Les bus de Joissains et... les obus des usagers
Vous la sentez venir la fin de règne ?
A-t-on jamais vu construire un rez-de-chaussée et empiler des étages sans avoir creusé les fondations ? C'est pourtant bien ce qui s'est passé avec la réorganisation ratée du réseau d'Aix en bus. Après une pagaille sans nom et la colère quasi générale des usagers, Maryse Joissains fait marche arrière toute.
L'arrivée du nouveau délégataire Kéolis en remplacement des Autobus aixois devait révolutionner les transports en commun en Pays d'Aix. Sur le papier, le dossier était assez séduisant : augmentation du kilométrage annuel, accroissement du nombre de lignes, adéquation et prolongements d'itinéraires et d'horaires, nouveaux véhicules moins polluants et adaptés aux personnes à mobilité réduite, tarifs inchangés, caméras à bord, embauche de conducteurs supplémentaires, économie sur le coût global du contrat, bref, des pépites à convaincre les plus irréductibles aux transports en commun.
Révolution il y a eu en effet. Mais pas celle qui était annoncée. Dès la mise en place du nouveau réseau en juillet, cela a commencé à tiquer malgré l'optimisme affiché à ce moment-là par Jean Chorro, "quelques dysfonctionnements semblent gommés", et l'affirmation du directeur de Kéolis qu'"une large concertation" avait été menée en amont, comme on le lit encore sur le site de la Communauté du Pays d'Aix.
Maryse Joissains pensait alors que quelques retouches suffiraient pour amortir le choc. Or, dans le magazine municipal Aix en dialogue de juillet-août, aucune information sur les changements n'a été donnée. Il faut remonter au numéro de janvier pour dénicher l'annonce succinte du changement de délégataire et quelques détails lapidaires sur les nouveautés et les modifications pratiques.
Curieusement, c'est après coup, début septembre, après les perturbations constatées par les usagers et des protestations par centaines, que cinq réunions publiques dites de "concertation" (tiens donc !) dans les quartiers ont été programmées du 12 septembre au 24 octobre.
Las, dès la première qui s'est tenue à l'Hôtel de Ville le 12, la colère s'est exprimée comme jamais face à Maryse Joissains, à Jean Chorro, au directeur de Kéolis et aux techniciens de la CPA. Alors, ni une ni deux, le maire annonce en préambule, et apparemment par surprise sinon par nouvelle improvisation, qu'elle annule tous les changements et qu'on revient au point de départ, c'est-à-dire à l'ancienne carte du réseau à partir du 20 octobre.
"C'est le b… dans la ville", "on a m…"
Dans une interview donnée à La Provence vendredi, Maryse Joissains parle, avec son sens inné de la formule poétique étrangère à l'Académie française, du "bordel dans la ville". En réunion, elle a même osé : "la connerie, ça a été de tout changer d'un coup", "on a merdé, on a merdé, je bats ma coulpe". Et fait porter le chapeau à son premier adjoint et au directeur général des transports de la CPA qui étaient en vacances en juillet. Belle défausse, en vérité. Elle aurait dû connaître elle-même un peu mieux le dossier en tant que maire et présidente.
Elle argue aussi de son souci de ne pas avoir cherché à communiquer en période électorale pour ne pas prêter le flanc à d'éventuels reproches de propagande à son profit.
Dans son éditorial du numéro de septembre de Aix en dialogue, paru avant l'annonce de l'abandon de la réorganisation, Maryse Joissains "évoque la grande colère des usagers" et indique qu'elle avait "exigé du gestionnaire privé que les suggestions des Aixois soient prises en compte". Puis, en page 6, il est fait état des perturbations relevées en juillet et des dates des rencontres publiques.
Mais là encore, sous une phrase d'apparence sybilline, le maire nous sert les mêmes excuses : "Devant ces désordres, Maryse Joissains, qui ne faisait pas partie de la commission qui a choisi le délégataire, a décidé de reprendre la main". Elle ne faisait pas partie de la commission mais c'est bien elle qui a fait voter la décision. Et avait cependant fait confiance à Jean Chorro, celui-là même qui avait si bien négocié le système V'Hello qu'il a fini en fiasco total.
Autrement dit, au rayon des affaires qui foirent, avec Maryse Joissains, c'est toujours la même limonade, comme on dit familièrement. Voilà ce que c'est que de vendre du vent en boîte alors que cette ville est toujours dépourvue de deux documents essentiels et vitaux : un Plan des déplacements urbains et un Plan local d'urbanisme.
Coup de gueule... et coups de main
Du 16 au 22 septembre, c'est la Semaine européenne de la mobilité tendant à encourager les usagers à "la mobilité douce".
A ma connaissance, contrairement à d'autres années, la Communauté du Pays d'Aix n'a pas prévu de manifestation officielle à cette occasion. Il est vrai que la coïncidence du bouleversement du réseau de bus ferait quand même un peu tache.
Seules des associations en faveur de modes alternatifs de déplacements lancent des initiatives à Aix et dans le Pays d'Aix. Et c'est bien volontiers que je relaie les actions de l'ADAVA-ADTC Pays d'Aix et de Vélorution.
Sites internet :
http://adava.adtc.aix.free.fr/
http://velorutionaix.wordpress.com/
Et une pétition :
http://www.petitionduweb.com/Petition_pour_une_prime_velo_en_aix_en_provence-21975.html