Gros surcoût pour Aix en bus et nouveau boulet pour Joissains
Non seulement le réseau d'Aix en bus fonctionne très mal, mais l'incurie de Maryse Joissains va aussi entraîner un gros surcoût de 28 M€. A vos poches, braves gens !
Celle-là, je l'attendais aussi. Car j'en ai parlé sur mon blog bien avant tout le monde, en octobre 2012 et pas plus tard qu'en mai dernier.
Dans sa parution d'aujourd'hui, le journal La Provence confirme la catastrophe financière du contrat passé entre la Communauté du Pays d'Aix et la société Keolis, délégataire du réseau Aix en bus. A quoi s'ajoute la grande pagaille des lignes, des fréquences et des horaires qui n'a jamais cessé et dans laquelle tous les usagers se trouvent embarqués et baladés malgré eux.
Qu'apprend ce matin le grand public ? Que toutes les modifications qu'il a fallu opérer suite au fiasco immédiat de la refonte du réseau ont évidemment un coût et même un lourd surcoût. Qui devra être supporté par la CPA.
Or, lors de la réorganisation (ou plutôt, de la désorganisation) du réseau qui, rappelons-le, avait été menée sans concertation en amont, Maryse Joissains avait affirmé que les frais occasionnés par les dysfonctionnements et par les ajustements réclamés par la population, notamment au cours de cinq réunions publiques houleuses tenues après-coup, seraient pris en charge par le délégataire et ne coûteraient pas un centime à la collectivité.
Belle incompétence, mais aussi beau mensonge de Maryse Joissains car Keolis avait strictement appliqué les dispositions du contrat. Autrement dit, la seule faute est imputable à la commande publique effectuée sous la responsabilité juridique de la présidence de Maryse Joissains. Or, on sait désormais que contrairement à ce qu'elle prétendait, elle va devoir débourser une somme considérable pour tous les ratés. Les chiffres qui circulent (mieux que les transports !) font état d'une facture de 28 millions d'euros de plus sur 8 ans, s'ajoutant aux 242 millions du contrat initial !
Maryse Joissains accuse Jean Chorro, qui a rejoint une liste concurrente...
"Mais moi je ne suis pas une spécialiste des transports. S'ils sont mauvais ces pseudo experts, j'y suis pour rien." Certes, certes, Maryse Joissains n'est pas une spécialiste des transports, mais, franchement, de quoi est-elle spécialiste ?
En revanche, oser chercher à se dédouaner sur le compte des fonctionnaires et des techniciens, voire sur celui de la direction de Keolis, pour une décision qui a été validée par elle, c'est juste un peu couard, surtout qu'elle s'était vantée, quelques mois avant, d'avoir conclu un bon contrat de délégation de service public, moins onéreux avec un gain annuel d'un million d'euros, plus performant avec plus de services et même plus écologique.
On connaît bien sa méthode : le succès, c'est moi, l'échec, c'est les autres.
Et à qui veut-elle faire le chapeau maintenant ? A Jean Chorro, chargé des transports, accusé de s'être laissé berner. "Je ne le vise pas directement car il faut de la solidarité dans une majorité, mais bon il se trouve que c’est lui l’adjoint en charge de tout cela...", balance Maryse Joissains. Vraiment trop beau le sketch ! Car ce n'est pas par hasard si la charge est portée contre lui, lui qui, après douze années de cogestion complice, vient de la lâcher à quelques mois de l'élection municipale pour rejoindre une liste concurrente, de droite aussi, dirigée par Bruno Genzana.
Or, c'est Maryse Joissains elle-même, et personne d'autre, qui a demandé de chambouler le contrat convenu initialement. Mais que la responsabilité incombe à l'une ou à l'autre, de fait et normalement, le délégataire avait tout lieu de contester qu'on lui fasse supporter toute dépense ne correspondant pas aux clauses prévues et signées.
Un avenant… peu avenant
Le code général des marchés publics prévoit divers cas de figures en cas de modification d'un contrat initial par la voie d'avenants. Dans la situation qui nous intéresse ici, l'avenant qui doit prendre en compte le surcoût tourne autour de 11,50% de majoration du coût initial.
Des jurisprudences constantes ont montré que le juge administratif estime qu'une augmentation de 15 à 20% ou plus doit être regardée comme un bouleversement de l'économie du marché.
Reste que le surcoût à payer bouleverse cette économie d'une autre façon. Il n'est pas inutile de préciser en effet que l'avenant doit être notifié avant l'exécution des prestations supplémentaires, ce qui n'est pas le cas ici puisque ces prestations ont déjà été appliquées bien avant l'annonce de l'avenant.
Enfin, on peut légitimement s'interroger sur le résultat de cette aventure aussi rocambolesque que l'homérique fiasco des vélos. Le coût total désormais revu est largement supérieur à celui proposé par le précédent prestataire qui était tous comptes faits moi-disant. Ce qui revient à dire que la concurrence a été faussée.
Et ça, c'est attaquable devant les juridictions ! Qui est volontaire pour y aller ?