Les explications de Jean-Michel Baylet
Fabrice DROUELLE : Vous avez vu Nicolas Sarkozy mardi après-midi. Vous me le confirmez ?
Jean-Michel BAYLET : Bien sûr. Nicolas Sarkozy a fait savoir qu’après avoir consulté les partenaires sociaux, il souhaitait rencontrer les responsables de l’opposition. Il m’a invité naturellement dans la tradition républicaine et je m’y suis rendu.
FD : Et que vous êtes-vous dit ?
JMB : Il m’a surtout présenté sa manière de voir les rapports entre sa majorité et l’opposition et sa volonté d’augmenter les pouvoirs de l’opposition au Parlement, d’associer l’opposition aux nominations ; il m’a parlé de sa vision de l’Europe, d’un certain nombre de dossiers. Surtout, il m’a réaffirmé sa volonté d’entretenir un dialogue permanent avec l’opposition.
FD : Vous a-t-il proposé un ministère ?
JMB : Je crois que les ministères, d’après ce que j’ai pu entendre, il en est proposé plus qu’il n’y en a.
FD : Alors, il vous en a proposé un ?
JMB : Mais non.
FD : Et Christiane Taubira ?
JMB : Je n’ai pas discuté avec Christiane Taubira, mais je crois que non. Je pense qu’il ne faut pas jouer à ce petit jeu de "qui est débauché ici, qui est débauché là". J’entendais votre question à Jean-Marc Ayrault, qui n’a pas répondu ; mais, en ce qui nous concerne, clairement, le Parti radical de Gauche est un parti de Gauche, comme son nom l’indique, qui a des alliances électorales avec le Parti Socialiste et qui est un parti d’opposition. On ne peut pas mélanger les genres.
FD : Donc cela veut dire que vous ne seriez pas favorable, vous, à une participation d’un des vôtres à ce gouvernement ?
JMB : Je viens de vous répondre clairement.
FD : Vous préconisez un rapprochement des Radicaux de Gauche et des Radicaux de Droite. C’est applicable dès les législatives ?
JMB : Je préconise que le Centre, qui est désormais presque à 20 % ne soit pas abandonné à François Bayrou et que les Radicaux, dont c’est la vocation historique, occupent ce Centre au travers de la volonté de faire ce qu’a fait, autrefois, le Grand Parti Radical. Pour ce faire, j’ai précisé que nous étions la Droite de la Gauche et qu’ils étaient la Gauche de la Droite et que nous pouvions, sur un certain nombre de dossiers, nous rencontrer et avoir des discussions communes. Quoi de plus normal dans une démocratie civilisée que des conversations entre des partis qui se trouvent dans un camp et dans un autre.
FD : Est-ce que cet accord est applicable avant les législatives ?
JMB : Je ne parle pas d’accord, je parle de dialogue sur des dossiers précis. Je sais que mes propos ont été pas mal déformés, ce qui a entraîné un certain tumulte et je vous réponds là de la manière la plus claire. Aujourd’hui, nous sommes en campagne électorale, le temps n’est pas venu de discuter sur ce dossier.
FD : Vous voulez occuper le Centre ! Mais, il y a déjà beaucoup de monde et je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de place !
JMB : Oui mais, nous ne pouvons quand même pas laisser le Centre au seul François Bayrou qui est l’héritier de la Démocratie chrétienne ; et je disais ce matin à François Hollande que j’entendais bien que les Radicaux, qui sont un Parti de Centre Gauche, jouent tout leur rôle sur ce sujet et que le dialogue entre le PS et François Bayrou ne pouvait pas passer par-dessus les Radicaux de Gauche.
FD : Une réponse de Jean-Michel Baylet à Jean-Marc Ayrault quand il dit qu’il faut de la clarté et que les gens soient à la place où ils ont toujours été ?
JMB : Je suis parfaitement dans la clarté. Je suis dans un camp, la Gauche, le camp de l’opposition, avec une alliance privilégiée avec les Socialistes, mais je suis aussi, en tant que Président du Parti Radical de Gauche, chargé de diriger une formation indépendante et qui prend ses propres initiatives. Le PS en a pris récemment : proposer des ministres UDF, et le PRG n’a pas vitupéré car c’était opportun au moment où cela s’est fait. Mais, je crois qu’il est bien qu’après avoir réaffirmé ses convictions et clairement ses alliances on puisse dialoguer. La politique, ce n’est pas la guerre civile ! Il faut qu’on puisse dialoguer avec des gens qui sont différents ; d’autant que ces gens sont issus du même tronc commun que le nôtre.