Ses clichés d'Aix pour marquer l'inauguration de Marseille Provence 2013 auraient nul doute été aussi parfaits que les milliers d'autres qu'il a patiemment réalisés au cours de sa vie. Mais l'ami Jean Ely nous a quittés à quelques jours de la fin de l'année. On ne l'a su qu'après ses obsèques aussi discrètes que lui.
Avec sa disparition, le renommé studio à la porte verte installé dans le passage Agard par son légendaire grand-père Henry Ely ne sera plus tout à fait le même mais il conservera les traces photographiques de la vie aixoise qu'il a su capter mieux que quiconque.
L'aimable et très respecté Jean Ely était ce personnage que tout le monde voyait se faufiler sans déranger au cœur de toutes les scènes qu'il venait fixer sur la pellicule. Qui n'a jamais aperçu ou croisé cette élégante et longue silhouette dans les rues d'Aix qu'il aura parcourues en tous sens ? Il connaissait chaque recoin de la ville et l'histoire de chaque pierre.
A l'occasion, grâce à sa mémoire aussi infaillible que celle de ses photos, il savait raconter, de son élocution lente, douce et courtoise, maints épisodes et faits de notre passé et livrer avec précision des récits ou des anecdotes sur les personnalités puissantes ou modestes que son métier lui avait permis de rencontrer ou de côtoyer.
Son art était si accompli que beaucoup de ses photos auraient pu se passer d'un article ou d'un commentaire tant elles paraissaient déjà être elles-mêmes des reportages. On pourra lire par les liens en fin de cet article des textes qui relatent toute la subtilité de la personnalité et de l'art photographique de Jean Ely.
Ma rencontre avec la famille Ely
Mais je voudrais évoquer ici plus personnellement cette grande figure que j'ai connue et avec qui j'ai eu l'immense privilège de travailler. De 1989 à 1995, je m'étais embarqué dans l'aventure de la presse en devenant correspondant local à la rédaction aixoise du journal qui s'appelait encore Le Provençal. D'un article ou deux par semaine, je fus bientôt amené à en produire jusqu'à parfois couvrir une page entière deux ou trois jours par semaine et dont j'ai conservé toutes les coupures.
Je connaissais déjà pas mal bien des aspects de la ville mais je dois admettre que cette longue expérience m'a permis de découvrir mille autres nouvelles facettes de la vie aixoise, des lieux et des personnages que je n'aurais sans doute pas eu la chance de croiser aussi intensément. Je me rendais souvent en reportage dans tous les secteurs pour des événements qui n'avaient pas l'habitude d'être rapportés. La rédaction avait d'ailleurs créé à une page intitulée fort à propos "Aix-Quartiers".
Selon un planning fourni et détaillé, transmis la veille ou le jour même à Jean Ely et à son fils Jean-Eric alors tous deux photographes attitrés du journal, le rédacteur en chef leur demandait d'accompagner le journaliste ou le correspondant préposé aux reportages du jour. Et c'est ainsi que naquit peu à peu une véritable amitié complice entre ces exceptionnels créateurs d'images et l'auteur des écrits.
Lorsque le temps le permettait, sur place ou le soir dans les anciens locaux de la rédaction de la rue de l'Opéra, Jean Ely n'était jamais avare d'anecdotes ou de détails amusants ou dramatiques recueillis tout au long de sa carrière. Jean-Eric, lui, plus proche de mon âge, me parlait souvent des secrets de la technique photographique et me racontait parfois l'histoire du studio Ely.
Et puis, un beau jour, je fus invité à visiter l'antre mystérieux du fameux passage Agard. Je fus ébloui par tous ces monts de merveilles conservées et doucement patinées par le temps : plaques, appareils et clichés. J'en garde évidemment un souvenir encore plus précis et plus ému maintenant que Jean Ely, Monsieur Ely comme tout le monde l'appelait en s'adressant à lui, a définitivement posé son Leica.
Je préserve aussi précieusement en mémoire la dédicace que lui et son fils couchèrent à mon intention sur la page de garde de leur magnifique album "La seconde et le siècle" qui fut édité au moment de l'hommage rendu pendant plusieurs mois en 1994/1995 à la dynastie Ely dans la grande exposition en cent clichés au musée Granet, à la Cité du livre, au musée des Tapisseries et au Pavillon de Vendôme.
Aix était la patrie de Jean Ely. Ses photos sont désormais notre patrimoine.
La dédicace de Jean Ely
La dynastie Ely
La couverture du catalogue "La seconde et le siècle"
(Clic sur l'image pour agrandir)
Proclamation de la Libération 21 août 1944 du balcon de l'Hôtel de Ville d'Aix
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Résistants fusillés au Vallon des Gardes 16 août 1944
(Clic sur l'image pour agrandir)
Jean Ely pendant la Résistance (Page 224 du catalogue)
(Clic sur les deux images pour agrandir)
"L'œil de la ville s'est fermé, Aix reste hagard" :
http://www.laprovence.com/article/actualites/deces-de-jean-ely-aix-reste-hagard-0
"Le roman-photo des Ely" :
http://www.lexpress.fr/informations/special-photo-le-roman-photo-des-ely_608111.html
"Les vies antérieures d'Aix-en-Provence" par Alain Paire :
http://www.galerie-alain-paire.com/index.php?option=com_content&view=article&id=30:les-photographies-dhenry-et-jean-ely-les-vies-anterieures-daix-en-provence&catid=12