Tract ordurier : Les curieux propos de Joissains...
"Je dispose de quatre témoignages qui ont été rédigés sous contrôle d'huissier." […] "Aujourd'hui, je sais qui a écrit ce tract et l'a diffusé. Je me donne une dizaine de jours pour saisir le Parquet. Je déposerai plainte contre X mais je donnerai des noms."
Ainsi s'est exprimée Maryse Joissains dans La Provence samedi dernier au sujet de ce qui a contribué à envenimer puis à faire annuler l'élection municipale de mars 2008.
A première lecture, ces déclarations faites à l'indicatif visent à établir que l'énigme est résolue : l'ex-candidate redevenue maire sait qui a écrit le tract et elle donnera des noms. Il ne reste plus à la justice qu'à confondre le ou les auteurs et à juger.
En relisant bien, cela sonne étrangement. Et le doute s'installe. Reprenons donc les expressions une à une.
"Je dispose de quatre témoignages" : selon Joissains, plusieurs personnes auraient entendu dire, vu, ou su qui était à l'origine du tract. Questions. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps, et surtout après la décision du Conseil d'Etat de juin 2009 qui a annulé l'élection municipale de mars 2008, pour témoigner ? Qui sont ces quatre personnes ? Qui les a retrouvées ou contactées et comment, sauf à penser qu'elles auraient agi spontanément et concomitamment après l'annulation ?
"Aujourd'hui" : est-ce à dire qu'il a fallu plus d'un an et demi pour obtenir et réunir ces présumés éléments de preuve ?
"Je sais qui a écrit ce tract et l'a diffusé" : dire cela signifie par conséquent que le ou les auteurs et les diffuseurs sont identifiés, avec certitude et nommément. Pour mémoire, les deux plaintes initiales respectives de Maryse Joissains et de François-Xavier De Peretti n'avaient pas abouti faute d'éléments probants. On avait aussi cru comprendre qu'en défense au tribunal administratif puis au Conseil d'Etat, Joissains avait plaidé une diffusion nulle ou, à tout le moins, très restreinte. Alors, il faudrait savoir.
"Je me donne une dizaine de jours pour saisir le Parquet" : Joissains doute-t-elle ou agite-t-elle une menace ? Si elle détient des preuves, pourquoi ne pas agir sans perdre de temps ?
"Je déposerai plainte contre X mais je donnerai des noms" : cette annonce-là est peut-être la phrase la plus inouïe. A-t-on jamais vu quelqu'un qui connaît les noms des responsables (on ne peut imaginer qu'il s'agisse de ceux des témoins) porter plainte contre X ?
Au final, que faut-il comprendre et comment interpréter ces déclarations ?
N'auraient-elles pas, simple hasard bien sûr, un certain rapport avec la perspective de la prochaine décision du tribunal administratif portant sur l'annulation, ou pas, de l'élection de juillet ? Ne serait-ce pas là une manière de prendre les devants pour jouer une fois de plus l'intimidation, puis la victimisation ? Ou encore une grossière manœuvre de communication tendant à créer un climat à trois semaines de la décision du tribunal, voire, pour plus tard, si le Conseil d'Etat devait statuer une nouvelle fois, puisque Joissains déclare maintenant qu'elle "ira devant lui" le cas échéant ?
Réagissant à ces propos, De Peretti, visé par le tract au premier chef tout comme certains de ses colistiers, a émis deux hypothèses.
"Si les témoignages sont crédibles, je la remercie de pouvoir m'aider à débusquer ceux qui ont fait cela. En revanche, s'il s'agit d'une procédure incertaine, d'une manœuvre politique qui n'a pour but que d'influencer l'opinion aixoise ou le juge administratif chargé d'examiner le nouveau recours, je lui promets une disqualification morale, judiciaire et politique. Sans précédent."
On ne saurait mieux dire. A mon avis, ça sent fort la poudre noire…