Joissains veut virer Genzana et Salord de sa liste
La friction est devenue fission. Maryse Joissains tire ses premiers feux : elle ne veut plus entendre parler de Bruno Genzana et de Stéphane Salord, annonçant tout de go que l'éventualité est infime pour qu'elle garde le premier et assurant aussi sec qu'elle rejette carrément le second.
La raison mise en avant ? La fumeuse initiative de consultation lancée en 2006 par Genzana, avec affichage grand format dans les rues d'Aix, sans avoir consulté… Joissains elle-même. Le motif de colère lui semble suffisant pour, faisant d'une pierre deux coups, signer la disgrâce de Genzana et régler son sort à Salord, pour complicité.
Jean-Pierre Bouvet, qui s'était aussi associé à la manœuvre de Genzana, semble épargné. N'a-t-il pas - le petit malin - récemment quitté l'équipe des "trois rigolos" (dixit Joissains) et piteusement accepté de ne pas figurer sur la future liste municipale en contrepartie d'un soutien pour tenter de conserver quelques chances d'être réélu conseiller général.
Bien sûr, tout cela couvait mais, pour passer à l'offensive, Maryse Joissains a attendu d'être certaine d'avoir son investiture par l'UMP, ce qui lui a été confirmé lundi soir à Paris. Depuis plusieurs mois, on savait que Joissains ne voulait plus voir Genzana figurer à son côté, ni sur une estrade, ni sur les photos.
Dans les coulisses, des élus nous confiaient qu'ils feraient tout pour faire battre Genzana à la cantonale et qu'ils ne donnaient pas cher non plus de l'avenir de Salord, qui ne se cache plus pour lancer piques et piques contre le maire.
Il y a un mois, au colloque sur l'habitat et les transports, Genzana avait sussurré quelques critiques sur la politique menée par la municipalité à la Duranne. Il y a une semaine, il marquait une autre distance timide en s'abstenant sur le dossier de la gare routière soumis au vote de la CPA.
Enfin, lors du conseil de lundi, en l'absence du maire, il n'a pratiquement pas pris la parole, laissant entendre un moindre soutien à tel ou tel dossier présenté par ses collègues.
Ce même soir, Salord était méconnaissable, visage fermé et renfrogné.
Que peut-il bien se passer maintenant ?
Si Maryse Joissains devait revenir sur sa décision concernant Genzana, quel compromis au rabais ce dernier pourrait–il accepter ? Les deux bannis iront-ils jusqu'à constituer leur propre liste ? Essaieront-ils de sauver leur peau en offrant leurs services à d'autres têtes de liste ? Genzana va-t-il pouvoir conserver son siège de conseiller général UMP et avec quels soutiens ?
Evidemment, la suite n'est pas encore écrite. En tout cas, il sera intéressant de voir ce qui se passera au cours du conseil municipal du 17 décembre, sans doute le dernier du mandat, mais surtout celui où le maire présentera le budget. Les deux adjoints le voteront-ils ou mèneront-ils une fronde susceptible d'entraîner d'autres élus dans leur sillage ?
En 1989, à deux mois de la fin du mandat, Gérard Bramoullé, déjà adjoint aux finances, et Maryse Joissains, alors première adjointe, avaient réuni et convaincu 17 élus de la majorité pour défier le maire Jean-Pierre de Peretti della Rocca et le mettre en minorité sur le budget, par scrutin à bulletin secret (autorisé par le Code général des collectivités territoriales), et en ajoutant leurs voix aux 14 de l'opposition, dont je faisais partie.
Aïe, aïe, aïe, ça sent l'orage !