On en est maintenant convaincu. Un jour, Ubu a été roi à Aix ! Des traces visibles subsistent. On peut les observer au sol sur la RD8n dans le quartier de Pont de l'Arc…
Ces traces, je les ai vues et photographiées. Il faut que je vous raconte cela. Prenez le temps de vous délecter de ce récit à la Jarry.
C'est un sympathique petit courriel qui m'a alerté qu'une réunion capitale sur le sujet allait se tenir le 25 avril en la mairie-annexe des quartiers Sud, un lieu que je connais bien pour en avoir été le titulaire pendant quelques années. J'ai donc assisté à cette séance d'explication à laquelle participaient une douzaine de riverains et autant de personnes ayant qualité pour les éclairer sur le mystère d'un traçage jaune long d'un peu moins d'un kilomètre sur la route.
Les premiers à s'en être étonnés ont été les plus proches habitants. Mais aussi l'association des Amis du Montaiguet et du Pont de l'Arc qui veille à la préservation et au devenir du massif en raison du projet d'implantation de la polyclinique Rambot au lieudit des Bornes.
Et c'est précisément là que le tracé jaune a attiré l'œil des riverains gênés par les marquages au sol matérialisant un tourne à gauche leur rendant les manœuvres difficiles, voire dangereuses, pour rentrer chez eux, au moins en deux points, au droit de l'impasse des Rosiers et du numéro 1209 de l'avenue Fortuné-Ferrini mais aussi pour tous les usagers de la route.
Et pourquoi donc ? Au cas où l'établissement de santé s'installerait, des travaux de voirie doivent en permettre l'accès. Ces travaux, sis sur la RD8n, une route devenue départementale, relèvent de l'autorisation et de la valdiation technique par le Conseil général et, pour leur réalisation, de la responsabilité de la Société publique locale d'aménagement (SPLA) liée à la Communauté du Pays d'Aix, en liaison avec la Ville d'Aix.
Impasse des Rosiers : les traces des marquages effacés
L'association des Amis du Montaiguet a cherché à savoir dans quelles conditions ces traçages avaient pu être mis en place alors que le dossier n'avait pas encore été instruit par le service des routes départementales. Pression, abus ou tout simplement Ubu ? Les trois, votre majesté.
La réunion a été présentée par le conseiller municipal délégué au quartier comme une réunion d'information. A la vérité, on a vite compris qu'elle a été organisée pour rattraper une décision sans base légale. Les traçages instituant les prémices d'un accès avaient auparavant été effacés, ne laissant couvertes en jaune que les lignes existantes.
A l'évidence, cette réunion qui transpirait sa grosse part d'improvisation ne semble pas avoir fait l'objet d'une publicité suffisante. En tout cas, peu de riverains ont été officiellement conviés, certains ne l'ayant appris que par hasard. Et comment comprendre l'absence du CIQ de Pont de l'Arc et des nombreux CIQ de Luynes concernés par l'aménagement de la route.
André Guinde, conseiller général, avait été alerté et était présent à la réunion. "Qui a commandé les travaux ?" a-t-il demandé. Et là, pas réponse à sa question simple. Embarras à la table des responsables. Le conseiller municipal a botté en touche et a tenté d'expliquer que cette réunion avait pour but de "trouver des solutions pour les riverains".
La présidente des Amis du Montaiguet et du Pont de l’Arc intervient, s'étonnant de la hâte qui a conduit à commencer à réaliser des travaux hors du cadre légal. Pour preuve, elle cite la convention de PUP (Projet Urbain Partenarial), contenue dans le permis modificatif n°1 de la clinique, et donne lecture de l'article 4 de cette convention, signée et votée par la Mairie, qui stipule : "La date prévisionnelle de démarrage des travaux relatifs aux équipements publics prévus à l'article 3, est la date à laquelle le permis modificatif de la polyclinique et de la maison médicale, visant la présente convention sera purgé de tout recours."
Or, des recours sont encore pendants devant le Conseil d'Etat. Par conséquent, et de fait, aucun des travaux effectués, effacés, ré-envisagés ce jour, n'est légalement possible. Voilà qui est clair. Mais le conseiller municipal dit ne pas connaître cette convention et qu'il vérifiera les dires de la présidente qui lui tend alors la copie écrite de l'article qu'elle vient de citer.
Les permis de construire de la polyclinique sur le site
Etape suivante : on déploie le plan des travaux prévus néanmoins sur la RD8n. Les riverains se massent autour du bureau. Le représentant de la SPLA explique que "l'accès à l'impasse des Rosiers et celui au 1209 avenue Fortuné-Ferrini seront possibles comme avant" grâce à une "voie de stockage centrale", tandis qu'il y aura "un double flux" sur la route.
Quelques riverains soulignent les problèmes de circulation qui sont loin d'être réglés déjà, à l'heure actuelle, à Pont de l'Arc. L'élu répète qu'il faut séparer la question de ces travaux sur la RD8n de celle des problèmes de circulation et annonce qu'il y aura "une autre réunion sur la circulation".
Et si la polyclinique ne sort pas de terre ? L'élu dit que, de toute façon, les travaux d'accès seront utiles à la crèche, sur le permis de laquelle ne pèse aucun recours. Or, cela est, pour le moins, inexact. Vérification faite, on lit que le permis de la crèche est, comme les autres, dépendant des permis modificatifs, et de la convention déjà citée. Donc, même s’il ne s’agissait que d'aménager un accès à la seule crèche, on ne peut commencer ces travaux que lorsque tous les recours seront purgés !
La présidente rappelle donc fort à propos qu'il s'agit d'une "crèche d'établissement" ou "crèche d'entreprise" et que, bien évidemment, elle ne verra pas le jour si la clinique ne se fait pas. L'élu lui répond : "C'est vous qui le dites". Réponse immédiate de la présidente : "Je ne crois pas aux contes de fée. Si ce n'est pas une crèche d'entreprise, il faudra alors tout changer pour que cela devienne une crèche aux frais de la municipalité..."
Plusieurs personnes demandent à l'élu de situer la crèche sur le plan. On ne la voit pas sur le plan. Il ne peut le faire, avouant ne pas savoir exactement où elle se trouverait. Il la situe, avec le doigt, vaguement à droite de l'accès prévu à la clinique, sans aucune autre précision.
Un riverain fait remarquer que, sur le plan, s'il s'agit simplement de garantir l'accès à la crèche, on ne comprend pas le tracé des travaux. Ce tracé pénètre très largement dans la zone du chantier de la clinique et y dessine une place rectangulaire, éloignée du lieu approximatif de ladite crèche, sans qu'on voit le moindre accès à la crèche.
Au final, voilà une réunion qui aura fait fausse route, si l'on peut dire.