Office HLM d'Aix : Des sanctions… et des mystères
Certains jours, je me gratte la tête, que j'ai dure mais encore assez alerte pour ne pas faire de fixette. Et je me demande si je ne ferais pas mieux de convertir mon blog chéri en simple chronique judiciaire. Je ne sais si cela plairait mais je dois bien avouer que l'accumulation de tant de turpitudes aixoises m'encouragerait parfois à virer de cap.
Tenez, hier même, on apprenait donc la dernière. Jusqu'à la prochaine, s'entend.
Il a fallu exactement quatre ans pour qu'une procédure initiée par François-Xavier De Peretti auprès du procureur de la République soit enfin jugée devant le tribunal correctionnel. L'élu avait déposé plainte au sujet d'un marché public de l'Office HLM Pays d'Aix Habitat présidé par Maryse Joissains.
Pour dire l'essentiel, il était question d'un appel d'offres portant sur la désignation d'un architecte-conseil auprès de l'office, attribué à un candidat plutôt mal placé en termes de prix. Et c'est là que les choses prennent un mauvais tour.
Le directeur de l'OPAC, Dominique Bindler, déjà le cinquième nommé au cours des quatre premières années du mandat municipal, recasé laborieusement il y a peu au poste de directeur du Centre de formation des apprentis, était soupçonné d'avoir aidé au choix de l'architecte gagnant.
Des personnels haut placés de l'office public avaient pourtant tenté de s'opposer à cette manière de faire. En vain. Maryse Joissains est mise au courant. Un employé revendique l'avoir informée mais Dominique Bindler assure que c'est lui-même qui a vu le maire. Peu importe.
Une décision est prise : un avocat spécialiste des marchés publics est sollicité pour trouver une porte de sortie présentable, autrement dit, rendre plus conforme ladite candidature. Malchance, dans son rapport, le spécialiste ne peut éviter d'évoquer des irrégularités dans la passation du marché. Résultat : ledit marché est annulé juste avant le dépôt de plainte. Il reste cependant des documents écrits. Et l'affaire prend la route de la justice.
Avant-hier donc, Dominique Bindler, passant en première instance pour entendre le jugement, a été condamné à six mois de prison avec sursis et à 10.000 euros d'amende pour délit de favoritisme, les principes d'égalité des candidats et de transparence n'ayant pas été respectés. Le candidat a, quant à lui, écopé de 5.000 euros d'amende.
Cela faisant, le tribunal a eu la main plus lourde que celle de la présidente qui avait réclamé une amende mais pas la prison avec sursis pour le premier et seulement une interdiction d'exercer une profession dans le cadre de l'infraction commise pour le second. Les deux condamnés ont immédiatement fait savoir qu'ils allaient faire appel de la décision.
Lors de l'audience d'octobre, la présidente du tribunal avait laché : "Quel dommage qu'elle (Maryse Joissains) n'ait jamais été entendue". Mais que voulait-elle donc dire ? Il faudra attendre la prochaine séance pour un jugement définitif.
Ce qui vient de se passer est finalement une bonne illustration dans le feuilleton qui touche l'office depuis huit ans.
D'autres énigmes à résoudre…
Sans revenir ici sur l'absence criante de politique de construction de logements sociaux par l'office public HLM, dont c'est pourtant la mission première, ni sur la gestion faillitaire et l'état catastrophique de l'établissement présidé par Maryse Joissains jusqu'à ces derniers mois, d'autres mystères demeurent.
Contentons-nous de n'en citer que trois.
D'abord, rappelons ces deux cambriolages similaires et non moins rocambolesques dans les bureaux du nouveau et coûteux siège du Jas de Bouffan qui avaient vu s'envoler quelques ordinateurs. Pas n'importe lesquels. Ceux qui contenaient les listings des attributions de logements. Pas de nouvelles depuis. Bizarre, bizarre.
Puis, revenons sur l'affaire de l'énigmatique enveloppe contenant des informations confidentielles frauduleusement extraites du fichier STIC concernant Dominique Bindler, déposée dans la boîte aux lettres du domicile de Maryse Joissains. Qui a eu cette idée saugrenue ? Pourquoi ce parcours loufoque ? Et quel en était le véritable objectif ? Extravagant, hein ?
Enfin, au mois de mai dernier, alors que commençait à pointer à l'horizon politique l'éventuel risque d'une campagne électorale estivale, Maryse Joissains déclarait qu'elle allait saisir le procureur pour la découverte de fausses factures au sein de l'office. Après tout, surprise pour surprise, on n'en est plus vraiment à un éclat près. Mais on aimerait bien savoir où en est l'enquête, si elle a eu lieu. Troublant, non ?
Pourtant, il faudra bien qu'un jour le silence soit brisé.