Guérini crie haro sur la justice et sur Muselier
"Avec tout ce que vous m'avez mis sur la gueule ! Depuis deux ans et demi, j'en prends plein la gueule !" Ainsi Jean-Noël Guérini a-t-il répondu aux journalistes présents à la longue conférence de presse qu'il a tenue hier après-midi à Marseille, une sorte de séance d'explication qu'il avait lui-même annoncée vendredi dès la fin de son audition par le juge Charles Duchaine.
Dans un premier temps, Jean-Noël Guérini s'est appliqué à faire une lecture quasi scolaire de 14 feuillets par lesquels il s'est attaché à tout contester tout en rappelant qu'il n'a fait l'objet d'aucune accusation d'enrichissement personnel.
En gros, comme pour retourner maintenant la situation à son avantage, il demande des comptes à la justice qu'il estime atteinte de graves dysfonctionnements.
A cette occasion, il dit avoir réitéré sa requête de dépaysement de l’enquête. Pour compléter sa défense, son avocat, Dominique Mattéi, assis à côté de lui, a fourni des explications sur les aspects juridiques de la procédure en cours. Notamment à propos de la décharge du Mentaure, une affaire qui serait désormais sous le coup de la prescription. Belle bravade mais peut-être pas forcément concluante.
Sur la demande de levée de son immunité parlementaire, Guérini a déclaré qu'"elle n'a désormais plus de sens" et qu'elle est donc devenue sans objet et puisqu'il s'est finalement rendu à la convocation fixée par le juge. On verra le 15 mars s'il aura convaincu le bureau du Sénat.
Puis, Guérini s'en est pris avec insistance à ceux qui, selon lui, lui veulent du mal. "Je suis face à un complot politique. Je veux savoir qui est à la manœuvre." Tout le monde comprend, même s'il ne prononce pas son nom, qu'il soupçonne fortement Renaud Muselier d'avoir manigancé contre lui. Attendons la réaction de celui qu'il appelle "mon adversaire politique".
Dans un second temps, les médias locaux et nationaux présents ont pu poser des questions, Mattéi assurant les réponses juridiques sur la procédure en cours, Guérini apportant les réponses politiques.
Interrogé sur une éventuelle mise en minorité lors du vote du budget du conseil général le 23 mars, Guérini a assuré que sa "majorité est solide et il ne manquera pas une voix sur ce vote".
Enfin, à propos d'un sondage réalisé à la demande même du conseil général "en novembre en pleine crise" (Guérini dixit) mais dévoilé récemment, on a appris que, en un an, les "bonnes intentions" sur l'image de Guérini avaient chuté de 60 à 28% avec 61% de "mauvaises opinions". "Moi, je me félicite de ce sondage, je croyais que je devais avoir 2% ou 1% comme Villepin."
Selon La Provence, concernant la gestion de "l'argent confié au Département", le total des "bien géré" n'était plus que de 37% en novembre, deux fois moins qu'en 2008. Conséquence : pour la première fois depuis 1998, une majorité des sondés (55%) considère "qu'il faut, pour les prochaines années, changer en profondeur l'action du CG13".
Conclusion : hier, Jean-Noël Guérini a voulu passer à la contre-attaque médiatique en essayant de démonter les accusations qui lui ont valu une mise en examen, tout en cherchant à renverser la vapeur en évoquant une manipulation et un complot politiques ourdis contre lui et dont le seul but serait de le dégager.
C'était le millième épisode du feuilleton...
Lire l'excellent article de Pierre Boucaud (avec des vidéos) :
http://www.marsactu.fr/politique/guerini-sonne-la-contre-attaque-au-radisson-27362.html
Et aussi l'article du moins excellent Xavier Monnier :
http://www.bakchich.info/france/2012/03/02/guerini-finie-la-bouderie-61195
Le texte intégral de la déclaration de Jean-Noël Guérini :
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