Présidentielle : Un slogan fait-il la campagne ?
Les slogans de campagne sont des œuvres d'art ! Que dis-je, de la poésie, oui. Cette année, nous sommes gâtés tellement ils sont… gâteux. Dans la forme, on dirait qu'ils sont tout droit inspirés du pire exemple dont l'illuminé Berlusconi avait affublé son parti "Forza Italia !" Choisir ce cri répandu dans les stades disait bien la béance du message politique. Enfin, pas tout à fait, puisqu'il faisait appel aux plus bas instincts nationalistes.
Alors, prenons maintenant les slogans des trois candidats de chez nous qui ont les meilleurs sondages pour l'instant.
"Ensemble tout devient possible"
La vacuité idéologique d'appartenance à la droite est patente. Si Royal l'avait utilisé, on aurait pensé la même chose. Sauf que… avec Sarkozy, on comprend bien qu'il veut les coudées franches, qu'il ne veut aucune entrave à son ambition personnelle et qu'il se croirait autorisé à tout casser puisque tout serait devenu possible. On pourrait le détourner, par exemple, en disant "le pire devient possible", "tout devient fossile, fissible, cible, pénible, cassable", bref des mots qui en disent plus que le pseudo rêve promis.
"La France de toutes nos forces"
Bayrou a adopté cette proposition faite par un internaute. Là encore, nous sommes dans la poilade. Il ne manquerait plus que ce soit "de toutes nos faiblesses". Certes, cela sonne plus doux parce que c'est Bayrou mais Sarkozy aurait pu l'utiliser aussi. Et là, il aurait pris une autre tonalité en conférant par exemple au "travailler plus pour gagner plus" le caractère esclavagiste qu'a ce dernier. Si Royal, telle que nous la connaissons mieux maintenant, avait emprunté le slogan de Bayrou, on aurait compris "faisons tout pour le progrès". Si on n'aime pas Bayrou, on peut aussi détourner sa banderole en proclamant "La France de toutes mes farces".
"Plus forte la France sera plus juste "
Enfin, voyons le credo de Royal. On y retrouve le concept de "force" parce que "faiblesse" ça n'allait pas non plus. La référence à la justice est déjà plus politique. Si, avec le culot qui le caractérise, un Sarkozy avait opté pour le slogan de Royal, cela aurait fait racoleur et peu crédible et les électeurs s'en seraient aperçu.
On voit donc que les slogans, pour tartes qu'ils soient, ne sont compris qu'à travers la personne qui se l'approprie. Ce sont l'histoire, le parcours, le projet et le nom de chacun qui sont censés donner du contenu à la coquille vide du slogan. Mais faisons une dernière expérience.
Ne trouvez-vous pas que le slogan "Casse, brèche, bavure et trahison" aurait été parfait pour Sarkozy ?
Maintenant, si vous avez envie de continuer ce petit jeu et de détourner ces slogans ou d'autres entendus durant cette campagne, le concours est ouvert.