L'ânerisier et le perlisier du remaniement
Et si on faisait une petite sélection de tout ce qu'on a entendu depuis dimanche ? Si vous en avez d'autres… Au passage, on notera une étrangeté : les virés tapent sur Fillon et pas sur Sarkozy.
Ÿ Alain Juppé : "Je n'ai pas du tout envie de voir la gauche arriver au pouvoir en 2012. Il est absolument impératif que nous nous mobilisions pour éviter cette expérience à la France." Si c'est le spécialiste de la dissolution de 1995 qui a fait gagner Lionel Jospin qui le dit, alors…
Ÿ Christine Lagarde : "Le nouveau gouvernement est totalement révolutionnaire. Le principe de la révolution, (...) c'est que vous faites un tour complet à 360 degrés." Euh, en principe, un tour complet à 360 degrés, ça ne fait pas revenir au point de départ ?
Ÿ Jean-Louis Borloo : "Je préfère retrouver ma liberté de proposition et de parole…" Ils disent souvent ça, surtout quand on s'est fait lourder. Et en réponse à François Fillon qui avait lancé "Borloo est un zozo. Il m'a fait passer pour un con !" Borloo a déclaré, malgré "les boules puantes" (sic) lâchées par le même, "Oui, je suis un drôle de zozo, je ne ferai rien pour t'emmerder." Ah bon ? Et la réunion de guerre avec ses proches d'hier soir ? Tout en élégance, ces deux là.
Ÿ Rama Yade : "Je ne retrouve pas ma liberté de parole, je ne l'avais pas perdue. En aucun cas, mon départ n'est une sanction." Mais alors, la sanction, c'est quoi ? Rester au gouvernement ?
Ÿ Fadela Amara : "Non, je ne suis pas déçue, je n'ai pas d'amertume. J'ai appris que je ne faisais pas partie du gouvernement à 20h à la télévision. Mais je dis quand même merci à Nicolas Sarkozy." C'est nouveau, ça vient de sortir. Désormais, se faire humilier mérite reconnaissance.
Ÿ Eric Woerth : "J'ai pris beaucoup de plaisir à travailler dans ce ministère. (…) J'ai payé le prix de la réforme des retraites." Ouais, peut-être. On le plaint mais ça ne dure que le temps de décamper. Alors que, pour les Français, c'est toute la vie.
Ÿ Roselyne Bachelot : "Alexandre Popov (nageur champion olympique) m'a même amenée dans les vestiaires des hommes, c'est devenu ma grande spécialité." Souvenir d'un émoustillement sportif pour faire oublier sa gestion désastreuse des vaccins ? Et aussi un admiratif "Chapeau Eric Woerth !" pour conseiller à son ex-collègue de le manger en entier ?
Ÿ Hervé Morin : "Je pensais qu'il fallait un gouvernement de rassemblement. On a un gouvernement - et je le regrette - de contraction, autour d'une base UMP et j'allais dire RPR." Quand on reste couché pendant trois ans, la première fois qu'on se lève, ça provoque forcément des courbatures.
Ÿ Nadine Morano : "L'emploi est sans doute le défi majeur que nous aurons à relever d'ici la fin du quinquennat." Une phrase à relire. Faut-il attendre la fin du quinquennat pour relever le défi ? Ou, le défi aura-t-il été relevé en dix-huit mois ? Elle ne se foutrait pas un peu de la gueule des chômeurs là ?
Ÿ Jean-Marie Bockel : "Vous dire que je ne suis pas tombé de l'armoire serait mentir. J'ai fini par avoir Fillon à 19h30. Ça a duré une minute. Je ne suis ni dans l'amertume ni dans l'aigreur. (…) Mais je ne suis pas la victime d'une éviction personnelle." C'est quoi alors ? Une chute accidentelle et une éviction sans nom, peut-être ? Quoi qu'il en soit, pour sûr, ses œuvres ne risquent pas d'occuper une bonne centaine de volumes d'histoire.
Ÿ Frédéric Lefebvre : L'exquis promu qui fait habituellement tant de zèle pour aboyer n'est encore allé devant aucun micro. Mais j'ai entendu quelqu'un dire ceci : "Le tourisme, c'est la seule chose qui marche encore en France. Avec Lefebvre au tourisme, on est foutus."
Ÿ Chantal Jouanno : Passée de l'écologie au sport, ses deux passions : "Je vais pouvoir aller m'entraîner en ayant l'impression de travailler." Et c'est payé combien un boulot comme ça ?
Ÿ David Douillet : Plaqué sur le tatami par Chantal Jouanno, on attend encore ses sincères félicitations…
Ÿ Nicolas Dupont-Aignan : Il était lundi l'invité des Grandes Gueules sur RMC où il a violemment critiqué l'attitude de la promue Marie-Anne Montchamp, porte-parole de Dominique de Villepin, la qualifiant de "pathétique" : "On ne peut pas se comporter comme ça ! C'est de l'achat ! C'est de la prostitution politique !" Que d'amabilités !
Finissons avec David Pujadas, l'homme aux raccourcis qui en disent long : "L'ouverture à gauche, c'est terminé." Eh, M'sieur Pujadas, ça vous écorcherait le prompteur de préciser qu'il n'y a jamais eu d'ouverture à gauche mais débauchage de quelques traîtres en quête d'aventure personnelle ?
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, en attendant les clapotis de ce soir… Conseil : se munir de mouchoirs, toujours utiles pour rire ou pleurer.