Footage de gueule et flouzeball à pleine main
Qu'on aime ou pas le football, impossible de réchapper au matraquage médiatique qui, au moindre match, nous met la tête comme un ballon. La méthode est simple, bien rodée aussi. Il suffit en fait d'en faire de grosses unes, comme s'il n'y avait plus d'affamés, de chômeurs, de guerres dans le monde et on en passe.
C'est alors que l'on déclanche, lentement mais sûrement, la montée en puissance du prétendu événement et la fanatisation des foules qui va avec. Car, qu'on se le dise bien une fois pour toutes, les compétitions sportives ont définitivement acquis le statut de grands rassemblements. Bon d'accord, cornaqués à l'extrême et fliqués à mort, mais que ne ferait-on pas pour notre bonheur, hein ?
Il n'y a plus qu'à nous assigner d'idolâtrer aveuglément, sur parole, des joueurs qui se gavent de l'argent siphonné aux supporters. Des supporters qu'on hystérise à leur en faire perdre tout sens critique, car envieux d'imiter leurs totems, jusqu'au déguisement, mais payés en retour d'illusions et de frissons par procuration.
On nous bassine le cortex avec les platitudes affligeantes d'entraîneurs, proférées sur le même ton monocorde devant des forêts de micros et de caméras, pendant que, dans les coulisses, les margoulins mettent en scène le spectacle, exploitent le système et en profitent à fond.
Reste alors à agiter la gigantesque tambouille coagulée et à nous la faire ingurgiter jusqu'à l'indigestion comme un, ou plutôt le modèle de ferveurs sportives censées former l'expression de liesses populaires, quand les gourous ne vont pas jusqu'à prétendre que nous partageons ainsi une fierté nationale. Et au diable si ce ne sont que des ersatz d'émotions collectives fabriquées à coups abusifs de Marseillaise.
Escamotés, amnistiés, le déferlement publicitaire, le chauvinisme, le fric, le dopage et la triche. Oui, à la bourse abrutissante des valeurs artificielles et busardes, on se contrefout du respect, de l'honnêteté et du fair-play. Et à l'aune de ces arnaques, il faut s'y faire, les lumineux héros du quotidien risquent de moins en moins d'être ceux qui se dévouent, protègent, secourent, soignent, éduquent, sans fanfaronner, eux, pauvres sans gloire.
Mercredi soir, un arbitre a raté son coup. Il n'a pas vu ou pas compris qu'un jeu de main et de vilain a tout faussé. Et là, on a eu droit à tout le pathétique toutim : les commentaires sincèrement désolés de quelques honnêtes personnes, les propos carrément minables de vrais crétins répétant que, de toute façon, ce qui compte, c'est que la France a gagné et peu importe la manière, les silences cyniquement calculés d'une bande de fautifs craignant une invalidation du match.
Quelle triste et méprisable mentalité que celle qui accepte la tricherie inavouée, le résultat frauduleux ou la victoire frelatée, ou qui s'en accommode sans honte.
Tiens, du coup, cela me fait penser à certains politiques. Vite, un vaccin !
Dessin de Perth dans Siné Hebdo
Pour rester sur le même terrain, voici un article réjouissant publié le 13 mai 2009 dans Siné Hebdo, gardé sous la main pour vous en faire profiter le moment venu, qui tombe donc aujourd'hui.
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