Maryse Joissains n'échappera pas à sa fin de règne...
Un troisième mandat pour Maryse Joissains ? Face à l'opposition, elle devra aussi affronter une forte scission dans son camp et une liste d'extrême-droite. Ambiance…
On me demandait récemment mon avis pour savoir si, en se présentant une troisième fois à l'élection municipale, Maryse Joissains ne risquait pas de vouloir faire le mandat de trop. Ma réponse n'a pas tardé : "Mais, des mandats, Maryse Joissains en a déjà fait deux de trop ! Et puis, quand on regarde les cinquante dernières années, on constate qu'aucun maire n'a réussi à accomplir la passe de trois. Et donc, elle ne fera pas exception."
Plus que le résultat de la loterie électorale, il y a pire la concernant. Son bilan est très contesté jusque dans ses propres rangs politiques et au sein même de son équipe. Certains élus sortants, en bisbille avec elle, s'apprêtent à la lâcher pour rejoindre une autre liste de droite qui pourrait inclure Jean Chorro et Bruno Genzana. L'hypothèse d'une primaire de premier de tour se profile, histoire de mesurer qui peut dominer l'autre.
Il y aura donc des déchirements, des critiques et des coups qui feront mal. Et même en cas de fusion pour un second tour, une addition forcée de façade ne garantirait plus le succès d'une union susceptible de rassembler complètement les deux camps sans dégâts.
Sans compter que, contrairement aux élections précédentes, un autre motif pourrait jouer un rôle décisif : la présence d'une liste d'extrême-droite qui, même minoritaire, voudra cette fois obtenir quelques sièges au conseil municipal et rognera donc une partie de l'électorat de la droite sortante et affaiblira d'autant son score.
A mon avis, alors que les trois derniers scrutins municipaux de 2001, 2008 et 2009 se sont soldés par des duels au second tour, il est fort probable que celui de 2014 se dispute au minimum en triangulaire entre l'opposition, la droite et l'extrême-droite.
La fin de règne vue par le Ravi (n° 106 d'avril)
Maryse Joissains, future ex… ?
Il est gros, il est beau. Mais quand on réclame "Métamorphose d'une ville", les 76 pages que Maryse Joissains, la maire UMP, s'est payée pour promouvoir son action depuis 2001, à l'hôtel de ville, on nous rétorque : "Nous sommes en période préélectorale, nous n'avons donc plus le droit de le distribuer." Heureusement, début mars, il était encore disponible sur le site web... C'est qu'à Aix, on se fait un point l'honneur à marcher dans les clous. Et qu'importe si l'opposition estime que, dans un supplément du journal municipal ayant de surcroît coûté plus de 50.000 euros, elle aurait dû avoir son mot à dire.
Après son vrai-faux recours contre l'élection de Hollande et la perte de son siège de députée, Maryse Joissains vient de se prendre deux tuiles sur le crâne. Début mars, le Conseil constitutionnel a invalidé ses comptes de campagne aux dernières législatives. La commission ad hoc a tiqué en constatant qu'elle avait transféré sur son compte de campagne 30.000 euros provenant de son compte destiné à percevoir son indemnité représentative de frais de mandat. Or, celle-ci, destinée à "couvrir des dépenses liées à l'exercice du mandat de député", rappelle le Conseil constitutionnel, "ne saurait être affectée au financement d'une campagne électorale". Si l'ex-députée n'a pas été déclarée inéligible, elle ne bénéficiera pas du remboursement de ses frais.
Linge sale
Toujours en mars, le Conseil d'Etat porte un nouveau coup de massue. Fin 2008, la justice administrative avait jugé qu'Alain Joissains, en tant que directeur de cabinet de son épouse de 2001 à 2008, n'aurait dû toucher "que" 307.972 euros au lieu des 475.778 effectivement perçus. Fin 2011, la cour d'appel a annulé cette décision, jugeant que Lucien-Alexandre Castronovo, ancien conseiller d'opposition à l'origine de la procédure, n'était pas fondé à agir ! Le Conseil d'Etat vient de casser l'arrêt de la cour d'appel, renvoyant à un nouveau procès. De quoi remplir d'aise Castronovo et voir Alain Joissains dénoncer dans La Provence un "coup politique", rappelant qu'en 2001, l'opposition n'avait rien fait sinon s'abstenir et qu'il avait, grand seigneur, renoncé à son chauffeur : "Je n'aime pas être trimbalé comme un paquet de linge sale."
Du linge qu'il vaut mieux laver en famille. Or, au-delà de la candidature pour l'UDI (Union des démocrates et indépendants) de Bruno Genzana ou des problèmes de santé qui font que Maryse Joissains ne pourra compter sur son adjoint aux finances, il y a, nous confirme-t-on à l'UMP, "un problème" entre le maire et son premier adjoint. "Il y a chez les Joissains de l'affolement, de la précipitation, commente Hervé Guerrera, conseiller d'opposition EELV. D'où, c'est nouveau, l'organisation de réunions dans les quartiers. Peut-être pour faire oublier qu'elle s'est fait huer par des salles entières face à sa gestion catastrophique de la refonte des transports publics ? Alors, certes, ça sent la fin de règne. Mais les Joissains ont de la ressource." Notamment du côté de l'extrême-droite... même si le FN a assuré qu'en 2014, il aura, contrairement à 2008, un candidat à Aix.
Ultimatum et bourde
De fait, l'opposition à Aix est loin d'être unie - en témoigne la récente scission menée par le socialiste Jacques Agopian - et la multiplication des candidatures ne serait-ce qu'au PS n'augure rien de bon pour les primaires, la mise sous tutelle de la fédération du PS 13 ajoutant un peu plus d'incertitude (d'autant que l'un de ceux l'ayant demandée n'est autre que... l'Aixois Michel Pezet). Pour Jean-David Ciot, jusque-là patron de la fédé, "il y a sur Aix une usure du pouvoir mais, en face, il n'y a pas de leader naturel". Et celui qui a battu Maryse aux législatives d'assurer qu'il n'a "objectivement pas" à se présenter. Jusqu'à quand ? Car, si EELV et le Front de Gauche ne veulent pas participer aux primaires, Alexandre Medvedowsky (PS), François-Xavier de Peretti (Modem), Christian Maraninchi (PRG) et Stéphane Salord (Génération écologie) ont posé un ultimatum : "Si l'on veut gagner, il faut que l'on soit unis le plus largement possible. Alors, soit les primaires sont ouvertes à toutes les forces d'opposition et nous y participerons, soit nous désignerons d'ici juin notre candidat."
Comme nous le dit un soutien de l'avocat socialiste Edouard Baldo, candidat à la candidature faisant campagne sur "l'éthique" (alors que Ciot vient d'être mis en examen...) : "On ne pourra uniquement miser sur le rejet de Joissains" Reste que la gauche pourra toujours compter sur leurs bourdes. Dernière en date ? Sophie, la fille de, vient de se distinguer avec, d'après Alternatives économiques, "la proposition de loi la plus stupide" du Sénat : elle veut imposer aux étudiants à la fac de préparer en parallèle "une formation diplômante type BEP ou CAP" ! C'est vrai que, dans sa famille de juristes, un peu de "compta" ne ferait pas de mal.
Sébastien Boistel
NB (de moi) : Le Parti socialiste a réservé aux seules formations politiques de la majorité présidentielle la possibilité de concourir aux primaires à Marseille et à Aix.