Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO

le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
18 juin 2010

Ah, si Le Canard et René Dosière n'existaient pas…

(Clic sur les images pour agrandir)
Pour un meilleur confort de lecture,
j'ai découpé le tableau en deux parties et l'ai agrémenté de couleurs
tableau_dosiere_1

C'est à se demander vraiment s'il n'y a que Le Canard enchaîné qui ose faire son boulot pour débusquer, semaine après semaine, les scandales de la République. Les plus hypocrites dans tout ça, ce sont les médias qui reprennent, sans trop se fatiguer ni rougir, les informations du palmipède avec la phrase d'accroche "C'est Le Canard enchaîné qui le révèle, une nouvelle affaire, etc."
Rien que ces derniers temps, plusieurs ministres se sont fait alpaguer sur des histoires de logements, de rémunérations et de frais de déplacements. Une fois démasqués, les voilà contraints d'abord à faire des pirouettes, puis à baisser les yeux et enfin à ravaler leurs prétentions qui ressemblent à de belles escroqueries. Le tout alors que des millions de citoyens crèvent de faim et n'ont ni toit ni emploi.
Parmi les parlementaires les plus actifs, le plus pugnace est sans aucun doute René Dosière, qui s'est spécialisé dans les comptes - tous les comptes - publics et en particulier ceux liés aux dépenses des élus et des hauts fonctionnaires. Ses recherches menées avec ténacité ont aussi plusieurs fois mis au jour les sommes folles dont sont friands les services de l'Etat, à commencer par la présidence de la République.
Le député de l'Aisne tient un blog très instructif qui publie régulièrement l'état de ses investigations. Il y indique entre autres qu'il lui est parfois malaisé d'obtenir tous les renseignements. Autrement dit, on ne lui facilite guère la tâche. Le 10 juin, il a mis en ligne un tableau de synthèse sur les avantages en nature dont disposent les ministres. Il s'agit de données portant sur l'année 2007. Le député travaille à présent à leur actualisation.
Le Canard enchaîné et René Dosière, deux enquêteurs en chef indispensables !

tableau_dosiere_2
Le blog de René Dosière :

http://renedosiere.over-blog.com/
Son activité parlementaire :
http://www.nosdeputes.fr/rene-dosiere
Sa page sur le site de l'Assemblée nationale :
(où il est possible de lui envoyer des messages d'encouragement)
http://www.assemblee-nationale.fr/13/tribun/fiches_id/1155.asp

Publicité
16 juin 2010

Les mœurs électorales d'Aix... du tract au tacle

hotel_de_ville_facade

Si l'élection municipale de 2009 était elle aussi annulée, les mœurs politiques aixoises pourraient bien, encore une fois, barboter un peu plus profond dans les marécages.
J'ai lu et relu attentivement les deux pages parues hier dans La Provence. Onze mois après le scrutin de juillet 2009, nous dit-on, la décision du Conseil d'Etat portant sur le nouveau recours en annulation tarde à venir. Mais si l'on considère que la précédente annulation, prononcée pour d'autres motifs que ceux de la présente contestation, a nécessité quinze mois, ce "retard" n'est pas incongru en soi s'agissant d'une ville de la taille d'Aix.
Le point de situation fait par le quotidien n'est cependant pas inutile. D'autant que, outre le rappel des circonstances et des faits, le dossier apporte un ensemble d'éclairages sur les procédures et, surtout, sur les postures actuelles et à venir des parties en présence.
Si le travail de fourmi auquel s'est livré Alexandre Medvedowsky pour étayer son recours auprès du tribunal administratif a été infructueux à l'exception de la réduction de l'écart de voix du second tour, la réplique de Maryse Joissains a convaincu le tribunal qui lui a accordé la victoire.
L'appel formulé par Alexandre Medvedowsky devant le Conseil d'Etat reprend l'essentiel de son raisonnement en première instance, avec une insistance plus marquée sur l'aspect litigieux qu'auraient revêtu des paquets de procurations et de nombreuses disparités de signatures sur les feuilles d'émargement.
On peut aisément imaginer qu'un second contrôle par le Conseil d'Etat finisse par retenir ces arguments. Il ne manque pas d'exemples d'annulations acquises sur de tels critères et parfois pour moins. On en est là et seule la plus haute juridiction en droit pourra statuer et en tirer ses propres conclusions.
Les jurisprudences en matière électorale forment un abondant corpus jamais clos. On a vu, entre autres, des inversions de résultats, des annulations avec ou sans inéligibilité ou même des annulations consécutives (le dernier cas en date étant celui de Corbeil-Essonnes).
Quoi qu'il arrive pour Aix, la surprise, si surprise il y a, viendra peut-être des motifs retenus ou rejetés mais pas du fait qu'une élection ne puisse être rejouée une troisième fois.

De bien crapoteuses manières

Venons-en maintenant à ce que j'ai appelé le barbotage. C'est bien connu, lorsqu'il s'agit de conquérir ou de conserver des pouvoirs, on voit malheureusement surgir de bien crapoteuses manières.
Sans retracer d'illustres et méprisables épisodes qui ont trop souvent ponctué la vie politique aixoise depuis plusieurs décennies, des agissements plus frais dans nos mémoires de ces deux dernières années le démontrent à souhait. Comme par exemple l'affaire du tract ignominieux et inadmissible touchant à la sphère privée présumée de certains candidats en 2008.
François-Xavier De Peretti avait porté plainte pour diffamation. Maryse Joissains avait aussi répliqué par une plainte pour dénonciation calomnieuse mais qui avait été classée sans suite. En juin 2008, l'élection fut cassée suite au recours formé par Stéphane Salord portant précisément sur la nature du tract et les propos de Maryse  Joissains.
En novembre 2009, rebelote. Après sa réélection, Maryse  Joissains déclarait qu'elle disposait désormais de quatre témoignages et qu'elle savait qui avait écrit et diffusé le tract. Et là encore, aucune suite connue donnée par la justice.
Quant à ses propos jugés graves et diffamatoires par Alexandre Medvedowsky notamment du fait qu'il avait été conseiller d'Etat, ce dernier n'a pas obtenu gain de cause.
Voilà à présent, c'est La Provence qui le rapporte, que dans l'éventualité d'une nouvelle annulation, Maryse Joissains fait entendre, parmi d'autres reproches, que "certains colistiers d'Alexandre Medvedowsky ou leurs proches pourraient avoir des ennuis avec la justice".
Décidément, Aix n'est pas Le Puy-en-Velay, ville réputée à juste titre pour faire dans la dentelle. Et, finalement, on ne sait plus s'il faut respirer un bon coup ou se pincer douloureusement le nez tant ça dégage. En tout cas, pour sûr, ça promet !

Trois articles de La Provence :
http://www.laprovence.com/article/region/a-aix-les-elections-toujours-sous-la-menace-du-conseil-detat
http://www.laprovence.com/article/politique/les-municipales-daix-annulees-pour-propos-injurieux-et-diffamatoires
http://www.laprovence.com/article/region/municipales-daix-maryse-joissains-contre-attaque

Mon article sur le tract ordurier :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2009/11/25/15919408.html

14 juin 2010

Aix, ses élus et ses élites : Aujourd'hui, Salord

Dans la rubrique "la vie des grands fauves", après les palpitantes tribulations d'Alexandre Medvedowsky à Moscou et les non moins vibrantes équipées de Maryse Joissains à Paris, re-voici les déchirantes odyssées de Stéphane Salord pour les Comores.
J'avais relaté il y a déjà un mois et demi l'information concernant son limogeage de la fonction de consul honoraire. A son tour, la presse locale vient de consacrer plusieurs articles à cet épisode. Réjouissons-nous de la grandeur des exploits extérieurs de nos élites, notre attente de les voir œuvrer aussi à Aix n'en pourrait être que mieux récompensée.

(Clic sur les images pour agrandir)
Dans "Le Ravi" de juin :
salord_texte_ravi_capture
salord_dessin_ravi
Dans "La Provence" :
salord_provence_1
salord_provence_2
Mon article du 30 avril sur le limogeage de Salord :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/04/30/17736148.html

11 juin 2010

Collectivités locales : Le jeu de loi des deux Joissains

joissains

"Le raid des élus du Pays d'Aix à l'Elysée", tel était le titre en une renvoyant à deux pages départementales et à un article en page régionale de La Provence d'hier, le tout illustré de pas moins de dix photos, pour rendre compte de la manifestation menée par Maryse Joissains. Voyons cela de plus près.
Ÿ Maryse Joissains a été reçue avec une délégation limitée à dix élus (sur une quarantaine) par le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.
Résultat du "raid" : "la délégation a pu exprimer ses inquiétudes". Un "assaut" qui laisse un peu raide.
Ÿ Dans mon précédent article, parce que Sophie Joissains avait voté pour le projet de loi sur les collectivités territoriales, je m'interrogeais sur sa présence à ce déplacement parisien. Quand on consulte sa page sur le site Internet du Sénat, on ne trouve aucune trace d'une quelconque prise de parole de sa part lors de l'examen du texte qui a pourtant été débattu en plusieurs séances étalées neuf jours.
Faut-il alors comprendre qu'elle aurait voté favorablement sans en mesurer l'importance ? Il y a tout lieu de le croire. Sinon comment expliquer son revirement - car c'est gonflé quand même - en accompagnant les contestataires à Paris ? D'où l'on apprend qu'elle serait maintenant prête à voter contre la loi en deuxième lecture au Sénat fin juin. La sénatrice Joissains a-t-elle eu conscience que son vote "aveugle" a contribué à faire passer le texte qui n'a franchi la majorité qu'à 19 voix près (174 pour, 155 contre) ?
Ÿ Interrogé par La Provence sur la fronde des élus, Renaud Muselier parle "d'une véritable erreur politique". Ajoutant au sujet de Maryse Joissains : "La logique aurait sans doute été de s'exprimer au sein des commissions ou à l'Assemblée, ce que n'a jamais pris la peine de faire Maryse Joissains." […] "Ce n'est pas très élégant de voter contre son camp quand on a été aussi soutenu qu'elle l'a été lors de ses moments difficiles." Beau règlement de comptes !
Renaud Muselier dit vrai à seulement 99,99% sur l'implication de Maryse Joissains dans le débat sur la loi. Car les comptes-rendus des discussions en commission des lois relèvent qu'elle n'a pris la parole qu'une seule fois le 12 mai, sur un aspect mineur de la réforme (lire son intervention ci-dessous), et qu'elle n'a fait aucune intervention dans l'hémicycle lors des huit journées de débats répartis en seize séances.
S'agissant du "vote contre son camp", Renaud Muselier va prendre un autre coup de sang si Sophie Joissains vire aussi casaque. Enfin, toujours selon Renaud Muselier, les soutiens à Maryse Joissains, en particulier lors de la municipale de juillet 2009, auraient été prépondérants dans sa réélection. Ce que dénie le maire d'Aix : "L'an dernier, ils sont venus, ça m'a fait plaisir… Mais, je ne suis pas certaine qu'ils m'aient apporté ne serait-ce qu'une voix." Une non, mais une petite centaine pour son sauvetage sûrement…
Ÿ Jamais à court d'outrance, Maryse Joissains explique son "combat" actuel contre cette réforme en usant une fois encore d'arguments très discutables. Selon elle (son interview du 9 juin), "la réforme a été préparée par la technocratie nationale, par des hauts fonctionnaires super-payés qui bénéficient de statuts intouchables et d'un train de vie sans contrôle quand les élus, eux, sont montrés du doigt." […] "Cette réforme a été pensée par le chef de l'Etat mais elle a été dévoyée par la haute administration centrale."
L'incartade est grosse ! La faute reviendrait aux fonctionnaires et exonèrerait donc le président de la République de toute responsabilité politique ? Il serait donc manipulé et ne dirait rien, lui qui sait tout, qui décide tout, qui fait tout ? Il aurait donc laissé passer sans broncher un texte défendu par le premier ministre au Sénat et à l'Assemblée nationale ? Vite un chapiteau, que l'on applaudisse la farce !
Selon ce raisonnement peu glorieux, Maryse Joissains serait alors elle aussi sous l'emprise de ses fonctionnaires à la mairie et la CPA. Qui peut cautionner pareille embrouille ? La vérité est qu'il est plus facile de tirer sur des fonctionnaires que d'admettre les bévues, sinon les fautes, politiques du président qu'elle soutient.
Ÿ Pour finir, je voudrais abonder dans le sens du commentaire de Nicolas Rey dans La Provence qui compare la manifestation de mercredi à celle pour le tracé de la ligne LGV. L'opération "allons voir à Paris si nous y sommes" ressemble fort à une manœuvre fort opportune pour jouer les gros bras localement. Ayant constaté l'unanimité des maires de la CPA, en avance sur elle contre le projet de loi sur les collectivités, Maryse Joissains a flairé le bon coup. Une façon de paraître à l'unisson des communes pour ménager les tensions de plus en plus ouvertes depuis quelques temps au sein de la CPA.
Et qu'on n'aille pas penser à mal, la perspective d'une décision du Conseil d'Etat entraînant éventuellement une nouvelle annulation de l'élection municipale n'est que pure coïncidence…

(Clic sur l'image pour agrandir)
La seule intervention de Maryse Joissains en commission des lois
joissains_intervention_en_commission

9 juin 2010

Loi sur les collectivités : Joissains contre, Kert pour !

assemblee_nationaleHier a eu lieu le vote sur l'ensemble du projet de loi de réforme des collectivités territoriales avec 516 suffrages exprimés sur 565 votants, 276 pour l'adoption, 240 contre. Il y a donc eu 49 abstentions dont 22 députés du groupe Nouveau centre, membre de la majorité, et 26 UMP. La procédure utilisée a été celle du scrutin public, ce qui veut dire avec vote nominatif. Parmi les votes contre, on trouve Maryse Joissains et Richard Mallié. En revanche, Christian Kert a voté pour.
Cela fait plusieurs semaines que des élus locaux de tous bords, beaucoup de maires, s'insurgent contre cette réforme qu'ils voient comme une amputation de leurs compétences. Il y a quelques jours encore, quasiment tous les maires de la CPA réitéraient leur opposition à ce qu'ils considèrent être un "sacrilège" touchant la démocratie de première proximité. Plus largement, l'union des maires des Bouches-du-Rhône s'est elle aussi prononcée contre ce funeste projet de loi. Bref, l'exaspération est générale.
"Monsieur le Président, vous nous avez ficelé une cagade, nous n'en voulons pas !" Ainsi s'est exprimée Maryse Joissains devant les maires. Il faut le dire ici, un lieu où les propos ne sont pas toujours tendres à son égard, dans cette affaire, Maryse Joissains a eu le courage d'aller contre son camp, comme elle l'avait annoncé. Là, je dis bravo, tout en relevant cependant qu'en janvier elle avait voté pour la fusion des conseils régionaux et généraux.
Quant à Christian Kert, qui participé à plusieurs réunions avec les élus locaux et au côté de Maryse Joissains, et le seul à ne pas applaudir, il avait indiqué qu'il ne voterait favorablement qu'en vertu de l'ultime mouture du texte, une réserve qu'il avait consignée sur son blog. A mon avis, ce subterfuge était destiné à esquiver les critiques lors de ces réunions. Car, à peine huit jours après, on se demande bien quelle évolution capitale il a pu relever pour qu'à l'Assemblée nationale il suive le chemin de la docilité. Lui qui rêve du centre, vous savez cette voie qui mène souvent au fond du couloir à droite (paroles de Edgar Faure), a plié son étendard.
Sur son blog, pas plus tard que lundi, il en avait d'ailleurs fait un aveu manifestant ainsi une belle souplesse d'échine : "J’oubliais : le plus prestigieux des centristes, c’est peut-être le Président de la République lui-même qui, nous recevant à l’Elysée, nous déclarait tout de go : "vous savez, je suis aussi – si ce n’est plus – centriste que vous. Regardez ce que que j'ai fait pour L'Europe". Sarkozy centriste et on ne le savait pas !
Cela faisant, dans le genre foutage de gueule, il fait bien la paire avec Renaud Muselier, l'homme qui saute souvent à l'élastique sans élastique, qui, d'un coup de menton, avait déclaré devant les élus locaux qu'il ne voterait pas la loi s'il sentait qu'elle "met les maires en danger". "Je ne voterai pas une loi qui déstructure la République. Je serai vigilant sur le droit des sols et des finances, qui sont le nerf de la guerre." Pourtant, comme Christian Kert, il était présent à la réunion des élus de la CPA et n'a pas applaudi non plus... Plus polichinelle, on ne fait pas. Plus bourrin, non plus !
A noter qu'à l'inverse de Maryse Joissains hier à l'Assemblée nationale, en février au Sénat, Sophie Joissains a voté pour l'ensemble du projet de loi. Présentes toutes deux aux mêmes réunions des élus locaux, Sophie Joissains pourra-t-elle encore l'être lors de la manifestation de protestation que conduira Maryse Joissains devant l'Elysée ?

Le vote "pour" de Joissains sur la fusion des conseils :
Joissains_vote_pour
Le détail des votes des députés :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/scrutins/jo0570.asp
Le détail des votes des sénateurs :
http://www.senat.fr/scrupub/2009/scr2009-148.html

Publicité
4 juin 2010

Les pions de Medvedowsky et l'espion de Medvedev

Si vous êtes amateur d'histoires d'espionnage, cette lecture va vous transporter dans un monde qui ne vous laissera pas indifférent. Ici, aucun détail inventé ou romancé, tout ce qui est rapporté est vraiment arrivé, les personnages sont tous connus. 
Pour renflouer un peu ses caisses, l'Etat a décidé de céder de nombreux biens immobiliers publics. C'est ainsi que le 11 mars dernier a été officiellement signée la vente du siège de Météo France. L'affaire a nécessité du temps et des coups de baguette magique en coulisses. 
Car, si le marché miraculeux a pu être conclu au profit de la Russie, c'est grâce à l'intervention convergente de quelques prestidigitateurs, dont un dénommé Vladimir Kojine, ancien du KGB et proche de Dmitri Medvedev, et un intermédiaire assez connu des Aixois, Alexandre Medvedowsky. 
La narration détaillée de cette truculente aventure nous est offerte par Vincent Jauvert le 28 mai sur son blog du Nouvelobs. Palpitant, jubilatoire, émouvant…                    (Les mises en gras et en fond jaune sont de moi.)

L'affaire de la cathédrale du Kremlin à Paris
Une enquête de Vincent Jauvert

A la veille de l'ouverture du sommet Europe-Russie, voici l'enquête que je publie cette semaine dans le "Nouvel Observateur". Elle concerne la vente au Kremlin par l'Etat français du siège de Météo-France, quai Branly, en vue d'y construire une cathédrale orthodoxe du Patriarcat de Moscou.

meteo_france
(Clic sur l'image pour agrandir)
Avec Tour Eiffel en arrière-plan, le siège de Météo France, Quai Branly,
un bâtiment de 8470 m², construit en 1948,
vendu 60M€, où travaillaient 430 salariés

France-Russie : opération Cathédrale

Copenhague, 18 décembre 2009. Ce jour-là, les grands de ce monde se penchent sur le sort de la planète. Le changement climatique et ses catastrophes annoncées. Soudain, Dmitri Medvedev demande à rencontrer Nicolas Sarkozy - seul à seul. Le président russe veut-il parler à son homologue français de l'échec historique qui s'annonce ? A-t-il une idée pour trouver une issue à cette conférence qui s'enlise ?
Non, en ce jour crucial pour l'avenir de l'humanité, il veut s'entretenir d'un sujet bien plus important pour lui : la construction d'une cathédrale orthodoxe russe à Paris. L'affaire est très avancée, explique Medvedev à Sarkozy. Et il est impératif de la conclure, vite. De lever les «menus» obstacles qui empêchent encore le projet d'aboutir. Et quel projet !
Pour cette cathédrale, les services du Kremlin ne guignent rien de moins que 8400 mètres carrés magnifiquement situés sur les bords de Seine, quai Branly, à deux pas de la Tour Eiffel. Le siège de Météo France, que Bercy a mis en vente en septembre. L'Etat russe s'est immédiatement porté candidat au rachat. Et, pour peaufiner son dossier, il a fait appel à de grands architectes, comme Jean-Michel Wilmotte.
La partie pourtant n'est pas encore gagnée. Car la Russie n'est pas le seul pays en lice. Outre des opérateurs privés, d'autres Etats amis de la France sont très intéressés : le Canada, et surtout l'Arabie Saoudite, qui rêve de construire sa nouvelle ambassade sur un emplacement aussi prestigieux. Les Saoudiens sont apparemment très déterminés.
Or, dans quelques jours, la commission d'appel d'offres doit départager les candidats. En cette mi-décembre donc, à Copenhague, Dmitri Medvedev va droit au but : son ami Nicolas pourrait-il faire en sorte que le vainqueur soit Moscou - et non Riyad ? Pour le jeune président russe, un lieu de culte en plein Paris vaut bien un tel forcing : l'«opération cathédrale» est prioritaire. Elle participe d'une stratégie globale, établie de longue date : la légitimation du régime poutinien par l'Eglise. Edifier une cathédrale russe à Paris - une première depuis la chute des Romanov - permettrait au pouvoir actuel de se présenter en continuateur de la Grande Russie impériale.
S'installer sur ce terrain exceptionnel du quai Branly symboliserait le retour de l'influence russe en France, et plus largement en Europe occidentale, au niveau qu'elle avait atteint à la fin du XIXe siècle, au temps d'Alexandre III et de l'alliance franco-russe… Bref, cette cathédrale montrerait à qui en douterait encore que le clan Poutine est aussi respecté qu'un tsar, si ce n'est aussi respectable.
L'«opération cathédrale» a été amorcée deux ans auparavant. Et elle commence mal. L'été 2007, le patriarche de Moscou, Alexis II, décide d'entreprendre son premier voyage en Occident. Il choisit la France. Il souhaite rencontrer Nicolas Sarkozy, fraîchement élu, et lui parler de l'affaire en tête à tête. Mais le Quai-d'Orsay et le ministère de l'Intérieur sont hostiles à une telle rencontre. Car les fonctionnaires français surveillent de près les agissements du patriarcat russe en France et ils n'aiment pas ce qu'ils voient.

Le «putsch» de Biarritz

Avec l'aide du Kremlin (et sur son ordre ?), l'Eglise russe tente en effet, depuis l'élection de Poutine, de mettre la main sur un immense patrimoine : les multiples lieux de culte orthodoxe construits par l'aristocratie tsariste avant la révolution de 1917 et gérés, depuis, par l'émigration russe et ses descendants. Le but est triple : accroître le patrimoine étranger de l'Eglise, empêcher que la nouvelle émigration russe ne quitte le giron spirituel de Moscou, et reprendre le contrôle de l'ancienne.
Dans les années 1920, les Russes qui avaient fui l'URSS avaient décidé de ne plus dépendre du patriarcat de Moscou, devenu, par la force des choses, complice du pouvoir communiste. Ils ont rejoint l'autre phare de l'orthodoxie : Constantinople. Quatre-vingts ans plus tard, leurs descendants ne veulent pas, dans leur grande majorité, revenir en arrière, en tout cas pas encore… Ils entendent pratiquer une orthodoxie plus «libérale», moins nationaliste que celle en vogue dans la Russie d'aujourd'hui.
Or, d'après la loi française, ces fidèles sont les seuls à pouvoir décider d'un changement d'obédience. Pour cela, il faut un vote des conseils paroissiaux, où ils sont majoritaires. Face à un tel barrage, le patriarcat et le Kremlin ont d'abord cherché des compromis, puis ont tenté partout de passer en force.
En décembre 2004, à Biarritz, ils ont organisé un «putsch» contre le conseil paroissial local. Ils ont fait venir (avec l'aide des services secrets russes ?) des «fidèles» de l'Espagne voisine. Ils ont monté un conseil parallèle, qui s'est empressé de voter le rattachement à Moscou. Mais l'autre conseil, le vrai, a porté plainte et a gagné.
En 2005, à Nice, ils ont envoyé des officiers du SVR, le service d'espionnage extérieur, pour essayer de reprendre par la voie judiciaire la cathédrale Saint-Nicolas (le Kremlin l'emportera finalement en janvier 2010 en première instance). A Paris, enfin, le patriarcat a créé une association qui milite - de façon parfois très agressive - pour le rattachement de la célèbre cathédrale de la rue Daru, Saint-Alexandre-Nevski, rattachement auquel le conseil paroissial est, dans sa majorité, très hostile.
Pour toutes ces raisons, le Quai-d'Orsay considère, à la fin de l'été 2007, qu'Alexis II n'est pas le bienvenu à l'Elysée. Mais le patriarche ne se décourage pas. Afin de décrocher un rendez-vous avec le président de la République, il fait appel à son vieil ami français au Vatican : le cardinal Etchegaray, l'homme des missions secrètes de Jean-Paul II. Le prélat accepte d'autant plus volontiers d'intervenir qu'il a une idée en tête : organiser un jour la première rencontre entre un pape et un patriarche russe. Où ? En terrain neutre, et si possible à Paris.
Sollicité directement par l'émissaire du pape, Nicolas Sarkozy se dit qu'un jour il pourrait jouer un rôle historique d'intermédiaire entre les deux chrétientés. Malgré les réticences des diplomates, il accepte donc de recevoir Alexis II le 3 octobre 2007. L'«opération cathédrale» est lancée.

Menace à peine voilée

Le patriarche et le président parlent œcuménisme et diplomatie, mais leur conversation file vite vers les questions immobilières. Du fait de la nouvelle émigration russe, dit Alexis, les rares églises orthodoxes françaises demeurées sous obédience moscovite sont bondées. Notamment la plus importante, celle de la rue Pétel, dans le 15e arrondissement de Paris. Et comme nous ne pouvons reprendre la cathédrale de la rue Daru, poursuit Alexis, nous avons besoin d'en construire une nouvelle, la nôtre. Sarkozy comprend-il l'enjeu symbolique d'une telle construction pour le clan Poutine ? En tout cas, il donne son feu vert.
Reste à trouver l'emplacement. C'est l'affaire du département patrimonial du Kremlin, un service très puissant qui gère tous les biens de l'Etat et de l'Eglise russes à l'étranger. Poutine, justement, en a été le numéro deux à la fin des années 1990. Et le patron actuel du département, Vladimir Kojine, est lui aussi un ancien du KGB et un proche du «leader national». C'est lui qui, avec le ministre des Affaires étrangères du patriarcat, le métropolite Kirill (qui succédera au patriarche Alexis II début 2009), pilotera l'«opération cathédrale» - de Moscou.
Courant 2008, Vladimir Kojine entend parler du siège de Météo France, quai Branly, que l'Etat français envisage de vendre. Ce serait le lieu idéal, remarque-t-il, pour symboliser le retour de l'influence russe. Il est situé au coeur du quartier des ministères. Seulement voilà : le Canada est déjà sur les rangs et a, dit-on, toutes les chances de l'emporter. Ottawa a même demandé que l'affaire soit réglée entre Etats, de gré à gré, ce qui serait légal. Et, fin 2008, les autorités françaises sont tentées d'accepter.
Mais Vladimir Kojine ne veut pas lâcher l'affaire. Il décide de mobiliser les réseaux russes en France. D'abord l'ambassadeur de Russie à Paris, le truculent Alexandre Orlov. Tout au long de l'année 2009, ce parfait francophone enchaîne les rendez-vous à l'Elysée, à Matignon et à Bercy. Le Kremlin, dit-il, considérerait une cession directe du siège de Météo France au Canada comme un geste inamical. Sa menace à peine voilée paie : l'idée d'une vente de gré à gré est finalement abandonnée. Il y aura appel d'offres.
Mais la candidature russe est loin de faire l'unanimité au sein de l'Etat. Elle en inquiète beaucoup, et d'abord le service de contre-espionnage, la DCRI. Car juste à côté du siège de Météo France se trouve l'un des lieux les plus sensibles de la République : le Palais de l'Alma. Ces anciennes écuries de Napoléon III sont aujourd'hui des dépendances de l'Elysée.
Sur 5000 mètres carrés, on y trouve le siège du Conseil supérieur de la Magistrature, le service courrier du président de la République et surtout seize appartements de fonction, réservés aux collaborateurs du chef de l'Etat. C'est là que François Mitterrand a logé Mazarine Pingeot et sa mère pendant des années, et aussi son sulfureux ami François de Grossouvre.
Et c'est là qu'habitent actuellement le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, et son chef d'état-major particulier. Or ces hommes détiennent les principaux secrets de la République et sont donc des cibles privilégiées des services de renseignement étrangers, et notamment russes. L'affaire inquiète d'autant plus la DCRI qu'elle a repéré une très grande activité du SVR (le service russe d'espionnage) en France depuis l'élection de Nicolas Sarkozy.
Dans ses notes, elle estime même que la présence des espions russes à Paris n'a jamais été aussi importante depuis 1985. Elle déconseille donc de céder un bâtiment si sensible à une Eglise dont on connaît les liens et les compromissions passées avec le KGB et dont on ignore si elle a réellement pris ses distances avec les services secrets. Le Quai-d'Orsay se joint aux réserves de la DCRI. L'ancien espion Kojine apprend les fortes réticences à l'égard de l'«opération cathédrale» au sein de l'Etat français.
Pour tenter de les lever, il fait appel à un grand cabinet français d'intelligence économique et de lobbying, ESL & Network. La firme a ses entrées dans la République. Elle emploie d'anciens hauts fonctionnaires et est dirigée par Alexandre Medvedowsky, un énarque de 50 ans, ex-candidat socialiste à la mairie d'Aix-en-Provence. Malgré ses attaches à gauche, le patron d'ESL France est bien introduit en sarkozie. Son maître de stage à l'ENA était l'actuel directeur de cabinet du président de la République, Christian Frémont, que, heureux hasard, le chef de l'Etat a justement chargé de suivre l'affaire de la cathédrale... Les deux hommes s'entretiendront plusieurs fois du sujet.

L'Arabie Saoudite sur les rangs

La campagne de lobbying marche plutôt bien. En septembre 2009, quand France Domaine met officiellement le terrain en vente, la candidature russe a éclipsé celle du Canada, qui finalement ne déposera pas de dossier. Mais elle doit faire face à un autre concurrent, très sérieux, l'Arabie Saoudite, où Nicolas Sarkozy se rend pour une longue visite mi-novembre. Le chef de l'Etat, reçu à plusieurs reprises dans la propriété du souverain saoudien, passe-t-il un accord secret avec le monarque - le siège de Météo France contre la construction de la ligne TGV La Mecque-Médine ? Medvedowsky et Kojine le redoutent.
Et c'est probablement pour cela qu'un mois plus tard Dmitri Medvedev profite du sommet de Copenhague pour parler de la candidature russe à Nicolas Sarkozy. Ce 18 décembre, dans la capitale danoise, le président français a toutes les raisons de vouloir satisfaire le jeune chef d'Etat russe, qui s'apprête à venir début mars 2010 à Paris inaugurer l'année croisée France-Russie, et sur lequel il mise beaucoup.
Il a besoin de lui sur tant de dossiers diplomatiques, militaires et commerciaux. Il y a la vente controversée du navire de guerre «le Mistral» et la prise de participation de GDF dans le gazoduc Nordstream. Il y a ces nouvelles sanctions internationales contre l'Iran que Moscou pourrait accepter. Il y a enfin ce document commun sur la sécurité en Europe qu'il voudrait faire signer par Angela Merkel et Dmitri Medvedev. Ce serait pour lui une grande victoire diplomatique.
Selon plusieurs sources, Nicolas Sarkozy décide d'agir immédiatement. De Copenhague, il appelle Eric Woerth, le ministre du Budget, en charge de la vente des biens d'Etat. L'Elysée ne dément pas qu'un tel coup de fil ait eu lieu. Que dit le président à son ancien trésorier de campagne ? Lui demande-t-il seulement l'état d'avancement de l'appel d'offres ? Ou lui donne-t-il aussi des instructions particulières pour favoriser Moscou ? Eric Woerth affirme que non. L'Elysée ne commente pas.
En tout cas, quelques jours plus tard, le ministre du Budget reçoit dans son bureau Vladimir Kojine, le directeur du département patrimonial du Kremlin, l'homme qui s'agite depuis des mois pour remporter le terrain du quai Branly. Pourquoi un tel traitement de faveur, qui, selon un haut fonctionnaire de Bercy, n'a été accordé ni aux Saoudiens ni aux Canadiens ? Et que se disent les deux hommes ? Mystère.
Quoi qu'il en soit, le 28 janvier, à 15 heures, quand la commission de Bercy décachette les cinq dossiers de candidature et découvre leurs propositions financières, celle du Kremlin (70 millions d'euros environ) est la plus élevée. «Elle était supérieure à l'évaluation établie du service des Domaines, qui est secrète», précise un proche du dossier. La Russie a-t-elle bénéficié d'informations privilégiées ? Bercy, bien sûr, affirme le contraire. Vrai ou faux, Moscou l'emporte.
Nicolas Sarkozy appelle son ami Dmitri pour lui fait part de la bonne nouvelle. Au Kremlin, on exulte : il y aura bien en 2012 ou 2013 une cathédrale orthodoxe russe au cœur de Paris. Ce sera la première construction religieuse de cette envergure au centre de la capitale française depuis un siècle. Ce sera aussi le premier grand monument franco-russe depuis l'édification du pont Alexandre-III en 1896, construit pour célébrer l'alliance entre Paris et Moscou. Oui, comme au temps des tsars !
Dès qu'elle est annoncée par Bercy, la victoire est immédiatement célébrée à la télévision russe. Elle fait la une des journaux. Les autorités civiles et religieuses russes la présentent comme un événement majeur. «Ni l'Eglise ni le Kremlin ne cachent que cet achat coûteux a un but purement politique et non spirituel», écrit dans «Novaïa Gazeta», le spécialiste des questions religieuses Alexandre Soldatov. Il ajoute : «Pendant ce temps, des centaines d'églises de villages en Russie continuent de se dégrader.»
Deux mois plus tard, en mars, Dmitri Medvedev est en visite d'Etat en France. Il est reçu par le maire de Paris. Entouré de plusieurs prélats, il lui dit à quel point cette cathédrale est importante pour lui. Bertrand Delanoë lui répond que ses services étudieront avec diligence le permis de construire. Puis le président russe se rend à Notre-Dame, où il veut voir les Reliques de la Passion. A sa demande, son entrée dans la cathédrale catholique se fait au son de la même musique qui a accompagné la précédente visite d'un dirigeant russe dans ces lieux. C'était Nicolas II, le dernier tsar, en 1896.

L'article original est ici : http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/05/28/comment-le-kremlin-a-obtenu-sa-cathedrale-a-paris.html

2 juin 2010

Gare routière : Le nouveau projet ne convainc pas…

Le dossier de gare routière concerne tout le monde. Usager ou pas des transports en commun, chacun de nous aura à en mesurer l'impact : commodité, circulation, stationnement, pollution, cadre de vie, et on en passe. 
Vendredi, une réunion publique était organisée par Maryse Joissains pour présenter le "nouveau" projet de gare routière, visant "les dix, quinze ans à venir". Un certain nombre de modifications ont été apportées au précédent qui avait été contesté pendant la dernière campagne électorale. 
Pour autant, est-on maintenant proche du projet idéal ? Le seul fait d'en tracer la perspective et les contours montre que l'implantation de la gare routière, même allégée, ne peut être envisagée hors contexte. En l'occurrence, une telle installation ne peut faire l'économie d'une réflexion sur tous les modes de déplacements, sur la maîtrise de l'urbanisme, sur le développement de l'habitat ou encore sur les aspects environnementaux, pour s'en tenir à l'essentiel. 
De plus, il serait vain et inefficace de mettre en œuvre un tel projet excluant son rôle et son impact à l'échelle d'un territoire plus large que celui de la ville, de la communauté d'agglomération et même du département.

CE QU'EN PENSE L'ADAVA

logo_adavaEn 2008, la Fédération des CIQ avait étudié le dossier et proposé des pistes de travail. Récemment encore, elle suggérait de déplacer la gare de l'avenue de l'Europe à l'avenue Max Juvénal, un site présentant, selon elle, des avantages plus en phase avec le long terme. Il y a quelques jours, l'ADAVA-ADTC Pays d’Aix (Association pour le Droit au Vélo et le Développement des Transports Collectifs dans le Pays d’Aix) diffusait sa position sur le projet de gare routière. La voici in extenso. Un très bon résumé de ce qu'il faut savoir.

La CPA propose un nouveau projet de gare routière, apparemment plus modeste et toujours à l’avenue de l’Europe. Elle le soumet à une présentation et à une concertation rapide en cette fin mai 2010. L’ADAVA rappelle qu’une position commune avec la Fédération des CIQ avait été publiée en 2007 dans le Livre Blanc (au chapitre "les gares d’Aix" rédigé par l’ADAVA).
L'ancien projet : L'ADAVA rappelle ses critiques qui restent d’actualité :
Ÿ 1.700 bus par jour en 2007, 2.500 à l’horizon 2013 : le projet de la CPA répondait à cet accroissement mécanique de la circulation (en prévoyant 32 quais) qui conduirait à une paralysie et une asphyxie de tous les quartiers Sud d’Aix. Nous souhaiterions d’ailleurs connaître la part de ces mouvements qui concerne les liaisons Aix-Marseille, Aix-Pertuis, Aix-Manosque, Haute Vallée de l’Arc-Aix et Rognac-Aix qui, à l’avenir, devront être assurées majoritairement par fer.
Ÿ Projet disproportionné par rapport aux autres gares routières de la Région (600/jour à Marseille St-Charles, 736/jour à Toulon d’après la CPA)
Ÿ Inutilité de la trémie automobile sous la gare
Ÿ Suppression du rôle structurant de liaison de l’Avenue de l’Europe (notamment pour un futur TCSP (Transports collectifs en site propre) entre Aix-Centre et les quartiers Ouest)
Ÿ Etroitesse de l’espace avenue de l’Europe (notamment pour le retournement des bus)
Ÿ Inadéquation de créer 1.300 m² de bureaux sur la gare routière
Ÿ La complémentarité avec la ligne SNCF n’est pas évidente même si elle est possible techniquement (300 à 500 m de distance)
Ÿ Nécessité de créer au moins une 2ème gare à Plan d’Aillane pour desservir les 30.000 emplois du Pôle d’activités et les 10.000 et bientôt 20.000 habitants des Milles-la Duranne, avec un TCSP entre les 2 gares.

gare_routiere_nouveau_projet
(Clic sur l'image pour agrandir)
(Infographie publiée par La Provence)
 

Le nouveau projet de la CPA (présenté le 21 Mai) :
à Aspects positifs (correspondant à nos critiques du 1er projet) :
Ÿ 20 quais seulement (comme à Marseille St-Charles)
Ÿ Suppression de la trémie
Ÿ Bureaux ramenés à un minimum fonctionnel
Ÿ Création accélérée de la 2ème gare du Plan d’Aillane
Ÿ Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) entre les 2 gares (si la continuité du site propre est assurée de bout en bout), la spécialisation de ces 2 gares et leurs relations mériteraient d’être précisées.
à Aspects critiquables ou posant problèmes :
Ÿ Volumes du trafic :
* Les navettes prévues entre les parkings-relais (Krypton, Hauts de Brunet, Malacrida) et le centre d’Aix ne paraissent pas pris en compte : ne vont-elles pas décourager les utilisateurs des transports collectifs tant que la circulation automobile ne sera pas réduite en ville ?
* Les bus urbains ayant leur terminus à la gare routière ne semblent pas comptabilisés dans le trafic alors qu'ils emprunteront le rond-point Anouar El Sadate pour faire demi-tour. Est-il envisagé de modifier leur circulation ?
Ÿ  Le nombre des reports de cars envisagés sur les pôles périphériques est-il réaliste, en particulier le report de 207 mouvements/jour du Conseil Général sur le Krypton ?
Ÿ Comment le TCSP ou le BHNS Ouest-Est s’intègrera-t-il dans cette gare ?
Ÿ Les bus urbains qui traversent actuellement la gare routière, lignes 1, 4, 16, 17, 19, Mini1, vont-ils continuer à le faire ? Sinon, quelles sont les modifications de trajet envisagées ? Afin de ne pas surcharger les avenues des Belges et Brossolette en bus urbains, ne faudrait-il pas aussi envisager une autre station de bus urbains à l’Ouest de la gare routière, avenue de l’Europe, pour desservir les quartiers Ouest et Sud ?
Ÿ La zone de régulation prévue avenue des Belges servira-t-elle pour les bus urbains, ce qui est concevable, sinon on ne peut pas accepter de régulation pour les cars extérieurs près de la Rotonde.
Ÿ La dépose "minute" ne serait-elle pas mieux placée à l’avenue de l’Europe et  sur l'avenue des Belges plutôt qu’à la rue des Allumettes (afin d’éviter que les voitures entrent en centre-ville), d’autant que cette rue des Allumettes sera très fréquentée par les entrées et sorties du Parking Méjanes et des riverains de l’Arche (1.500 places de parking)
Ÿ La liaison envisagée avec la gare SNCF n’est pas satisfaisante, surtout si la SNCF n’accepte pas la solution de l’accès direct aux quais : dans l’avenir, peut-être faudrait-il envisager, si le trafic ferré se développe, ce que nous souhaitons tous, de créer un passage souterrain avec tapis roulant entre la gare routière et la gare SNCF ?
Ÿ Plusieurs stationnements vélos sont prévus mais sur quelles surfaces ? Un autre emplacement serait utile face à la station de bus urbains et en profiter pour construire une rampe pour vélos et PMR (Personnes à mobilité réduite) à côté de l'escalier desservant la gare SNCF.
Ÿ Diminution du coût pas évidente : 20M€ annoncés, pratiquement le même que l’ancien projet (27M€ - 6,5M€ de la trémie supprimée)
Ÿ N’apparaît toujours pas de stratégie globale insérée dans un véritable Plan de circulation de la Ville et dans un PDU (Plan de déplacements urbains) qui n’existe plus ! Or, cette gare et ses nécessaires liaisons avec Plan d’Aillane et les autres pôles périphériques impliquent un véritable Plan de circulation et de stationnement (réduisant la place de la voiture en ville) ainsi qu’un phasage rigoureux avec toutes les AOT (Autorités organisatrices de transports) du département, ainsi que le soulignait la Fédération des Transporteurs.
Ÿ On constate que les parkings proches de la gare routière sont plus un handicap qu'un atout par la circulation automobile qu'ils génèrent. Le boulevard Coq et la rue des Allumettes ne sont pas adaptés pour supporter le trafic lié à l'accès au parking Méjanes. La rue Lapierre va envoyer dans l'avenue Max Juvénal, déjà saturée par l'accès au parking Rotonde, le trafic qui transitait par l'avenue de l'Europe. Il est urgent de limiter l'offre de stationnement en Centre-ville pour y limiter le trafic automobile.

plan_aillane
(Clic sur l'image pour agrandir)
(Infographie publiée par La Provence)

En conclusion, avant de se lancer rapidement (pourquoi ? élections ?) dans cette construction de la gare routière,
1. la CPA ne devrait-elle pas attendre d’expertiser complètement la proposition de la Fédération des CIQ d’installer la gare routière sur l’avenue Juvénal (à défaut de pouvoir l’installer sur la gare SNCF ou à la place du Pasino). Bien que cette proposition de la Fédération des CIQ arrive un peu tard, il faut reconnaître que ce site de l’avenue Juvénal présenterait des avantages indéniables (espace, possibilité de couvrir la gare par un espace de verdure, double niveau de circulation, liaison directe avec la voie ferrée, liaison mieux assurée entre centre-ville et quartiers Ouest, parkings Méjanes et Rotonde suffisamment proches et grands, donner un sens et une utilité aux Allées Mozart) malgré le seul inconvénient mineur d’éloigner cette gare de 100 à 150 m supplémentaires par rapport à la Rotonde. Cette expertise permettrait aussi d’intégrer une étude comparative sur le réseau aixois des transports collectifs, notamment le tracé du BHNS. Mme le Maire "a pris, dit-elle, ses responsabilités par une décision politique". Nous en prenons acte et respectons son choix.
2. Il est urgent d’établir un Plan de circulation global et un programme pluriannuel avec toutes les AOT (Autorités organisatrices de transports).
3. La CPA doit obtenir de RFF et du Conseil Régional d’achever rapidement les études sur les voies ferrées et entreprendre à moyen terme (2013-2015) d’ouvrir les lignes de Rognac, de Trets et de doubler au moins les cadences sur Manosque-Aix-Marseille en créant à Luynes une voie d’évitement (et ultérieurement une gare) et une halte aux facultés afin de réduire, ou de stabiliser, le nombre de bus en gare routière d’Aix. En effet, l’exploitation de ce réseau ferré du Pays d’Aix permettrait d’avoir rapidement un train toutes les 10 minutes sur Marseille St-Charles ou Blancarde, tous les ¼ h vers Pertuis ou Manosque, toutes les 20 minutes vers Rognac et Vitrolles, et vers Rousset et Trets.
4. Dans le projet de PLU (Plan local d'urbanisme), nous demandons que les voies de communication, ferrées notamment, soient prises en compte prioritairement pour densifier l’habitat ou créer de nouveaux quartiers d’urbanisation, par exemple à la Calade, ainsi que Mme le maire y a fait allusion le 21 Mai.
                                                                       ADAVA, 24 Mai 2010

Le projet initial : "Gare routière : La foire aux mirages" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2007/07/07/index.html

31 mai 2010

Pezet : "Regardons au-delà de la Méditerranée"

logo_marseille_2013A l'évidence, les avis de Michel Pezet sont de plus en plus sollicités. Après son interview choc par Le Ravi de mai, voici que La Provence publie à son tour un entretien avec le délégué à la culture pour le département. Après avoir donné son sentiment sur sa délégation retrouvée, Michel Pezet livre sa vision de Marseille Provence 2013.
Pour lui, l'année capitale européenne de la culture ne doit pas être "une exposition universelle" mais doit s'inscrire dans la continuité "en prenant en compte tous les publics" et en allant dans tous les quartiers.
Pour mémoire, il proposait déjà ce type de développement culturel lors de l'élection municipale de mars 2008 à Aix…

(Clic sur l'image pour agrandir)

pezet_marseille_2013

Lire l'interview dans "Le Ravi" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/05/21/17962120.html

30 mai 2010

Anonymat sur Internet : Les coups foireux de Masson

Lues sur le site du Nouvelobs, quelques révélations sur le sénateur Jean-Louis Masson, qui ne se gênait pas de cacher son identité pour quelques coups foireux d'un passé sulfureux qui refait surface. 
L'homme, souvent présenté comme procédurier, a un passé plutôt lourd concernant l'anonymat. 
La première affaire le concernant remonte à 1983. Jean-Louis Masson est alors candidat aux élections municipales de Metz face au maire sortant de centre-droit, Jean-Marie Rausch. Durant la campagne, il se dit victime de tracts diffamatoires et anonymes. 
Or, en réalité, comme le révèle en 2000 L'Express, ces attaques venaient… de lui-même. Jean-Louis Masson aurait tenté par cette manoeuvre de discréditer son adversaire, en lui faisant porter la responsabilité du tract. Découvert, il sera alors obligé de retirer sa liste. 
Deuxième affaire, plus récente celle-ci. En décembre 1997, un arrêt du Conseil Constitutionnel destitue Jean-Louis Masson de ses fonctions et le condamne à un an d'inéligibilité alors qu'il vient d'être réélu comme député de la 3ème circonscription de la Moselle. 
Sa faute ? Avoir financé la campagne d'un candidat, Gabriel Crippa, présenté pourtant contre lui. Il s'avérera que l'objectif réel de Gabriel Crippa était de pilonner la véritable adversaire de Jean-Louis Masson, Nathalie Griesbeck, soutenue par... Jean-Marie Rausch, encore maire de Metz. 
Deux affaires qui viennent donner un tout autre éclairage à la polémique lancée par le sénateur de Moselle.

L'article est ici:
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100529.OBS4670/anonymat-des-blogueurs-quand-le-senateur-cachait-son-identite.html

27 mai 2010

Blogueurs, vos papiers !

gif_arrobaseUn sénateur se disant "apolitique sans étiquette" (mais un peu de droite quand même, exclu de l'UMP en 2004 pour candidature dissidente aux régionales), le dénommé Jean-Louis Masson, a déposé le 3 mai une proposition de loi visant à mettre fin à l'anonymat des blogueurs professionnels ou pas. Il propose donc qu'obligation soit faite à chaque blogueur de mettre "à la disposition du public […] nom, prénom, domicile et téléphone".
Ce brave parlementaire n'en est pas à sa  première plaisanterie. Dans le domaine de l'Internet, c'est, pour ainsi dire, un récidiviste.
C'est déjà lui qui voulait soumettre à la redevance audiovisuelle ceux qui regardent la télévision sur leur ordinateur. C'est encore lui qui voulait élargir la responsabilité pénale de tous les intervenants, hébergeurs de sites, responsables de sites et auteurs d'allégations diffamatoires.
Aujourd'hui, son intention est de "mieux protéger les éventuelles victimes de propos inexacts, mensongers ou diffamatoires qui sont de plus en plus souvent colportés sur la toile" et, à ses dires, par une nouvelle espèce qui s'est développée de manière exponentielle, celle des non professionnels blogueurs et éditeurs des sites Internet, alors que, il ne peut l'ignorer, ces personnes malfaisantes sont déjà pénalement et civilement responsables de tous leurs propos et de l'ensemble des éléments qu'ils éditent.
L'intrépide sénateur a sans doute voulu ravir la première place à l'imaginatif Frédéric Lefèbvre, concurrent bien difficile à doubler en hurluberlutudes. Car pour bien faire, ledit sénateur n'aur ait pas dû arrêter là ses inepties.
A tant faire, il fallait aussi réclamer date et lieu de naissance, nationalité, situation familiale, numéro de sécu, code de carte bancaire, et même, y a pas de raisons de s'en priver, toutes mensurations physiques. Et bonjour les nouveaux fichiers !
En réalité, la farce du sénateur ressemble un peu à du vent. En effet, la loi permet déjà d'identifier les blogueurs car les fournisseurs d'accès connaissent leurs coordonnées. Quiconque se prétend diffamé peut demander réparation en justice avec l'assurance de se retrouver au tribunal en présence d'une personne en chair et en os, et non devant un fantôme insaisissable de corbeau.
En définitive, ce qui est en jeu ici, c'est la mise en question de la prise de parole par des citoyens ordinaires.
Si, personnellement, j'ai fait le choix d'afficher clairement mon identité, je ne vois pas au nom de quoi je devrais condamner ceux qui souhaitent user de leur liberté via l'anonymat.

La proposition de loi :
http://www.senat.fr/leg/ppl09-423.html
Appel et pétition pour le droit à l'anonymat sur Internet :
(j'ai signé)
 http://www.wikio.fr/article/appel-defense-droit-anonymat-internet-190719788#news190719788

Publicité
Publicité
Suivre sur Twitter
Publicité