Super légers : Joissains tape et le chaos n'est pas loin
Rafale... d'uppercuts
Patience, patience, patience. Si l'heure n'est pas à la grande curée, cela lui ressemble fort. Lors de l'interview qu'elle a accordée à La Provence, Maryse Joissains a enfilé ses petits gants de boxe pour pilonner un à un ses "trois rigolos" et régler son compte à chacun, impitoyablement.
Parlant de Jean-Pierre Bouvet, elle a confirmé ce que tout le monde savait : il sera candidat à la cantonale mais il a été évincé de la liste municipale. S'agissant du sort des deux autres séparatistes, Stéphane Salord et Bruno Genzana, il s'avère encore moins glorieux.
Si le premier, plus offensif dans la critique, est déjà exclu de la prochaine liste, le second n'y figurera vraisemblablement pas non plus, à moins que, tête basse, il n'accepte les ricanements qui ne manqueront pas de lui être adressés. Le maire sortant vient de lui mettre la pression : s'il veut son soutien pour la cantonale, il lui faudra rester dans les cordes.
S'il s'obstine à jouer un pied dedans un pied dehors, il trouvera face à lui un autre boxeur UMP investi par Joissains. S'il monte sa propre liste municipale ou s'il rejoint une autre liste, ce sera le même tarif. Voilà donc Genzana en bas du ring, avec le double risque de perdre sa place à la mairie et au conseil général et de disparaître de la scène politique.
Le moment de vérité devrait se jouer au conseil municipal du 17 décembre. Que fera-t-il à ce coup de gong final ? Votera-t-il pour ou contre le budget ? Je n'ose imaginer une fuite par le recours trop évident au subterfuge de l'abstention ou de l'absence ! S'il ne se prononçait pas, les interprétations seraient encore plus assassines pour lui.
L'ayant observé depuis près de vingt-cinq ans, j'ai bien ma petite idée sur sa décision ultime. Mais, sachant que mes amis m'en voudraient si je lui soufflais le moindre conseil, je m'en garderai bien. Je ne vais quand même pas jouer au médecin soignant, non ?
Et vlan… dans les gencives !
Dans ses réponses, Maryse Joissains avoue aussi au grand jour que toutes les déclarations d'union de son équipe n'étaient donc que de façade. Car les brisures ne sont pas récentes. Elles remontent bel et bien au début du mandat lorsque trois listes ont artificiellement fusionné pour emporter la mairie.
Dès 2002, François-Xavier de Peretti, lucide, a pris le grand large dans une opposition frontale. Ce n'est pas le cas de Bruno Genzana et de Stéphane Salord. A grands uppercuts, Maryse Joissains cogne sur le comportement de ses deux adjoints.
Les coups qu'elle porte au portrait de Genzana sont sans pitié : "On ne peut pas contester en permanence les décisions que je prends et vouloir rester à mes côtés". "Je compose ma liste comme je veux, avec les gens dignes de confiance". A l'UMP, "J'ai très gentiment expliqué que je subissais depuis six ans des tentatives de prise de pouvoir de l'intérieur et que je ne souhaitais pas revivre ça six ans encore. J'ai besoin de sincérité et de loyauté, pas d'intrigues et de manoeuvres. Quand on monte une liste, on la fait avec des gens qu'on aime, des gens avec qui on a envie de travailler."
Au passage, elle lui décoche un coup de tête destiné à lui bien raviver la mémoire : "Ce n'est pas moi qui l'ai empêché de se présenter à la mairie ou à la députation pendant la très longue période où je suis restée absente de la scène politique. On peut se demander pourquoi, en 1995, il n'a pas pris la tête d'une liste. Pourquoi est-on allé chercher Jean-Bernard Raimond qui n'avait aucune attache ici ? S'il l'avait souhaité et qu'il s'était imposé, si Jean-Claude Gaudin l'avait soutenu, personne ne s'y serait opposé. Pourquoi les choses ne se sont pas passées comme ça ?"
Au sujet de Salord, Joissains empoigne sa seconde paire de gants : "Il était très proche de moi, c'est vrai. Mais il ne sera pas sur ma liste. Car je n'aime pas les révolutions de palais, les trahisons, les intrigues, l'absence de travail… J'en ai conclu que nous devions nous séparer à l'issue. Mais je ne lui enlève rien de ce qu'il a fait il y a sept ans à mes côtés pour gagner cette élection. C'est la suite qui n'a pas été à la hauteur."
Autrement dit, pour l'un comme pour l'autre, le constat est sans appel : en complotant, ils sont enfreint les règles du jeu. L'un n'a pas le tempérament d'un champion capable de monter sur le ring sans être "adoubé" (Joissains dixit) et l'autre n'a gagné aucun match !
Pour le reste de la charrette, Joissains annonce une douzaine de départs, "certains ne seront plus là parce qu'ils ont déçu". Ne citant aucun nom des heureux sortis, elle utilise la tactique du suspense à double crochet : ne leur laisser ni le temps de trahir avant la fin du match, ni la moindre chance de trouver une place ailleurs en ralliant d'autres listes.
Des gencives saignent déjà ou vont bientôt saigner. Saurez-vous identifier les futurs patients dans les salles d'attente d'urgence de nos amis les chirurgiens-dentistes ?