Election municipale : Sonder ou (se) tromper ?
Bien malin qui pourrait le dire ! Pour qui voteront vraiment les 9 et 16 mars les 91.000 électeurs inscrits à Aix ? Nul ne le sait. A moins de se fier aux certitudes dissonnantes assénées argent comptant par les horoscopes...
A quatre semaines du scrutin, La Provence annonce pourtant pour mardi la publication d'un sondage sur les intentions de vote pour l'élection municipale.
Bien avant la confirmation de cette nouvelle par le journal, des témoignages de personnes ayant été "sondées" se sont répandus dans la ville tout au long du weekend. Les commentaires n'ont pas traîné, dans la rue et sur les blogs. On a tout entendu et tout lu : surprises, incrédulités, questions biaisées, oublis de mention de listes pourtant déclarées, majoration et/ou minoration artificielle des scores, suspicions, degré de sincérité des répondants, manipulations, et on en passe.
Bien sûr, il faudra attendre de voir le sondage pour que chacun puisse se faire sa propre idée. Evidemment, tout sera épluché : représentativité de l'échantillon sondé, nature des intentions proposées, formulation des questions, objectivité, résultats, pondérations, totaux, interprétations pour le premier tour…
Le sondage aura-t-il fait mention des appartenances politiques des listes et de la composition de chacune d'entre elles ? Les alliances possibles ou improbables de second tour, les reports de voix auront-ils été présentés aux sondés ? Bien entendu, le sondage sera affiché comme indicatif et non comme un test grandeur nature préjugeant des votes réels au soir des 9 et 16 mars.
L'image étant figée aux jours de l'enquête, il serait surprenant qu'il puisse tenir compte des dynamiques ou des reculs qui s'opèrent habituellement tout au long d'une campagne. Sera-t-il capable de traduire expressément les mouvements souterrains inhérents à toute période électorale ? Pourra-t-il mesurer les changements d'avis au gré des événements ? Livrera-t-il le secret des corrections apportées par les nombreux indécis ? Quantifiera-t-il la part des abstentionnistes traditionnels ou spécifiques à cette élection atypique ?
Quoi qu'il en soit, le sondage ne vaudra que pour ce qu'il veut bien sonder au moment où il sonde. On peut aussi déjà imaginer la lecture subjective que des candidats et des électeurs en feront pour crier victoire ou voir leur moral baisser, quoi que…
J'ai encore en mémoire les intentions de vote de la municipale de 2001 qui mettaient notre liste largement en tête au premier tour et la donnaient gagnante au second comme une évidence. Démentant tous les sondages et tous les pronostics, c'est la coalition de trois listes à petits scores qui est entrée à la mairie. On pourra dire ou croire ce que l'on veut, seul compte le vote réellement exprimé !
En relisant une chronique sur la valeur et la portée des sondages, que j'avais produite il y a quelques mois avant les échéances nationales, je me dis que ce n'est pas demain qu'on en saura clairement plus.
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