Pour des caméras au conseil municipal d'Aix !
Curieux de savoir comment se passe un conseil municipal ailleurs, j'ai visité le site Internet de Marseille. On peut y voir l'enregistrement vidéo de la session du 11 décembre. La séance publique diffusée en direct a commencé à 8h25 et a duré 4h12mn42s.
En moyenne, il y a 6 séances par an. A Aix, il y en a 9. Chez nous, il y a 55 élus qui se réunissent dans la salle des Etats de Provence. A Marseille, il y en a 101, comme les Dalmatiens, et ils sont convoqués dans une sorte d'amphithéâtre situé en sous-sol.
Ce jour-là, l'ordre du jour comporte 155 rapports. A Aix, le nombre varie entre 60 et 80. En cours de séance, Jean-Claude Gaudin salue la présence de la Lord Maire de Glasgow venue à l'occasion d'un accord de partenariat. Chez nous, vu l'ambiance, il vaut mieux qu'on n'invite personne !
Tout au long des débats, les caméras se concentrent principalement sur l'orateur qui a obtenu la parole. Rares sont les vues générales de la salle. On peut cependant distinguer des sièges vides et savoir qui n'est pas là. Jean-Noël Guérini (PS), par exemple.
En revanche, je suis heureux de constater que mon ami Antoine Rouzaud (photo ci-dessus), également conseiller général et président du PRG des Bouches-du-Rhône, crève l'écran en faisant une intervention musclée comme je les aime.
De temps en temps, certains chahutent les orateurs ou s'exclament, d'autres bavardent. Aix n'a rien à envier là-dessus. Robert Bret (PCF) lit le journal, Bruno Gilles (UMP) arrive pour la dernière heure ! Gaudin parle de lui-même à la troisième personne. A un moment, il commet un lapsus et nomme Samia Ghali (PS), Mme "Gala". Il "s'escuse".
Quelques élus de la majorité peuvent quand même présenter leur sujet et ceux de l'opposition ne se privent pas de critiquer. Patrick Mennucci (PS) se met à faire son show. Son accent agit comme une doublure de celui de Gaudin.
Beaucoup de dossiers sont soumis au vote à main levée par leur numéro d'ordre sans que l'on sache de quoi il s'agit, sauf les élus qui en ont pris connaissance quelques jours auparavant.
De quoi a-t-on parlé ? La candidature de Marseille au titre de capitale européenne de la culture est copieusement commentée (sans que jamais ne soit évoquée la polémique avec Joissains qui ne compte que pour du beurre) à égalité par le maire et par l'opposition.
Puis, une longue discussion s'engage sur l'urbanisme et la création de ZAC. La gauche stigmatise les 4200 logements manquants et les 20 000 demandes en attente de logements sociaux.
Le maire met en avant une mesure qui serait une première en France, le "chèque premier logement", aussitôt dénoncé comme un coup fumeux par le camp d'en face. Au passage, on apprend que Marseille compte 70 000 HLM mais on ne dit pas s'ils sont municipaux, départements ou d'organismes privés.
Le projet de grande patinoire n'agrée pas l'opposition qui en profite pour casser des pains de glace sur le dos du maire.
Certains demandent une mise en régie de l'eau à l'échéance du contrat actuel. Car avec la délégation de service public actuelle à une société privée, l'eau coûte 27% plus cher aux Marseillais. Le maire et l'élu délégué campent sur leur position. Pour eux, c'est le bon robinet. Qu'en pensent les habitants ?
Quand il s'agit de cofinancements, Gaudin évoque souvent ses rapports avec le conseil général et le conseil régional, soit pour les vilipender, soit pour leur dire merci.
Il se met en colère quand il rappelle qu'il était contre l'entrée des Pennes-Mirabeau dans la communauté d'agglomération du Pays d'Aix. Il estime que la communauté urbaine de Marseille y a perdu de grosses taxes professionnelles au bénéfice d'Aix.
Une chose surprend : chaque réponse du maire ou d'un élu de la majorité est systématiquement alourdie par un bilan électoral de satisfaction. A l'évidence, consigne a été donnée pour qu'il en soit ainsi.
A 12mn de la fin de la séance, Renaud Muselier (UMP) porte un coup bas en faisant remarquer le départ de certains élus socialistes après l'épuisement de leur temps de parole. Trop drôle ! En quatre heures, lui-même n'a pris la parole que pour dire cette ânerie qui l'a épuisé.
Au bout du compte, la retransmission des séances publiques me semble une bonne chose. Les citoyens peuvent voir d'un peu plus près comment se prennent les décisions, quels sont les votes, voire vérifier l'assiduité de leurs élus. La démocratie y gagne.
Alors, si on faisait pareil à Aix ? Ce serait un bon moment de vérité !