Christiane Taubira, le respect de la République
Christiane Taubira ne déçoit jamais, ni par son art oratoire, ni par son écriture. L'ouvrage qu'elle vient de publier porte sa signature comme une griffe. Son histoire, son parcours et sa pensée sont des repères qui touchent à l'universel. C'est une femme politique hors du commun, à l’origine de la loi du 10 mai 2001 qui reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Comme un étendard, elle met en avant les valeurs fondatrices de la République. Grâce à sa vaste culture et à sa profonde réflexion, grâce à sa rage et à son enthousiasme, elle livre ici le meilleur d'elle-même. Ses propos sans langue de bois et sans concession font chaud au cœur et redonnent du sens à la politique. Fulgurant. (Editions La Découverte, 2007)
Pour mettre en appétit, en voici quelques pépites.
** Le libre-arbitre : "Sur son destin, au moment où l'on décide ce que l'on fait de ce que l'on est, en cette occurrence, la souveraineté est pleine et entière." […] "J'ai choisi de l'empoigner, de ne laisser nulle circonstance ni personne me la dérober, même la grignoter." […] "Les siècles ne naissent pas de l'arithmétique des almanachs humains. Ainsi en est-il de l'être qui ne naît pas à l'instant de sa naissance."
** L'existence visible des différences : "Cette évidence suffit-elle, en dépit de ce que nous enseigne la science, pour laisser trôner le mot race dans la Constitution française ?" […] "La question de la différence n'est pas biologique, elle est politique et elle ne saurait être traitée sans un préalable éthique et philosophique."
** La Terre : "Ayant grandi et parcouru le monde, j'ai compris que chaque coin de terre est la Terre et que c'est partout qu'il faut la faire éclore."
** La gauche : "C'est ainsi que, longtemps, je me suis prévenue contre la gauche. Mais bien qu'elle soit de plus en plus exaspérante, de moins en moins conquérante, de plus en plus bavarde, de moins en moins généreuse, la gauche reste cette famille de pensée dont on peut, dont on doit attendre qu'elle préfère la solidarité à l'égoïsme, la justice à la compétition, le lien social à la méfiance."
** La politique : "Oui, j'aime la politique, celle qui pousse à se mêler de la vie de la cité, à hauteur du village autant que de la planète, celle qui fait chevaucher l'espoir avec l'entêtement des laboureurs à contre-saison." […] "Avec son principe d'égalité, son utopie d'indivision, son postulat démocratique, la République, cette façon bien imparfaite mais tellement séduisante de faire société, reste le lieu de ce devenir."