Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO

le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
28 février 2011

Sarkozy : Panique à bord et vol plané grotesque

 sarko_MAM_politique

Mon grand écran de télé m'ayant menacé de se faire imploser si je m'avisais d'y faire apparaître le chef, il a fallu demander à mon petit poste de radio pourri de se dévouer pour me permettre au moins d'écouter son discours en mini-format. Mal m'en a quand même pris. Car ça grésillait un max.
Oui, mais qu'a-t-il dit ? Rien. Sinon que, pour camoufler la panique à bord, il a poussivement cherché à barbouiller ses propres fautes et celles de ses ministres en délayant le tout dans des semblants géo-politico-stratégiques.
N'étant jamais à court d'un pitoyable paradoxe, en deux paragraphes, Nicolas Sarkozy a d'abord déclaré que "ces révolutions arabes ouvrent une ère nouvelle dans nos relations avec ces pays dont nous sommes si proches par l'histoire et par la géographie. Ce changement est historique. Nous ne devons pas en avoir peur. Il porte en lui une formidable espérance car il s'est accompli au nom des valeurs qui nous sont les plus chères, celles des droits de l'homme et de la démocratie."
Puis, en piètre concurrent du FN, il a prévenu que "le sort de ces mouvements est encore incertain" et "nous savons ce que pourraient être les conséquences de telles tragédies sur des flux migratoires devenus incontrôlables et sur le terrorisme."
Voilà, on y est, dans le sauve-qui-peut-la-campagne-électorale-approche. Son vol plané est tellement gras, gros, grossi, grotesque qu'il est impossible de croire un instant à son jeu de chaises cacophoniques ou de mettre un voile sur son Alliot-Marie éjectée en plein crash, son Hortefeux mis à l'ombre, son Longuet ressorti de la naphtaline d'ex-Occident et son Ollier s'accommodant finalement d'être victime d'une séparation conjugale…
Bon, seul point positif hier soir, et c'est toujours ça de pris, Sarkozy n'a pas eu le culot de se prétendre de gauche. Alors, courage !

sarko_compteur
(Clic sur les images pour agrandir)
sarko_MAM_clairssarko_MAM_falcon
sarko_MAM_demission sarko_MAM_dehors

Publicité
26 février 2011

Quand la langue se corse entre les frères Guérini…

 guerini_canard_23

Ça déballe à tout-va. Et plutôt sec même. Hier encore, La Provence mais aussi Valeurs actuelles faisaient état de nouvelles pistes à explorer, notamment au sujet d'une tentative de prise de contrôle d'un projet de maison de retraite. La chose n'aurait en soi rien d'étonnant vu la concurrence sauvage que se livrent les gros poissons, un peu comme pour certaines cliniques, si n'étaient évoqués de possibles liens avec le grand banditisme.
En l'occurrence, un nom revient, celui de Bernard Barresi, un "parrain marseillais" arrêté en juin dernier sur la Côte d'Azur et aussitôt écroué. Dans cette histoire de maison de retraite, on y cite de nouveau le nom d'Alexandre Guérini.
Pendant ce temps, la vie politique continue. Ainsi, lors de la conférence de presse pour la présentation des grandes lignes de Marseille 2013, Eugène Caselli était bien présent alors que Jean-Noël Guérini ne s'est pas montré. En revanche, la veille, il était venu à Aix signer une convention de partenariat avec Maryse Joissains qui l'a accueilli à porte-feuille grand ouvert.
A droite, c'est le sénateur Bruno Gilles, grand copain de Renaud Muselier, qui s'est fendu d'une lettre à Martine Aubry lui demandant de "suspendre Jean-Noël Guérini de toutes ses fonctions officielles au sein du PS 13". La demande aurait eu du sens s'il avait d'un même élan protesté auprès des dirigeants de l'UMP pour régler le sort des Alliot-Marie et Woerth. Mais non, il ne voit que d'un œil.

logo_JDD
Dans les secrets des frères Guérini
20 Février 2011 par Laurent Valdiguié

Enquête. Six écoutes téléphoniques entre Jean-Noël et Alexandre Guérini montrent qu’entre le 27 avril et le 2 mai 2009, les deux hommes ont été prévenus de l’ouverture d’une enquête judiciaire… Et qu’ils ont réagi.
A lire les comptes rendus sur procès-verbaux, mêlant transcriptions phonétiques du corse, onomatopées et bordées de jurons, on entend leur accent chantant du Sud. Se dégage aussi une drôle d'ambiance. "L’ambiance de la côte", résume un enquêteur.
Dans cette affaire aux ramifications multiples, impliquant une nébuleuse de sociétés soupçonnées de liens avec le grand banditisme, Alexandre Guérini a été mis en examen et écroué début décembre 2010 pour "blanchiment, abus de biens sociaux, détournement de fonds et de biens publics et corruption active". Son frère Jean-Noël, sénateur et patron des socialistes de Marseille, a toujours défendu son
 "indépendance"… Jusqu’où tiendra-t-elle ?
Devant des militants socialistes, Jean-Noël Guérini a répété qu’il"n’avait absolument rien à se reprocher"
 et dénoncé une "campagne qui vise à salir et à détruire". France-3 Provence-Alpes venait de révéler le contenu d’une drôle d’écoute téléphonique. Dans celle-ci, Jean-Noël Guérini, le 27 avril 2009, prévenu par un mystérieux "ami", avait alerté son frère de l’ouverture d’une enquête le visant. En fait, ce jour-là, les gendarmes ont enregistré cinq écoutes téléphoniques que le JDD a pu consulter.

 guerini_JDD_corse

Les deux frères, apparemment par peur des écoutes, alternent le corse et le français. Ce même 27 avril, ils se reparlent à 16h41, uniquement en langue corse, que les gendarmes transcrivent phonétiquement. Sauf pour quelques jurons d’Alexandre ("ce fils de pute", "c’est vraiment une salope, hein !"). Jean-Noël le reprend : "Parle en corsu, enfin !"
"C’est un enculé quand même"
A 17h15, nouvel appel. "C’est un enculé quand même, s’énerve cette fois-ci Jean-Noël. Mais enfin, il ne faut rien dire. Je peux rien dire parce que, bon, c’est mon ami qui me le signale", explique-t-il. Les gendarmes, sur la ligne, comprennent que le secret de leur enquête est éventé par ce fameux "ami". "Il me dit que l’enquête préliminaire sera ouverte, continue Jean-Noël. A mon avis, ça doit être pour les décharges, Alex… 
– Eh, qu’est-ce que tu veux que ce soit ? rétorque Alexandre.
– Hum… Mais de toute façon, au bout de trois ans, y a prescription, ils peuvent rien faire, se rassure Jean-Noël.
– Mais qu’est-ce qu’on s’en cague ! 
– Ouais. 
– Si je te dis que j’ai rien à me reprocher, je sais de quoi je parle, non ? 
– Ouais, ouais, ouais, absolument. 
– Mais moi, je suis pas soulagé, je te l’ai dit tout à l’heure, je m’en bats les couilles. Ça peut venir même en parachutiste, qu’est-ce que je m’en bats les couilles ! Ils le savent, tous ces fils de pute !", conclut Alexandre Guérini.
Juste après cette conversation, le plus jeune des Guérini,
 "qui n’a rien à se reprocher", appelle, à 17h27, Philippe Rapezzi, un de ses collaborateurs à SMA Environnement. "Il ne faut rien laisser traîner, d’accord ? indique Guérini. Dans le coffre, y a rien ? 
– Euh, non, y a rien. 
– Ben voilà ! – D’accord, je pense que tout est bon", déclare Rapezzi, qui se veut rassurant.
Peut-être vaguement soucieux, Alexandre Guérini rappelle son frère à 17h30.
 "Demande quand même le service que c’est", lui dit-il pour savoir quel service d’enquête a été désigné, "le marseillais ou le parisien". Jean-Noël répète qu’il doit voir son informateur le lendemain et "qu’il saura tout dans les détails, avant d’ajouter : Y a pas de souci…" Le ton est plutôt interrogatif. "Si j’étais inquiet, mon frère, je serais en train de redescendre à Marseille… J’en ai rien à branler."
Soudés dans l'épreuve  
Suite à cette dernière conversation enregistrée le 27 avril, les deux frères cesseront de parler au téléphone pendant cinq jours. Les gendarmes n’entendront donc pas le récit de Jean-Noël à Alexandre après son rendez-vous avec son mystérieux "ami informateur" le 28 avril.
L’écoute suivante est datée du 2 mai 2009. Cette fois, Jean-Noël Guérini a le blues. Est-ce à cause de l’affaire judiciaire en cours ?
 
"J’ai plus envie… Ça me fait chier, je te jure… Je ne suis pas marié avec la politique, oh, depuis 1977… Pffou, j’en ai marre".
Son frère Alexandre va s’employer à lui remonter le moral : "Ouais, t’en as marre, t’en as marre, t’en as marre… tout le monde en a marre ! Y a pas que toi qui en as marre, tout le monde en a marre, mais si on règle tous les problèmes avec 'ah, j’en ai marre', et ben, les problèmes, ils se règlent pas comme ça, et chaque fois que tu règles un problème, hop, y en a un autre le lendemain qui surgit, et, hop, tu le règles et le lendemain, tu en as un autre qui surgit et hop, c’est la vie qui est comme ça ! c’est la vie. […] Voilà, moi, je sais que c’est ma vie et que je serai toujours en acier, je laisserai jamais tomber, jusqu’au dernier jour de ma vie, ben, je laisserai jamais tomber, je me battrai tout le temps. 
– Oui, le coupe Jean-Noël, mais toi, tu as une constitution à part. 
– Non, c’est pas une constitution, mon frère, c’est pas une constitution, c’est une réflexion intellectuelle." Ils sont comme ça, les frères Guérini. Soudés dans l'épreuve. 
Ce 27 mai, ils se remontent mutuellement le moral pendant un quart d’heure sans savoir que les enquêteurs du juge Charles Duchaine sont à l’écoute.
 
"Je peux être au fond d’un trou en train de manger du pain sec avec des cancrelats, je perdrai jamais le moral", assure Alexandre.
Les deux frères évoquent ensuite longuement l’auteur présumé de la lettre anonyme au procureur. En termes peu flatteurs.
 "Il a fait une erreur, et cette erreur, il fallait pas qu’il la commette… Là, il a touché à quelqu’un qu’il fallait pas qu’il touche, jure Alexandre.
– Absolument", conclut son frère.
Et on devine, à la lecture de ces lignes, qu’à Marseille, les couteaux resteront tirés encore longtemps.

25 février 2011

Une "grève des poubelles" pilotée par Guérini ?

ordures_panneau___CopieL'affaire Guérini semble prendre une tournure décisive.
Mediapart publie des éléments d'information qui risquent de faire mal. Que peuvent bien valoir désormais toutes les réactions indignées des protagonistes ? Leurs divers échanges téléphoniques pourraient constituer des pièces à conviction. On saisit maintenant un peu mieux ce qui s'est passé lors de la grève "spontanée" d'octobre 2009 à Marseille. Dans les coulisses, on s'activait ferme pour balayer les règles du jeu d'un marché de déchets. Aïe, pas bien propre tout ça, si l'on peut dire. Et que dire du langage pas franchement trié non plus. Ambiance…

logo_mediapart_entier
Affaire Guérini :
Les deux frères pris dans la «grève des poubelles» à Marseille
23 Février 2011 Par Louise Fessard

Nouveau rebondissement dans l'affaire Guérini : des écoutes récemment versées au dossier sur les marchés truqués des Bouches-du-Rhône éclairent le rôle actif joué par Alexandre Guérini, entrepreneur spécialisé dans les déchets, et de son frère Jean-Noël, président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône, dans le conflit des poubelles de novembre 2009 à Marseille.
Le jeudi 29 octobre 2009, une centaine de salariés de la société privée Bronzo se mettent en grève parce que leur entreprise n'a pas été retenue dans le cadre d'un appel d'offres lancé par la communauté urbaine. Cet appel portait sur la collecte des déchets dans le centre-ville de Marseille. Les employés bloquent les centres de transfert par lesquels transitent habituellement les déchets et, en quelques jours, les tas d'ordures s'accumulent dans tout Marseille.
Les enquêteurs soupçonnent aujourd'hui Alexandre Guérini, entrepreneur spécialisé dans le traitement des déchets et frère du président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, d'avoir provoqué cette grève en faisant fuiter des documents confidentiels.
Dans son ordonnance de placement en détention provisoire d'Alexandre Guérini du 1er décembre 2010, le juge des libertés et de la détention explique que «la communication (...) à Alexandre Guérini du rapport administratif, qui proposait Bronzo comme le meilleur candidat, facilitait sa connaissance par les employés de la société Bronzo, évincée du marché, qui entamaient un mouvement de grève afin qu'Eugène Caselli ne suive pas la décision de la commission d'appel d'offres qui avait écarté l'offre de Bronzo».
Pire, d'après plusieurs écoutes, Jean-Noël Guérini, accompagné de son frère, aurait rencontré, le 29 octobre, Eugène Caselli, président PS de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) afin de faire pression sur lui pour qu'il annule ce marché qui leur déplaisait.

«Je m'en bas les couilles de la commission.»

gif_poubelleLe 27 octobre 2009, Alexandre Guérini, mécontent de la décision de la commission d'appel d'offres de MPM, appelle Antoine Rouzaud, vice-président de MPM délégué à la propreté et au traitement des déchets pour le prévenir qu'il va «choper (Eugène Caselli) jeudi soir avec Jean-Noël, tu vois, je vais lui en dire deux mots devant Jean-Noël».
Le 29 octobre 2009, jour du début de la grève, Alexandre Guérini appelle à 8h08 le directeur général délégué de Bronzo, Michel Quilichini, pour s'enquérir de l'état du conflit, alors que celui-ci n'est pas encore relayé dans les médias. Les deux semblent de mèche pour souffler sur les braises. 
«Alexandre : 
Est-ce que le deuxième centre de transfert a été bloqué ?
Michel : Pas encore mais ça arrive.
Alexandre : Bon, il faut un "tiens bon" là-bas hein !
Michel : Ah ça c'est sûr. (...)
Alexandre : Eh ben c'est bien. Dis à Charly (un des employés de Bronzo) qu'il tienne hein !
Michel : Oui, oui, non mais...
Alexandre : Tu lui as tout expliqué hein ?
Michel : Voilà.
Alexandre : D'accord, allez à tout à l'heure, tu me tiens au courant.»
Ce même jeudi, Alexandre Guérini rappelle le patron de Bronzo à 21h48 et lui laisse un message pour lui raconter son rendez-vous avec Eugène Caselli et son frère Jean-Noël, dans le bureau de ce dernier au conseil général des Bouches-du-Rhône. Il expose aussi sa stratégie pour faire annuler le marché.
«Bon je suis sorti maintenant à l'instant du bureau de mon frère avec qui tu sais (Eugène Caselli), raconte-t-il à l'entrepreneur. Il a rien voulu entendre, il a peur pour sa sécurité. Heu, simplement pour te dire que je pense qu'il faut un “tiens bon” et il faut que, heu, il n'y ait pas que ça. Il faut une démarche juridique, heu, je vais me rapprocher d'Olivier Grimaldi (l'avocat d'Alexandre Guérini et officiellement conseil de MPM) pour essayer de voir si les ouvriers et l'entreprise ne peuvent pas déposer une plainte (...) pour la diffusion de la première analyse. Bon demain je vais en Corse mais si jamais, samedi matin, on peut se prendre un petit-déjeuner, heu, tranquillement quelque part. Tu peux m'appeler demain quand tu veux, merci au revoir.»
Puis à 21h59, Alexandre Guérini appelle son avocat Olivier Grimaldi, à l'époque également conseil de MPM sur les questions de déchets.
«Olivier : 
Ça va ?
Alexandre : Oh, je suis parti maintenant du conseil général...
Olivier : Ouais.
Alexandre : 
J'ai discuté avec cet imbécile (Eugène Caselli) depuis 19 heures 30...
Olivier : Ouais.
Alexandre : 
Je ne suis pas arrivé à lui faire entendre raison, il a peur pour sa sécurité.
Olivier : Ouais c'est ça.
Alexandre : Il ne veut pas aller contre la décision de la commission d'appels d'offres (...) Il me dit “Je préfère avoir mes problèmes de grève que ces problèmes judiciaires”. Je lui dis “Mais tu ne vois pas que tu n'as rien compris. Tu ne vois pas que tu as donné les clés de la propreté de la Ville de Marseille à Renaud Muselier (député UMP et éternel dauphin de Jean-Claude Gaudin) ! Tu te rends pas compte de ce que tu es en train de faire ? Tu bafoues tes services, tu t'en bats les couilles de FO ! Tu te rends compte de ce que tu as fait, tout ça parce que tu as peur d'être inquiété.»
Puis il appelle Michel Karabadjakian, directeur adjoint chargé de la propreté à MPM. «Je viens de sortir, je t'ai pas pris au téléphone parce que j'étais avec Olivier Grimaldi, lui précise-t-il à 22h06. Je lui ai raconté tout mon entretien de deux heures et demie, qui n'a rien donné parce qu'il (Eugène Caselli) s'est chié dessus. Mon frère l'a poussé dans ses retranchements en lui disant “Mais putain d'Adèle, moi, je m'en bats les couilles de la commission !”.»

«Je vais lui arracher la tête.»

logo_BronzoAlexandre Guérini suggère alors au patron de Bronzo, Michel Quilichini, d'envoyer une lettre à Eugène Caselli au nom de ses ouvriers, dans laquelle ils expliqueront que, puisque le rapport d'analyse des offres a été diffusé, le marché est faussé et doit être annulé. «Et la lettre, il faut pas qu'ils la fassent eux, il faut que ce soit Olivier (Grimaldi) qui la rédige, ordonne-t-il à Michel Quilichini. (...) Et à l'appui il donne le double du rapport d'analyse qu'il se procurera ou qu'il a déjà entre ses mains, le jeune
Pour plus de sûreté, le matin du 30 octobre, Alexandre Guérini charge son ami Eric Pascal, patron de l'entreprise de tri des déchets Queyras Environnement, d'aller porter une lettre demandant le rapport d'analyse en question à Michel Karabadjakian.
«Tu lui remets ce courrier et une fois qu'il l'a lu, tu lui reprends et tu le déchires devant lui», explique-t-il à Eric Pascal. Michel Karabadjakian se rebiffe et la manœuvre semble échouer.
Le 2 novembre 2009, Alexandre Guérini envoie un SMS à son frère :
«Dis à Brushing (le surnom donné à Eugène Caselli) de ne (pas) notifier les marchés. Urgent
Le 3 novembre, l'homme d'affaires met Jean-Noël Guérini au courant de ses dernières manœuvres pour tenter de faire annuler le marché. «Olivier Grimaldi a passé trois heures de psychanalyse avec lui (Eugène Caselli), il l'a convaincu au moins de municipaliser le premier arrondissement (dont la mairie est tenue par le PS) et de laisser le quatrième (tenu par l'UMP) attribué à des entreprises qui sont contre nous, enfin bref, c'est pas grave on s'en bat les couilles de ça. Heu donc et là demain matin, Olivier Grimaldi va le revoir pour lui faire l'argumentation qu'il va développer lors de la conférence de presse qu'il va donner.»
Jean-Noël Guérini, qui semble furieux d'avoir été embringué dans l'affaire, fait alors machine arrière toute :
«Mais non, qu'on ne me mette pas dans le coup, je ne veux pas en entendre parler premièrement. Deuxièmement, je ne veux rien entendre, alors il se démerde cet enculé (Eugène Caselli). (...) Je ne veux plus qu'on parle de moi dans ça, voilà, c'est clair ! Il se démerde voilà ! Maintenant il se démerde complètement ce connard ! Et qu'on ne se serve pas de mon nom !» Et de conseiller à son frère, mais un peu tard : «Mais toi-même, ne t'en occupe pas, laisse-le faire Jean-Noël Guérini semble inquiet des retombées de l'activisme d'Alexandre.
«Jean-Noël : 
Tout le monde dit "Mais il y avait Alexandre qui était là !". Attends, attends, tu comprends ce que je veux dire.
Alexandre : Mais où il y avait Alexandre ?
Jean-Noël : Mais qui avait reçu tel ou tel employé, voilà.
Alexandre: Mais attends, ça fait 20 ans que je les connais! Ça fait 20 ans que je les cotoie.
Jean-Noël : Hum.
Alexandre : De quel droit, est-ce que c'est défendu de rencon... On est quand même dans une République ? Est-ce que c'est défendu de rencontrer du monde ?
Jean-Noël : Non, non.(...)
Jean-Noël : 
Non, mais moi je ne vais pas lui (Eugène Caselli) téléphoner, parce que je vais le traiter de tout, mais moi je ne veux plus que l'on parle de quoi que ce soit avec moi, je vais lui arracher la tête, voilà! 
Alexandre : Eh ben, ne lui arrache rien avant demain.»
Et le 4 novembre 2009, Eugène Caselli, qui une semaine plus tôt se fâchait tout rouge devant les médias estimant qu'il n'était «pas tolérable que 100 personnes prennent en otages 850.000 Marseillais», cède contre toute attente aux «preneurs d'otages» (les salariés de Bronzo).
Il annonce, lors d'une conférence de presse, déclarer «sans suite» le marché, une décision exceptionnelle qui équivaut à l'annulation du processus et au lancement de nouveaux appels à candidatures. Ce revirement suprenant lui a sans doute valu son audition par les gendarmes sous le régime de la garde à vue début février.
Jean-Noël Guérini lui n'a toujours pas été convoqué par le juge Duchaine. Il aura du moins du mal à le convaincre qu'il ignorait «la teneur exacte» des «contacts ou des relations» de son frère avec ses collaborateurs, comme il l'a affirmé le 18 février devant les militants PS. 

24 février 2011

Alexandre Guérini et ses amis avocats...

guerini_alex_bouletHier, La Provence revenait sur le cas Alain Belviso. Et sur ses déclarations lors de sa démission de ses mandats électifs où il disait que l'on fouillait sur ses "activités personnelles et professionnelles".
L'allusion portait sur la double garde à vue il y a une semaine d'un fonctionnaire de la mairie d'Aubagne et d'un architecte qui intervenaient auprès de la société privée dirigée par Belviso.
Y aurait-il eu quelque mélange de genres entre affaires privées et affaires publiques ? Serait-ce la fumée d'un autre feu ? La justice veut savoir.
Avant-hier, toujours dans La Provence, était aussi posée la question du coût de l'affaire des marchés truqués. Au fait, oui, à combien s'élève la facture pour Marseille Provence Métropole ? "Cela aurait coûté au minimum 5 millions d'euros", avance le journal sur la base des éléments connus à ce jour. Mais comment est-ce possible ? Quoi, on aurait donc trafiqué ?
Mediapart raconte comment Alexandre Guérini aurait tenté d'imposer ses amis avocats pour contrôler quelques "bonnes" affaires. (d'autres détails encore plus fracassants demain)
Tout cela ne peut sentir que les bonnes œuvres, n'est-ce pas ? C'est sur le sens de cette générosité qu'ironise Le Canard enchaîné d'hier. (voir en bas d'article)

logo_mediapart_entier
Des avocats placés par Alexandre Guérini ?
20 Février 2011 Par Louise Fessard

L'enquête sur les marchés publics des Bouches-du-Rhône montre que l'homme d'affaires Alexandre Guérini a sollicité à plusieurs reprises des avocats, censés conseiller des collectivités locales, pour défendre ses propres intérêts ou ceux d'amis.
Le rôle joué par deux avocats, l'un parisien, Régis de Castelnau, l'autre marseillais, Olivier Grimaldi, soulève en effet plusieurs questions. Tous deux, spécialisés dans le droit public, sont des proches d'Alexandre Guérini, mis en examen début décembre 2010 pour «abus de biens sociaux, détournement de biens publics, recel et blanchiment, corruption activeet détention de munitions», et placé en détention provisoire.
Olivier Grimaldi conseille, entre autres, la ville de Marseille, le syndicat des territoriaux FO, les groupes de supporters de l'OM et jusqu'à encore récemment la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole (MPM). Cette dernière a décidé, fin décembre 2010, de se passer de ses services, lorsqu'elle a découvert qu'il défendait également Alexandre Guérini, l'exploitant de plusieurs décharges et déchetteries du département.
Le 2 février 2011, Olivier Grimaldi a été entendu par les gendarmes, sous le régime de la garde à vue (en compagnie du président PS de MPM, Eugène Caselli, de Franck Dumontel, ancien directeur de cabinet d'Eugène Caselli, démis de ses fonctions en décembre, et d'Éric Pascal, patron d'une société de traitement de déchets, déjà mis en examen dans un autre volet de ce dossier).
Dans un courrier adressé au juge d'instruction Charles Duchaine le 17 février 2010, Olivier Grimaldi se présente comme le conseil de la SMA Vautubière, une des sociétés d'Alexandre Guérini. Il réclame la restitution d'une Mercedes appartenant à la société et de documents comptables saisis en novembre 2009 dans le cadre de l'enquête par les gendarmes. La proximité entre Olivier Grimaldi et l'homme d'affaires est un peu gênante puisque, par ailleurs, l'avocat conseillait activement MPM sur les questions de tri et de collecte des déchets.
Interrogé par les gendarmes fin novembre 2010, l'ancien directeur de la propreté de MPM, Michel Karabadjakian, avait même évoqué «un possible conflit d'intérêts». Il explique qu'Alexandre Guérini aurait sollicité Olivier Grimaldi «au moins à quatre reprises» pour rédiger des analyses juridiques facturées à MPM. Trois de ces interventions, selon la description faite par Michel Karabadjakian aux enquêteurs, semblaient viser à écarter des entreprises des marchés de déchets de la communauté urbaine au profit de la société de collecte Bronzo, une filiale du groupe Veolia.
À deux reprises, en juin et en octobre 2009, le président de MPM, Eugène Caselli, déclare sans suite des décisions de la commission d'appel d'offres attribuant des marchés à des concurrents de Bronzo. À chaque fois en s'appuyant sur des notes juridiques fournies par Olivier Grimaldi.
Aucune des sociétés d'Alexandre Guérini n'a jamais cherché à travailler pour MPM. Mais sur l'un des marchés qui furent annulés, la société Bronzo était associée à Queyras Environnement, une entreprise gérée par Eric Pascal, un proche d'Alexandre Guérini et un ancien salarié de Bronzo. «Eric Pascal s'était engagé à verser le volume de ce qui ne pouvait être valorisé, c'est-à-dire 20% environ du volume global, sur les décharges d'Alexandre», a expliqué Michel Karabadjakian aux enquêteurs.
Par ailleurs, Alexandre Guérini  était associé avec le frère d'Eric Pascal, Gilles, au sein de la SMA Propreté, une société créée par les deux hommes en 2007 pour s'occuper de déchetteries.
gif_balaiY a-t-il effectivement eu conflit d'intérêts entre les activités de conseil d'Olivier Grimaldi à Alexandre Guérini et celles de conseil à MPM ? Est-ce la raison pour laquelle il a été mis en garde à vue par les gendarmes le 2 février ? Contacté, Olivier Grimaldi n'a pas souhaité répondre à ces questions. «J'aspire juste à retrouver de la sérénité», a-t-il répété. «Pour l'instant, je ne constate nulle part des violations aux règles de la profession», répond quant à lui le bâtonnier de Marseille, Jérôme Gavaudan, qui juge «choquante» l'interpellation «au petit matin d'un avocat, qui a pignon sur rue, alors que les avocats n'ont pas l'habitude de se soustraire aux réquisitions du parquet ou du juge».
On retrouve Olivier Grimaldi dans les écoutes révélées lundi par Le Parisien. Fin juillet 2009, Alexandre Guérini, qui dirige la SMA Vautubière, société chargée par l'Agglopole Provence (dix-sept communes dont Salon-de-Provence et Berre-l'Etang) d'exploiter la décharge de la Fare-des-Oliviers, tente de négocier une baisse de la redevance qu'il verse à l'Agglo (une partie de la décharge reçoit des déchets privés).
L'entrepreneur aimerait placer son «ami», Régis de Castelnau, par ailleurs avocat du Conseil général et de MPM, comme conseil de la partie adverse, l'Agglopole Provence. «J'ai envie de leur faire prendre de Castelnau», dit-il le 7 août 2009 à son avocat Olivier Grimaldi. «Et on négocie avec notre ami de Castelnau, tu as compris le schmilblick», insiste-t-il.
Plus avant dans la conversation, il explique : «Je vais les mettre en difficulté et je veux une négociation, et la négociation, elle doit être forcée politiquement et on doit choisir notre (avocat), et ils doivent choisir leur avocat, et leur avocat ça doit être de Castelnau. Il faut qu'on leur mette la pression dessus à ces enculés.» À plusieurs reprises, Olivier Grimaldi semble approuver la stratégie.
Ce même 7 août, Alexandre Guérini appelle ensuite Régis de Castelnau. «Comme je leur conseille de se rapprocher de leur conseil, heu qui pourra également se rapprocher de moi et peut-être que la négociation des deux avocats, hormis le fait que derrière tu vas imprimer une pression politique pour que l'accord se fasse, tu vois...», le briefe-t-il. «Parce qu'à ce moment, de Castelnau négocierait pour l'Agglopole, et toi, tu négocierais avec Grimaldi pour SMA», résume-t-il. «Ben, ce serait l'idéal ça», répond Régis de Castelnau.
Et Alexandre Guérini de préciser : «Hein voilà, de toutes façons, j'espère que tu seras payé par la communauté d'Agglo et s'ils te payent pas ces enculés, je te payerai moi
Régis de Castelnau a-t-il réellement accepté de devenir le conseil de l'Agglopole tout en défendant les intérêts de la partie adverse, la SMA Vautubière d'Alexandre Guérini ? Il ne nous a pas répondu.
D'après Michel Tonon, le président PS de l'Agglopole Provence interrogé mardi par l'AFP, le plan d'Alexandre Guérini aurait échoué. «Le montant de la redevance n'a pas été baissé et, non, je n'ai eu aucune intervention politique en ce sens. Il a payé tout ce qu'il devait», dit l'élu. Michel Tonon dément également avoir eu recours à Régis de Castelnau. «On a hésité à le prendre car il avait été notre avocat dans le passé mais compte tenu du contexte, on ne l'a pas fait et on en a pris un autre», a-t-il affirmé.
Là aussi, le bâtonnier Jérôme Gavaudan répond qu'il «ne constate pas, à ce stade, de manquements graves aux principes de la profession» et qu'il «faut laisser l'enquête suivre son cours». De son côté, MPM se contente de confirmer que «Me Grimaldi et Me de Castelnau ne se sont pas vu confier de dossiers par la communauté urbaine depuis fin 2010».
Dans cet étrange mélange des genres, les avocats qui défendent aujourd'hui Alexandre Guérini ne sont autres qu'Emmanuel Molina, associé d'Olivier Grimaldi, et Florence Rault, l'unique associée de Régis de Castelnau. «Quand on commence à s'attaquer à qui est l'avocat de qui et pourquoi, c'est inquiétant pour la démocratie : il faut plutôt faire confiance aux avocats que penser qu'ils peuvent participer aux violations des règles», réplique Jérôme Gavaudan.

(Clic sur l'image pour agrandir)
guerini_canard_taulard_23

22 février 2011

Affaire Guérini : Mais qu'en pense le parti socialiste ?

guerini_canardA chaque jour sa petite ou grande surprise. Hier, c'était l'annonce de la démission d'Alain Belviso de tous ses mandats électifs et principalement de la présidence de la Communauté d'agglomération du Pays d'Aubagne et de l'Etoile.
Mis en examen mi-janvier pour "détournement de fonds publics et complicité de détournement de biens publics", placé sous contrôle judiciaire levé un mois après, il avait repris sa fonction.
Or, dans une lettre rendue publique, il expliquait hier :
"Je souffre trop, je souffre tellement que j'en suis malade, de subir l'acharnement à mon égard et à l'égard de la Communauté d'agglomération (...) La présomption d'innocence comme le secret de l'instruction censés être garantis à toute personne soupçonnée par la justice, ont laissé la place à la mise au pilori médiatique, judiciaire, politique."
On peut le croire sur parole. Mais il doit bien avoir une responsabilité dans tout ça, sinon on ne voit pas pourquoi la justice cherche à comprendre ce qui s'est passé lors de l'acquisition du terrain et dans le cadre du marché de la décharge du Mentaure à La Ciotat.
Alain Belviso "était" un élu issu du PCF. Pour le reste des protagonistes de l'affaire Alexandre Guérini, ce sont surtout des membres du parti socialiste qui font la une. Et, au fait, que pense le PS de cette ambiance vinaigre ? Mediapart a fait un tour d'horizon…

logo_mediapart_entier
Affaire Guérini : le PS regarde-t-il ailleurs ?
18 février 2011 par Stéphane Alliès

De l'omerta en milieu socialiste. «L'affaire Guérini frère» qui agite en ce moment Marseille ne semble pas préoccuper outre mesure les dirigeants du PS. Alors que les investigations judiciaires laissent chaque jour apparaître la réalité d'un système clientéliste à grande échelle, la rue de Solférino ne souhaite pas en rajouter.
La preuve : Arnaud Montebourg, seul ténor à s'être exprimé sur la situation politico-judiciaire, affirme avoir remis en novembre un rapport à la direction du PS sur l'état de la fédération des Bouches-du-Rhône. Or «l'entourage direct de la première secrétaire a refusé ne serait-ce que d'accuser réception de ce rapport», explique le candidat socialiste aux primaires et secrétaire national à la rénovation socialiste.
Réponse de François Lamy, député de l'Essonne et conseiller spécial de Martine Aubry : «Montebourg m'a dit qu'il avait l'intention de faire un rapport, mais il ne m'a jamais rien remis. Et puis je me demande ce qu'il pourrait y avoir dedans. Il ne s'agit pas d'être seulement déclamatoire sur cette question...» Et Montebourg de répliquer : «Je confirme mes dires, mais s'il ne l'a plus, je vais le lui renvoyer.»
De son côté, Jean-Noël Guérini ne s'est pas départi de sa stratégie offensive, consistant à s'en prendre à la presse et aux fuites opportunes qui l'alimentent, à un mois des élections cantonales. Et ce, malgré la révélation par France-3 de nouvelles écoutes qui, contrairement à ce qu'il a toujours affirmé, laissent entendre qu'il était au courant de l'enquête en cours sur son frère Alexandre (entrepreneur spécialisé dans la collecte et le traitement des déchets), dès avril 2009.
Jusqu'ici, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône a toujours bénéficié d'une grande mansuétude de la part de ses camarades hiérarques. Exemple, quand il s'est auto-proclamé «président» de la fédération, un titre qui n'existe normalement pas dans les statuts du PS, après avoir été élu premier fédéral bien que les mêmes statuts l'empêchent, et sans que Martine Aubry y trouve à redire.
Une mansuétude au niveau de la chape de plomb qui règne sur la vie interne locale, où aucune contestation n'est franchement tolérée et où seuls deux élus d'importance, le maire du 1er secteur de Marseille Patrick Mennucci et le député des quartiers Nord Henri Jibrayel, font figure de “non-alignés” dans la cité phocéenne, un statut qui les placardise autant qu'il entretient leur silence sur Guérini. Une première voix s'est exprimée localement : celle de Jean-Claude Bosher, militant dans la 7e section de Marseille, qui n'hésite pas à comparer le «guérinisme» à un «benalisme départemental».
Note : Toutes les personnes citées dans cet article ont été jointes ce vendredi par téléphone. Jean-Louis Bianco (proche de Ségolène Royal et président du conseil général et député des Alpes de Haute-Provence), ainsi que Vincent Peillon (soutien de Dominique Strauss-Kahn, ex-Royal, et eurodéputé de la région Sud-Est) n'ont pas répondu à mes appels, messages et textos. Renaud Muselier a été jointe par ma collègue Louise Fessard, qui suit les développements judiciaires de «l'affaire Guérini».

«La fédération est nickel»

PS_LargeChez les dirigeants nationaux du PS, les Bouches-du-Rhône sont souvent l'occasion de récits nombreux en “off”, toujours sur le ton de l'anecdote sympathique et «avé l'assent». Qui pour une négociation sous le signe de l'OM, afin d'obtenir au moins 10% à un congrès quand on ne vous en promet que 6%. Qui pour une soirée avec des jolies femmes au bord d'une piscine. Qui pour le récit du refus de s'opposer affirmé par un récalcitrant local, car «je ne suis pas une balance»... Mais au-delà des sourires et des pagnolades qui arrangent ceux qui n'aiment voir dans les Bouches-du-Rhône qu'une «spécificité bien particulière, sudiste quoi!», quid de la réprobation de fond ?
On pensait la trouver chez Razzy Hammadi, secrétaire national proche de Benoît Hamon et toulonnais d'origine. Mais non : «Il faut laisser la justice faire son travail, pour que soit établie la vérité. Je suis profondément choqué par ces fuites sciemment organisées.» Mais encore ? «Je n'ai rien à ajouter.»
Pour Renaud Muselier, l'un des chefs de file de l'UMP, qui n'a pu que constater l'habileté et le pouvoir d'influence de Guérini quand il perdit la présidence de la communauté urbaine de Marseille (alors que la droite était majoritaire), la raison est simple : «Martine Aubry a dealé les voix du PS des Bouches-du-Rhône en vue des primaires.» L'argument ne semble guère valable, puisque lesdites primaires seront ouvertes à qui veut et non plus aux seuls adhérents socialistes. S'il a pu expliquer la bienveillance de ceux que l'homme fort bucco-rhodanien a pu soutenir (notamment François Hollande à la tête du PS jusqu'en 2005, puis Ségolène Royal à la primaire présidentielle puis jusqu'au congrès de Reims en 2008), il ne tient plus forcément aujourd'hui.
«Les relations sont normalisées avec lui, car ils (à la “fédé”) n'aiment pas franchement être dans l'opposition au PS», explique un conseiller d'Aubry. «Mais on est très éloignés d'eux, et il semble quand même que Jean-Noël soit devenu un peu moins “violent” depuis quelque temps, dans ses relations avec les autres», confie-t-il, avant d'expliquer qu'«aucun dispositif particulier» n'a été imaginé à Solférino autour de «l'affaire Guérini».
Député proche de la première secrétaire, François Lamy minimise de son côté les péripéties actuellement rencontrées par l'un des plus emblématiques barons socialistes : «Ce qui doit nous préoccuper, c'est le lien entre le PS et une possible affaire. Or, peut-être qu'il y aura des problèmes d'affaires personnelles, mais quand on a pris la direction, les Bouches-du-Rhône ont fait l'objet d'un examen minutieux de notre expert-comptable, et la fédération est nickel.» Pour Lamy, il n'y a donc pas de «problème interne», et il estime devoir s'en tenir là. «On a beaucoup parlé de cette “fédé” et de son mode de fonctionnement assez particulier. Mais ça n'a rien à voir avec l'Hérault, où il y avait des dysfonctionnements de trésorerie et de cartes, estime-t-il. Après, qu'il y ait des familles entières ou des employés municipaux qui soient adhérents, ce n'est pas répréhensible en soi.»

Publicité
20 février 2011

L'Express revisite "le système Joissains"

express_16Dans sa livraison régionale, L'Express a publié mercredi une "édition spéciale" (12 pages) intitulée "Le système Joissains". Ce n'est pas la première du genre, il y en a une en 2008 et une autre en 2009 à peu près à pareille époque de l'année.
Le magazine dresse le portrait des trois membres de la famille Joissains. Et celui des deux élus qui jouent un rôle important au sein de la majorité. Le dossier comporte aussi plusieurs réactions d'élus du département au regard de la personnalité de Maryse Joissains. A chaque lecteur de se faire sa propre idée sur la teneur des articles.

joissains_express_alainDès mi-octobre, j'ai été contacté via mon blog par le rédacteur en chef du service régions. Mais l'entretien a eu lieu à Aix début janvier. Pendant deux heures, nous avons conversé sur la vie politique locale : mon long parcours d'élu jusqu'en 2008, histoire politique aixoise, partis, élections, personnalités, stratégies, coups fumeux...
Le journaliste a souhaité connaître les détails de la procédure que j'avais personnellement engagée en 2005 auprès du tribunal administratif à l'encontre de la Ville visant à faire annuler pour illégalité le contrat de directeur de cabinet d'Alain Joissains signé par Maryse Joissains.
La Ville ayant fait appel du jugement de 2008 faisant droit à ma requête, la prochaine décision devrait être rendue d'ici peu par la cour administrative d'appel.
Si celle-ci suit le premier jugement, ce ne sont pas 167.806€, le trop perçu par rapport à la base légale, mais 475.778€, la totalité du salaire versé en 7 ans, que la Ville devra récupérer.
Cette précision importante n'est pas reproduite dans l'extrait ci-contre (clic sur l'image pour agrandir) qui trace un portrait d'Alain Joissains.
Pour terminer, dans une autre page, il est fait mention du conflit qui a opposé Maryse Joissains et son directeur général des services à la Communauté du Pays d'Aix. Ce dernier avait contesté son éviction devant le tribunal. Comme l'article sur ce sujet ne mentionne pas l'issue de cette affaire, pas plus que la presse locale ne s'en est encore fait l'écho, j'ajoute donc que, selon mes sources, le tribunal l'ayant débouté en décembre de toutes ses demandes de réintégration et d'indemnités de licenciement, le DGS a finalement tout perdu dans cette partie.

18 février 2011

Mais qui donc veut tant de mal à Jean-Noël Guérini ?

guerini_caricatureHier soir, Jean-Noël Guérini a parlé. Beaucoup. Mais attention, surtout pas de méprise avec de quelconques aveux. Non, non, à Allauch, il s'est posé en victime : "je suis le coupable idéal". Et a surtout fait un long discours pour rassurer les militants socialistes. Ne répétant que ce qu'il a finalement déjà dit plusieurs fois, y compris qu'il téléphonait à son frère, qu'il allait porter plainte contre X (on n'est jamais trop défensif) pour violation et recel du secret de l'instruction et qu'il était prêt, le cas échéant, à être entendu par le juge, sa prestation n'a pas surpris.
Les attaques contre Renaud Muselier et Bruno Gilles, qu'il n'a pas nommés, ne sont pas non plus des nouveautés. Au milieu de tout ça, des témoins présents ont noté l'absence de Michel Vauzelle et d'Eugène Caselli. Aïe...

Le discours de Guérini à Allauch le 17 février :
http://www.jn-guerini.fr/wp-content/uploads/2011/02/17fev2011-jng.pdf

La semaine qui vient pourrait réserver des surprises sismiques. En attendant, voici quelques autres lectures stupéfiantes sur un personnage qui joue les fantômes.

logo_le_parisien
Le mystérieux informateur des frères Guérini
18 février 2011 par Violette Lazard

Des écoutes montrent que le président du conseil général des Bouches-du-Rhône était informé des avancées de l’enquête visant son frère Alexandre.
Il aura fallu une dizaine de jours à Jean-Noël Guérini, président (PS) du conseil général des Bouches-du-Rhône pour être informé qu’une enquête était ouverte au tribunal de Marseille concernant son frère. Alors que la lettre confiant au juge Charles Duchaine le soin d’ouvrir une instruction sur des marchés publics présumés frauduleux date du 16 avril, Jean-Noël Guérini est averti le 27 du même mois.
La presse n’a encore jamais évoqué l’affaire.
Pourtant, des écoutes téléphoniques, des relevés de SMS ainsi que des auditions que «le Parisien» et «Aujourd’hui en France» a pu consulter, montrent que l’élu a été averti par un mystérieux ami. Et que son frère, Alexandre Guérini, mis en examen et incarcéré depuis le début du mois de décembre dans le cadre de cette affaire, s’est également renseigné à plusieurs reprises sur l’avancée de l’enquête le concernant.
Un coup de fil de Madrid
Le lundi 27 avril, Alexandre Guérini appelle son frère à 13 heures. «Bon, il t’a appelé ton ami ?» s’enquiert-il. Jean-Noël lui répond :
 «Il (NDLR : l’ami) me dit : Faudra que je te voie rapidement parce que (...) le docteur cherche des poisses. On t’expliquera pour ton frère.» Les Guérini parlent alors tantôt en corse, tantôt en Français.
Le «docteur» qui cherche des «poisses» est Renaud Muselier (UMP), le dauphin de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille et médecin de profession.
Alexandre s’énerve, mais rassure son frère : «Je n’ai rien à me reprocher.» «Il va me rappeler, euh… dans l’après-midi s’il peut, de Madrid», ajoute mystérieusement le patron de la troisième fédération PS de France. Et il ajoute : «Tu es censé ne pas le savoir. Moi, je suis censé ne pas le savoir.»
Enfin, Jean-Noël Guérini conclut : «Je saurai tout demain. Dans les détails.» Le mystérieux informateur va effectivement rappeler Jean-Noël Guérini pour lui confier que «ça avance bien au ministère de la Justice» et que «l’enquête est lancée». Mais son nom n’est jamais prononcé.
«On peut cependant émettre quelques hypothèses, se risque une source proche du dossier. Car le 27 avril 2009 n’est pas un jour anodin… pour Madrid.»
 Nicolas Sarkozy est alors en visite officielle dans cette ville. Il est accompagné de dizaines de diplomates, hauts fonctionnaires, chefs d’entreprise. Dans cette délégation figure aussi «des grands responsables de la police car il a été question de terrorisme basque», poursuit cette source proche de l’affaire. Frédéric Péchenard, directeur général de la police, était par exemple présent. Ainsi que Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur, ancien préfet de Marseille, qui, à ce titre, connaît Jean-Noël Guérini.
Des SMS évoquant le Squale
L'échange de textos se déroule six mois plus tard, le 6 octobre 2009. L’enquête judiciaire a avancé et plusieurs journaux se sont emparés du sujet. Alexandre Guérini échange alors quelques troublants SMS avec Olivier Grimaldi, son avocat. «Le Squale a dit que tout était (mot incompréhensible) et que des coups de fil avaient été passés.»
Le Squale : le surnom de Bernard Squarcini.
«A qui il a dit ça ?», demande l’avocat. «A JCHP.» Soit Jean-Claude Hoang-Phu, responsable syndical Unité-Police-FO marseillais. A l’évocation de deux SMS, Olivier Grimaldi livre cette explication : «Seul Alexandre Guérini contacte les services de M. Squarcini pour se renseigner sur son affaire.» «Je ne sais rien de ce dossier et je ne veux rien savoir.»

Bernard Squarcini patron de la DCRI

Surnommé le Squale, Bernard Squarcini est cité par Alexandre Guérini dans des SMS comme étant une source d’informations sur son affaire judiciaire en cours. Le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur nie avoir informé les frères Guérini sur une affaire sur laquelle il n’avait aucun renseignement.
Quelles sont vos relations avec Jean-Noël Guérini ?
Bernard Squarcini
. J’ai passé trois ans et demi à Marseille en tant que préfet de police. Evidemment, je connais Jean-Noël Guérini.
L’avez-vous informé, lui ou son frère Alexandre Guérini, sur l’avancée de cette affaire en cours ?
Je n’ai appelé personne pour obtenir des informations sur cette affaire. C’est un dossier sur lequel je ne sais rien et je ne veux rien en savoir. Rappelons qu’il est mené par les gendarmes et non par la police. Je n’ai donc aucune information privilégiée qui pourrait être utile à qui que ce soit.
Comment expliquer l’existence de SMS faisant référence au Squale ?
Je ne l’explique pas. Je n’ai jamais donné d’informations. D’ailleurs, ces SMS sont échangés entre Alexandre Guérini et son avocat. Pas avec moi! On cite mon nom, on me fait donc dire des choses, mais c’est tout.
En avril 2007, un coup de téléphone est passé depuis Madrid, où vous étiez présent, pour informer Jean-Noël Guérini de l’avancée de l’enquête.
Ce n’est pas moi qui l’ai passé. Je peux même vous dire que lors de ce déplacement, je suis resté quasiment en permanence avec Renaud Muselier (NDLR: l’adversaire politique UMP de Jean-Noël Guérini qui était présent en tant que président du Conseil culturel de l’union pour la Méditerranée) !

guerini_canard_squarcini_16

(Clic sur les images pour agrandir)

guerini_canard_16

guerini_canard_16

guerini_canard_16

17 février 2011

Affaire Guérini : Ça décharge fort contre Jean-Noël

guerini_bakchichUne vraie rafale ! La machine s'emballe à l'encontre de Jean-Noël, depuis mardi, jour où Le Parisien a diffusé des extraits d'écoutes téléphoniques relatant des conversations entre son frère Alexandre et lui. Hier, La Provence a aussi consacré une page à l'affaire, suivi par Mediapart (voir l'article ci-après) et par France 3 Provence-Alpes. (voir les captures d'écran ci-dessous), sans oublier le Canard enchaîné bien sûr.
Jean-Noël Guérini, lui qui déclarait ne pas vouloir commenter quoi que ce soit, a été contraint de réagir sous la pression. Il a donc publié un communiqué bien à sa manière (voir ci-dessous) ajoutant qu'il ne s'en tiendrait pas là, annonçant même qu'il allait "siffler la fin de la récréation" (quelle drôle d'expression dans le cas présent !) en s'exprimant ce jeudi soir devant les militants socialistes réunis à Allauch car il "a des choses à dire".
On remarquera que Jean-Noël Guérini se plaît à critiquer le non respect du secret de l'instruction, notamment par les médias. Mais, selon les écoutes publiées, c'est lui-même qui aurait informé son frère dès 2009 de l'ouverture d'une enquête préliminaire. Si cela est retenu par la justice, que vaudra sa défense ?

logo_mediapart_entier
Les méthodes de "management clientéliste" de Jean-Noël Guérini
16 Février 2011 Par Louise Fessard

L'information judiciaire menée par le juge Charles Duchaine sur des marchés publics présumés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône se rapproche du conseil général et de son président, le socialiste Jean-Noël Guérini. A quelques semaines des cantonales, des écoutes inédites datant de juillet 2009, publiées mardi par Le Parisien, semblent montrer que Jean-Noël Guérini serait intervenu en faveur de son frère Alexandre, entrepreneur spécialisé dans la collecte et le traitement des déchets (Jean-Noël Guérini a publié un démenti sur son blog). (voir ci-dessous)
Alexandre Guérini a été mis en examen pour "abus de biens sociaux, détournement de biens publics, recel et blanchiment, corruption active et détention de munition"» le 2 décembre 2010 et placé en détention. Dans une audition de décembre 2009, également versée au dossier depuis peu, un ancien directeur général des services du département, Vincent Potier, décrit aux gendarmes "certaines pratiques ou tentations de pratiques liées à ce que j'appellerai du management clientéliste" au sein du vaisseau bleu, le siège du conseil général à Marseille.
Connaissant un certain nombre d'éléments, Vincent Potier, aujourd'hui directeur général du centre national de la fonction publique territoriale, a estimé "de son devoir" de se tenir à la disposition du juge Charles Duchaine, lorsque l'affaire a éclaté en novembre 2009.
Après avoir été directeur général des services des Bouches-du-Rhône pendant six ans, Vincent Potier avait quitté l'institution selon lui sur un désaccord, en juin 2008 après l'échec de Jean-Noël Guérini aux municipales de Marseille. "J'ai choisi de lui exposer les conditions dans lesquelles j'accepterai à continuer de travailler avec lui (Jean-Noël Guérini), raconte-t-il aux gendarmes le 10 décembre 2009. Ces conditions étaient que mes collaborateurs ne soient plus imposés contre mon gré dans toutes les catégories et plus particulièrement B et A, mettre fin au court-circuitage en provenance du cabinet et me redonner la main sur le suivi des outils extérieurs au Conseil général. Le président n'ayant pas validé mes demandes, j'ai pris soin de quitter mon poste."
Face aux gendarmes, Vincent Potier décrit un système piloté par un petit nombre de personnes, depuis le cabinet de Jean-Noël Guérini, qui s'apparente selon lui à un "management clientéliste". "De 2002 à 2008, tous les recrutements de catégorie C par le Conseil général provenaient de noms prescrits par le cabinet, explique-t-il. Au fil des années, cette pratique s'est progressivement étendue aux catégories A et B."
De même concernant les associations, il dit avoir "constaté une certaine pratique d'indication de montants de subventions à certaines associations transmis par le cabinet directement au service concerné, le dépôt du dossier de demande s'effectuant postérieurement".
Gérard Piéri, le fonctionnaire à l'époque chargé de contrôler les associations, "se targuait constamment d'être très proche d'Alexandre Guérini, le frère de Jean-Noël", dit Vincent Potier lors de son audition. Il n'était pas le seul au sein de l'institution puisque "Alexandre Guérini avait des liens directs et fréquents avec Jean-François Noyes (à l'époque directeur de cabinet puis conseiller spécial de Jean-Noël Guérini), Pascal Marchand (directeur de cabinet de 2005 à 2008), Jean-Marc Nabitz (alors directeur de la société d'économie mixte Treize Développement)", précise le fonctionnaire.
Ce dernier nom n'est pas anodin puisque Treize Développement était responsable des plus grosses opérations d'investissement du conseil général, comme la construction-rénovation des collèges, et jouait un rôle primordial dans l'élaboration du plan départemental d'élimination des déchets ménagers.
Dossiers sensibles
Au sein du cabinet de Jean-Noël Guérini, Vincent Potier décrit le "rôle éminent dans le suivi d'un certain nombre de dossiers dits sensibles" joué par sa conseillère spéciale, Beatrix Billès. Et de lister ces dossiers : "les autorisations pour les maisons de retraite, le Mentaure (décharge gérée à La Ciotat par une des sociétés d'Alexandre Guérini où l'enquête a révélé plusieurs malversations), le plan départemental des déchets et toutes les questions liées aux deux incinérateurs, les questions foncières, le rachat de l'immeuble CMA CGM (vendu 50 millions d'euros par l'armateur au département, ndlr) et le contrôle de la chambre régionale des comptes".
Les enquêteurs se sont penchés sur plusieurs de ces dossiers, notamment celui du Mentaure et des maisons de retraite. Mais rien n'a filtré de ce dernier volet pour l'instant (à part une écoute). En 2008, la chambre régionale des comptes de Paca avait dénoncé des décisions du Conseil général en matière de création de maisons de retraite "parfois motivées de façon étonnante (...) sans analyse des besoins du secteur" et "un processus décisionnel peu compréhensible". "Certains motifs sont erronés et masquent la volonté de ne pas travailler avec un promoteur particulier", avaient écrit les magistrats.
Autre dossier sensible : fin 2009, le Conseil général rachète avec un an d'avance l'ancien siège social du troisième armateur mondial, la CMA CGM, alors en très mauvaise posture financière avec une dette de 3,5 milliards d'euros. Et débourse immédiatement les 50 millions d'euros alors que début 2011 les locaux ne sont toujours pas occupés par les services du conseil général. Vincent Potier, réduit au rôle "d'observateur et d'exécutant" dans ce dossier "négocié personnellement par Jean-Noël Guérini et Beatrix Billès", a dénoncé face aux gendarmes ce qui ne lui "paraît pas une méthode de bonne administration", au vu de la somme d'argent public en jeu.
Quant aux marchés de sécurité, ils étaient, toujours d'après Vincent Potier, suivis "de manière attentive et personnelle" par Jean-François Noyes, un proche d'Alexandre Guérini aujourd'hui conseiller général et président de l'office HLM des Bouches-du-Rhône. Une précision d'importance puisque, comme le relatait La Provence, le Conseil général et son bailleur social ont fait appel à plusieurs reprises "pour des marchés de l'ordre de plusieurs millions d'euros" à la société Alba Sécurité, gérée par Carole-Evelyne Serrano, la compagne de Bernard Barresi, arrêté en juin 2010 après dix-huit ans de cavale.
Vincent Potier se souvient d'ailleurs d'un incident lié à l'attribution d'un marché à Alba Sécurité en 2004-2005. Il raconte "la demande de la part de Jean-François Noyes que soit écarté un fonctionnaire jugé incompétent qui intervenait dans l'analyse des offres". "Par la suite, les propositions de promotion professionnelle (de ce fonctionnaire muté dans un autre service) ont été refusées", complète-t-il.
Contacté mardi soir, le conseil général des Bouches-du-Rhône dit "ne pas pouvoir se prononcer sur des documents inconnus et relevant du secret de l'instruction». En décembre 2010, lors d'un entretien avec La Provence, Jean-Noël Guérini avait déclaré, avec un peu d'imprudence : "Il est clair que ce sont les affaires de mon frère qui sont aux mains de la justice et non pas celles du Conseil général des Bouches-du-Rhône, ni de son président."

(Clic sur les captures d'images pour agrandir)
guerini_france_3guerini_france_3_suite

Réaction de Jean-Noël Guérini à l'article du Parisien

"Une fois de plus, un article publié ce mardi 15 février, en page 14 d’Aujourd’hui en France, repris par de nombreux médias rend publics des éléments d’une instruction judiciaire en cours, au mépris du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence.
Alors que j’ai écrit au Procureur de la République de Marseille il y a plusieurs semaines pour lui demander de prendre toutes les mesures pour que cette affaire cesse d’être exploitée publiquement grâce à des fuites difficilement explicables, je remarque qu’aucune mesure n’a été prise pour que l’instruction judiciaire puisse enfin se dérouler normalement et sereinement.
Je constate qu’une nouvelle fois, des écoutes téléphoniques, dont on nous dit qu’elles viennent 'tout juste d’être versées au dossier', sont sorties de leur contexte et publiées sans aucune précaution, ni vérification.
Je souligne que Michel Tonon, maire de Salon et Président de l’Agglopole a catégoriquement démenti une quelconque intervention de ma part dans ce dossier et il a apporté des précisions sur le fond qui démontrent incontestablement ses propos. De même, le directeur général des services de l’Agglopole a confirmé qu’à aucun moment, je ne suis intervenu dans ce dossier au profit de mon frère.
Je le répète, en ce qui me concerne je ne me suis jamais mêlé de cette affaire, ni de près, ni de loin.
Je regrette les approximations et les amalgames relayés par la presse. (...)
J’en arrive à m’interroger aujourd’hui sur l’utilisation médiatique et politique de cette instruction et sur les objectifs poursuivis par ceux qui n’hésitent pas à bafouer les règles qui président au bon fonctionnement de la justice afin d’essayer d’influer sur le choix des citoyens, alors que nous sommes à six semaines des élections cantonales."

15 février 2011

Affaire des déchets : Au tour de Jean-Noël Guérini ?

guerini_armes_chasseUne cartouche après l'autre, si l'on peut dire. (Clic ci-contre)
C'est au tour du journal
Le Parisien de ce matin d'y aller d'une publication de bribes de phrases tirées de conversations sur écoute entre les frères Guérini (voir ci-dessous). Et là cela semble se compliquer un peu pour Jean-Noël. C'est sans doute ce que laissait déjà entendre Le Canard enchaîné de la semaine dernière (lire ci-dessous).
Alors qu'Eugène Caselli disait être "serein et déterminé" en présidant vendredi la séance du conseil de Marseille Provence Métropole, le même jour, était rejetée une nouvelle fois la demande de remise en liberté formulée par Alexandre Guérini, qui considère être "un prisonnier politique".
D'un côté, Renaud Muselier a continué à se distinguer en intervenant un peu seul sur les dysfonctionnements de MPM.
De l'autre, Laurence Vichnievsky a livré à La Provence et à Mediapart son appréciation sur le climat des affaires sur les marchés publics présumés truqués.
"Ce que je constate est que cette enquête a été l'occasion de mettre en lumière des réseaux d'influence dans l'attribution des postes au sein des collectivités publiques ou des organismes qu'elles gèrent et dans l'attribution des marchés. Cette affaire caractérise le clientélisme." Et d'ajouter: "Je voudrais une réaction des partis politiques et de leurs états-majors pour qu'ils ne se contentent pas de dénoncer leur adversaire et qu'ils mettent de l'ordre dans leurs propres troupes. Ensuite, que les électeurs réagissent, car c'est aussi à eux de faire le tri. […] J'ai aussi dit, et ça m'a été reproché, que cela ne me semble pas une bonne idée que Jean-Noël Guérini soit à nouveau élu président du conseil général des Bouches-du-Rhône."

(Clic sur l'image pour agrandir)
guerini_freres_canard_9

logo_le_parisien
Des écoutes compromettantes pour les frères Guérini

Des enregistrements téléphoniques montrent que Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du Rhône, serait intervenu en faveur de son frère Alexandre, un homme d’affaires actuellement écroué.
Depuis le début de l’instruction menée par le juge Charles Duchaine sur des marchés publics présumés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône, le nom de Jean-Noël Guérini, président du conseil général (PS), n’apparaissait qu’en tant que frère d’Alexandre Guérini.
Ce dernier, chef d’entreprise spécialisé dans la collecte et le traitement des déchets a été mis en examen début décembre pour "abus de biens sociaux, détournement de biens publics, recel et blanchiment, corruption active et détention de munition", puis placé en détention.
Une redevance qui aurait été diminuée de moitié
Mais à travers des écoutes téléphoniques versées la semaine dernière au dossier du juge, et que Le Parisien - Aujourd’hui en France s’est procurées, le nom du président de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, la troisième de France, figure pour la première fois en tant qu’acteur.
Alors qu’il expliquait encore au mois de janvier, lors de ses vœux à la presse, "ne pas se mêler des affaires de son frère", ces écoutes réalisées à l’été 2009 par les gendarmes, montrent que le président élu est bien intervenu pour aider son frère. Tandis qu’Alexandre Guérini tente de faire nommer un de ses amis comme avocat de la communauté Agglopole Provence pour négocier plus facilement avec elle une baisse de redevance portant sur l’utilisation d’une décharge, il appelle d’abord des élus de l’institution. Il les somme de choisir l’avocat de son choix, puis, pour être sûr que le message est bien passé, Alexandre téléphone à Jean-Noël afin qu’il règle son dossier. Résultat, l’avocat voulu est nommé. Quant à la redevance d’Alexandre Guérini, elle aurait été diminuée de moitié.
Joint, hier soir, le cabinet de Jean-Noël Guérini nous a répondu "ne pas vouloir s’exprimer sur des écoutes dont nous n’avons pas connaissance et qui sont protégées par le secret d’une enquête judiciaire en cours". Du côté de la fédération socialiste de Marseille, quelques voix dénoncent une "manipulation politique" à la veille des élections cantonales des 20 et 27 mars.
Aujourd’hui, une employée de l’Opac, Antoinette Camilleri, est convoquée par le juge Duchaine. Soupçonnée d’avoir attribué des logements HLM aux proches d’Alexandre Guérini, elle pourrait être à son tour mise en examen.

« Ça y est, il m’a dit que le dossier était réglé »

Extrait d'une conversation entre Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, et son frère Alexandre
Le "schmilblick", comme l’appelle Alexandre Guérini, se noue au cœur d’un chaud été marseillais. Fin juillet 2009, le frère du président du conseil général Jean-Noël Guérini est furieux. L’homme d’affaires, qui dirige la SMA Vautubière, société chargée par l’Agglopole Provence (qui regroupe dix-sept communes dont Salon-de-Provence et Berre-l’Etang) d’exploiter la décharge de la Fare-des-Oliviers, juge la redevance reversée à l’agglo trop élevée.
Il se heurte alors au directeur général des services, Jean-Michel Rey, qui refuse de négocier à l’amiable une baisse du prix payé par Alexandre Guérini.
Les écoutes téléphoniques montrent qu’Alexandre Guérini s’est alors employé à faire désigner son ami Régis de Castelnau comme avocat de l’Agglopole Provence. C’est-à-dire comme représentant de la partie adverse…
Entre le 7 août et le 10 septembre 2009, il a multiplié les échanges avec des élus de l’Agglopole pour faire pression, jusqu’à ce son frère Jean-Noël Guérini règle le dossier et lui confirme de vive voix que le dossier "était réglé".
Extraits des écoutes téléphoniques.
7 AOÛT 2009. Alexandre Guérini appelle son avocat, Olivier Grimaldi.
Il lui expose son plan pour obtenir une baisse de sa redevance. "J’ai envie de leur faire prendre Castelnau, parce que Rey il veut pas", dit-il. Puis ensuite, "on négocie avec notre ami de Castelnau, tu as compris le schmilblick ?" Grimaldi acquiesce, mais les deux hommes craignent que les élus, connaissant la proximité entre Castelnau et l’homme d’affaires, refusent. "Il faut qu’on leur mette la pression dessus à ces enc…", conclut Alexandre, qui prévoit d’aller voir le maire de Berre, Serge Andréoni (PS), premier vice-président de l’Agglopole Provence et sénateur.
7 AOÛT PEU AVANT 20 HEURES. Alexandre Guérini appelle Régis de Castelnau.
Il commence par déplorer le manque de coopération du directeur général de l’Agglopole, alors même qu’il dit l’avoir "fait nommer administrateur territorial".
"Tu vas imprimer une pression politique pour que l’accord se fasse"
, ordonne ensuite le chef d’entreprise à celui qui doit devenir l’avocat de la partie adverse. Ce dernier n’y voit aucune objection.
3 SEPTEMBRE VERS 19 HEURES. Alexandre Guérini appelle le maire de Berre-l’Etang.
La conversation atteste que les élus ne sont guère difficiles à convaincre. "Il fera le choix que tu souhaitais pour défendre la chose", dit Serge Andréoni, le maire de Berre-l’Etang. "Il", c’est Michel Tonon, le maire de Salon-de-Provence et le président de l’Agglopole.
Si "schmilblick" semble prendre forme, Alexandre Guérini paraît pourtant redouter la décision finale des élus de l’agglomération.
10 SEPTEMBRE À 9 H 19. Alexandre Guérini appelle son frère Jean-Noël.
Il lui laisse ce message. "Je sais que tu reçois Tonon avec Serge en fin de matinée je pense, heu, essaye de prendre Serge à part, heu […] ouais, tu prends Serge à part deux secondes et tu lui dis : règle ce problème avec mon frère. Tu lui dis […] règle-moi ce problème avec mon frère, je compte sur toi. Tu lui dis que ça, hein, je t’embrasse".
10 SEPTEMBRE À 14 HEURES. Alexandre rappelle Jean-Noël Guérini.
Entre-temps, celui-ci a tenté de le joindre. "Bon, ben ça y est, je l’ai vu", lui explique Jean-Noël. Il m’a dit que c’était réglé, voilà ce qu’il m’a dit." Régis de Castelnau a finalement bien été nommé par l’Agglopole Provence pour se charger du dossier. D’abord portée devant le tribunal administratif, l’affaire s’est finalement réglée grâce à des négociations. La redevance payée par Alexandre Guérini qui s’élevait à un million d’euros par an aurait été rabaissée à 500 000 €.

Quand Alexandre voulait éviter des ennuis à Jean-Noël

Il existerait un volet "maison de retraite" au sein de l’instruction menée par le juge Charles Duchaine sur les marchés publics présumés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône. Mais aucun marché précis n’a pour le moment été officiellement désigné.
Une conversation enregistrée par les gendarmes le 27 juillet 2009 à 11h48 entre Alexandre Guérini et Rémy Barges, le directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini, montre le rôle considérable joué par le frère du président du conseil général des Bouches-du-Rhône dans une institution où il n’a jamais été élu :
Alexandre Guérini. "Dis-moi, il faudrait que tu te renseignes auprès de B., tu sais à la Ddass, là. (…) Il faudrait que tu te renseignes si l’entreprise Senior Santé a déposé un dossier de maison de retraite à La Ciotat.
Rémy Barges. D’accord.
A. G. Et s’ils l’ont déposé, il faut absolument pas leur donner l’autorisation parce que heu, c’est des mecs qui vont, qui vont emmerder Jean-Noël ça. D’accord.
R.B. Ok, je me renseigne et je te dis quoi.
Quelques minutes plus tard, nouveau coup de téléphone.
A.G. Ce serait bien qu’on regarde toutes les demandes qui ont été faites sur le territoire de La Ciotat.
R.B. Ok, je fais un point complet et je te dis quoi dans l’après-midi."

15 février 2011

Le "Ravi" de février écrase les hypermarchés

une_ravi_82Le Ravi de ce mois (2,80€) publie un très bon dossier d'enquête sur l'ensemble des zones commerciales qui non seulement rendent esclaves mais "écrasent aussi nos vies". Oui, de quoi réfléchir à nos propres responsabilités et à celles des pouvoirs publics. Les informations révélées par le mensuel ne laisseront personne indifférent. Mais il n'y a pas que cela. On trouve également une nuée d'articles sur la politique (dont l'affaire Guérini), des échos sur la vie locale, une bande dessinée sur l'imposante construction illégale au patelin du canonique Drucker et d'autres dessous pas très propres de certains bons copinages entre coquins. Et comme chaque mois, le tout est agrémenté de ludiques rubriques et de surprenantes caricatures qui réjouissent les neurones.
Moi, les 28 pages, je les savoure en une cuillerée. C'est une de mes potions.

(Clic sur l'image pour agrandir)
guerini_ravi_82

Le site du Ravi :
http://www.leravi.org/
Le sommaire du n° 82 de février :
http://www.leravi.org/spip.php?article1083

Publicité
Publicité
Suivre sur Twitter
Publicité