Comment exercer au mieux un rôle actif quand on siège dans l'opposition ? D'abord en remplissant pleinement sa fonction. Et en étant présent partout où la loi nous permet de l'être. Mais il faut surtout ferrailler pied à pied. Explications...
Il y a bien sûr les séances publiques du conseil municipal, et celles de la Communauté du pays d'Aix pour ceux qui en font partie. Depuis l'élection de mars dernier, il y en a déjà eu neuf à la mairie et quatre à la CPA. Ce sont les principaux lieux des débats pour lesquels nous recevons des tonnes de documents que nous étudions en groupe dans tous les détails.
Nous sommes également toujours aux rendez-vous des commissions, comme celles des finances, de l'urbanisme et des appels d'offres. C'est souvent là que l'on dispose en avant-première d'un certain nombre d'informations importantes.
D'autres moyens existent. Les réunions publiques thématiques (imposées par la loi) sont aussi l'occasion de découvrir les grandes lignes des projets et de rencontrer la population. Ainsi, à titre personnel, il y a quinze jours, j'étais à la commission d'appel d'offres. Et mercredi matin, à la réunion préparatoire de la commission du secteur sauvegardé et le soir à la réunion publique présentant le diagnostic du SCOT (Schéma de cohérence territoriale) qui conditionne tous les autres plans, Plan local d'urbanisme, Plan des déplacements urbains et Plan local de l'habitat. Je n'inclus pas les cérémonies officielles annuelles que nous honorons de notre présence.
Ce très bref tour d'horizon des activités liées à la vie de l'élu m'amène à faire part d'un autre volet, celui de l'ambiance que l'on rencontre ici et là dans les diverses instances de travail que nous fréquentons. En général, elle est plutôt sereine dans les commissions auxquelles participent d'ailleurs les fonctionnaires chargés des dossiers selon leurs fonctions respectives. L'écoute est mutuelle et les échanges de points de vue sont courtois car nous sommes là dans un domaine technique ou administratif plus que politique et antagoniste.
Les prises de position et les votes, accords ou désaccords, se font ensuite au conseil municipal et au conseil communautaire. Comme on peut l'imaginer, c'est au sujet des dossiers fondamentaux que les débats sont souvent vifs et rugueux. Il faut être sans cesse en éveil et sans faiblesse pour faire prévaloir ses arguments.
Je dois reconnaître que l'on ne nous limite pas le temps de parole pour objecter, défendre nos opinions et le cas échéant pour émettre des propositions. En revanche, et c'est sans doute ce qui se passe aussi dans d'autres collectivités, certains élus essaient de couvrir notre voix en cherchant à nous déstabiliser par des réflexions intempestives lancées à l'emporte-pièce. Ce parasitage émanant de quelques élus bien identifiés de la majorité, le plus souvent des élus à l'esprit borné et lèche-bottes, nous agace mais ne parvient pas à nous faire taire. Nous l'avons signalé en séance à Maryse Joissains qui leur a demandé de se calmer. Lors du dernier conseil municipal, cela a eu son effet.
Quant à l'ambiance des conseils communautaires, elle est toute autre, on peut même dire exempte d'éclats de voix. D'abord, parce qu'il n'existe pas de groupes d'opposition constitués comme à la mairie et les élus s'expriment par conséquent à titre plus personnel. Ensuite, parce que le système de l'intercommunalité permet aux maires des 36 communes d'être soit vice-présidents, soit/ou membres du bureau. Dès lors, beaucoup de décisions sont souvent prises dans un consensus qui efface les appartenances politiques, droite, gauche et sans étiquette.
Il se trouve que la représentation de la Ville d'Aix comporte six élus d'opposition, issus de notre groupe municipal Démocratie pour Aix, et que nous sommes donc les plus nombreux parmi ceux qui expriment des désaccords en comparaison avec le reste de l'assemblée. Il y a bien quelques maires qui apportent parfois la contradiction ou des nuances dans l'appréciation des dossiers. Mais ce sont nos prises de parole qui sont en rupture avec l'unanimité quasi contrainte.
A la fin de la séance d'octobre, dans les couloirs, deux maires (un de droite et un de gauche) sont venus vers moi pour me faire part de leur agacement. "Il y en a marre. Il faut arrêter d'importer ici vos guerres aixo-aixoises. Ici, il faut mettre la politique de côté et travailler tous ensemble." Or, pour ce qui me concerne, ce soir-là j'étais intervenu sur des dossiers de portée communautaire : les transports, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, la situation financière et les effectifs de la CPA, la métropole et le projet de la salle des musiques actuelles dans le cadre de l'urbanisation du plateau de la Constance.
Le ton de ces deux maires ne m'a pas plus. Ma réplique a été la suivante : "Libre à vous de penser ce que vous voulez. Et même de défendre les intérêtes de vos propres communes quand cela vous arrange. Laissez-moi la liberté de défendre ce pour quoi j'ai été élu. Contrairement à vous, aucune contrepartie financière ne pourra m'en empêcher". C'est dit.