Clash ? Pas clash ? Comment le conseil municipal de Mulhouse a-t-il accueilli son maire, Jean-Marie Bockel, suite à son entrée au gouvernement de droite ? Voici le compte-rendu de la séance du lundi 16 juillet 2007, publié par le journal "L'Alsace".
"Chaude l'ambiance, chaude la motion"
Le secrétaire d'Etat Jean-Marie Bockel a été soutenu unanimement par sa majorité et pas désavoué par le plus gros de son opposition.
Il fallait s'y attendre, il y a eu quelques vagues, dans une salle pas seulement surchauffée par une climatisation qui a rendu l'âme en cours de séance. Mais le clash que pronostiquaient certains (et que sans doute espéraient d'autres) ne s'est pas produit.
Au nom du groupe Verts, Chléo Schweitzer et Djamila Sonzogni présentent "une motion de défiance" : "Tête de liste et membre du parti socialiste, Jean-Marie Bockel a été élu par une coalition de gauche sur des options de gauche. Il a fait le choix personnel de se rallier à Nicolas Sarkozy, dont les valeurs sont différentes et qui mène une politique de droite. C'est pourquoi, au nom des électeurs de gauche, nous demandons à M. Bockel d'aller jusqu'au bout de son choix et de démissionner de son poste de maire...".
Le groupe MoDem de Bernard Stoessel, au contraire, "s'associe aux félicitations" adressées au maire et lui présente "ses voeux les plus sincères pour la réussite de sa double mission", nationale et locale. "Il ne sera sans doute pas facile pour vous d'être le représentant du gouvernement dans les mois à venir...", observe Bernard Stoessel. "Mais nous n'en ferons de procès d'intention ni au gouvernement ni à vous-même. Nous jugerons sur les actes...".
Félicitations aussi du groupe villiériste de Gérard Freulet : "J'ai longtemps combattu la dérive socialiste de Jean-Marie Bockel mais il a revu sa copie. Il est temps de fédérer les compétences. L'union des forces vives de Mulhouse doit prévaloir, au-delà de ce qui a pu nous séparer...".
Au nom du groupe UMP, Liliane Luce-Pionnier "refuse les querelles de personnes" : "Nous continuerons à intervenir au service de l'intérêt général. Nous espérons, monsieur le maire, maintenant que vous êtes dégagé du carcan de la gauche la plus conservatrice que vous serez ouvert à nos propositions...".
"Par souci de cohérence sarkozyste, je ne me considère plus comme votre opposant...", lance René-Albert Ehlinger (divers droite).
Michel Bourguet, suspendu par les Verts, souhaite "poursuivre son action" au sein du groupe majoritaire" : "Bockel est un homme de gauche dans un gouvernement de droite, ça surprend chez nous mais ça existe ailleurs...".
"Psychothérapie"
L'alternatif Henri Metzger a un peu plus de mal : "J'ai pu travailler au conseil municipal, je continue en restant mobilisé. En mars, nous verrons...".
Annette Bour a plus de mal encore : "La militante de gauche que je suis est très désorientée mais je ne voterai pas la motion...".
"J'ai signé un contrat de confiance sur un programme progressiste et démocratique jusqu'en 2008 et j'irai jusqu'au bout...", déclare le MRC Edouard Boeglin. L'idée du contrat d'action municipale à remplir est reprise aussi bien par le PRG Jean-Pierre Walter que par le président du groupe majoritaire Denis Rambaud.
La motion n'est approuvée que par trois voix : les deux Verts, plus une procuration que leur a laissé Pierre Freyburger, absent de la séance. Les groupes UMP et MoDem ne prennent pas part au vote, Bernard Stoessel considérant qu'il relève de la seule "psychothérapie de groupe majoritaire".
Stéphane Samacoïtz
Bockel : "Mulhousien je suis, Mulhousien je reste !"
"Pendant 2 ou 3 jours, je ne savais pas comment les gens allaient réagir...", confesse Jean-Marie Bockel. En ajoutant "sereinement," et "en faisant la part des choses" : "au final, on ne peut pas dire que ma décision ait été mal prise. Je suis élu depuis 26 ans, j'ai connu des hauts et des bas mais je n'avais jamais vu ça à Mulhouse dans les rencontres que j'ai faites depuis un mois....".
"J'ai aussi rencontré des militants que je respecte. Ils m'ont fait part de leur perplexité, parfois de leur incompréhension, que je respecte également...", reconnaît-il. Mais selon lui, "le pragmatisme" a prévalu le plus souvent au sein de l'opinion mulhousienne. "Mulhousien je suis, Mulhousien je reste...", poursuit le maire secrétaire d'état.
"Je vais m'organiser pour respecter jusqu'au bout mon mandat municipal. J'espère que la présence que j'aurai en moins sera compensée par le poids que j'aurai en plus. Et puis le moment venu, je ferai savoir de quelle manière j'entends constituer pour les municipales une liste d'ouverture....".