public est d'abord un individu qui souhaite que soient considérées son histoire et sa situation personnelles, sans être réduit à un identifiant, ou un numéro à douze chiffres. Cette société anxiogène qui privilégie parfois la violence, ne croyant plus aux vertus de la discussion, a plus que jamais besoin de dialogue. L'écoute est un facteur d'apaisement et j'encourage le développement de lieux d'écoute et d'information sur tout le territoire. Je ne forme pas ici un simple voeu pieux : j'en fais déjà l'expérience concrète chaque jour dans mon institution.

Sur 65.000 dossiers traités chaque année, 50% consistent en des demandes d'information et d'orientation, et montrent la difficulté pour les gens de frapper à la bonne porte, de trouver l'information au bon endroit au bon moment. Au pôle Santé sécurité des soins que je viens de créer, 90% des personnes qui me sollicitent désirent avant tout comprendre ce qui s'est passé, comment les faits se sont enchaînés jusqu'à l'accident médical. Après avoir été écoutées et renseignées, nombre d'entre elles abandonnent toute démarche contentieuse.

Le dernier exemple provient du témoignage d'un directeur de prison dans le sud de la France : depuis la mise en place de permanences de mes délégués au sein de son établissement, il a constaté une diminution de 30% des faits de violence.

Notre société a besoin de soupapes de décompression pour endiguer cette violence physique et psychologique née du sentiment d'injustice. Nos institutions doivent veiller à ce que personne, fort ou faible, ne se sente méprisé. "Selon que vous êtes puissant ou misérable", la République vous doit un égal respect.

L'article original (Le Monde, 21 octobre 2009) :

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/10/21/le-sentiment-d-injustice-chez-nos-concitoyens-inquiete-par-son-ampleur-par-jean-paul-delevoye_1256783_3232.html 

21 octobre 2009

Sarkozy recalé aux chiffres et aux dettes

Mensonges, manipulation et propagande au quotidien. L'exemple vient d'en haut si l'on ose dire. Les comptes de la France sont dans le gouffre. Alors, ils s'y mettent à deux pour essayer d'anesthésier les Français et les médias. Tour à tour, François Fillon et Nicolas Sarkozy dénoncent le nombre d'emplois publics pour mieux tailler sec. Pour paraître vertueux, ils accusent les collectivités territoriales d'embauches excessives.

Hier encore, Sarkozy a présenté les grandes lignes de sa réforme des collectivités territoriales stigmatisant aussi le nombre trop important d'élus, annonçant son souhait de le diviser par deux. Pendant ce temps, et depuis que la hache s'abat sur les effectifs de différents ministères, on ne constate aucune embellie dans le budget de l'Etat. Bien au contraire, tout s'aggrave.

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(Clic sur l'image pour agrandir)

Les tableaux des records et les prévisions jusqu'en 2013

Reprenons donc les chiffres pour les collectivités territoriales. Fillon cite à la volée une augmentation de 36.000 fonctionnaires par an, Sarkozy n'en voit qu'une louche de 30.000. Ils ne sont même d'accord entre eux. C'est dire le sérieux des propos. L'exagération est telle dans les deux cas que la charge en deviendrait insignifiante si elle n'était la confirmation de l'état d'esprit malveillant à l'égard des collectivités opportunément à la veille des débats sur la réforme territoriale et à 5 petits mois des élections régionales. Drôle de hasard !

à Quelques remarques générales formulées par l'ARF (Association des régions de France) :

Même après les transferts de compétences liés à la Loi de 2004, les dépenses de personnels en Régions représentent moins de 10% des budgets (fonctionnement et investissement confondus) alors que le chiffre moyen est de 50% dans les grandes villes (à Aix, c'est 54%) et autour de 30% dans les départements. Quant à l'Etat, chacun sait que l'essentiel de ses dépenses de fonctionnement est lié aux dépenses de personnels civils et militaires.

Que l'Etat veuille imposer aux collectivités territoriales le non remplacement d'un départ sur deux à la retraite est totalement contradictoire avec le principe constitutionnel de libre administration des collectivités locales.

On ne peut pas à la fois se féliciter que l'emploi public serve d'amortisseur social en période de crise et dénoncer l'emploi public dans les collectivités locales.

Alors qu'il s'y était engagé, l'Etat n'a jamais transféré les emplois d'encadrement correspondant aux compétences transférées… donc les Régions ont dû recruter des cadres, par exemple pour gérer les TER et le personnel TOS !

L'Etat employeur ne respectait pas toutes ses obligations légales vis-à-vis des TOS, par exemple en matière de médecine du travail… Les Régions respectent le droit et ont donc dû recruter !

à Quelques chiffres puisés à la meilleure source, puisqu'il s'agit d'un document édité par le ministère de la Fonction Publique (faits et chiffres 2008-2009) :

Au 31/12/2007 (derniers chiffres connus) la Fonction publique territoriale emploie 1,75 million d'agents ; les effectifs ont augmenté de 3% en moyenne annuelle depuis 1996 !

Tout en ayant multiplié leurs effectifs par 5,5, (ce qui correspond à l'arrivée des TOS…) les régions ne représentent que 2,7% de l'emploi territorial.

En 2006-2007, les effectifs de TOS entrant dans le cadre d'emploi créé pour eux sont passés de 6.900 en 2006 à 52.600 en 2007 et le mouvement doit se poursuivre puisque d'ici à 2010, ce sont 90.000 agents TOS supplémentaires qui seront transférés sous gestion régionale ou départementale…

dette_publique_evolution

(Clic sur l'image pour agrandir)

La dette publique en France jusqu'en 2008

Concluons par ceci. Beau paradoxe et même triste cynisme. Alors que l'Etat oblige les collectivités territoriales et les administrations publiques à produire des budgets en équilibre sous peine de mise sous tutelle, le gouvernement se permet de mettre la France à sac en creusant tous les déficits, entraînant une inflation de la dette jamais vue à ce jour.

Pour 2009, l'Etat enregistre un déficit budgétaire de 141 milliards (passant de 2,3% du PIB en 2006 à 8,2% en 2009) et une dette de 1.420 milliards (passant 77,1% du PIB).

Qu'importe le chaos, Sarkozy lance une autre torpille, une soi-disant réforme avec pour cible la taxe professionnelle, soit 11,7 milliards à combler. Cela sans même avoir réfléchi à l'indispensable refonte globale de la fiscalité. D'où l'inquiétude des collectivités territoriales car la TP est l'une de leurs principales, sinon la principale, sources de leur revenu.

Bon, le trou de la sécurité sociale, le montée vertigineuse du chômage, les cadeaux aux plus riches, les prêts aux banques qui ont repris leur gavage, ce sera peut-être pour un prochain article. Faut d'abord essayer de digérer celui-ci !

8 octobre 2009

Cumul de mandats : Faut arrêter !

stop_cumulLe cumul des mandats électifs et autres, un mal assez français. Un nouveau classement de nos élus les plus surchargés vient d'en fournir l'illustration. Et là, le constat est édifiant : droite et gauche excellent dans les mêmes pratiques. On pourra ergoter tant qu'on voudra sur la méthodologie utilisée par le journal Le Monde pour établir ce bilan, on ne pourra nier que certains élus ont plusieurs lourdes écharpes à leur cou.

J'ai toujours voulu comprendre comment il était possible d'accomplir sérieusement plusieurs fonctions électives à la fois. J'en ai toujours douté, convaincu que les exemples sont foison qui montrent qu'un parlementaire non cumulard est plus présent et plus actif aux assemblées ou qu'un maire sans autre mandat est plus disponible auprès de ses concitoyens et plus au fait des actions à mener.

Car on a beau avoir les meilleurs collaborateurs du monde, on n'en est pas moins obligé de survoler certains dossiers. Les élus qui courent après les titres n'ont plus que le choix d'en honorer un seul au détriment du ou des autres. Lorsqu'ils font semblant de vouloir faire face à toutes leurs responsabilités, ils ont beaucoup de mal à approfondir leur travail.

Notre département des Bouches-du-Rhône en fournit la preuve éclatante avec ces quatre parlementaires peu visibles à Paris : député et président de conseil régional (Michel Vauzelle), sénateur et président de conseil général (Jean-Noël Guerini), sénateur et maire (Jean-Claude Gaudin), député et maire d'une grande ville et/ou d'une communauté d'agglomération (Maryse Joissains).

Ce sont là des situations qui ne peuvent se mener de front avec efficacité. C'est même tromper les électeurs que faire croire qu'on accomplira tous ces mandats de manière assidue et sans faille.

cumul_mandats_democratieCette question du cumul des mandats est un sujet qui revient sans cesse sur le tapis médiatique. Certes, quelques dispositions législatives ont été prises ces deux dernières décennies pour limiter la frénésie de cumul de mandats d'exécutifs à haute responsabilité. Mais on est encore loin du compte.

Cette concentration verticale de "pouvoirs" (87% des députés cumulent !) par un nombre restreint d'élus est fondamentalement malsaine pour l'épanouissement d'une démocratie horizontale. La solution passe assurément par l'instauration du mandat unique, précédée d'une étape très restrictive sur les types de mandats cumulables. En corollaire, pour l'exercice des mandats locaux, on ne pourra se dispenser longtemps encore de l'élaboration d'un véritable statut de l'élu territorial. Qui devra inclure l'inégibilité définitive de tout élu ayant été condamné dans le cadre de ses fonctions, notamment pour corruption, abus de biens sociaux ou enrichissement personnel.

Dans l'attente…

Le tableau du classement :

(utiliser le curseur à droite du tableau pour faire défiler les noms)

http://www.lepost.fr/flash/2009/10/06/1728813_cumul-des-mandats-notre-classement-des-deputes.html 

Explications :

http://www.lemonde.fr/politique/article_interactif/2009/10/07/cumul-des-mandats-notre-classement-des- deputes_1250194_823448_1.html

Méthodologie :

http://www.lemonde.fr/politique/article_interactif/2009/10/07/cumul-des-mandats-notre-classement-des-deputes_1250194_823448_2.html

Les députés qui cumulent :

http://www.lemonde.fr/politique/article_interactif/2009/10/07/cumul-des-mandats-notre-classement-des-deputes_1250194_823448.html

Les députés cumulards de la région PACA (hors les sénateurs) : http://www.laprovence.com/articles/2009/10/07/931786-Politique-Cumul-des-mandats-Joissain-sur-un-podium-tres-contestable.php

Cumul de tous les parlementaires (situation en 2007) :

http://www.lemonde.fr/societe/infographie/2007/02/21/le-cumul-des-mandats-en-france_870233_3224.html

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2 octobre 2009

Avenir de la Poste : Ça nous regarde, alors votons !

votation_3_octobreNous avons notre mot à dire !

          

Ne nous laissons pas voler nos services publics. Après La Poste, ce sera au tour de la santé, de l’éducation… Ils n’ont qu’un mot d’ordre : tous les services publics doivent disparaître !

Le Comité national contre la privatisation de La Poste, regroupant de nombreux syndicats et plus de 80 associations et partis de gauche, organise le 3 octobre 2009 une consultation nationale sans précédent.

          

C’est à nous de choisir !

       

Le collectif aixois donne plusieurs rendez-vous :

Vendredi 2 octobre 2009

Marché d’Encagnane de 9h à 12h30

Samedi 3 octobre

Place de l’hôtel de Ville de 9h à 16h

Place du palais de justice de 9h à 13h

Allées provençales de 9h à 16h

Marché du Jas de Bouffan de 9h à 13h

Possible aussi dans plusieurs communes :

Venelles, Peypin, Cabriès, Vitrolles…

http://www.appelpourlaposte.rezisti.org/IMG/pdf/POINTS_DE_VOTE_BOUCHES_DU_RHONE.pdf

Le site national du Comité contre la privatisation de la Poste :

http://www.appelpourlaposte.rezisti.org/

Comprendre ce qui est en jeu

Le 3 octobre, une votation aura lieu partout en France, sur les marchés, devant les bureaux de Poste ou devant les mairies.

Malgré l’opposition des 2/3 des Français, le gouvernement tente de passer en force. Le projet de loi déposé au mois de juillet sera examiné au pas de charge par les 2 assemblées cet automne. Conscient de l’impopularité de cette décision, le gouvernement a décidé d’utiliser la procédure simplifiée de la lecture unique pour éviter tout débat.

Ainsi, après France Télécom, Edf, Gdf qui ne devait jamais être privatisée  (selon les propres paroles de Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’économie), c’est à cette puissante institution qu’est La Poste, présente sur tout le territoire, que s’attaquent les lobbies du "tout privé" et de la concurrence à outrance.

Ce ne sont pas les directives de Bruxelles, ni les "nécessaires modernisations" de l’entreprise qui obligent La Poste à ouvrir son capital en vue de sa privatisation. NON, ce sont l’appétit des lobbies, la volonté de faire du fric et de participer au grand monopoly des rachats d’entreprises postales européennes et des fusions entre banques qui sont derrière toutes ces manœuvres.

Les différentes filiales créées par La Poste lui ont déjà permis de s’inviter au grand jeu de la bourse. Toute nouvelle dans le joyeux monde de la finance, La Banque Postale créée en 2006 n’a perdu "que" 60 millions d’euros dans la faillite de Lehman Brothers avec la crise de 2008 !

Les postes européennes…

- tentent de supprimer la distribution du courrier en zone rurale (exemple : le cas de Correos, en Espagne)

- tentent de réduire la distribution du courrier à 5 jours au lieu de 6 actuellement,

- tentent d’augmenter le délai d’acheminement sans changer le prix du timbre,

- poursuivent leurs fermetures de bureaux,

- suppriment des milliers d’emplois, 300.000 dans l’union européenne, 10.000 par an en France (52.000 depuis 2002).

Alors, pourquoi privatiser et renouveler les erreurs commises dans les autres pays ? Pourquoi casser ce qui marche (La Poste a fait 650 millions de bénéfices en 2008, 1 milliard en 2007) ? Pourquoi briser le lien social qu’elle apporte sur le territoire ? Qu’en sera t-il de la péréquation tarifaire (un même tarif quel que soit la destination en France et dans les DOM) ? Les suppressions de milliers d’emplois sont-elles inéluctables ?

La privatisation, un passage obligé ?

La concurrence ne fait pas baisser les prix et n’améliore pas la qualité des services.

Le prix des autoroutes françaises ne cesse d’augmenter alors qu’elles sont amorties depuis des années. Conçues pour améliorer la sécurité routière, elles sont de plus en plus délaissées par les catégories sociales les moins fortunées.

Edf, dont les prix sont, de l’aveu de son Pdg, 40% moins chers que dans les autres pays européens, demande la possibilité d’augmenter ses tarifs de 20% en 3 ans. Pourquoi ? Dans les télécommunications, les ententes illicites et illégales entre les opérateurs empêchent la baisse des tarifs. Il s’agit simplement de se partager le gâteau.

La privatisation du rail en Grande-Bretagne a engendré une augmentation des tarifs doublée d’une augmentation catastrophique des accidents ferroviaires dans les années 90 due au défaut d’entretien des installations par l’entreprise privée.

En France, de plus en plus de communes re-nationalisent la distribution de l’eau : les régies municipales proposent des prix plus bas que les entreprises privées, contraintes de dégager des marges plus importantes pour satisfaire les actionnaires.

Pour la Poste...

logo_laposteLe seul paiement par l’Etat de sa dette envers La Poste (présence postale, accessibilité bancaire, transport et distribution de la presse…) suffirait à couvrir sa modernisation. La privatisation n’est pas inéluctable et, contrairement à ce qui est dit, Bruxelles n’en fait pas un passage incontournable. Mais il faut bien chercher un bouc-émissaire !

Les exemples européens de privatisation

de la Poste sont éloquents… et inquiétants !

En Suède

La poste est transformée en Sarl en 1994. Elle conserve 90% de parts de marché (c’est donc ça la concurrence ?) Le prix du timbre bat tous les records (90% de hausse en 10 ans de 1993 à 2003). 1/3 des emplois supprimés. Passage de 2000 à 500 agences.

Au Royaume Uni

Privatisée en 1999 par Tony Blair, l’échec est tel qu’elle doit être re-nationalisée en catastrophe avec une perte évaluée à 1,5 milliards de livres, payée par le contribuable. La réorganisation entamée en 2006 a conduit à la fermeture de 2500 bureaux, une réduction massive de l’emploi.

Aux Pays-Bas

Transformée en 1989 en société anonyme, elle fusionne avec le groupe australien TNT en 1996. L’entreprise est connue pour faire travailler les enfants dans le portage et la publicité non adressée. TNT envisage de supprimer entre 11.000 et 13.000 emplois (sur 59.000) dans les années qui viennent. 70% de la main-d’œuvre travaille à temps partiel et il ne subsiste que 500 à 800 vrais bureaux contre 1300 points de vente !

24 septembre 2009

Sarkozy, roi et histrion de la planète…

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Dessin de Cabu dans Le Canard enchaîné du 23 septembre 2009

Hier soir, pour endurer Nicolas Sarkozy pendant trente-six minutes enregistrées, il valait mieux être assis. Car, à coup sûr, nous allions avoir droit à une magistrale publi-interview de l'histrion. Il avait pourtant dit : plus de pub après 20 heures. Mais bon, il avait prévu une entorse pour sa grosse performance.

Le show n'a pas déçu, avec sa belle enfilade d'énormités grotesques, de messages culottés et d'affirmations péremptoires. Lui, et rien que lui. Sarkozy, d'abord roi de France, puis d'Europe et maintenant de la planète. A l'esbroufe. C'est lui qui fait tout, c'est lui qui fera tout. On est prié de le croire, rien de ce qu'il dit n'a été contredit par les faits (merci de ne pas ricaner).

Au hasard, quelques perles : "les paradis fiscaux, c'est fini !", "notre plan de relance est l'un des meilleurs du monde", "le Rafale, le meilleur avion du monde", "je ne suis pas un homme qui ment", "je ne suis pas un homme qui renonce", "j'ai toujours été sincère dans ma vie politique".

Pas de doute, la France sait qu'elle a échappé au malheur d'un piètre président et elle va enfin se rendre compte qu'elle a gagné le gros lot en rencontrant l'homme parfait. C'est lui-même qui le proclame ("j'ai rêvé d'être président"), allant jusqu'à paraître gêné de (se) (nous) l'avouer (je rigole). Car, il n'est que modeste bien sûr et ne rechigne jamais à s'apesantir sur son sort et la lourdeur de la charge, tout imbu de sa personne, avec une feinte humilité qui ressemble à s'y méprendre à de la vanité.

Et puis, la phrase qui va longtemps faire hurler, l'affaire Clearstream. "Deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel". "Coupables", oui, coupables avant d'être jugés. Y aurait-il un deal déjà scellé avec le tribunal ? Mais non, pauvres crétins que nous serions. "Je fais totalement confiance à la justice", une assertion tellement pas tordue qu'il a d'ailleurs programmé la disparition des juges d'instruction, le même Sarkozy qui avait annoncé l'arrestation de l'assassin (pas du présumé assassin) du préfet Erignac. Pour un avocat de formation, c'est pas mal, dites donc.

Pauvres journalistes bien ramollos qui ne relèvent pas le lapsus, qui ne relancent rien après chaque balourdise. Rien sur les mensonges sur le pouvoir d'achat, nada sur "GDF ne sera jamais privatisé", niente sur "la croissance, j'irai la chercher avec les dents", nothing sur les raisons du déficit de 130 milliards doublé depuis deux ans par Sarkozy et de la dette historique de 1500 milliards.

A quoi bon, hein ? Notre homme sait tout, il a tout compris, il ne se trompe jamais, il ne ment pas. Et il ne manque pas d'air, si l'on peut dire. A l'écouter, misère, sa seule erreur reconnue est de ne pas avoir su gérer sa ration d'eau ! Il faut bien concéder un petit défaut quand on a tant de génie !

Finalement, c'était une belle soirée, beaux projets, beau discours. Quel dommage qu'il ne soit pas encore président de la République pour pouvoir les mettre en œuvre !

Et moi qui m'étais dit que face aux turpitudes de la gauche, demain, j'allais peut-être prendre ma carte UMP… (non, je rigole).

Petites notes perfides :

1. Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi il regarde tout le temps ses mains en parlant ? Est-ce un des douloureux symptômes d'une quelconque pathologie liée à la mégalomanie ?

2. Le lettré et anglophone Villepin peut-il lui dire amicalement qu'on ne prononce pas "Nouillorque" pas plus qu'on n'esquinte le patronyme du premier ministre britannique en Gordon Braun comme s'il était une marque de rasoir ?

15 avril 2009

Réformes : Démanteler plus... pour frauder plus ?

Pendant qu'on nous profère des discours anxiogènes sur la crise, le gouvernement en profite pour faire quelques coups en douce. C'est ainsi que décembre a été un mois particulièrement fécond pour camoufler nombre de décisions qui modifient sensiblement le fonctionnement les politiques publiques.

Sous prétexte de réformes toutes plus urgentes les unes que les autres et censées faire notre bonheur, d'un côté, on cherche à resserrer les boulons pour les citoyens – Hadopi, vidéosurveillance, lois sécuritaires de circonstance, mais ce ne sont là que quelques exemples – de l'autre, on réduit presqu'en catimini des pouvoirs de contrôle des fraudes. Les citoyens de base – nous en sommes tous – peuvent en subir des conséquences très directes. Explications.

               

logo_dgccrfPar une circulaire datée du 21 décembre 2008, le premier ministre a tout simplement démantelé ce service de l'Etat qu'est la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes en réduisant l'essentiel de ses prérogatives. Et ce n'est rien de le résumer ainsi (voir ci-dessous l'excellent article du Canard enchaîné du 25 mars 2009). La DGCCRF est (était) une administration centrale chargée d'assurer la régulation concurrentielle des marchés, la protection et la sécurité des consommateurs.

En bref, ses agents ont pour rôle de vérifier la fraîcheur des produits alimentaires ou le respect des normes sanitaires dans les grandes surfaces ou les restaurants. Ils vérifient aussi la sécurité des jouets, tentent de faire respecter la loi chez les assureurs ou serruriers peu délicats, etc. Or, la circulaire ne fait pas dans la demi-mesure.

Le gouvernement cherche à diminuer le nombre des enquêteurs de terrain et à éclater les services en entités départementales pour les placer sous l'autorité du préfet, perdant ainsi tout lien avec la hiérarchie régionale et nationale. Cela veut dire moyens en baisse, missions désintégrées, indépendance bafouée, tutelle préfectorale. Au bout de la chaîne, le dindon de la farce sera le citoyen, vous, moi.

            

code_marches_publicsL'autre tour de passe-passe concerne la commande publique. Le code des marchés publics passés principalement par les collectivités publiques vient en effet de subir un relâchement qui risque fort d'entraîner de beaux coups tordus comme au bon vieux temps.

En gros, disons pour faire simple, la mise en concurrence réelle des entreprises ne sera plus obligatoire qu'à partir de sommes supérieures à 5M€ (au lieu de 200.000€ auparavant). Pour des sommes inférieures, des procédures simplifiées, dites adaptées, pourront être menées sans mise en concurrence mais avec publicité pour les marchés supérieurs à 20.000€.

Ce système différencié existait déjà. Ce qui change, c'est le relèvement du seuil minimal. De fait, si les commissions d'appels d'offres des collectivités qui statuent sur les marchés à haut seuil pourront toujours exercer un contrôle pluraliste, il n'en sera pas forcément de même pour tous les autres "petits" marchés, qui ne relèveront plus des CAO.

D'où les risques potentiels d'opacité, voire de favoritisme, dans l'attribution de ces marchés. Il ne s'agit pas ici de faire un procès d'intention mais c'est précisément l'insuffisance de règles clairement établies qui avait entaché la vie politique par le passé. Au fait, n'est-ce pas ce que voulait dire Nicolas Sarkozy lorsqu'il s'est déclaré pour la dépénalisation du droit des affaires ?

canard_fraudes

(Clic sur l'image pour agrandir)

10 avril 2009

Gonflés comme des pneus et ça ne manque pas d'air !

Comment naissent les révoltes ? Un seul exemple suffit pour comprendre. Dans le style concis qu'on lui connaît, le Canard enchaîné nous fait un résumé de ce qui se passe à Continental. Edifiant ! 

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(Clic sur l'image pour agrandir)

Dans le Canard enchaîné du 25 mars 2009

9 avril 2009

On ne nous dit pas tout sur la vraie visite de Sarkozy

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Dessin de Bauer

Un article de l'Agence France Presque (source LAC, renvoyé spécial)

Le stratagème imaginé par les puissants communicants élyséens a marché à fond. Pendant qu'un sosie de Nicolas Sarkozy amusait la galerie des gogos avec son cirque habituel, le vrai président a effectué la tournée en pays d'Aix en toute tranquillité, loin des caméras. Ainsi, dès son arrivée à l'aéroport, son sosie a-t-il été pris en charge à sa place par les services de protection, escorté par un millier de gendarmes et de policiers pour se rendre à la Duranne, à Venelles et, enfin, à Bouc-Bel-Air.

Ce numéro, sophistiqué à souhait, a été mis au point suite aux visites de terrain de ces dernières semaines, Sarkozy ne supportant plus qu'on le conspue injustement chaque fois qu'il se déplace. Et que sa politique soit caricaturée et vilipendée avec la mauvaise foi qui caractérise les nostalgiques soixante-huitards. "Comme ça au moins, on pourra plus m'accuser de virer un préfet à chaque déplacement à cause du b… "

D'où le scénario plus vrai que nature, déployé avec tout le tralala sécuritaire pour parachever l'imitation : hélicos en ronde aérienne incessante, barrages des routes, chiens, tireurs d'élite, gardes du corps, contrôles, fouilles… Les groupies Umpistes adorent ça, paraît-il.

Cette fois-ci, chez nous donc, Sarkozy a parfaitement su éviter le piège de milliers de contestataires toujours prêts à verser dans la provocation contre les forces de l'ordre et à crier ensuite à la bavure. Le vrai Sarkozy n'est descendu de l'avion qu'à 11h10, soit dix minutes après son sosie afin de leurrer la presse, qui est tombée dans le panneau en embarquant à bord d'un minibus à la poursuite du convoi "officiel".

Le président avait un plan B dans sa poche, une authentique visite de proximité. "On me reproche tout le temps de ne pas aller au contact direct de la population, là, je les ais bien eus !", a-t-il lâché avec un tic dont il a le secret. "Allez, on y va !"

Sautant dans une Twingo d'occasion, il s'est rendu à Aix auprès d'une entreprise qui réussit grâce à sa capacité à multiplier sa clientèle par deux chaque année. Reconnaissants, les bénévoles des Restos du cœur ont bien sûr répondu aux questions compatissantes du président. Qui s'est engagé à leur donner un nouveau coup de pouce en défiscalisant un peu plus l'ISF des grosses boîtes qui mettent de plus en plus de salariés sur la paille. "J'ai pas été élu pour augmenter les impôts. Si j'ai été élu président, c'est pour faire des réformes et je les ferai".

Etape suivante, Sarkozy a tenu à aller saluer les salariés de l'usine Atmel située à Rousset. Mais il a prévenu qu'il emprunterait de petites routes. Hors de question d'être importuné à Gardanne par des manifestants, des agitateurs de toutes sortes, des enseignants-chercheurs ou des meutes baba-cool remontées contre les tracés de la LGV. "Rien d'urgent dans ce foutoir. De toute façon, rien ne se fera avant ma réélection", a-t-il ricané.

Afin de ne pas trop attirer l'attention, le président avait fixé son rendez-vous aux responsables derrière l'usine, dans le bungalow qui sert déjà d'abri précaire à quelques licenciés de la première charrette. "Approche-toi, rich' patron !", s'est-il parodié à la vue d'un dirigeant non séquestré accompagné de quelques employés qu'il avait lui-même fouillés au corps.

sarko_piedsHissé sur la pointe des pieds pour être la hauteur de sa fonction, il s'adressa à eux ainsi : "Vous voyez bien que j'ai pas peur de tenir mes promesses. J'ai fait pareil à Gandrange et à Continental. Eux ne sont pas ingrats, ils s'en souviennent et m'en remercient encore".

Il était déjà midi et demie. Pas chiens pour un smic, les heureux futurs virés le lui rappelèrent en forme de clin d'œil en lui offrant une Rolex de contrebande négociée à prix d'ami. Emu par un tel geste de gratitude, Sarkozy confia immédiatement le bijou à son aide de camp qui s'en débarassa en le laissant choir dans le plus proche conteneur.

"On file voir le peuple, maintenant !", poussa Sarkozy comme s'il lançait un cri d'amour à un mannequin. Aussitôt dit… En moins de quinze minutes, la Twingo était en pleine campagne, déserte, près de Bouc-Bel-Air. " J'ai assez vu de gens pour aujourd'hui. Faut pas déc… quand même ! J'ai pas été élu pour résoudre tous les problèmes à la fois. Allez, hop, l'aéroport. Il faut que j'arrive là-bas une demi-heure avant mon clone."

Chapeau bas, monsieur le président ! Après Londres, Paris, Strasbourg et Kehl, avec les grands de ce monde, cette visite à la rencontre des "petits" du coin, cela doit être encore plus éprouvant pour vous.

"Ah, au fait, si vous croisez Maryse Joissains, dites-lui que j'ai bien reçu sa au moins vingtième lettre d'alerte pour Atmel. Il n'y a plus de problème puisque l'usine va disparaître. C'est bien la faute d'un groupe industrlel américain, non ? Alors, qu'elle écrive à Obama, lui qui se croit plus grand et plus fort que moi !"

Le portable sonne : "Scusez-moi… c'est ma femme… oui, j'te promets, ce soir on va à Disneyland."

sarko_obama_pieds

Le mauvais esprit du Daily Mail (faire défiler jusqu'à la 7e photo) :

http://www.dailymail.co.uk/news/worldnews/article-1166637/Has-Carla-Bruni-turned-shy-French-First-Lady-dodges-kiss-Barack-Obama.html

logo_france_bleu_provenceL'édito de Jean-Laurent Bernard diffusé mercredi 8 avril 2009 sur France Bleu Provence

Bonjour.

Si par hasard vous aviez l'ombre d'une envie d'aller voir le président de la République en visite hier en Provence, c'était inutile, l'homme est inapprochable. A moins de faire partie de la tribu des élus ou de l'aréopage qui l'accompagnait dans ce déplacement éclair. En 4 ou 5 heures maximum, tout devait être bouclé, depuis Aix jusqu'à Venelles avec une bise aux militants certifiés à Bouc Bel-Air, quelques petits fours, deux bisous devant les caméras et un discours forcément historique sur le thème de la croissance par la recherche et l'innovation.

Le petit monde de la sécurité publique au bord de la rupture d'anévrisme avec ce voyage aseptisé au cœur de la France. L'armada envoyée pour l'occasion n'a sans doute pas encore le label de l'OTAN, il n'empêche, 1.000 policiers et gendarmes en période de crise, ça fait quand même cher pour quelques images dans les journaux de 20h. S'il suffisait de déplacer un cirque pour expliquer aux Français que l'avenir du pays se fera via la recherche et l'innovation, très honnêtement, on aurait supporté d'écouter religieusement l'homélie présidentielle depuis un salon doré de l'Elysée.

Déjà l'autre jour, le voyage du premier ministre était plus proche du marathon, dont il est un adepte, que de la rencontre entre un gouvernement et le peuple. Montre en main, François Fillon est reste un quart d'heure sur la ZAC du Rouet à Marseille. S'il n'est évidemment pas contestable, loin s'en faut, que le président des Français est partout chez lui et que le respect de l'homme et de la fonction ne sont pas négociables, comment peut-on croire une seconde à l'utilité de cet aller-retour express Paris-Provence ? La parole présidentielle circule parfaitement via internet et les écrans plats satellitaires. Purs produits de la recherche et de l'innovation.

On avait bien compris l'utilité de la chose, Monsieur le Président. Avant même votre venue. La prochaine fois, posez-vous devant un verre de rosé. Le vrai. De Provence, pas celui de Bruxelles. Le nôtre est aussi le fruit de la recherche et de l'innovation. Au service d'une certaine idée de la vie et du temps qui passe.

Bonne journée.

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