Berlusconi hué et sifflé... à Aix aussi
Place de l'Hôtel de Ville, le 16 décembre 1994. Ce jour-là, se tenait à Aix le 15ème sommet franco-italien. François Mitterrand et Silvio Berlusconi débarquèrent l'un après l'autre sur la place très sécurisée, accueillis officiellement par le maire Jean-François Picheral. Etaient également présents Edouard Balladur, premier ministre, et Alain Juppé, ministre des affaires étrangères.
Un nombreux public, dont j'étais, avait bravé le froid pour assister à cet événement inédit. Mitterrand était à six mois de la fin de son mandat et ses traits confirmaient sa santé chancelante. Emmitouflé jusqu'au cou, il ne laissait entrevoir qu'un visage émacié et "gris". Et même si son pas était très lent, beaucoup l'ont remarqué, le personnage n'en restait pas moins impressionnant.
A l'arrivée très martiale de Berlusconi, élu président du conseil au mois de mars de la même année, mais il devait démissionner quelques mois plus tard, et président du club milanais de football, des cris de contestation ont fusé de la part de certains spectateurs. Déjà à l'époque, ses prises de positions politiques étaient critiquées et ses déplacements n'étaient pas sereins. Il était souvent sifflé et hué. Ce fut aussi le cas, copieusement, à Aix.
Chaque fois qu'il est revenu au pouvoir, par deux fois, Berlusconi n'a jamais cessé d'être conspué. Au fil du temps, sa mainmise sur les médias, ses passages devant les tribunaux, les lois votées pour se protéger de la justice, ses fanfaronnades à répétition et ses frasques privées plus récemment étalées sur la place publique ont amplifié les sujets d'une fronde de plus en plus virulente à son égard. Ce qui s'est passé hier à Milan, sa ville natale, où il a été atteint physiquement, en est la forme la plus aiguë et la plus dramatique.