Quel(s) terme(s) pour décrire ce qui se passe à la Communauté d'agglomération du Pays d'Aix ? Depuis septembre, la presse, notamment La Provence, a raconté les divers épisodes du feuilleton. Mécontents de certains aspects de la gouvernance de Maryse Joissains, 32 maires sur 34 ont décidé de réagir. D'abord, en se réunissant entre eux, puis, en lui adressant une lettre rédigée en commun.
Les deux points les plus évoqués sont : la décision de Maryse Joissains de licencier le directeur général des services de la CPA en poste depuis seulement un an et demi, et le parasitage des débats par des conflits aixo-aixois importés au sein de la communauté en même temps que la part trop belle qui serait faite à Aix dans le nombre de postes à responsabilité et dans les répartitions budgétaires motivées par des charges de centralité excessives.
Moments de mauvaise humeur, protestations, rencontres, rendez-vous et échanges en coulisses se sont multipliés pour tenter de trouver une porte de sortie. En conséquence, la dernière réunion publique du conseil communautaire a même été reportée deux fois.
Maryse Joissains a visiblement fait des propositions pour essayer de faire cesser les critiques, avec une sorte d'ouverture en direction des maires de gauche en leur confiant de nouvelles responsabilités et des réponses aux maires de droite qui demandaient aussi un rééquilibrage de la représentation au sein du bureau communautaire (jusqu'ici 21 aixois sur 61 membres) pour favoriser l'expression démocratique.
Il a donc fallu près de deux ans et même plus pour en arriver là. On ne peut que s'étonner que ces revendications soient si tardives de la part des frondeurs. Certes, la gestion des intercommunalités est censée s'opérer sur le consensus le plus large. Mais, quand même ! Pourquoi crier au loup seulement maintenant alors que les choses étaient déjà mal engagées depuis le début. Comment donc, personne ne se souvient des transferts de compétences non obligatoires de la Ville d'Aix vers la CPA imposés depuis au moins 2004 ?
L'organigramme encore en vigueur à la CPA
jusqu'au licenciement du DGS
Venons-en maintenant au licenciement du directeur général des services, qui semble avoir attisé le feu. Une fois de plus, si l'on comprend bien, la présidente a voulu se séparer d'une personne… qu'elle a elle-même recrutée. Avec ce nouveau cas, on atteint presque le tragique de répétition.
On se souvient du sketch de Nicolas Sarkozy se flattant d'être un excellent directeur des ressources humaines. On sait ce qu'il en advenu avec la sortie des traitres recrutés à gauche. Maryse Joissains semble être la spécialiste locale de la méthode. Et en pire.
Pour mémoire, depuis 2001, la liste de ses fantaisies relève presque du record. Qu'on relise ce que j'écrivais déjà en mars 2009 :
Lors du premier mandat, l'excellent directeur de l'Agence d'urbanisme a été viré pour avoir participé à titre personnel à une conférence sur l'urbanisme. Dans la même période, c'est la très compétente directrice de l'Association des crèches, en place depuis de longues années, qui a été abusivement licenciée pour… aucune faute !
Puis, est venu le tour du directeur de la sécurité municipale, ancien commissaire, recruté pour ses qualités incontestables, qui a été mis au placard pour avoir manifesté des désaccords sur la politique à mener. La charrette s'est alourdie avec le licenciement du directeur des ressources humaines qui refusait de se plier aux injections politiques de recrutement. Il faut signaler dès à présent que la plupart ont gagné leurs procès en abus de pouvoir contre Maryse Joissains. Mais, continuons les rappels.
En sept ans, cinq directeurs se sont succédé à la tête de l'Office HLM et un sixième vient de prendre ses fonctions. Rayon instabilité, on ne peut guère faire mieux, le record de Dati est battu. Pour être complet sur cet exemple, le plus récent directeur "débarqué" a été reclassé directeur du Centre de formation des apprentis avec une indemnité inférieure à celle d'un licenciement mais suffisante pour qu'il ne se répande pas dans la presse. Histoire de donner le change en économie de moyens, c'est la directrice du CCAS qui a pris sa suite à l'office.
Il y a peu aussi, le valeureux directeur des services de la Communauté du pays d'Aix a été reclassé comme "conseiller technique", laissant sa place au profit d'un ami politique de Maryse Joissains. Pour combien de temps, serait-on tenté de dire. Car, il se dit que le nouveau directeur n'a en tête que de "mettre les élus au pas". Ça promet !
Pour clore, provisoirement, venons-en au cercle le plus proche. Maryse Joissains, dont le sens familial n'est plus à démontrer, avait recruté son époux Alain comme directeur de cabinet à la mairie (l'appel en annulation de son contrat est désormais en cours) et leur fille Sophie comme directrice de cabinet à la CPA. Pour le second mandat, Ils ont été remplacés à leurs deux fonctions par une seule et même personne, l'ancien directeur de l'hôpital d'Aix. Lequel, après seulement quelques mois d'exercice, vient de plier bagage à son tour. Etonnant que les médias n'aient pas rapporté l'information et les raisons.
Enfin, il m'a été murmuré que le directeur actuel des services municipaux, en poste depuis six ans, va lui aussi dégager et que son remplaçant pourrait être le fonctionnaire ayant lui-même pris la place du directeur des ressources humaines licencié (et rétabli dans ses droits).
Si des doutes subsistent sur le pourquoi de ces tous ces mouvements, précisons qu'ils sont le plus souvent annoncés comme ayant pour base la "perte de confiance" de Maryse Joissains envers ces fonctionnaires et collaborateurs. Mais on l'aura compris, les explications relèvent plus de la purge et de la versatilité que de l'intérêt général.
Comme on pourra le lire ci-dessous, le DGS de la CPA est sommé à son tour de rejoindre la cohorte des bannis. Disant cela, je ne voudrais pas laisser croire que je le défendrais. Le connaissant depuis très longtemps, je n'ai jamais partagé ses idées de droite.
(Clic sur les images pour agrandir)
Deux billets livrant des détails du conflit entre Joissains et le DGS
publiés par le site "Info-économique"
Le 19 octobre 2010
Le 4 novembre 2010