L'illettrisme, un fléau sournois
Le diagnostic en chiffres
Faire ses courses, prendre le métro ou le bus, lire le carnet de notes de son enfant. Pour plus de 3,1 millions de personnes vivant en France, soit 9% de la population adulte, ces gestes quotidiens relèvent de l'exploit et de la débrouille.
Simplement parce qu'elles ne savent ni lire, ni écrire, ni calculer.
C'est ce que révèle la première enquête (1) menée par l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (Anlci) et l'Insee, rendue publique le 21 juin 2007.
L'objectif de ce type d'étude est d'améliorer les actions menées pour éradiquer ce phénomène et de faire tomber les préjugés.
Parmi les personnes illettrées (2) – qui ont été scolarisées en France, contrairement aux analphabètes qui n'ont jamais été à l'école de leur vie – 59% sont des hommes, 53% ont plus de 45 ans, et 74% ne parlaient pourtant que français à la maison à l'âge de 5 ans.
Cela vient infirmer l'idée reçue liant abusivement illettrisme et immigration. La lutte contre l'illettrisme ne doit donc pas être confondue avec la politique linguistique en faveur des migrants.
Autre idée reçue, l'illettrisme ne concerne pas que les jeunes générations. Selon les chiffres recueillis à l'issue des journées d'appel de préparation à la défense, 4,8% des 17-19 ans sont en situation d'illettrisme, contre 9% pour la moyenne nationale.
Dans ce document intitulé "Illettrisme : les chiffres", présenté lors d'un forum à Lyon, l'Anlci a décodé de nombreuses données recueillies par l'Insee sur ce fléau invisible pour tenter de mieux le comprendre.
Si l'illettrisme frappe trois fois plus les titulaires du RMI, il est étonnant de voir que 57% des illettrés travaillent. Par ailleurs, contrairement à ce que l'on imagine habituellement, ils vivent plus souvent à la campagne (30%) que dans les zones urbaines sensibles (10%).
En revanche, toutes ces personnes ont en commun de vouloir cacher à leur entourage une situation très souvent synonyme d'échec personnel.
(1) "Enquête information vie quotidienne" menée entre 2002 et 2005 auprès de 10.000 personnes, âgées de 18 à 65 ans, vivant en France métropolitaine, hors détenus.
(2) On parle d'illettrisme quand il y a eu apprentissage de la lecture et de l'écriture mais que cet apprentissage n'a pas conduit à leur maîtrise ou que la maîtrise en a été perdue. Est qualifié "d'illettré" quelqu'un qui est incapable de lire un texte de 70 mots de base, texte qu'il serait parfaitement capable de comprendre s'il lui était lu par une tierce personne. L'illettrisme relève donc de l'inaccès au sens des écrits.
Pour consulter l'excellent document de l'Anlci :
L'illettrisme en région PACA, données et actions :