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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
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4 novembre 2010

Elections US 2010 : Obama garde encore des atouts

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Parler de cohabitation dans le cas des Etats-Unis n'est pas tout à fait juste. En France, cela signifie qu'une majorité législative dirige le gouvernement face au président de la République. Le premier ministre applique son programme qui n'est plus celui de l'ex-majorité présidentielle.
Aux Etats-Unis, l'exécutif reste entre les mains du seul président mais son action peut être freinée, limitée ou entravée. Il dispose encore de toutes les prérogatives constitutionnelles pour faire passer ses lois. Il peut cependant chercher des accords de circonstance avec ses opposants. Ces derniers n'ont pas à proprement parler l'initiative des lois. Le président peut en outre user de son droit de véto régalien pour contrarier le cas échéant des exigences trop poussives de ses adversaires.
Si, pour ce renouvellement législatif, Barack Obama a rencontré une déconvenue certaine, il est singulier d'observer qu'en dépit de ce qu'annonçaient des sondages il a réussi à conserver une majorité au Sénat. Et cela lui procure un moyen de pression non négligeable face à la Chambre des représentants. De ce point de vue là, Barack Obama n'est donc pas totalement privé de son pouvoir. Mais, bien sûr, il ne pourra pas appliquer tout son programme et il sera amené parfois à composer avec les républicains.
Il n'est pas encore écrit que ses chances d'être réélu en 2014 soient pour autant anéanties. L'exemple de Bill Clinton qui a traversé le même type de situation lors de son premier mandat ne devrait pas décourager sa volonté de surmonter cette parenthèse. 

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3 novembre 2010

Elections US 2010 : Obama ne conserve que le Sénat

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Le beau dessin publié par Bakchich le 29 octobre

Effet habituel ou pas, les élections intermédiaires de ce 2 novembre marquent un fâcheux recul pour Barack Obama. Le président américain perd sa majorité à la Chambre des représentants mais la sauve in extremis au Sénat. Le nombre de gouverneurs démocrates devient minoritaire.

RESULTATS
(provisoires et sous réserves, mise à jour dans la journée, source : CNN)

Chambre des représentants : sur 435 membres
déjà 173 démocrates, 232 républicains
Sénat : sur 100 membres
51 démocrates, 46 républicains, 1 Tea Party (nouveau), 2 indépendants
Gouverneurs : sur 50 membres
déjà 14 démocrates, 26 républicains, 1 indépendant

(Clic sur les images pour agrandir)
La situation en 2008
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Des faits sur Barak Obama
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27 octobre 2010

Manif à Aix : "La retraite est une affaire de jeunes"

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(Clic sur les images pour agrandir)
(Photos perso LAC)

Bon, allez, on ne va pas une nouvelle fois chipoter sur les chiffres. Les agences de presse ont estimé à une centaine le nombre des étudiants qui ont défilé à Aix hier après-midi. Personnellement, j'en ai dénombré pas loin de 80. En revanche, je n'ai aperçu aucun policier en train de compter.
A l'initiative de l'Unef au plan national, la section d'Aix a réussi à réunir environ 200 étudiants en assemblée générale à la fac de lettres pour diffuser de l'information et faire voter à la fois pour cette manif sans blocage et pour des actions au moins jusqu'au 4 novembre.
Un cortège s'est ensuite formé, escorté par une demi-douzaine de voitures et autant de motos de la police nationale.
La première halte a eu lieu sur le pont de l'autoroute A8. Une grande banderole a été déployée sur la barrière, visible par les automobilistes. A l'évidence, la recette a touché juste. Pendant que les étudiants reprenaient des slogans fustigeant un personnage dont il est nul besoin de rappeler le nom ici, de nombreux véhicules ont joyeusement klaxonné, les plus énergiques étant sans conteste les routiers.

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"La retraite est une affaire de jeunes"

Pendant ce temps, les voitures passant sur le pont ont pu circuler sans encombre, certains marquant le pas pour observer le mouvement notamment à la vue d'une autre banderole "La retraite est une affaire de jeunes".
Environ un quart d'heure plus tard, les manifestants ont emprunté le rond-point de la 4e Région aérienne pour remonter l'avenue Pierre-Brossolette. La circulation a été momentanément stoppée sans que cela exaspère les conducteurs passant par là.
Le second point de rassemblement a été le Pôle Emploi. Là, étrangement, alors que la manifestation était d'un grand pacifisme, mais sans doute par précaution, les portes étaient closes. Un symbole des portes bouchées pour l'emploi ? Pour rappel, le problème du chômage touche 23% des jeunes actifs.
Après une demi-heure en tout, consigne a ensuite été transmise de retourner à la fac. Selon les organisateurs, ici comme dans d'autres villes universitaires, l'objectif de cette journée n'était pas de mobiliser de grosses foules mais d'occuper le terrain pour servir de relais avant les manifestations nationales programmées pour jeudi.

20 octobre 2010

Manifs retraites : Sarkozy en panne de sens…

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(Clic sur chaque image pour agrandir)

Puisqu'on ne voit que ça et qu'on ne discute que de ça en ce moment, je suis moi aussi toutes les séquences de cette situation inédite depuis l'élection de Nicolas Sarkozy. Le mouvement déclenché début septembre en est à sa sixième journée de manifestations dans la rue. Nul ne sait si, quand ou comment cette succession de défilés peut bien trouver une issue.
Quoi que dise le gouvernement, on sent bien qu'il a du mal à convaincre une très large majorité des citoyens. Sans surprise, et malgré la bataille ridicule des chiffres de la mobilisation, les sondages confirment le soutien de près de 8 personnes sur 10 au refus de cette réforme. Dans le même temps, le président voit sa cote battre un record d'impopularité jamais atteint au cours de la 5e République.

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Le problème de la réforme des retraites a réveillé dans son sillage ce qui couvait depuis longtemps, un fort sentiment d'injustice sociale. Si le gouvernement devait s'entêter à faire passer sa loi, sa "victoire" pourrait lui coûter davantage d'ici 18 mois. Car, il est à parier que tous ceux qui auront à subir les modalités de cette réforme dans leur vie quotidienne, professionnelle et familiale, garderont en mémoire ce fait majeur.
Après la longue liste de coups de hache donnés au pacte social alors même que les cadeaux fiscaux accordés aux plus riches n'ont cessé d'aggraver les inégalités, les urnes pourraient bien le moment venu sonner le glas de ce quinquennat du cynisme.

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18 octobre 2010

Manifs retraites : Zéro pointé pour les chiffres

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S'il le pouvait, le gouvernement utiliserait bien le zéro pour afficher une quantité nulle de mobilisation. Or, le zéro est bel et bien un chiffre. Son invention remonte à au moins plus de deux millénaires. Une de ses curiosités vient du fait qu'il est classé comme nombre pair.
Signifiant d'abord le vide ou l'absence de quantité, il a ensuite été intégré comme valeur absolue pour exprimer la température entre une cote positive et une cote négative. Il a aussi été utilisé pour indiquer le passage de l'eau de l'état solide à l'état liquide. Le chiffre zéro employé seul n'est pas toujours folichon. En revanche, suivi d'une virgule ou, mieux, précédé d'autres chiffres, il permet de passer d'un infiniment petit à un infiniment grand.
ifrahDans sa prodigieuse "Histoire universelle des chiffres", Georges Ifrah nous instruit sur ses époustouflantes découvertes. Pourquoi ces petits rappels ? Tout simplement pour dire que la bataille permanente sur les chiffres des manifestations est d'un ridicule accompli. En tout cas, côté Nicolas Sarkozy, grand adepte de "la culture du chiffre", cela mérite un beau zéro pointé.

"L'homme de Cro-Magnon savait compter, lui !" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2009/01/30/12282329.html

(Clic sur chaque image pour agrandir)manif_13
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18 octobre 2010

Sarkozy muet sur le Nobel de la paix

L'an dernier, il n'avait pas fallu une heure à Nicolas Sarkozy pour féliciter Barak Obama. Cette année, pour le prix Nobel attribué au chinois Liu Xiabo, c'est le silence de la honte. Pas un mot, pas un commentaire ni de l'Elysée ni de Matignon pour rendre hommage au courage du dissident emprisonné, tout juste un service minimum de Bernard Kouchner.
La raison est simple. Et crapuleuse. Eh oui, en novembre, le président chinois doit effectuer une visite officielle en France. Ce silence français est donc une monnaie d'échange. Ne rien dire sur les droits de l'homme vaut bien quelques commandes pour Airbus et Areva. Une preuve de plus que les gros carnets de chèques rendent aveugle.

(Clic sur l'image pour agrandir)
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15 octobre 2010

Dessine-moi encore une retraite

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Hier soir, sur France2, Martine Aubry a demandé à Nicolas Sarkozy "de suspendre les discussions au Sénat mais aussi de mettre aussitôt les syndicats autour de la table, de remettre tout à plat".
"Il faut une réforme des retraites, on est tous d'accord. L'opposition est prête à aider à réaliser cette réforme. Pour la faire, il faut discuter, il faut négocier, et un maître d'ordre, la justice".
"Ici, il n'y a pas de justice
, alors les Français n'en veulent pas", a-t-elle lancé.
Elle a donc appelé Nicolas Sarkozy "à ne pas jouer la politique du pire" et à se défaire de son "orgueil" car "on ne perd jamais rien à changer d'avis et à accepter d'écouter le peuple" et "c'est même se grandir". Ce dernier mot étant sans doute involontaire, chacun pourra l'interpréter à sa guise…

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13 octobre 2010

Manifs retraites : Comment faire parler les chiffres

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(Clic sur toutes les images pour agrandir)

En général, rien que de se mettre à calculer le montant de sa retraite, ça donne déjà comme une idée de l'infini. Alors, tenter de compter les manifestants, il y a de quoi y disparaître. La seule différence, c'est que, dans le premier cas, les données se doivent d'être précises et incontestables. Dans le second, pas de chance, les chiffres sont si élastiques qu'ils auront bien du mal à éviter des interrogations. Les écarts de voix qui font annuler une élection passeraient presque pour une piètre plaisanterie.
Alors, hier, 3,5 millions ou 1,2 million ? Euh, c'est selon. Car les méthodes utilisées par les organisateurs sont tout aussi empiriques que celles de la police. Et en fin de compte, c'est ce que les uns et les autres feront dire aux chiffres qui importe. Et parfois jusqu'à la caricature et au ridicule.
Le fait est que les modes de calcul ne sont pas aussi fiables que tous le prétendent. Si les règles obéissaient à une application scientifique, les écarts ne joueraient pas du yoyo d'une ville à l'autre.
D'ailleurs, certains policiers admettent maintenant de plus en plus ouvertement que les chiffres de terrain qu'ils transmettent aux préfectures ne sont pas similaires à ceux que ces dernières communiquent.
Autrement dit, le gouvernement, et depuis peu l'Elysée qui ne rate jamais une occasion de faire du zèle, minimise volontairement les résultats des comptages.
Et peu importe si les estimations varient ensuite selon les lieux des manifestations de 1 à 2 jusqu'à de 1 à 10 avec celles des organisateurs qui eux-mêmes ne font pas toujours dans la petite dentelle (ah, Marseille !). On se dit alors que la vérité est peut-être entre les deux.

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Pour essayer d'y voir plus clair, le site Slate.fr s'est interrogé sur le ratio chiffres syndicats / chiffres police sur les grandes manifestations des 10 dernières années (avec au moins 1 million de manifestants selon les syndicats). Puis, il a calculé le ratio pour chacune d'elles. Les résultats sont étonnants.
Cerise sur le tableau, on y constate que Nicolas Sarkozy a battu le record de Jacques Chirac qui avait atteint un ratio de 3,30 lors de celle du 3 juin 2003 contre le plan Fillon sur les retraites (455.000 selon la police, 1,5 million selon les syndicats). La mobilisation du 2 octobre atteint un ratio de 3,34, surpassant le précédent record de Sarkozy, un ratio de 3 à l'occasion de la manifestation du 23 septembre.

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Autre surprise, selon le site Owni.fr, à Paris, les chiffres montrent une réelle tendance à l’augmentation des mobilisations depuis 2007. En 2006, la préfecture a reçu 1.556 dossiers annonçant une manifestation, un chiffre en rapport avec la moyenne 1999-2005 (1.500 manifestations par an). L’augmentation est alors de 17% en 2007, 12% en 2008 et 51% en 2009 ! Soit une hausse cumulée de 100% sur trois ans ! Un vrai retour de bâton : maintenant, quand il y a des manifs, tout le monde devrait s'en apercevoir, non ?

Les méthodes de calcul des syndicats et de la policemanif_7
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Un site intéressant à découvrir :
http://owni.fr/2010/10/11/retraites-le-dossier-integral-downi/

11 octobre 2010

Micro-partis maxi-fric et les cas Gaudin / Muselier

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(Clic sur les images pour agrandir)
Tableaux tirés du rapport 2008 de la CNCCFP
En haut, les recettes en euros, en bas en pourcentagescomptes_CNCCFP_3_pourcentages

En ces temps de milliards brouillard, il est des informations qui passent parfois à travers l'épais rideau de vapeur. Mais elles ne sont pas sans importance en termes de nécessité de transparence à faire sur l'origine des financements non publics voire occultes des partis politiques.
Pour ce qui concerne les grands partis, de nombreuses dispositions ont permis de mieux encadrer les dérives. Tout n'est certes pas parfait puisque l'imagination et le sens de l'embrouille sont toujours des tentations auxquelles certains cèdent. L'actualité de l'affaire Bettencourt et les "dons" aux partis en témoignent.
A côté de ces grandes formations politiques pullulent des micro-partis dont on a un peu parlé ces derniers temps mais pas avec assez d'insistance. Actuellement, on recense quelque 300 micro-partis contre 28 seulement en 1990.
Plutôt discrets, souvent sans adhérents, empruntant des noms tels que "association de soutien", "club de réflexion" ou se présentant sous des appellations plus colorées, ils bénéficient de généreux donateurs pour une activité réduite qui tourne autour d'une seule personnalité, un élu local, un député ou un ministre.
Beaucoup de ces micro-partis sont des satellites - à ne pas confondre avec les courants internes - des grands partis, d'autres sont des ovnis visant à exprimer une singularité du positionnement politique, géographique ou culturel ou encore des représentations loufoques. Et c'est là que se pose le problème.
En théorie, tous sont régis par les mêmes règles juridiques et politiques strictes censées assurer la vie démocratique et le pluralisme des opinions. Pourquoi le nombre des micro-partis a-t-il crû aussi fortement ? Le plafonnement à 7.500€ des dons effectués par des personnes physiques y est sans doute pour quelque raison.
Et on voit bien quel rôle ils peuvent jouer. Notamment, comme c'est souvent le cas, si un donateur est adhérent à la fois d'un grand parti et du satellite qui lui est proche. Il peut donc verser jusqu'à deux fois la somme plafonnée, qui ira bien entendu au grand parti. On est là dans une forme de détournement de la législation sur le financement des partis même si, pour l'instant, la loi n'a pas prévu le plafonnement de dons faits par une même personne.
logo_cnccfpLes formations organisées en partis qui présentent des candidats aux élections doivent déclarer leurs comptes à la CNCCFP (Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques). Les micro-formations, aux ¾ sous statut d'associations loi 1901 ou simples associations de fait, n'ont pour seule obligation que d'avoir un mandataire financier. Autrement dit, les micro-partis versent les fonds collectés aux grands partis et le tour est joué.
L'UMP, dont le budget dépasse les 50M€ possède 123 micro-partis connus, le PS, avec plus de 50M€ également, n'en compte que 35. Ainsi, en 2008, les micro-partis ont rapporté 7,5M€ à l'UMP et 1,7M€ au PS, le premier faisant plus appel aux donateurs, le second mettant ses élus à contribution à hauteur de 10% de leurs indemnités. Les partis de poche remplissent celles des grands. Une sorte de combine en quelque sorte : micro-partis, maxi-fric.
Dans le même domaine de singularité, en juillet dernier, Mediapart a révélé une information peu connue du citoyen lambda. Exception aux règles, les candidats aux élections sénatoriales (au suffrage indirect) ne sont contraints à aucun contrôle financier. Pour eux, pas d'obligation de déposer leurs comptes de campagne, pas de limitation de dépenses et pas de plafonnement des dons. Ils peuvent donc disposer d'autant d'argent qu'ils le souhaitent pour financer leur campagne auprès des grands électeurs.

Les micro-partis de Gaudin et de Muselier

Jean-Claude Gaudin et Renaud Muselier aiment tellement l'UMP qu'ils lui font d'importants dons pour le faire fonctionner. Chacun possède son micro-parti. Le premier, l'Union républicaine et d'action communautaire, domiciliée au siège de la fédération de l'UMP, dispose de 222.303€ et le second, Cap sur l'avenir 13, dont le siège est la permanence d'un député, de 574.627€. A eux deux, en 2008, ils ont donné 130.000€ à l'UMP, Gaudin 120.000 (le plus gros don national) et Muselier 10.000, mais ayant donné 229.000 pour les municipales. Selon La Provence, "le premier s'intéresse plutôt aux dons de particuliers, le second s'appuie sur les élus pour récupérer une partie de leurs indemnités."

3 octobre 2010

Manifs : Ils étaient 34 millions d'accord avec Sarkozy

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Les chiffres sont là. Nets et précis. Les manifs d'hier ont battu tous les records. Pour preuve du sérieux du comptage des foules, le gouvernement avait fait appel à un homme à la compétence incontestée. Issu du pôle comptabilité de l'Oréal, familier du jonglage avec les millions, l'homme a rendu son verdict : 34 millions de manifestants. La seule fausse note, vite étouffée, est venue du Medef qui a estimé sans autres précisions le nombre à à peine 32 millions, un total jugé peu crédible par le gouvernement car inférieur à celui de la moitié de la population française.
D'ailleurs, dès la mi-journée, la DCRI (RG et DST) et le ministre de l'intérieur, utilement secondés par le ministre du travail, ancien ministre des comptes publics, ont immédiatement répliqué en confirmant l'exceptionnelle et donc historique mobilisation établie par le représentant recoiffant de la firme cosmétique.
Pour s'assurer une fiabilité de ses informations, le pouvoir a mis les petits radars dans les grands, fait tourner les caméras de surveillance à plein régime aux quatre coins des rues et a croisé ses relevés avec les très utiles fichiers aimablement autorisés par un Etat de droite.
Même si les personnes âgées des maisons de retraite, les personnes handicapées, les malades des hôpitaux, les enfants des maternelles et les bébés des crèches ont beaucoup manqué dans les rassemblements, partout en France, de longs cortèges de soutiens au plombage du système des retraites ont fait la démonstration de leur enthousiasme pour une vie hypnotiquement soumise aux intérêts et profits de sympathiques esclavagistes usurpant les traits de vertueux bienfaiteurs de l'humanité.
On n'avait jamais vu ça
Les grands patrons avaient délaissé quelques heures leurs limousines et accordé à leurs chauffeurs l'aumône d'aller siroter entre eux leurs RTT au bistrot. A Paris, malgré leurs escarpins aussi dorés que leurs parachutes, les gros bonnets, escortés de certains employés menacés de licenciements en cas de rébellion à la bonbonne de gaz, ont parcouru le mythique trajet Elysée-Fouquet's à genoux dans une imitation très réussie d'un chemin de croix et de bannière.
La foule bigarrée, à laquelle aucune racaille n'a osé venir se mêler, ne s'est pas gênée pour lancer quelques slogans bien envoyés : "Vive le président du pouvoir de crachat", "Parisot avec nous", "Ouvriers au poteau, Patrons au magot", "A nous les lingots, à eux les copeaux", "Les niches aux riches, le RSA aux pauvres", "Rendez nous nos 40 heures", "Oui au travail à 90 ans, oui à la retraite à 100 ans", "Le bouclier fiscal, c'est pas mal", "L'injustice vaincra", "A mort les acquis sociaux, les retraités au boulot".
Parmi les banderoles colorées, confectionnées en larges bandes de soie sur les conseils avisés de la dernière dame en titre de l'Elysée, on a ainsi pu constater l'unité qui régnait dans cette fête : "Medef, CAC 40, ISF, Figaro, TF1, Sarkozy, tous ensemble !"
Quelques absents
A noter que, soucieux de marquer définitivement l'Histoire et de compter parmi eux en signe de respect ceux qui n'avaient pas pu se joindre aux cortèges, les organisateurs ont brandi des milliers de silhouettes noires en carton rendant un hommage ému aux suicidés de France Télécom, des usines liquidées, de la police, des milieux pénitentiaires et des condamnés au chômage.
Tous les médias à la botte ont bien sûr rapporté, avec le bon goût qui manque aux journalistes trotskistes et fascisants des sites internet, les faits et le déroulement exact des événements.
Comme l'ont martelé les spécialistes de la déontologie journalistique que sont Jean-Pierre Pernaut et Eric Zemmour, nul syndicat rouge créateur de désordres et de prises d'otages n'a battu le pavé. Aucun Rom encore illégalement présent sur le territoire français n'a osé l'outrecuidance de se montrer pour venir défier les manifestants. Aucune association de la pensée inique soutenant habituellement sans discrimination et avec un sens démagogique sans nom tous les gueux de la terre n'a eu cette fois-ci le courage de pointer le bout de son nez pour agiter inutilement de prétendus droits de l'homme et du citoyen. Même les minables petits casseurs qui ne s'invitent que dans les manifs gauchistes pour apeurer les badauds et l'Etat ont préféré rester dans leurs banlieues pour se gaver de rap en broutant de l'herbe.
Ce qui a fait dire à certains ministres, présents sans doute pour prouver à leur pathétique chef de rayon élyséen qu'ils méritent bien de le pourlécher encore un peu et ainsi conjurer leur prochaine éviction du gouvernement, que la journée d'hier a été à leurs yeux un cas d'espèce. C'est la seule manif qui s'est vue car les marcheurs n'ont pas eu à souffrir d'un salaire amputé pour défiler dans la rue qui gouverne enfin. Comment ne pas leur donner raison pour une fois que cette majorité dite silencieuse fait passer le message qui est censé la motiver : le silence, c'est de l'argent.

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