Sarkozy, cynique ou incompétent ?
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Au fait, vous avez entendu le premier ministre et tous les UMP dimanche et hier ? Ils n'ont qu'un mot à la bouche : les résultats des régionales sont une "déception". En décodant, cela signifie : il faut bien dire quelque chose, ça va passer et on n'en a rien à faire. Car, après l'évidence niée une semaine plus tôt, ce nouveau retour de bâton se voyait trop et là il fallait faire avec. Impossible donc à camoufler une seconde fois.
Mais ils n'y ont vu qu'une "déception". Et hop, circulez, pas la peine de se poser des questions sur l'abstention, sur les scores de l'extrême droite, sur les vingt ministres humiliés, sur le rejet de la politique gouvernementale, sur les inégalités sociales ou sur le désarroi des plus fragiles, pour ne prendre que quelques exemples.
C'est ainsi qu'on a entendu Jean-François Coppé, premier à intervenir aussitôt les résultats divulgués, simuler comprendre les messages que les électeurs ont voulu envoyer au gouvernement et au président. Tout ce cinéma pour dégainer aussi sec des recettes condamnées le jour même : la poursuite des "réformes" (maquillage langagier sarkozyen), le vote urgent d'une loi sur la burqa…
Et bien d'autres expédients façon sparadrap alors que, quelques jours auparavant, Nicolas Sarkozy claironnait l'annonce d'une "pause dans les réformes", le temps que le Parlement améliore les lois déjà entrées en vigueur (ah ! elles ne seraient donc pas si bonnes que ça !).
François Fillon, lui, reconnaissait tout de même, par la force des choses, le succès des listes de gauche, ajoutant que le gouvernement "n'avait pas su convaincre". Pas faux. Et, tiens, si ça se trouve, le gouvernement n'est pour rien dans tout ça. C'est vrai quoi, la faute en revient peut-être aux électeurs qui ne font aucun effort pour le comprendre. Sauf que, il s'avère de plus en plus difficile de tromper encore longtemps tout le monde.
Pour le fond, la tonalité a été livrée. Il ne faut s'attendre à aucun changement. Ces élections étaient régionales, pas nationales, avait averti le président. Pourtant, l'Elysée annonce "un remaniement technique". Notez bien, pas politique. Faut bien amuser la galerie. Alors, on cosmétise le gouvernement avec de faux nouveaux et un vrai viré. Vingt ministres battus et un seul pour porter la pancarte de la honte. Comme si le malaise n'était qu'une affaire de personnes.
Voilà la mascarade qu'on nous sert. Et rien sur une révision profonde de ce qui énerve et désespère fortement la population.
Mercredi, le président va parler. Il faudra bien l'écouter et l'observer. Par principe républicain au moins. Car, question contenu, Fillon a déjà tout dit, gesticulations en moins.
Allez, achevons ce billet par un petit exercice qui mettra à l'honneur la richesse de la langue française. En telle circonstance, pourquoi avoir retenu le mot "déception" alors que l'offre lexicale est si variée : sanction, punition, déroute, défaite, débâcle, débandade, déconvenue, désaveu, dégelée, dérouillée, déconfiture, désillusion, bouillon, avoinée, volée, saucée, pâtée, claque, baffe, torgnole, mandale, raclée, fessée, déculottée, branlée, râteau, tôle…