Qui sera maire d'Aix en 2008 ? (4)
A Aix, depuis près de trente ans, les prétendants fratricides de droite à la mairie n'ont jamais manqué.
Depuis 1983, année où le maire Alain Joissains n'avait pas pu se représenter pour cause de déboires avec la justice et avait propulsé tête de liste Jean-Pierre de Peretti della Rocca pour lui tenir la place au chaud, le venin n'a cessé de couler.
Une fois élu, ce maire a très vite coupé la laisse qui le reliait à son Pygmalion et n'en a plus fait qu'à sa tête. Ayant accepté de placer Maryse Joissains comme première adjointe, il a eu à souffrir de la guérilla instantanée de cette dernière. En fin de mandat, il fut mis en minorité. La droite allait rester dans l'opposition pendant douze ans.
En 1989, deux listes, une UDF menée par Jean-Pierre de Peretti della Rocca, l'autre RPR menée par Jean-Pierre Bouvet, étaient candidates tandis qu'une liste du Front national obtenait des élus. La guerre fut féroce et De Peretti prit Bouvet de court qui ne put déposer sa liste avant l'heure limite.
En 1995, nouvelles avanies, le MNR faisait entrer des élus au conseil municipal tandis que trois listes de droite n'arrivaient toujours pas à se mettre d'accord au premier tour. Une était menée par Jean-Bernard Raimond RPR, une autre par Alain Joissains UDF et une troisième par François-Xavier de Peretti UDF aussi.
Leur fusion au second tour les entraîna dans une nouvelle défaite.
En 2001, trois listes de droite, ayant fait chacune environ 15%, ont fusionné et ont remporté l'élection avec seulement 550 voix d'avance.
Et maintenant que va faire la droite ?
Il n'a pas fallu plus d'une année de mandat de Maryse Joissains pour que François-Xavier de Peretti, son adjoint à la culture, ne cautionne plus les comportements de cette majorité hétéroclite et prenne le large pour entrer en opposition frontale et définitive.
A l'intérieur de l'équipe du maire, certains élus sont entrés en disgrâce en perdant des délégations, d'autres ont sournoisement entrepris de mener des campagnes (y compris d'affichage géant) pour tenter de légitimer leurs candidatures pour 2008.
C'est ainsi qu'un trio, Bruno Genzana, Stéphane Salord et Jean-Pierre Bouvet, que Maryse Joissains a surnommé les "trois rigolos", est en dissidence ouverte. Bruno Genzana s'est vu privé de continuer d'être le suppléant de la députée, Jean-Pierre Bouvet a dû rendre sa délégation à l'espace public et Stéphane Salord critique le maire partout où il peut.
A l'intérieur de ce qui reste de cette majorité, les élus prenant parti pour le trio, et qui racontent leurs malheurs même à l'opposition de gauche (que n'ai-je déjà entendu et que de courriers internes m'a-t-on transmis !), sont surveillés de près par le cabinet du maire.
Pour l'échéance qui aura lieu en mars prochain, la curée risque d'être impitoyable. Et on ne voit pas ce qui, désormais, pourrait redonner même un semblant d'unité à des personnes qui se haïssent avec tant d'affection.
Il est donc très probable que si Maryse Joissains obtient l'investiture UMP en tant que sortante (avec recyclage des voix de l'extrême droite), une liste de la mort menée par Bruno Genzana devrait lui rendre la vie dure.
Sans compter que François-Xavier de Peretti, fort des scores du MoDem à la présidentielle, sera aussi en piste pour la mairie et fera payer très chèrement à ses deux autres rivaux ce qu'il appelle leur esprit de "clan".
(La suite demain)