Election municipale : Quel casting ?
L'élection des 12 et 19 juillet va-t-elle ressembler à celle de mars 2008 ? A mes yeux, le contexte n'est plus tout à fait le même.
Maryse Joissains a été aux commandes de la Ville et de la CPA un an de plus sans que les projets destinés aux Aixois n'avancent d'un pouce.
Pas de Plan local d'urbanisme (PLU), pas de constructions de logements sociaux publics, projet de réhabilitation en panne à Beisson, pas de nouvelles du futur tribunal d'instance, projet très contesté de révision du POS au Montaiguet, pas d'écoute des habitants comme en témoignent de nombreux CIQ, mise en danger financier d'associations, décisions de justice sanctionnant les pratiques municipales, et on en passe.
Or, Maryse Joissains, absente de l'Assemblée nationale, sortie de l'Hôtel de ville par la loi avec effet officiel ce soir, entend reconduire la même liste à quelques retouches près. A vrai dire, elle n'a guère le choix, elle n'a aucune réserve en voix qui pourrait augmenter son score de l'an dernier. Sa situation est donc figée, je dirais même fossilisée. Et pourrait plutôt subir une érosion pour peu que les Aixois privilégient la réflexion au lieu du réflexe.
En face, les forces dispersées aux deux tours de mars 2008 sont les seules susceptibles de s'organiser autrement pour créer une dynamique d'entraînement. Déjà, François-Xavier de Peretti a été le premier à lancer à un appel au rassemblement sur un projet. Il a visiblement tiré la leçon des obstacles qui ont abouti à l'impossibilité de rapprochements de premier et de second tours. Il laisse clairement entendre que deux de ses anciens colistiers, Stéphane Salord et Bruno Genzana, qui avaient été considérés comme points d'achoppement à une fusion de listes, ne seront pas à ses côtés cette fois-ci.
Salord a d'ailleurs annnoncé hier une liste sans étiquette qui risque d'être aussi sans suffrages. Quant à Genzana, s'il a cherché à faire intervenir Hervé Morin auprès de Joissains, le ministre s'est vu opposer par l'ex-maire un affectueux "plutôt perdre sans lui que gagner avec lui" (véridique). Plus vache, on ne fait pas.
Michel Pezet a pris note du score de sa liste qui l'a amené à se retirer de la compétition et à appeler à voter à gauche au second tour. A ce jour, il n'a pas annoncé de candidature et est favorable à un mouvement unitaire le plus large possible.
Reste le cas de la liste qui avait été menée par Alexandre Medvedowsky. A l'intérieur de celle-ci, André Guinde a anticipé les choses en exprimant qu'il était candidat à la candidature chez les socialistes. Bien sûr, cela regarde au premier chef la vie interne du parti socialiste. On ne peut cependant pas s'en désintéresser car la donne n'est pas la même si c'est l'un ou l'autre qui est désigné.
Avec Medvedowsky, la logique affichée est de reconduire la stratégie, finalement perdante, de l'an dernier, refus d'une alliance avec Pezet et avec De Peretti. Si sa liste fait le choix d'une fusion vers le centre, cela poserait problème par la présence de l'extrême gauche sur la même liste. Jusqu'à présent, cette dernière refuse de dépasser les frontières politiques au-delà du parti socialiste et prendrait alors le large en constituant une liste séparée.
Avec Guinde, certains misent sur une souplesse qui favoriserait un accord vers une voie centrale susceptible d'élargir considérablement la base d'adhésion à sa candidature. C'est tout l'objet des discussions, vives, qui se déroulent à la fédération des Bouches-du-Rhône.
Jean-Noël Guerini n'a d'abord fait aucun commentaire à l'annonce de Guinde d'être candidat, une façon indirecte de dire que c'était sa préférence. Dans un deuxième temps, il déclare, avec une fermeté menaçante, qu'il veut rassembler les socialistes pour permettre l'émergence de l'unité la plus large possible pour reconquérir la ville. Sa volonté et sa décision vaudront investiture, qui restera à faire valider par pure formalité par le bureau national du PS. Il faut donc attendre ce soir pour savoir ce qui sera finalement arrêté.
Et les écologistes ? Leur erreur serait de croire que les scores européens, acquis avec une forte abstention et une portée éloignée des enjeux locaux, sont transposables au niveau d'une municipale. Le score des écologistes est surdimensionné par rapport à la réalité locale. A l'évidence, ils ont engrangé les voix de déçus socialistes et centristes qui, pour cette élection, retourneront à leurs appartenances respectives. Si les écologistes avaient la tentation de mener une aventure individuelle dans le but de se compter pour jouer les arbitres, ils devraient alors assumer une double responsabilité : la mise en péril d'une dynamique de rassemblement et une forte perte de leur propre audience pour ce qui serait interprété comme une source irresponsable de division.
A l'inverse, le pourcentage socialiste européen est, lui, sous-dimensionné par rapport aux résultats réguliers de la gauche à Aix. Le scrutin municipal, par définition lié à la proximité, n'a rien à voir avec le côté distant du vote européen. Les votes socialistes reviendront donc vers leur logique naturelle.
Beaucoup d'électeurs aixois déçus par l'épreuve de la défaite subie en mars 2008 souhaitent un rassemblement au-delà des étiquettes cloisonnées, seul moyen de présenter une véritable alternance à la municipalité sortie. Cela ne veut pas dire un rassemblement indistinct et sans saveur. Au contraire, il est la garantie de la prise en compte de la diversité des sensibilités enfin réunies dans un ensemble très représentatif pour mettre en œuvre un projet pour la ville et dont l'impact sera considérable pour répondre pragmatiquement aux attentes des Aixois.
Clins d'œil de campagne