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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
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15 juillet 2008

Betancourt : Ça tourne à la Farc…

Avertissement

Au risque d'aller carrément à contre-courant, voire de choquer,  ce qui suit n'a rien à voir avec la soupe médiatique déversée depuis six ans et plus particulièrement depuis le 2 juillet.

Est-il encore possible de parler méchamment contre l’air unanimiste de l’époque ? Difficile, dans un temps où l’on s’est persuadé que l’Histoire devait être morale et même gentille.

C’est cependant le défi que relève un journaliste de Montréal, sympathisant du Parti Québécois Radical (le PQR), obligé par les rigueurs de la censure canadienne d'écrire sous le pseudonyme de Laurent Jacques (comme celui de l'auteur "Caroline chérie"). Et puis, Claude-Marie Vadrot qui met au clair la scénarisation de la libération d'Ingrid Betancourt. Deux articles à lire assis, de préférence.

Lecteur

L'article de Laurent Jacques

Un journaliste qui aurait eu de l’humour, il en existe, aurait pu titrer, le 3 juillet au matin, "1211ème jour de liberté pour Florence Aubenas". Sans oublier, bien sûr, le nom de son chauffeur (quelque chose comme Saddam Hussein, mais ce n’était pas exactement cela), un nom que les journaux bien-pensants l’ayant publié mille fois ne se rappellent absolument plus.

Que n’avons-nous pas vu et entendu sur la libération d’Ingrid Betancourt, entre le 2 juillet vers 23h et le 5 juillet, date de l’interruption provisoire du tsunami compassionnel avant une très probable et très imminente résurgence ?

D’abord sur la nationalité de l’intéressée. Elle est à la fois colombienne et française, ce qui serait une assez plate réalité juridique, puisque les groupies de la belle otage ressuscitée ne semblent pas se demander comment de grands bourgeois peuvent vivre à la fois à Bogotá et à Paris avec, pour le faire, des moyens que leurs admirateurs ne soupçonnent même pas, assez plate double nationalité donc si ne se posait le problème du dosage.

Française ou colombienne ?

Plus ou moins française ? Plus ou moins colombienne ? A l’image de Mary Pierce, qui arbore une superbe natte elle aussi et qui se trouve être plutôt française lorsqu’elle gagne des tournois mais que le commentaire juge plutôt américaine si elle vient à perdre (le coup droit est français assurément, et le revers américain…), Ingrid Betancourt est d’autant plus française que son soleil monte vers le zénith. Sur ce sujet, elle a, au demeurant, le sens de l’opportunité. A sa sortie très spectaculaire de l’avion militaire qui la ramène de la jungle épouvantable, elle doit TOUT aux forces armées colombiennes ("une opération parfaite"), au pésident colombien (son pire ennemi politique) et à la Colombie ("mon pays").

A la sortie, moins spectaculaire mais convenablement médiatisée, de l’Airbus spécial qui la dépose à Villacoublay, elle doit TOUT à la France (qui a tout fait pour décourager l’opération militaire parfaite), aux Français ("vous êtes dans mon sang") et à Nicolas Sarkozy ("cet homme extraordinaire (que) je prends dans ma main", et qui ne fait rire personne…)

Que les présidents Uribe et Sarkozy restent cependant modestes. Aussi bien sur le tarmac de Catam que dans les innombrables entretiens qu’elle accorde à la presse (on commence à comprendre comment une personne capable de tenir tête pendant trois jours à une telle faune a pu résister dans la jungle pendant six ans), Ingrid la miraculée précise qu’elle doit TOUT à dieu. Même si le pésident français est disposé à croire qu’on parle encore de lui, il faut bien reconnaître que, sauf dans les micro-sectes, dieu n’a pas de nationalité.

Foin du chauvinisme, Madame Betancourt est citoyenne du monde et enfant de dieu ! Et nous avons pu voir, au nom de cet universalisme de pacotille, un ministre de gauche d’une république laïque, jouer des coudes pour figurer sur la photographie inoubliable d’un double hommage à dieu et à l’armée colombienne, laquelle avait déjà prêté à son otage un très seyant treillis kaki sobrement décoré d’un chapelet.

Elle embrasse tout le monde

En réalité, outre qu’elle nous invite à partager son sang, la christique Ingrid ne ménage pas son corps. Elle embrasse tout le monde, surtout sa maman, les généraux, sa maman, son mari du moment, et puis sa maman, les autres otages libérés, et encore sa maman. A la fin, se reconnaissant elle-même, elle embrasse le crucifix pendu à son chapelet.

Elle n’embrasse pas moins le lendemain. Ses enfants. Ah, les beaux enfants ! Elle s’y reconnaît à nouveau. Sa fille est magnifique évidemment. Et son garçon ! Splendide, malgré ses "chaussures un peu bizarres"… Et sa sœur. Et son mari d’avant. Et bien sûr, sa maman. Et Bernard Kouchner. Bref, elle embrasse la terre entière.

Notez qu’elle embrasse à répétition.  Car elle a déjà embrassé les mêmes à l’intérieur de l’avion sarkozien qui lui livrait sa famille parisienne. Et une journaliste de "France Info", pas excessivement gênée, de déplorer : "On nous a interdit d’entrer dans l’avion où Ingrid a rejoint ses enfants", tout en ajoutant aussitôt "il est bien naturel de respecter l’intimité d’une famille dans des circonstances aussi exceptionnelles". Intimité en mondovision du reste puisque toutes les caméras n’avaient pas été interdites d’accès à l’avion. Embrassades intimes pour journalistes privilégiés. Embrassades publiques l’instant d’après. Il doit bien exister quelque part un livre Guinness du record de baisers.

Une personne ordinaire serait lassée d’embrasser. Pas notre rescapée. A Villacoublay, elle embrasse encore de toutes ses forces N. Sarkozy qui avait pourtant avoué, dans un rare accès de modestie, ne pas la connaître du tout. Et elle embrasse Carla Bruni, mais qui ne rêve d’embrasser Carla Bruni ? Et à l’Hôtel de Ville de Paris, elle nous embrasse tous. Bertrand Delanoë se flatte discrètement : "Nous avons compris que sa liberté, c’était la nôtre". Il comprend tout, ce Bertrand. Toujours le mot ou le geste juste. Déjà lors du vrai tsunami, il avait fait apposer un petit crêpe noir sur les sapins de Noël enluminés aux Champs-Elysées. Quel tact ! Il a une spécialité : l’unanimisme. Et il avait bien compris que la sénatrice pariso-bogotienne était vouée à l’unanimité. Ou presque.

Ségolène fout tout en l'air

Il s’en est quand même trouvé une pour faire la fine bouche. Ségolène Royal, de passage à Montréal, ce qui ne manque pas de cohérence, a suggéré, sans toucher à l’icône Ingrid, à M. Sarkozy de ne pas trop faire le malin puisqu’il n’était absolument pour rien dans ce miracle militaro-divin. Au fond, chacun a bien vu que Ségolène était plutôt agacée par la star libérée. Normal, il n’y a pas de place pour deux Jeanne d’Arc dans un seul pays, surtout si la deuxième est une semi-immigrée. Soyons solidaires d’accord, mais sans excès.

Les réticences de Ségolène Royal étaient tellement choquantes qu’elle en a été rabrouée par Jack Lang qui trouvait là une occasion inespérée de se glisser dans la distribution de la super-production "Ingrid, les fauves et Dieu".

Bref, il est interdit de ne pas se prosterner devant la miraculée avant de la laisser nous relever pour nous embrasser tous. Nous tous et sa maman. Il reste à espérer que les exigences d’une vie familiale aussi télégénique permettent à Ingrid Betancourt de se reposer un peu. Pour notre repos, puisqu’elle nous aime. Quelle se repose, sinon c’est l’overdose.

Nous en étions là de notre réflexion et pensions en avoir, au moins provisoirement, terminé avec Sainte Ingrid puisque, après l’annonce de sa prochaine réception par le Pape en vue de sa très probable béatification, la madone franco-colombienne était admise à l’hôpital du Val-de-Grâce (cela ne s’invente pas, treillis et goupillon, une fois de plus) pour un bilan de santé à l’évidence très nécessaire.

Le samedi 5 juillet, la France entière et Nicolas Sarkozy, ce qui est tout un, étaient soulagés : les examens étaient parfaitement rassurants. Même si cette excellente nouvelle laisse à penser sur la férocité des geôliers FARC et des tarentules qui se rencontrent dans la jungle colombienne, tout le monde respirait : Ingrid allait enfin pouvoir se reposer. Au moins faire une pause.

Elle marche sur l'eau

Nous avions mal compris le sens du verbe re-poser. Il s’agissait de photographie.

Une ou deux petites conférences de presse et un plateau de télévision le samedi soir. Chacun croyait que la star avait fini de se mettre en scène et de jouer son rôle de miraculée. C’était mal la connaître. Nous avons eu en effet un dimanche d’enfer de la candidate au paradis. Elle s’est d’abord laissée filmer par une kyrielle de caméras pour un déjeuner "d’amitié et d’intimité" (d’intimité surtout) avec son ami Dominique de Villepin, avant d’aller, toujours en sa compagnie et toujours dans l’intimité télévisée, se recueillir de son meilleur profil à l’église Saint-Sulpice transformée en l’occurrence en annexe du Palais omnisports de Bercy. Villepin confiait d’ailleurs avec son sens de la formule : "Il n’y a pas de mots". De fait, les mots nous manquent.

Le dimanche, même Dieu s’était reposé. Pas Ingrid. Et les télévisions du soir nous ont appris qu’elle allait se rendre à Lourdes, qu'elle était simultanément pressentie par le président Sarkozy pour recevoir la Légion d’Honneur et co-présider le défilé du 14 juillet, par Michelle Bachelet du Chili pour devenir Prix Nobel de la paix, par le président Uribe pour un grand ministère cumulant les affaires étrangères et les questions humanitaires, et par les responsables de l’opposition colombienne pour prendre la tête d’un front anti-Uribe. Rien que ça.

Entre deux missions planétaires et trois séances de prières, Ingrid ne pourrait-elle pas nous élucider l’affaire du petit Grégory ? Soyons juste. Ce n’est pas Ingrid Betancourt mais Lewis Hamilton qui a gagné le Grand Prix de Silverstone. Soyons optimiste aussi. Nous avons évoqué et redouté le tsunami qui semble l’accompagner. Rien à craindre : aux dernières nouvelles, Ingrid Betancourt marche sur l’eau. (reçu par mail le 7 juillet 2008)

      

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L'article de Claude-Marie Vadrot

Hollywood aura du mal à scénariser la libération de Betancourt. Le gouvernement colombien, avec l'aimable participation des Etats-Unis et d'anciens des services secrets israéliens, s'est déjà chargé de nous offrir un véritable conte de fées, prenant parfois les allures d'une bluette de série B. Les médias prennent leurs lecteurs et leurs téléspectateurs pour des imbéciles en persistant à raconter sans le moindre recul, sauf celui de notre confrère Gilles Perez, et avec des trémolos dans la voix, le succès de "l'opération militaire" réussie par l'armée colombienne.

Ce n'est pas remettre en cause le courage d'Ingrid Betancourt, le plaisir d'apprendre enfin sa libération, ni son extraordinaire volonté de surmonter ses souffrances. Ce n'est pas minimiser le soulagement de ses familles. Mais le gouvernement colombien tente de vendre au monde entier comme un fait d'armes, ce qui n'est qu'une reddition d'un groupe des FARC.

Car ce groupe, il y a un peu plus de trois mois, avait fait savoir aux autorités colombiennes, qui s'en firent officiellement l'écho plus tard, qu'il était prêt à se rendre. Et qu'il était prêt à rendre les otages sous son contrôle, en échange d'une immunité et d'un départ en exil pour la France.

C'est vers la fin du mois de mars, comme le quotidien El Tiempo s'en fit l'écho avec l'interview d'un prêtre, que le groupe chargé de la garde d'Ingrid Betancourt et des trois "militaires américains" (nul ne les a vus d'ailleurs depuis leur libération) a officialisé ses contacts avec le gouvernement colombien. Le marché proposé par quelques chefs fatigués et désorientés était clair : la livraison de la quinzaine d'otages contre de l'argent et l'immunité.

Les différents recoupements effectués auprès de journalistes de Radio Caracol, la radio qui diffuse tous les jours des messages à l'intention des otages, de l'agence de presse Anncol (réputée proche des FARC) et de journalistes colombiens qui ne veulent pas s'attirer les foudres de la présidence de leur pays, permettent de reconstituer l'histoire d'une reddition transformée en opération militaire. Succès militaire qui permet opportunément de renforcer l'image de l'armée et d'un président par ailleurs occupé à faire modifier la constitution pour pouvoir se présenter une troisième fois à la prochaine élection présidentielle.

Dès le mois de mars, de premières indications sur l'opération engagée

Le 25 mai donc, le lendemain de l'annonce de la mort du vieux chef des FARC, Manuel Marulanda, le président Uribe, au cours d'une réunion informelle avec des citoyens, déclara officiellement que le groupe de guérilleros qui gardait Ingrid Betancourt et les trois Américains était prêt à les relâcher en échange de l'immunité et d'une récompense. Pour le président il s'agissait de prévenir les fuites dans la presse sur une opération de "retournement" déjà engagée depuis au moins deux mois.

C'est en effet le 27 mars, au lendemain de la mort du chef des FARC, que El Tiempo, journal proche du gouvernement, publie sa première allusion à cette manœuvre. Il s'agit alors de mettre à profit la lassitude de nombreux guérilleros désorientés par la mort de Raul Reyes. Le vieux chef a été liquidé le samedi 1er mars par un missile frappant son camp situé moins de deux kilomètres à l'intérieur du territoire de l'Equateur.

Dans l'un des trois ordinateurs de Raul Reyes, chargé habituellement de négocier avec divers intermédiaires, avec la Croix-Rouge, avec le président équatorien et Hugo Chavez, les services de renseignements de l'armée colombienne, aidés par leurs conseillers américains, ont rapidement découvert le moyen de contacter le groupe chargé d'Ingrid Betancourt et de localiser la zone où il se cachait. A ce moment, d'ailleurs, un premier mécanisme de libération de la Franco-Colombienne était en cours de réalisation. L'ambassadeur de France en Equateur l'a laissé entendre quelques jours après la mort de Raul Reyes. Paris savait alors que le négociateur des rebelles avait établi un camp provisoire en territoire équatorien. Il était en contact étroit avec la France et les gouvernements équatoriens et vénézuéliens. Le détachement présent sur le territoire équatorien, expressément autorisé par les émissaires du président Rafael Correa, avait pour mission d'organiser le transfert des otages, depuis cette zone frontière.

Surtout, Raul Reyes, responsable de la communication de la guérilla, souhaitait changer d'interlocuteur, les interventions bruyantes du Vénézuélien Hugo Chavez risquant de remettre en cause l'éventuelle libération des membres des FARC emprisonnés en Colombie. C'est en tous les cas ce qu'auraient rapporté aux services spéciaux équatoriens deux membres des FARC, rescapés de l'attaque du camp.

Ces deux membres ont confirmé que des éléments équatoriens armés avaient fourni une aide logistique permettant à la guérilla d'installer un poste de commandement et de communication provisoire. Ces deux rescapés ont depuis été mis en sûreté dans les environs de Quito, la capitale du pays.

La Colombie fait échouer un processus de libération via l'Equateur

Ces deux guérilleros ont décrit la précision de l'attaque qui a détruit ce camp, attaque à laquelle ils ont échappé parce qu'ils s'étaient éloignés de quelques centaines de mètres. Ils ont raconté que cinq bombes ont frappé simultanément la vingtaine d'hommes qui y vivaient depuis quelques jours. Selon plusieurs sources, ces bombes ou missiles n'ont pas été largués par des avions colombiens mais par des appareils américains volant à haute altitude. Ils ont été guidés par le faisceau d'ondes émis par l'un des téléphones satellites utilisés par Raul Reyes.

Ayant réussi à se procurer quelques jours auparavant le numéro de ce téléphone, et en accord avec le gouvernement colombien, les responsables américains ont estimé nécessaire de mettre un terme à la négociation qui était sur le point d'être finalisée. La libération d'Ingrid Betancourt était alors programmée pour le 8 mars, journée internationale de la femme.

L'objectif de cette attaque, toutes les informations et tous les indices l'indiquent, était de remettre en cause la libération d'une otage médiatique. Car, dans ces conditions, cette libération aurait redoré la réputation d'une guérilla en perte de vitesse; elle aurait été portée au crédit de l'Equateur, du Venezuela et de la France. La mort, dans des conditions mal éclaircies, le vendredi 7 mars, d'un autre dirigeant des FARC, Yvan Rios, ne pouvait qu'accentuer la tentation de rupture de tout processus de négociation.

Si ces deux opérations ont été concertées, il est évident qu'elles visaient à affaiblir la fraction des guérilleros désireuse de sortir de l'impasse et de négocier les libérations. Le président Correa de l'Equateur déclara alors publiquement : "Regardez la bassesse d'Alvaro Uribe, il savait qu'en mars douze otages allaient être libérés, parmi eux Ingrid Betancourt. Il le savait et il a utilisé ses contacts pour monter ce traquenard et faire croire au monde qu'il s'agissait de contacts politiques et pour lancer un écran de fumée sur son action injustifiable."

Une négociation directe avec le groupe détenant Ingrid Betancourt

Une autre partie de poker politique pouvait alors être engagée par les Colombiens. Elle consista à prendre contact directement avec le groupe identifié gardant Ingrid Betancourt, et à le convaincre que la reddition était la meilleure des solutions. L'armée se rapprocha d'eux; elle cessa de harceler ce groupe d'une centaine de personnes. Ce qui lui a permis de se procurer plus facilement des médicaments et des provisions, pour les guérilleros et pour les otages. D'où l'apparence de meilleure santé des otages libérés mercredi : ils ont eu le temps de reprendre des forces, même s'ils n'étaient évidemment pas conscients de ce qui se tramait.

Il n'y a eu, en dépit de la version officielle, aucune infiltration des services spéciaux militaires. Simplement, avec l'aide logistique (et notamment le support de drones) américaine, le groupe a été suivi jour après jour pendant que se préparait par radio, et par l'intermédiaire d'un émissaire, le scénario de reddition. Scénario reposant, comme l'a expliqué Ingrid Betancourt, sur une évacuation de sécurité par une ONG imaginaire. De quoi faire admettre, à ceux qui n'étaient pas dans le secret, l'arrivée de plusieurs hélicoptères, puisque les FARC ne disposent pas de ce type de moyens aériens.

Il a évidemment fallu plusieurs semaines pour qu'un maximum de chefs du groupe soient convaincus. La condition de ce groupe des FARC étant d'abord l'impunité promise et l'assurance qu'aucun coup de feu ne serait tiré. Le contrat a été respecté. Vers le 15 juin, le gouvernement colombien a fait demander à la France si l'offre d'accorder l'asile aux rebelles, offre faite tant par Nicolas Sarkozy que par François Fillon, tenait toujours. La réponse ayant été positive, la phase finale de l'opération a été mise en route sans que les rebelles aient à se déplacer, les otages étant à peu près désormais "présentables".

Il ne restait plus, au moment du dénouement, qu'à accréditer l'invraisemblable version d'une opération militaire surprise, résultat d'une opération d'infiltration. La réalité est moins glorieuse pour l'armée colombienne. Mais l'essentiel est la liberté d'Ingrid Betancourt et de ses quatorze compagnons de captivité. (4 juillet 2008)

L'article de Claude-Marie Vadrot (4 juillet 2008)

http://www.mediapart.fr/journal/france/040708/liberation-d-ingrid-betancourt-ce-que-ne-dit-pas-la-version-officielle 

Un autre article par Thomas Cantaloube (22 avril 2008)

http://www.mediapart.fr/journal/france/220408/affaire-betancourt-six-ans-de-non-dits-d-echecs-et-de-manipulations

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Commentaires
U
Voila un vrai sens critique, ce qu'on attend normalement de journalistes faisant correctement leur travail !<br /> Malheureusement, c'est sur internet qu'il faut venir pour avoir un peu d'éthique.<br /> Ingrid est libérée, c'est très bien. <br /> Pourquoi est elle allée dans cette galère, sans escorte, seule dans une région où la probabilité de se faire enlever était de 80/20...<br /> Nous sommes content qu'elle soit libérée, mais bon, le monde continue de tourner, tant bien que mal.
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