La drôle d'affaire immobilière de la Semepa
Vite ! Un peu d'air frais !
Au train où ça va, j'ai l'impression qu'il va bientôt falloir dévaliser tous les rayons de supermarché. Je me demande quand même si tous les aérosols du monde suffiront à assainir l'air ambiant.
Un adjoint au maire, Jean-Gilbert Zozor, déjà mis en examen pour une affaire certes sans lien avec sa fonction municipale, mais mis en examen, a donc un bon copain footballeur, Marcel Desailly, qui figure nommément sur une délibération du conseil municipal en tant qu'acheteur d'un bien immobilier à un prix défiant toute concurrence.
Cela explique sans doute ce que je n'avais pas saisi du premier coup, lorsque, passant dans le quartier Sextius-Mirabeau, il y a trois vendredis, je l'ai aperçu par pur hasard devant un chantier situé précisément à l'adresse du bien en question. L'homme semblait affairé comme un chef d'équipe donnant des instructions à des ouvriers en plein travail. J'ai été tellement surpris que j'ai raconté "l'anecdote" aux amis auxquels je rendais visite dans le coin.
Le plus curieux dans l'histoire, c'est que ce bien a été vendu par la Semepa dont le Pdg n'est autre qu'un important élu, Henri Doglione, adjoint à l'urbanisme. Tout aussi bizarrement, et comme je l'ai raconté il y a quelques jours, ce même élu était doublement absent au conseil municipal : il n'était pas là physiquement et son nom n'apparaissait sur aucune délibération qu'il était censé présenter à l'assemblée communale. Cela ne vaut pas accusation mais la coïncidence est troublante.
Maryse Joissains feint d'avoir découvert le pot-aux-roses après coup. Pour quelqu'un qui répète à l'envi connaître tous les dossiers sur le bout des doigts, ça sent le mensonge et, à tout le moins, la défausse.
Par définition, le Pdg de la Société d'économie mixte du Pays d'Aix est délégué du maire. Maryse Joissains peut-elle ignorer ce qui se passe dans l'une des plus grosses structures où la Ville est majoritaire et dont le conseil d'administration comporte une demi-douzaine d'élus ?
Nous l'avions pourtant avertie lorsqu'elle avait autorisé la Semepa à modifier ses statuts pour que la société puisse acheter et revendre des biens immobiliers privés. Nous avions insisté sur trois points : d'une part, la société doit rester une structure publique au service de la collectivité, d'autre part, ses missions de réhabilitation d'immeubles anciens doivent essentiellement être un moyen de créer du logement social public pour faire face à la pénurie, enfin, les risques de dérives en tous genres sont difficilement contrôlables.
Je demande une réunion exceptionnelle du conseil municipal
Le maire dit n'avoir "pas contrôlé la liste des acquéreurs sinon la délibération n'aurait jamais existé". Je serais prêt à la croire tant je n'ai cessé de pointer son ignorance des dossiers en séance publique (voir mon dernier article de mardi 18 décembre). Mais je ne peux me résoudre à avaler qu'elle n'ait pas entendu parler d'une affaire de cette importance au moins une fois depuis qu'elle est dans les tuyaux, c'est-à-dire depuis le lancement de la procédure de vente il y a plusieurs mois.
Et puis, on peut quand même légitimement se poser la question sur la nature des relations de confiance entre le maire et ses élus. A ce titre, si l'on suit le raisonnement de Maryse Joissains, un maire pourrait avoir à endosser des décisions fomentées dans son dos et qui échapperaient totalement à son contrôle. Si c'était le cas, ce serait extrêmement grave !
Nous-mêmes, le soir du conseil, ne disposant pas en tant qu'opposition de toutes les informations sur tous les sujets, avons reniflé un parfum d'entourloupe et avons décidé de nous abstenir. Alors, venir prétendre que la découverte a été totale pour le maire, cela ressemble à un enfumage de plus visant à simuler un fait non intentionnel.
Le maire a déclaré avoir informé le Sous-préfet qu'elle ne transmettrait pas au contrôle de légalité ladite délibération du conseil municipal. Ce n'est ni satisfaisant ni suffisant.
Un, il faut faire toute la transparence en informant pleinement les élus sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. Deux, il faut établir les responsabilités de ceux qui ont permis une telle dérive. Trois, la démocratie nécessite un débat et exige une décision d'annulation de la délibération.
En conséquence, face à la gravité de la situation, je demande une réunion exceptionnelle du conseil municipal dans les plus brefs délais.
Pour tout savoir (enfin, presque…) sur la Semepa :