Euphorie à droite, gueule de bois à gauche ? Tout a un temps. Et l'on a vu "rejaillir le feu d'un ancien volcan qu'on croyait éteint…"
La puissance de Rome n'a pas empêché sa chute
Partout en France, le schéma de la bipolarisation de la présidentielle – qui, au premier tour est une véritable proportionnelle – s'est accentué pour les législatives – elles-mêmes vécues comme une proportionnelle – avec, en prime, une exacerbation du phénomène amplificateur du second tour de la présidentielle à l'excès dû au système majoritaire.
On constate donc sur le pays d'Aix, comme au niveau national, une forte avance de l'UMP et son corollaire, un recul de la gauche. Cela est plus lié aux appartenances des candidat(e)s à l'un ou à l'autre camp qu'à leur personnalité.
Bien sûr, ici ou là, des sortants ont pu faire valoir leur implantation et leur travail. Mais, à mes yeux, cela est sporadique. Si l'on regarde la région Paca, l'UMP fait les mêmes bonds en avant dans un très grand nombre de circonscriptions, indépendamment des situations acquises.
A Marseille, par exemple, face à Christophe Masse (PS), Valérie Boyer (UMP), parfaite inconnue, fait un score comparable à ceux de ses collègues sarkoziens. Beaucoup de députés UMP sortants voient leurs scores progresser dans de mêmes proportions par l'effet de la présidentielle.
Le pays d'Aix n'échappe pas à cette caractéristique.
Entre 2002 et 2007, Maryse Joissains gagne 11,50% et Christian Kert 14%. Alexandre Medvedowsky gagne 2,50% par rapport à Danielle Rumani-Elbez et Gaëlle Lenfant recule de 4% par rapport à Serge Andréoni.
Autrement dit, les gains UMP ne viennent pas de la gauche. Ils sont le résultat d'un recyclage, pour partie, des voix du centre et, pour la plus grande part, de l'extrême droite.
De fait, le rapport droite / gauche sur le pays d'Aix, considéré comme étant sociologiquement à 60 / 40, ne change pas et l'on peut pronostiquer qu'il sera de cet ordre au second tour.
Ce sont donc les déplacements d'un électorat, mobile à l'intérieur de chaque camp, qui façonnent les résultats respectifs du candidat de droite et de celui de gauche.
Par ailleurs, les écarts peuvent être attribués à une abstention moins marquée à droite qu'à gauche.
Les municipales, un tout autre enjeu
Pour les municipales, le système électoral est tout autre. C'est un scrutin de listes, mélange de proportionnelle et de majoritaire, qui n'élimine pas les "troisièmes" listes qualifiées pour le second tour et qui peuvent espérer obtenir des élus à proportion de leurs scores.
Cette règle est plus respectueuse de la diversité des sensibilités politiques exprimées que celle du tout majoritaire. Qui plus est, il est possible d'opérer des fusions de listes pour accumuler des pourcentages et, pourquoi pas, gagner sans avoir dépassé la barre des 50% (cas des triangulaires).
Les résultats des législatives que nous aurons au second tour ne seront pas forcément la préfiguration de ceux des municipales.
Si les probables gagnants d'aujourd'hui peuvent se réjouir d'être réélus plus par effet d'entraînement national que sur leur propre nom, aux municipales, leurs scores pourraient être affectés par des considérations plus locales.
La différence essentielle repose en fait sur le regard de proximité caractérisant toute élection municipale qui, on le sait, motive plus les électeurs à participer en fonction des projets locaux qu'on leur soumet que de l'étiquette des listes. Et là, les bilans de tout maire sortant pourraient jouer un rôle dévastateur pour lui ou pour elle.
A Aix et à ce titre, c'est mon opinion, les jeux sont loin d'être faits.
Pourraient aussi, si la date est maintenue à mars prochain, survenir des phénomènes de sanction ou de contre-pouvoir liés aux décisions politiques du gouvernement.
Et rappelons-nous que la puissance d'une majorité comme celle que s'apprêtent à avoir l'UMP et ses députés est aussi sa principale faiblesse.
La puissance de Rome n'a pas empêché sa chute. Il s'agit d'être au bon endroit et à la bonne heure…