Plan de Campagne : L'esbroufe de Joissains
Que faut-il comprendre quand Maryse Joissains écrit à Jean-Claude Gaudin pour lui passer un savon, et faire de la mousse à bon compte, à propos du rôle de la Communauté d'agglomération du Pays d'Aix dans la rénovation de la zone de Plan de Campagne ?
D'abord, il faut relever qu'elle estime qu'"il s'agit de rattraper aujourd'hui un retard considérable dû à l'incurie dont la zone a été victime depuis 42 ans." Il ne s'agit pas d'un "retard" mais d'un scandaleux laisser-faire généralisé dont les victimes ont toujours été les salariés.
La question mérite cependant d'être posée et elle ne l'est que depuis que les lois confient aux intercommunalités le prélèvement de la miraculeuse taxe professionnelle. Revêtir l'habit de Zorro maintenant, c'est vouloir jouer les gros bras par intérêt.
Il est vrai que Gaudin se plaint quasiment à chaque séance de son conseil municipal de l'appartenance des Pennes Mirabeau et de Cabriès à la CPA et non à la Communauté urbaine de Marseille qui est... très endettée. Il trouve là un moyen politique de défense contre ceux qui lui reprochent sa gestion vacillante.
Son attitude est la même que celle de Joissains qui a aussi besoin d'argent car le budget de la CPA est de plus en plus problématique. Alors, Joissains "balance" des chiffres à la figure de Gaudin. En gros, la CPA a engagé un schéma d'aménagement et les emplois de la zone profitent aux Marseillais.
Elle n'insiste sur la taxe que pour dire qu'elle joue à perte en la réinvestissant. La vérité est différente. Chaque année, 2M€ sont consacrés aux travaux alors que la taxe rapporte 3,5M€. La requalification de la zone nécessiterait un effort bien plus grand vu le capharnaüm qui règne à Plan de Campagne.
La seconde idée à retenir est que, derrière cette bataille de gros sous, il y a la question de l'ouverture de la zone le dimanche. Gaudin (UMP) est contre parce qu'il dit soutenir les commerces marseillais, Joissains (UMP) est pour parce qu'elle prétend soutenir l'emploi (même si l'ouverture dominicale est illégale).
Si Plan de Campagne avait été dans le giron de Marseille, nul doute que les positions des deux maires auraient été inversées. On voit là le jeu hypocrite de l'un et de l'autre.
On peut enfin se demander pourquoi Joissains réagit si tardivement et, précisément, le lendemain même de la dernière décision de justice intimant la fermeture de quatre grandes enseignes et alors que la date butoir du 27 juillet scellera la fin du protocole d'ouverture de la zone le dimanche.
A l'approche des élections municipales, Joissains, lançant la balle dans le camp de Gaudin, n'essaie-t-elle pas de dire aux Aixois qu'elle n'y est vraiment pour rien ? J'incline à penser que oui, tout en m'étonnant qu'une députée – censée écrire la loi et la faire respecter – soutienne une ouverture contraire au droit du travail.
Manif ou manip ?
L'agitation gagne Plan de Campagne. Hier, une centaine de personnes, se déclarant pour l'ouverture le dimanche et même "contents de travailler le dimanche", ont manifesté à bord de véhicules sur l'autoroute. C'était suffisant pour ralentir la circulation pendant près de deux heures.
Mais le défilé était-il représentatif de l'ensemble des salariés de la zone ? On peut fortement en douter quand on sait que leur nombre tourne autour de 6.000.
Comportement masochiste ? Baroud d'honneur ? Chant du cygne ? Ou manipulation orchestrée par les directions d'enseignes ? Dans un tel contexte de gros profits, tout devient possible…