Robert Badinter, la voix de l'humanisme
RESPECT. Une conscience, une éthique, une voix qui font l'honneur de la politique. Nous devons beaucoup à Robert Badinter qui avait résumé son engagement par cette belle phrase "Je me battrai jusqu'au dernier Dalloz !". Il l'a fait.
Le 20 octobre 1988, Elisabeth et Robert Badinter à Aix-en-Provence
lors de la dédicace de leur livre sur Condorcet.
Avocat et écrivain, Robert Badinter est venu plusieurs fois à Aix. Son charisme et son élégance attiraient beaucoup de monde. L'accueillir, le voir et l'écouter étaient des moments privilégiés. J'ai eu la chance de le rencontrer à deux reprises. Mes souvenirs sont intacts.
Le 20 octobre 1988, il présentait son magnifique ouvrage sur Condorcet, un intellectuel en politique (1743-1794). Les quelques mots échangés étaient prenants et emplis d'une force impressionnante.
En 1997, c'était à l'occasion de l'inauguration de la "Place du Procureur Georges Beljean" tout près de palais de justice où ce grand magistrat avait exercé sa fonction. La présence de Robert Badinter ne relevait pas d'une simple circonstance. C'était un témoignage de reconnaissance. Gorges Beljean avait en effet été son directeur de cabinet au ministère de la justice. Des liens cordiaux et respectueux s'étaient noués entre les deux hommes. Ce jour-là, les avocats aixois (pour n'en citer que deux parmi mes amis, Yves Kleniec et Michel Pezet) et de la région n'ont pas voulu manquer ce rendez-vous. La dénomination de la place avait été décidée par le maire Jean-François Picheral et le conseil municipal (dont je faisais partie) pour honorer cette personnalité éminente.
On me permettra d'évoquer ici d'autres faits plus personnels liés à mon amitié avec Edouard Baldo, avocat, qui avait travaillé avec Robert Badinter. Très jeune, il avait été repéré par ce dernier et avait été appelé à contribuer à des initiatives visant à réfléchir à l'élaboration de propositions de lois. L'objectif était de préparer une nouvelle candidature de François Mitterrand en 1981 après l'échec de 1974. Robert Badinter souhaitait réunir des personnalités, il y en eut une cinquantaine, pour concevoir une Charte des libertés couvrant plusieurs champs. Edouard Baldo imaginait un ensemble intitulé "Liberté, Libertés" dans lequel figurait la possibilité de mettre en œuvre des droits nouveaux tels, par exemple, que les prémices de la décentralisation. Edouard Baldo m'a amplement raconté les détails des séances de travail et le bonheur des relations au sein de l'équipe mise en place par Robert Badinter. Le futur ministre de la justice inspirait la confiance et se montrait à l'écoute de chacun. Je ne peux aller plus loin dans la narration d'instants qui n'appartiennent qu'à eux.
Pour finir, ce que les Aixois ne savent peut-être pas ou ont oublié, c'est que lors de l'élection municipale de 2014, Robert Badinter avait accepté d'être le président du Comité de soutien de notre liste. L'annonce sa mort vendredi m'a profondément ému.
Mes deux livres préférés