Le miel et le fiel
Aix, place de la Rotonde. Paris, canal Saint-Martin. Lieux emblématiques, lieux dramatiques. Les SDF ne sont pas à la fête. Tentes et cartons prennent des couleurs, sans-abri et miséreux prennent des coups. Pour eux l'indignité, pour nous la honte. L'Etat se débine, les associations réagissent. On estime à 1 million les personnes sans logement et à 100 000 celles qui sont à la rue, sans compter tous les mal-logés. La cause n'est pas météorologique, elle est sociale.
Pourtant, le message proclamé tous les 17 octobre depuis 1987 est le suivant : "Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les Droits de l’Homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré." Belles paroles. Dans ce domaine, la solidarité des autorités est largement moins manifeste que celle des bénévoles.
Les dernières impostures en date nous viennent de l'agitation électorale qui voit les promesses mielleuses se multiplier. Le champion est Sarkozy. Peut-on, par exemple, le croire quand il annonce "zéro SDF en 2008" ? Ne s'adresse-t-il pas plutôt à des électeurs qu'il faut convaincre qu'à ces gens plongés dans la survie. La potion magique ressemble plus à de la soupe coagulée.
Les cas parisien et aixois ne sont-ils pas suffisants pour comprendre que l'on se fout de notre gueule et surtout que l'on méprise ceux qui n'ont rien. A Aix même, les SDF ont été évacués. Le centre-ville est un trop beau décor pour que quelques manants puissent le gâcher.
A l'Arbois, une famille de Roms, dont la situation juridique est certes très complexe, n'a reçu aucun secours d'urgence pendant plusieurs jours. Seule la mobilisation associative a permis de mettre une caravane à sa disposition par le biais d'Emmaüs.
Interrogée sur ce sujet en conseil municipal, Mme Joissains, à l'unisson de son gouvernement UMP, s'est réfugiée dans une inertie scandaleuse en repoussant toute solution, y compris provisoire. Ce rejet de toute considération humaine déshonore Aix où de nombreuses associations œuvrent sans relâche pour apporter un peu de douceur aux déshérités. Tous aux abris !