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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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10 mai 2011

Peynier : Procès en diffamation sur l'affaire Delpuech

zay_tribunal
(Clic sur l'image pour agrandir)
Jacques Misguich, président de l'association "Jean Zay en Provence",
et Michel Pezet avant l'audience au tribunal de grande instance d'Aix
(Photos perso LAC)

Hier, le Tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence était appelé à se prononcer sur une plainte pour "diffamation". Le motif : la liberté d'opinion et d'expression revendiquée par l'association Jean Zay en Provence Pédagogie Mémoire et Histoire qui avait manifesté dans un tract sa désapprobation au sujet de l'inauguration, début septembre dernier à Peynier, d'un buste de l'ancien sénateur-maire Vincent Delpuech, homme politique contesté pour ses agissements pendant la seconde guerre mondiale.
De nombreux médias en avaient rendu compte. En novembre, la commune et son maire UMP Christian Burle et deux membres de la famille Delpuech avaient assigné l'association à comparaître devant le tribunal. D'abord prévue pour décembre, l'audience a finalement été inscrite à l'ordre du jour d'hier.
Surprise : elle a été reportée au 13 février 2012. La raison est d'ordre formel. La commune a fait valoir que les conclusions de la partie attaquée lui étaient parvenues tardivement, l'empêchant dès lors de disposer à temps de certains élements d'appréciation. Il faudra donc retourner au tribunal.
De fait, étant moi-même présent à l'audience en soutien à l'association, cela ne m'a guère étonné. J'ai pu une nouvelle fois constater cette lenteur de la justice et les conditions matérielles indignes dans lesquelles on lui demande de travailler.
Après être passé par le portique de contrôle détecteur de métaux sous l'œil vigilent de deux policiers, chacun peut ensuite accéder à la salle du premier étage. Et là, c'est le choc. Le lieu d'audience est un espace tout en longueur avec, à un bout, la cour et, à l'autre, le public. L'acoustique est déplorable et il n'y a pas le moindre micro. Autrement dit, il faut deviner ce qui se dit.
La séance a d'abord commencé avec une demi-heure de retard. En moins d'un quart d'heure, tout le monde avait compris cependant que le dossier était reporté.
La Provence, qui avait mobilisé deux journalistes et un photographe, a dû se contenter de recueillir des éléments en interrogeant les parties en coulisses : le président de l'association, les divers soutiens et bien sûr les avocats. On verra ce qu'ils auront bien pu produire dans le journal d'aujourd'hui.
Pour ma part, j'ai eu le plaisir de discuter avec Michel Pezet qui avait accepté de défendre les intérêts de l'association. A la sortie, sa sentence est nette et sans appel : "Voilà encore un tour pour rien, il faudra revenir. Mais neuf mois d'attente, c'est un comble. Voilà ce qu'on appelle la lenteur de la justice." On ne saurait mieux résumer.

Mon précédent article sur l'affaire :
"De Peynier à Aix, la droite extrême est à l'œuvre…"
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/12/21/19931415.html

peynier_communique_tribunal
  
zay
Qui était Jean Zay ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Zay

gaudin_collabo_bis_001
Qui était Vincent Delpuech ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Delpuech
(voir en particulier la rubrique "sous le régime de Vichy")

(Clic sur les images pour agrandir)
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, Ref DELTA 3320,
avec citations du journal “Le Petit Provençal”.... annonçant 
“d’importants perfectionnements” du statut des juifs.
peynier_trahison_petit_provencal__1_peynier_trahison_petit_provencal__2_

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9 mai 2011

V'Hello : Maryse Joissains cherche des rustines...

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Incroyable Maryse Joissains ! Alors que tout le monde a compris qu'elle s'était fourvoyée en poussant la roue un peu trop loin avec le système V'Hello, qu'elle a fait passer une délibération annulant unilatéralement le contrat avec JC Decaux et qu'elle a admis devant les caméras de France 3 que c'était finalement un échec, elle s'est maintenant mis en tête de regonfler les roues qui ne roulent pas. Et elle venue expliquer que cela ne coûterait rien aux Aixois grâce à des compensations : les économies qui seraient faites sur les dépenses annuelles du dispositif.
La bonne blague !
Les Aixois paient déjà la facture depuis quatre ans et vont encore allonger pour les énormes frais de procédures, à l'amiable ou par voie juridique, à régler pour la rupture du contrat.
Pour tenter d'endormir un peu plus la population, le maire a annoncé qu'elle allait chercher des rustines auprès de la Communauté d'agglomération du Pays d'Aix. Elle lui a demandé d'étudier un nouveau projet à cette échelle dans le cadre du futur Plan de déplacements urbains. Du jamais vu en France puisque toutes les initiatives existantes n'ont été mises en place qu'à l'intérieur même des villes.
Oui, du jamais vu en France, comme le fait qu'Aix est la première ville à supprimer les vélos après les avoir vantés et surtout les avoir payés plus chers qu'ailleurs.

joissains_v_hello_ravi_85

Mon précédent article sur la faillite des V'hello : http://castronovo.canalblog.com/archives/2011/04/18/20919470.html

6 mai 2011

Le Canard et Mediapart : Tirs croisés sur les Guérini

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Dans l'affaire Guérini, Le Canard enchaîné se distingue en instillant ici et là ses petites doses de venin. Coïncidence des dates aussi, ses deux articles annoncés en une paraissent pile au second jour de la tenue de la commission d'enquête du parti socialiste à Marseille.
L'hebdomadaire satirique fait un bon résumé de la situation et produit un encadré qui vaut son pesant de népotisme clientéliste. Où il ironise à fond sur le "socialisme familial" qui a cours à la fédération des Bouches-du-Rhône. C'est assassin à souhait. Et sans doute bien peu contestable.
Hier aussi, Mediapart a publié un article très documenté dont je vous livre la quasi intégralité. Le titre en dit déjà assez pour inciter à une lecture attentive dont on ne peut sortir qu'héberlué.
Personnellement, je me pose la question suivante : au vu de tous ces éléments, est-il encore possible que Jean-Noël Guérini puisse échapper, au minimum, à une audition par le juge Charles Duchaine ?
Dernière gourmandise, pendant deux jours, le site Marsactu a collé aux basques de la commission d'enquête et de ses "visiteurs". Sa narration des événements mérite d'être consultée (voir les liens en bas d'article).

Le titre en première page du Canard enchaîné de ce mercredi
guerini_canard_titre
(Clic sur les images pour agrandir)
guerini_canard_ordures_4
guerini_canard_ordures_4 

logo_mediapart_entier
Affaire Guérini :
des marchés publics confiés au grand banditisme
4 Mai 2011 Par Louise Fessard

[…] Les enquêteurs semblent cette fois s'intéresser aux nombreux marchés publics attribués par le Conseil général et ses satellites à plusieurs entreprises proches de Bernard Barresi, arrêté avec les frères Campanella en juin 2010 sur un yacht de la Côte d'Azur, après dix-huit ans de cavale. Condamné par contumace en novembre 1994 à vingt ans de réclusion pour l'attaque d'un fourgon blindé près de Mulhouse, Bernard Barresi a été mis en examen en juin 2010 pour, entre autres, exploitation de jeux de hasard, blanchiment, extorsions de fonds et association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de vol avec arme, et incarcéré dans la foulée.
Au croisement des enquêtes du juge Charles Duchaine sur les marchés publics de Haute-Corse et des Bouches-du-Rhône et de celle du juge Philippe Dorcet sur le grand banditisme, les soupçons se focalisent notamment sur ABT, une société de BTP créée en 2001. Ses cogérants, Patrick Boudemaghe et Damien Amoretti, tous deux mis en examen dans l'affaire des marchés truqués corses, étaient proches d'Alexandre Guérini, qui avait fait appel à eux pour des travaux à la décharge du Mentaure (La Ciotat). Avec fausses factures et évasion fiscale des profits vers des comptes à l'étranger à la clef.
Damien Amoretti, à qui Alexandre Guérini a reconnu vouer une "affection particulière", a été de 2006 à 2007 l'unique associé de la SMA Développement, une des sociétés d'Alexandre Guérini actionnaire pour moitié de la SMA Vautubières, qui exploite la très lucrative décharge de La Fare Les Oliviers. Alexandre Guérini a par ailleurs affirmé au juge Duchaine avoir fait la connaissance de Patrick Boudemaghe au début des années 2000 lors de travaux de maçonnerie dans sa cossue villa marseillaise (appartenant officiellement à sa compagne).
Damien Amoretti et Patrick Boudemaghe étaient par ailleurs en contact régulier avec Bernard Barresi. Ce dernier, de retour dans la région marseillaise depuis janvier 2010 et se sachant sur écoutes, appelait Patrick Boudemaghe, alors installé en Espagne pour affaires, depuis des cabines téléphoniques afin de régler les affaires courantes.
"Mon argent, je le gagne sur les travaux et les commissions que je prends aux artisans et aux sociétés que je fais travailler, lorsque je suis le chantier", a expliqué Bernard Barresi le 3 mars 2011 au juge Philippe Dorcet. Ces chantiers sur lesquels Bernard Barresi prélevait sa "commission" étaient pour la plupart financés par des collectivités territoriales.
Le chiffre d'affaires d'ABT (20,5 millions d'euros cumulés entre 2005 et 2008), qui a employé selon les enquêteurs jusqu'à 66 personnes, dépendait en effet quasi exclusivement de marchés publics obtenus avec les collectivités locales des Bouches-du-Rhône.
Le plus souvent, ces marchés n'étaient pas passés directement par le Conseil général mais par des organismes publics satellites, présidés par des fidèles de Jean-Noël Guérini et où son frère Alexandre avait ses entrées : Treize Développement, le maître d'ouvrage des grands projets immobiliers du département, le service départemental d'incendie et de secours des Bouches-du-Rhône (SDIS 13), l'office HLM du département Treize Habitat, le syndicat mixte de l'Arbois en charge du développement d'un technopôle dédié à l'environnement sur 205 hectares au sud d'Aix-en-Provence (respectivement présidés par les conseillers généraux PS, Antoine Rouzaud, Jean-Pierre Maggi, Jean-François Noyes, Alexandre Medwedovsky), etc. 
En 2006, c'est ABT qui est choisie pour construire le centre de secours de La Ciotat (SDIS 13), puis la gendarmerie d'Orgon pour un montant de 1,8 million d'euros (Treize Développement) et qui assure le gros œuvre de la construction de la cantine d'un collège marseillais (Treize Développement). En juin 2007, nouveau jackpot, ABT remporte trois lots pour la construction d'un bâtiment sur le technopôle de l'Arbois, pour un montant de plus de 1,6 million d'euros.
En 2008, ABT réaménage pour le Conseil général le club senior marseillais de Saint-Jérôme pour 143.000 euros. En février 2009 le bailleur social 13 Habitat lui confie des travaux d'entretien sur des HLM (Arles-Port, Saint Louis du Rhône-Miramas-Martigues) pour 232.426 euros. 13 Habitat où Alexandre Guérini était comme chez lui et avait, entre autres, sur un simple coup de téléphone, obtenu en septembre 2009 un logement pour l'ex-compagne de Bernard Barresi. 
En liquidation judiciaire depuis novembre 2010, la société ABT était domiciliée à Gardanne, au 835, Petit Chemin d'Aix, un des lieux de planque de Bernard Barresi, qui hébergeait aussi Alba Sécurité, la société de gardiennage de sa compagne Carole Serrano. Alba Sécurité, qui a été perquisitionnée mardi 3 mai par les gendarmes, avait également les faveurs du conseil général.
L'entreprise assurait le gardiennage des archives départementales de Marseille pour 300.000 à 1 million d'euros par an (avril 2006), du centre Afpa de Marseille-Saint Jérôme pour 40.000 euros (octobre 2007), de chantiers et cités HLM de 13 Habitat pour 1 million d'euros (juin 2008) et de plusieurs sites du conseil général pour 4,2 millions d'euros (marchés attribués en novembre 2008 et août 2009). Pour la petite histoire, Alba Sécurité fournissait également les soirs de match des centaines de stadiers au Vélodrome géré par la Ville de Marseille.
Comment ces sociétés liées au grand banditisme ont-elles pu obtenir autant de marchés publics de la part d'organismes dépendant du conseil général des Bouches-du-Rhône ? Ancien directeur général des services du conseil général, Vincent Potier avait dénoncé, lors de son audition par les gendarmes en novembre 2009, le "court-circuitage en provenance du cabinet" de Jean Noël Guérini sur ces "outils extérieurs au Conseil général".
Pour nombre de ses gros investissements immobiliers, notamment en matière de construction-rénovation de collèges, le conseil général donnait ainsi mandat à la Sem Treize Développement, créée en 2002, afin de préparer les appels d'offres, choisir les jurys d'architectes et mener les travaux. "
Concernant Treize Développement, on nous faisait comprendre qu'en le choisissant comme support technique, on obtiendrait des subventions", témoigne aujourd'hui Corinne Lucchini, conseillère municipale UMP à Rognac et ancienne vice-présidente de la communauté d'agglomération Agglopole Provence, à l'ouest des Bouches-du-Rhône.
L'ex-directeur de la Sem Treize Développement Jean-Marc Nabitz, proche d'Alexandre Guérini, est aujourd'hui introuvable (certains le disent en Israël). "Je ne l'ai plus eu au téléphone depuis deux ans", confirme Patrick Mennucci, le maire PS du secteur 1er/7e arrondissements de Marseille, qui était, jusqu'en 2008, employé de Treize Développement. Patrick Mennucci s'occupait pour la Sem de la commercialisation de la ZAC du Domaine de la gare, aux abords de la gare TGV d'Aix-en-Provence. Il tombe aujourd'hui des nues en découvrant l'obtention en 2007 par ABT d'un marché public sur une autre zone du technopôle (le petit Domaine de l'Arbois) pour la construction d'un bâtiment.
Jean-Marc Nabitz, qui s'occupait déjà de déchets lorsqu'il était directeur général adjoint du conseil général au début des années 2000, a joué, à la tête de Treize Développement, un rôle primordial dans l'élaboration du plan départemental d'élimination des déchets ménagers de 2006. Plan qui insistait sur le développement de la méthanisation dans le département comme une alternative à l'incinération. D'après les conversations interceptées par les gendarmes, Alexandre Guérini n'hésitait pas à faire appel à ses compétences pour obtenir des précisions techniques sur l'incinérateur de Fos-sur-Mer, grand concurrent d'un projet de méthanisation qu'il voulait monter avec l'intercommunalité San Ouest Provence.
Plus compromettant encore, en juillet 2009, Jean-Marc Nabitz a obtenu, par son entreprise de conseil 3N Concept, un marché de l'Agglomération d'Aubagne pour assurer la maîtrise d'ouvrage d'un nouveau projet d'extension et de création d'un centre de tri sur la décharge du Mentaure. Une décharge exploitée par une société d'Alexandre Guérini et dont le Conseil général avait préempté une partie du terrain dans des conditions ahurissantes révélées par La Provence.
Le 24 novembre 2004, la commission permanente du conseil général lançait la préemption d'un terrain adjacent à la décharge au nom de "la préservation de la qualité des sites, des paysages et des milieux naturels" et, dans la foulée, accordait une subvention de 2,5 millions d'euros pour "la création d'un centre de stockage des déchets ultimes à La Ciotat" sur ce même terrain. Deux délibérations pour le moins contradictoires !
Jean-Noël Guérini a-t-il senti le vent tourner pour Treize Développement ? En juillet 2010, le président du Conseil général a fait voter, en toute discrétion, la création d'une société publique locale (le nouvel outil des collectivités locales) Terra Treize, à qui a depuis été confiée la maîtrise d'ouvrage de travaux dans quatre collèges du département. Une tâche habituellement réservée à la Sem Treize Développement.
Grâce à un groupement d'intérêt économique, les moyens matériels et humains des deux sociétés ont été mutualisés. Même mission, mêmes moyens, mêmes acteurs (on retrouve l'ex-conseiller général Antoine Rouzaud, ex-président de Treize Développement, à la tête de Terra Treize), la création de cette SPL est-elle une façon d'enterrer discrètement la Sem Treize développement, suspectée de favoritisme par la justice ? Pas de réponse du côté de Treize Développement dont l'ex-président Antoine Rouzaud (l'un des deux conseillers généraux socialistes marseillais non réélus aux cantonales de 2011) est injoignable.
"On est dans un fonctionnement où les choses sont toutes décidées au cabinet de Jean-Noël Guérini et nous ne sommes pas associés à la gestion, estime Maurice Rey, le seul conseiller général d'opposition membre du conseil d'administration de Treize Développement et Terra Treize. Je trouve anormal qu'une société comme ABT ait, selon La Provence, eu autant de marchés, à hauteur du quart du budget de Treize Développement entre 2005 et 2008 et que son ex-directeur, Jean-Marc Nabitz, ait aujourd'hui disparu."
A 13 Habitat, autre institution perquisitionnée par les gendarmes, le changement de président après les cantonales de 2011 n'a pas révolutionné les mœurs. Malgré des demandes répétées, aucun élu d'opposition ne participe au conseil d'administration, jusqu'ici présidé par le conseiller général PS Jean-François Noyes, ancien directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini.
En janvier 2011, Jean-François Noyes justifiait les nombreuses interventions d'Alexandre Guérini dans la gestion de l'office en invoquant l'histoire familiale : "Le père d'Alexandre Guérini a fait toute sa carrière à l'office, son frère a été président de l'office pendant dix ans et lui-même a travaillé pour l'Opac, il a d'ailleurs toujours des marchés à l'Opac, dont un pour débarrasser les communs et les caves, je crois. (...) Alexandre Guérini connaît beaucoup de monde à l'Opac, certains depuis 25 ans, et il a des amis qui souhaitent lui faire plaisir."
Sans surprise, le nouveau président de 13 Habitat, le conseiller général Christophe Masse, émarge lui au fan club d'Alexandre Guérini sur Facebook.
Cet article a été réalisé grâce à la collaboration de Pierre-Julien Bouniol. Marseillais, il s'est retrouvé, un peu par hasard, employé de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône comme secrétaire général pendant quelques mois. Depuis, il n'a de cesse d'enquêter sur le fonctionnement du PS dans ce département.

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La commission d'enquête racontée en deux épisodes :
http://www.marsactu.fr/2011/05/04/48-heures-a-lholiday-inn-episode-1-le-casting/
http://www.marsactu.fr/2011/05/05/48-heures-a-lholiday-inn-episode-2-le-storytelling/

4 mai 2011

Affaire Guérini : L'agenda calculé du juge Duchaine

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Pour mener à bien son instruction au long cours, histoire de rappeler qu'il est le seul patron de son agenda, le juge Charles Duchaine confirme une fois de plus qu'il sait à la fois manier la frappe chirurgicale et choisir les horaires de ses initiatives.
Ce n'est donc pas tout à fait un hasard s'il a envoyé les gendarmes de la section de recherches perquisitionner pendant plusieurs heures ce mardi au siège du conseil général des Bouches-du-Rhône le matin même où débutaient les auditions de la commission d'enquête du parti socialiste.
La veille, il avait également expédié ses multiples enquêteurs dans les locaux de Treize Développement, société qui dépend du conseil général spécialisée dans l'aménagement, l'immobilier et les études environnementales. Divers documents administratifs, comptables et informatiques ont y été saisis.
Là encore, aucun hasard.
Selon le journal La Provence, "les gendarmes s'intéressaient particulièrement aux marchés obtenus par une société de travaux publics qui est au cœur de l'enquête, ABT qui est née en 2002 à Gardanne. Contrôlée par Patrick Boudemaghe, un proche du grand banditisme très lié à Alexandre Guérini, ABT a construit deux bâtiments sur l'Europôle de l'Arbois, dont l'aménagement avait été confié à Treize Développement.
De même, ABT est intervenu pour 350.000 euros sur la construction de la caserne de gendarmerie d’Orgon, chantier également piloté par Treize Développement. Entre 2005 et 2008, la société d'économie mixte a versé 5,2 millions d'euros à ABT, ce qui représentait le quart de son chiffre d'affaires. Non content de soupçonner des surfacturations et un dispositif qui aurait permis de blanchir de l'argent sale, l'instruction du juge Duchaine s'interroge sur un éventuel favoritisme lors de l'attribution de ces marchés, ainsi que sur la qualité des travaux".
Au sujet de Treize Développement, on évoque des soupçons d'emplois fictifs, mais aussi de possibles liens avec le Plan d'élimination de déchets qui avait créé des polémiques avec son pendant de l'incinérateur de Fos, et des dysfonctionnements au sujet des marchés de construction et de rénovation de collèges.
Et comme si la barque n'était pas assez chargée, mardi, les gendarmes ont aussi été déployés en divers autres endroits. A Gardanne, ils ont investi le siège d'Alba Sécurité, entreprise qui a obtenu de nombreux marchés publics ces dix dernières années émanant du conseil général et, à Marseille, à deux pas du conseil général, le siège de 13 Habitat, son organisme HLM.
Mais l'événement le plus symbolique a sans doute été la nouvelle perquisition du "vaisseau bleu" après celle de novembre 2009.
Pendant ce temps, Alain Richard commençait ses auditions hors sol - il a préféré ne pas les tenir au siège du parti socialiste - au cours desquelles il devait entendre de nombreux "témoins" (on parle de 80 personnes). Les télés ont montré la présence de la sénatrice Samia Ghali, de la députée Sylvie Andrieux et de la conseillère générale et régionale Marie-Arlette Carlotti.
Plus surprenant cependant, Jean-David Ciot, qui avait indiqué qu'il serait auditionné à Paris, était dans les couloirs de l'hôtel où se réunissaient les membres de la commission. Sans être (trop) mauvaise langue, il est facile d'imaginer qu'il était là, vraisemblablement en service commandé, pour jouer les observateurs afin de communiquer par télépathie avec Jean-Noël Guérini sur le déroulement de la journée.
Au-delà des événements de ce début de semaine, un autre moment peu rapporté dans la presse aurait mérité d'être retenu. Dimanche, interrogée sur la situation de la fédération du parti socialiste dans l'émission C Politique sur France 5, Ségolène Royal a botté en touche comme l'avait fait Martine Aubry. S'il est vrai que la seconde avait reçu le soutien de Jean-Noël Guérini au congrès de Reims, la première avait quant à elle obtenu 75% des voix du PS 13 lors de sa désignation à la présidentielle. Le chou, la chèvre et la reconnaissance des ventres. Et puis, qui sait, peut-être aussi une façon de ne pas s'aliéner des voix pour les primaires ?
A lire aussi ce bel article du Ravi d'avril qui se met dans la peau du juge Duchaine…  

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Moi, Charles Duchaine

Écoutez gentes dames, nobles messires et jolis damoiseaux, mon épopée héroïque, juge du Roy et chevalier de Jirs, moi le juge Duchaine ! Où que je passe tremblent les puissants et les malandrins : bandits de grand chemin corses, coprince monégasque, margoulins marseillais, barons et féodaux de Provence, que leur blason soit rouge ou bleu, personne n'échappe à la balance de justice du chevalier blanc, que je manie en fléau contre les ennemis du bon droit.

Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche !
Par Renauld de Rimbèque

De ma haute stature et sur mon puissant destrier à deux roues, moi, le "juge paysan", j'ai abandonné mes terres limougeaudes pour mener le combat là où l'hydre noire du crime a le plus gagné la terre de France : les comtes au Sud de Valence. Mes premiers faits d'armes remontent à l'an de grâce 1995. Tout juste âgé de 32 ans, je suis envoyé par le Roy auprès du Prince de Monaco. Inspiré par l'exemple d'illustres prédécesseurs tels les chevaliers Courroye et Joly, je mets au jour les troubles origines de trésors de la principauté. Je mets en cause l'ex-mari de la princesse dans le recel des profits d'une escroquerie italienne. Mais les fidèles du prince finissent par faire annuler la procédure.
Le chevalier blanc n'abandonne point pourtant. Mieux : malgré mes déconvenues, je pars en 2000 mener bataille sur des terres plus arides encore. En l'île de Beauté, au pôle économique et financier, je participe à la restauration de l'État de droit après l'assassinat du sénéchal Erignac. C'est là que je rencontre un autre preux, le chevalier Dallest. Juge lui-même dix ans durant, devenu procureur du Roy, Dallest m'apprécie. A mon sujet, il déclare : "Il peut être caractériel, mais s'il n'y avait que des juges comme lui, les affaires aboutiraient plus souvent."
Car le chevalier est méthodique. "Je sais que cela ne sert à rien de s'attaquer à certaines choses si l'on n'a pas en main les cartes qui nous permettent d'aller jusqu'au bout." Lente mais efficace car elle me donne le temps de jauger son adversaire, ma technique de combat n'est pourtant point infaillible : en Corse, l'un des fils du gang de la Brise de mer a été acquitté d'un double assassinat dans un dossier que j'instruisais.
"Avoir en main les cartes qui nous permettent d'aller jusqu'au bout"
Muté à Marseille, je trouve enfin un terrain à ma pleine mesure : avec quatre confrères juges et cinq confrères procureurs, je participe à la fondation de l'ordre de Jirs, qui règne sur pas moins de quatre provinces. Sous la houlette du chevalier Dallest, l'ordre de Jirs cible les flux financiers des bandits des grands et moyens chemins. En son sein, je suis de toutes les grandes batailles : cercle de jeu Concorde, marchés publics truqués de la Société méditerranéenne de sécurité, transferts frauduleux de l'OM, double billetterie des navettes du Frioul…
Le comté de Corse représente pourtant toujours un quart de ma quarantaine de dossiers en cours. Mais quand vient le tour des grands féodaux de Provence, je ne baisse pas la garde. Cerné de tous côtés par le clientélisme, je prends soin de frapper à droite comme à gauche : je mets brièvement en geôle le duc de Tarascon et le comte sénateur-maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, tous deux du parti de l'UMP. Le premier, suspecté de favoritisme, ressort libre et sans charge. Le second est lui aussi remis en liberté, mais avec une mise en examen pour blanchiment en bande organisée.
Sur ma gauche, pour le parti du PS, j'instruis depuis 2009 mon grand-œuvre : l'enquête sur les marchés publics des déchets dans les Bouches-du-Rhône. Fidèle à mon habitude, j'ai patiemment fourbi mes armes. Dix jours après avoir hérité du dossier, je dispose déjà d'une écoute téléphonique où le baron Jean-Noël, élu du Roy et président de conseil général, prévient son frère Alexandre "qu'une enquête va être ouverte sur les décharges... Mais de toute façon au bout de trois ans il y a prescription, ils ne peuvent rien faire".
Si les propos sont avérés, je tiens là une double infraction pénale avec circonstance aggravante : violation du secret de l'instruction et non-dénonciation d'un délit (dont la date même serait connue), le tout par personne dépositaire de l'autorité publique, en violation de l'article 40 du Code de procédure pénale. Pourtant, je ne me hâte pas de questionner le baron. Je poursuis les écoutes, monte patiemment mon dossier. Comme je sais que je dois obtenir la levée de l'immunité parlementaire de Guérini, je tisse ma toile, j'attends fin 2009 pour lancer les perquisitions, puis fin 2010 pour embastiller le frère du baron.
"J'aime les enquêtes médiatiques qui parfois me rendent excité comme un gamin"
Je suis volontiers facétieux : pour mes premières perquisitions et arrestations, j'opère alors que Monsieur frère est en voyage au Brésil ou lorsque le baron est en voyage commémoratif en Pologne, au camp de concentration d'Auschwitz. La caserne de mes gens d'armes et le palais de justice sont cernés par la presse. Cela ne déplaît pas forcément. J'aime "les grands coups de filet, les enquêtes médiatiques qui parfois me rendent "excité comme un gamin". Je confesse toutefois un rapport ambigu avec les gazetiers : devant les avocats, je tempête contre ceux qui violent le secret de l'instruction, mais je suis fortement soupçonné par les mêmes de leur fournir par charrettes entières des procès-verbaux d'audition.
Malgré la tempête médiatique et politique, la croisade avance, en bonne intelligence entre le siège et le parquet. "Contre toute attente, à Marseille, la justice suit son cours", écarquillent des yeux les colporteurs de nouvelles, vantant "les clés d'une justice efficiente" dans le Sud, comparée à celle de la capitale où s'enlise l'enquête sur les relations troubles d'un ex-ministre du Trésor royal.
Jusqu'ou irais-je ? Si je questionne le baron Jean-Noël, si je le renvoie devant un tribunal, le jugement pourrait tomber pile dans la dernière ligne droite avant les municipales de 2014. Peu m'en chaut : de toute façon, il y aura toujours une élection qui tombe au mauvais moment. Pas de raison de perdre du temps : tant que la croisade "Déchets 13" ne sera pas terminée, je ne pourrai pas quitter Marseille pour prendre la direction de l'Agence de gestion des biens confisqués aux grands malandrins.
Pourtant, mon œuvre ne sera pas complète sans l'aide des gueux du Tiers-État, qui devront parachever ma croisade en sanctionnant dans les urnes les féodaux frappés du fléau de la justice. L'exemple de grands barons réélus triomphalement dans les comtés d'Istres, Paris Ve ou Levallois ne plaide pas dans ce sens. Les manants méritent-ils tant de chevalerie ?

2 mai 2011

Torpilles et révélations contre Jean-Noël Guérini

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Nouvelle semaine pour rechercher la vérité. Si tant est qu'elle puisse être dénichée ou totalement établie. Mais il ne faut peut-être pas désespérer. Merci de lire tout ce qui suit, rebondissements, surprises et révélations. Car la presse fait son travail.
Suite à l'audition et aux déclarations de Jean-Noël Guérini à Paris, les réactions ammoniaquées n'ont pas tardé. Patrick Mennucci s'est senti visé par la phrase "le co-auteur du rapport qui a tenu le porte-plume de Montebourg".
Devant la commission, Jean-Noël Guérini a expressément répété les termes de son communiqué : "L'attitude hautaine du directeur de campagne, homme à tout faire, composant les listes, écartant les soutiens, écrasant les camarades par sa prétention, sa suffisance et la soi-disant expérience acquise lors de la campagne présidentielle de 2007, a été désastreuse."
Mennucci n'a pas supporté. "Je regrette qu'il manie désormais l'insulte à mon égard. Ce n'est pas digne du PS. En ce qui me concerne, je ne me tiendrai qu'aux faits et me garderai de porter des propos dictés par la méchanceté. Je porte tous les maux de Jean-Noël Guérini. J'ai été accusé d'avoir écrit des lettres anonymes, des SMS et maintenant le rapport. Je ne comprends pas que pour se justifier, il ait besoin de ces attaques mensongères."
Ça chauffe donc. 
Le second à vitupérer Guérini n'est rien moins que Michel Vauzelle lui-même. Peu disert jusqu'ici, y compris lorsqu'il avait été insulté par Alexandre Guérini lors d'écoutes téléphoniques, il s'était toujours retenu de commenter publiquement le climat politique des affaires et des entourloupes au parti socialiste. Mais jeudi, c'en était trop pour lui. Il a donc lâché un communiqué.
"Je m'étonne de leur teneur. Ces propos mensongers et injurieux à mon égard m'obligent à répondre." Revenant sur les différends apparus lors de la campagne des régionales, Vauzelle a précisé : "Je confirme ce que j'avais voulu jusqu'à présent ne réserver qu'au Bureau national, concernant l'attitude destructrice pour la gauche de Jean-Noël Guérini. Cette attitude visait et aurait pu provoquer la défaite de la gauche. Ce que j'ai dit au PS est la vérité et je le redirai point par point devant la commission Richard si elle veut bien m'entendre".
Mais, d'après lui, "la commission aura beaucoup de mal à obtenir la vérité sur la situation réelle de la fédération parce que beaucoup de responsables, d'élus et de militants ont encore aujourd'hui peur d'un système qui risque cependant de porter tort au candidat socialiste lors de l'élection présidentielle." Et une torpille, une.

(Clic sur l'image pour agrandir)
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Et puis, pour que l'effervescence ambiante monte encore d'un cran, Le Point a révélé jeudi que depuis le 7 avril Rémy Barges, le directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini, est poursuivi pour "destruction ou dissimulation d'indices pouvant déterminer la preuve d'un délit" au sujet du changement d'ordinateurs à la veille d'une perquisition dans les locaux du conseil général.
En novembre dernier, entendu comme témoin, il avait en effet expliqué : "Je pense que j'ai paniqué dans la mesure où il y avait un certain nombre d'informations à caractère politique sur ces ordinateurs". Il avait évoqué en particulier des notes concernant "des attributions de logement", "les subventions d'associations", "les alliances politiques"…

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Le bras droit de Guérini poursuivi pour "destruction de preuves"
28 avril 2011 Par Hervé Gattegno

Offensif devant la commission d'enquête interne chargée du fonctionnement du PS des Bouches-du-Rhône, qui l'a entendu hier protester contre les accusations de "clientélisme" et d'"intimidation" portées par Arnaud Montebourg, Jean-Noël Guérini est à nouveau sur la défensive sur le front judiciaire. Le procureur de Marseille, Jacques Dallest, a délivré le 7 avril un réquisitoire supplétif pour "destruction de preuves" contre le principal collaborateur de l'élu socialiste, son directeur de cabinet au conseil général des Bouches-du-Rhône. Celui-ci est soupçonné d'avoir ordonné la destruction des ordinateurs du cabinet de Jean-Noël Guérini à la veille d'une perquisition dans ses locaux.
C'est le juge d'instruction Charles Duchaine, chargé de l'enquête sur l'affaire des marchés publics de l'agglomération marseillaise - dans le cadre de laquelle Alexandre Guérini, frère de l'élu, est incarcéré depuis le 1er décembre 2010 -, qui a demandé l'extension de sa saisine à ces nouvelles charges. Le 20 novembre dernier, lors d'une perquisition au siège du département, que préside Jean-Noël Guérini, les gendarmes avaient découvert que tous les ordinateurs du cabinet et des secrétaires du chef du PS marseillais venaient d'être remplacés. Interrogées durant les jours suivants, les secrétaires de l'élu avaient indiqué que leurs ordinateurs avaient été changés entre le 17 et le 19 novembre sans qu'elles en sachent la raison - ni sur l'ordre de qui.

Réflexe de précaution
Entendu en qualité de témoin le 29 novembre 2010, Rémy Barges, directeur du cabinet de Jean-Noël Guérini au conseil général, avait admis avoir donné en urgence l'ordre de remplacer ces machines, sans toutefois en fournir une raison convaincante. "Je pense que j'ai paniqué, dans la mesure où il y avait un certain nombre d'informations à caractère politique sur ces ordinateurs, notamment des notes sur les subventions d'associations", déclarait-il alors, ajoutant : "Jean-Noël [Guérini] n'a pas été informé de cette décision, que j'ai prise seul en demandant que ce soit effectué rapidement."
Le collaborateur de l'élu affirmait en outre qu'aucun élément "compromettant" n'avait été perdu ou détruit à la faveur de cette substitution, évoquant simplement "des attributions de logements, des notes politiques concernant par exemple les cantons, les alliances politiques, les déclarations des uns et des autres"…
"S'il n'y avait rien de compromettant dans ces ordinateurs, pourquoi les avoir détruits ?
, avaient demandé les gendarmes.
- Par réflexe de précaution, avait assuré M. Barges. Pour éviter que des informations soient diffusées ou que le contenu des ordinateurs puisse être rendu public. Il n'y avait pas de comptes en Suisse dans ces machines."
Sollicité par les enquêteurs, le directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini avait enfin précisé qu'il ne savait pas ce qu'étaient devenus les disques durs des ordinateurs remplacés. Interrogée le même jour, l'assistante particulière de l'élu expliquait pour sa part : "Mon ordinateur a été changé sans que je sache pourquoi et par qui. Je suis arrivée un matin, le technicien était dans mon bureau et j'ai constaté que mon ordinateur avait été changé (….) Je n'ai pas retrouvé les documents qui se trouvaient [dans la mémoire], mais ce n'était pas de grande importance. Je ne me suis pas posé de questions." L'initiative du procureur atteste que la justice est décidée à se montrer plus soupçonneuse.

Enfin, grâce à un article étonnant, bien renseigné et plutôt costaud du Nouvel Observateur paru jeudi 28 avril 2011, on en sait plus désormais sur certaines sources ayant alimenté les soupçons d'Arnaud Montebourg. Voici l'intégralité de cet article.

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La "gorge profonde" de Montebourg et les Guérini

Le PS a lancé son audit sur les dysfonctionnements de sa fédération des Bouches-du-Rhône. Problème : le principal inspirateur de cette opération mains propres a retourné sa veste. Enquête
C'est une scène à la Scorsese, qui a stupéfié sur le coup la petite famille socialiste mar­seillaise, mais qui prend au­jourd'hui toute sa significa­tion. Elle éclaire d'un jour nouveau les au­ditions qui se déroulent depuis une se­maine Rue-de-Solférino pour faire le point sur le fonctionnement de la fédération PS des Bouches-du-Rhône.
Jeudi 17 février dernier, à Allauch dans les faubourgs de Marseille, élus et mili­tants se retrouvent pour un traditionnel repas républicain. Costume sombre et che­mise blanche, Jean-Noël Guérini, le tout ­puissant président du conseil général, plaisante avec ses proches à la table d'honneur quand, soudain, il se lève pour donner une accolade appuyée au député du quartier de l'Estaque, Henri Jibrayel. Un parfum de grand pardon flotte dans le gymnase… Dans l'assistance, certains convives se frottent les yeux en voyant le dernier arrivé s'asseoir el la droite du "père". Voilà bientôt deux ans en effet que tout Marseille les croyait fâchés à mort !
Député et conseiller général des Bouches-du-Rhône, Henri Jibrayel était en effet - jusqu'à la réconciliation d'Allauch… - un des premiers pourfend­eurs du président du conseil général. Il a même été l'un des principaux inspirateurs du fameux rapport qu'Arnaud Montebourg a rédigé pour dénoncer les turpitudes de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. C'est en effet au soir d'une visite effectuée chez lui, à l'Estaque, le 5 juin 2010, que le chevalier blanc du PS, effaré par tout ce que son hôte et ses amis venaient de lui raconter, a décidé de se lancer dans son opération "mains pro­pres". C'était il y a un an. Autant dire un siècle…
Aujourd'hui, la "gorge profonde" de Montebourg est rentrée dans le rang. Pour Jean-Noël Guérini, qui devait venir s'expli­quer cette semaine à Paris devant la com­mission d'enquête mise en place par le PS, c'est une bonne nouvelle. La ré­conciliation en valait la chandelle. Car Henri Jibrayel, quand il est fâché, est plutôt du genre sanguin et bruyant. Cet ancien syndicaliste des PTT, familier des quartiers populaires de Marseille, a grandi en politique auprès de François Bernardini, l'ex-patron du PS local qui fut contraint par la justice à la démission. Le cheveu cranté et les épaules larges, c'est un élu de terrain qui connaît sur le bout des doigts sa circonscription. Les militants mar­seillais se sont habitués à son langage fleuri et à son franc-parler qui lui joue parfois des tours… Comme ce jour où il s'en est pris très vivement aux frères Guérini, lors d'une conversation téléphonique, dans une salle d'embarquement à l'aéroport. "Ce sont des enc…! Ils finiront en prison", hurle-t-il à son interlocuteur devant plusieurs témoins médu­sés. Quelques minutes plus tard, dans l'avion, le voilà qui reprend sa diatribe et s'épanche auprès de sa voisine, la députée PS de Marseille, Sylvie Andrieux. ]ibrayel lui ra­conte qu'il connaît les Guérini depuis qu'il est jeune, qu'ils sont de mèche avec des figures du milieu marseillais, qu'ils ont des comptes à l'étranger… quand soudain, un homme assis à trois sièges de là l'interrompt poliment pour lui dire qu'il a tort de parler de la sorte. "Qui tu es, toi ? lance Jibrayel. "Je suis Olivier Grimaldi, l'avocat d'Alexandre Guerini", répond l'autre. Ambiance…
Au-delà du folklore, Henri Jibrayel est sur­tout un symbole. Il est à la fois le complice et la victime du système clientéliste et autocra­tique mis en place par Jean-Noël Guérini dans les Bouches-du-Rhône depuis douze ans. Car il fut un temps où les deux hommes savaient s'entendre. Sur le dos de leurs petits cama­rades, notamment. Patrick Mennucci, au­jourd'hui maire des 1er et 7e secteurs de Marseille, se souvient encore de sa campagne des législatives en 2002. Candidat PS dans la 4e circonscription de Marseille, il avait alors pour suppléant un conseil­ler général nommé… Henri Jibrayel, jusqu'à ce que ce dernier ne le lâche sur ordre de Jean-Noë! Guérini ! Le pa­tron des socialistes marseillais préfé­rait en effet soutenir un candidat communiste pour des raisons tactiques locales. Pour la petite histoire, Jibrayel ira jusqu'à coller des autocollants déni­grant les affiches où il figurait comme suppléant. "Du jamais-vu dans l'his­toire électorale", commente Mennucci.
Aux municipales 2008 en revanche, rien ne va plus entre Jibrayel et Guérini. Dans la grande tradition mar­seillaise qui veut que la politique soit aussi une affaire de famille, le premier demande au second que son fils figure en bonne place sur la liste dans son arondissement. Faute d'obtenir mieux qu'une 10e place réputée inéligible, le père débarque fou de rage à la perma­nence du numéro un des socialistes marseillais qu'il alpague dans son bu­reau. L'altercation, sans témoins, fait tellement de raffut qu'un policier du GIPN, assigné à la protection de Guérini durant la campagne, se sent obligé de pousser la porte pour séparer les deux hommes. Jibrayel ne le sait pas encore, mais en s'emportant contre le "patron", il vient d'hypothéquer son avenir politique pour longtemps.
A Marseille, en effet, il ne fait pas bon se mettre en travers du chemin du président du conseil général ! La ri­poste de Guérini est aussi immédiate que brutale. Du jour au lendemain, Jibrayel se voit privé de tout : il perd sa délégation ; les berlines aux vitres fumées du conseil général qu'il affection­nait tant lui sont désormais interdites ; les subventions départementales aux associations de son quartier fondent comme neige au soleil ; ses proches sont écartés de tous les postes. Le malheureux n'a même plus un billet pour l'OM à offrir ! Comme un malheur n'arrive jamais seul, Guérini en profite aussi pour promouvoir sa rivale de toujours dans les quartiers Nord de Marseille : Samia Ghali, une proche d'Alexandre Guérini, fait son entrée au Sénat.
En décembre 2009, à la veille de Noël, Jibrayel mis au ban du PS marseillais depuis plus d'un an n'en peut plus. Les larmes aux yeux, il grimpe au neuvième étage du "bateau bleu", le siège du conseil général pour demander une audience à "Jean-Noël". Le président n'est pas là, mais qu'importe : le député de l'Estaque a tout prévu, il sort de son sac une couverture et entame une grève de la faim ! Au bout de quelques heures, pas encore affamé mais mortifié, il menace de se jeter d'un balcon, avant de s'effondrer, victime d'un léger malaise. Pompiers, urgences, hôpital… Heureusement plus de peur que de mal. Dans les travées du conseil général, ses proches alertés menacent de tout casser en représailles. Guérini finira par recevoir Jibrayel. Pour rien. Trois mois plus tard, les deux hommes s'embrouillent de nouveau, toujours à propos du fils Jibrayel, lors de la constitu­tion des listes pour les régionales.
Marginalisé à Marseille, le député se dé­mène à Paris, où il occupe la fonction de vice­-président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, pour battre le rappel de ses sou­tiens. D'un naturel affable, il a beaucoup de copains chez ses collègues. Il raconte ses mal­heurs à tout le monde, explique que Guérini veut sa peau, donne force dé­tails sur les menaces et les tentatives d'intimidation dont il dit faire l'objet. En fait-il trop ? Ses amis s'inquiètent réellement pour son sort. Montebourg est le premier à mordre à l'hameçon en juin 2010. Mais un mois plus tard, c'est au tour de Jean-Marc Ayrault, le patron des députés PS, de descendre en per­sonne à l'Estaque avec quelques parle­mentaires pour "réconforter" son ami. Jean-Noël Guérini reçoit le message cinq sur cinq, mais rien n'y fait. A l'au­tomne, le président du conseil général signe une paix des braves avec ses vieux ennemis, mais pas avec JibrayeI. Pis, il laisse même planer le doute sur le renouvellement de son investiture pour 2012 dans sa circonscription.
Le député de l'Estaque se sent pris au piège. Il tente le tout pour le tout, y compris de s'incruster un mardi soir au bureau national du PS pour essayer de parler à Martine Aubry et à son pre­mier lieutenant, François Lamy. A l'Assemblée, il distribue à qui veut les lire des photocopies du moindre article mettant en cause les Guérini. Mais une fois dans son bureau, il écrit à "Jean-­Noël" pour implorer son pardon et lui demander un rendez-vous, au plus vite.
Il lui faudra attendre jusqu'au 18 janvier dernier pour l'obtenir. Enfin ! Ce jour-la, c'est Noël pour Jibrayel qui se voit promettre par Guérini devant deux témoins la délégation aux sports, la plus belle du conseil général, l'accès aux berlines et même son investiture pour les prochaines législatives. En gage de bonne volonté, le député offre au patron des socialistes marseillais tous ses petits secrets, ainsi que les SMS et l'enregistrement de plusieurs conversations avec des opposants historiques du président du conseil général. Le marché n'est pas très reluisant, mais il est conclu. Il ne manque plus qu'à le sceller en public. Ce sera pour le 17 février à Allauch…
Tant pis pour Montebourg et son rapport, tant pis aussi pour les quelques socialistes marseillais qui comptaient sur lui pour les aider à faire déguerpir Guérini ! Lors de la réunion du groupe PS au conseil général des Bouches-du-Rhône, qui a précédé la réélection de son président, Henri Jibrayel a annoncé de­vant ses anciens camarades qu'il soutenait "Jean-Noël". "On s'est expliqué entre hommes, a-t-il pris soin de préciser, je te res­pecte, tu me respectes…" Jusqu'au prochain épisode ?
                                                     François Bazin et Matthieu Croissandeau

Descente sur le Vieux-Port
Les bœufs-carottes du PS ont du pain sur la planche ! Après Arnaud Montebourg la se­maine dernière, c'est au tour de Jean-Noël Guérini de venir s'expliquer ce jeudi devant la com­mission mise en place par Martine Aubry pour faire toute la lumière sur le fonctionnement de la fédéra­tion socialiste des Bouches-du-Rhône. Présidé par l'ancien ministre Alain Richard et composé de huit personnalités représentant les différents courants du Parti socialiste, cet aréopage a prévu de rendre ses conclusions le 20 juin prochain. L'enquête ne portera pas sur l'affaire des marchés publics de déchets pré­sumés frauduleux qui vaut à Alexandre Guérini de dormir depuis le mois de décembre en prison. Elle s'intéressera en revanche de prés aux dysfonctionne­rnents du PS local. Pour juger sur pièces, la commis­sion a prévu de se rendre les 4 et 5 mai prochains à Marseille, où elle entendra plus d'une quarantaine d'élus et de militants. Afin de garantir la confiden­tialité et l'indépendance, les auditions ne se déroule­ront pas au siège de la fédération mais dans la salle de conférences d'un hôtel. Plusieurs témoins ont par ailleurs accepté de parler, mais uniquement devant Alain Richard. La confiance règne !
                                                                                                    F. B. et M. C.

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28 avril 2011

Jean-Noël Guérini victime d'un complot ?

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Le Canard enchaîné d'hier ne lâche pas le morceau. Moi non plus. Alors, faisons le point.
Ce mercredi, Jean-Noël Guérini a débarqué à Paris, accompagné de Jean-David Ciot, et d'une valise à roulettes de quelque 35 kilos de documents, le poids estimé, selon lui, de sa ligne de défense devant la commission d'enquête du parti socialiste. Mais, c'est connu, plus on en fait, moins ça risque de peser.
A la sortie, il a répondu aux journalistes qui l'attendaient mais on l'a moins vu qu'Arnaud Montebourg qui, la semaine dernière, a pris plaisir à répondre aux invitations sur les plateaux télé. Et même jusqu'à dimanche après-midi où il a encore agité les cloches à son plein pendant le dernier quart d'heure de C politique sur France 5.
Jean-Noël Guérini, lui, n'a pas à proprement parlé du fond du dossier. Il a seulement expliqué que le rapport Montebourg "a été perçu pour ce qu'il est : une agression gratuite, inquisitrice, injustifiée qui jette l'anathème sans la moindre vérification, et qui mélange les genres : calomnie, diffamation, exagération, propos mensongers ; la liste est longue hélas."
Il a ajouté : "Il n'y a pas de domination du conseil général sur la fédération." "Les électeurs ne sont pas des clients." "Le conseil général est reconnu pour ses politiques publiques et sa gestion exemplaire."
Enfin, il a répété à qui veut l'entendre : "Je suis l'instrument d'une campagne visant notre première secrétaire, une campagne de dénigrement, relayée par la droite." Ces propos ont été repris par Jean-David Ciot le soir même sur LCM.
Ça sentait les éléments de langage, comme en use l'Elysée. Il a aussi laissé entendre que "certains responsables politiques de droite et du parti socialiste" devraient se montrer plus mesurés dans cette affaire. Principale cible visée, Patrick Mennucci, soupçonné d'anti-jeu en vue de poser ses jalons pour la municipale marseillaise de 2014.
Il y a quelques jours, sur France 3, ce dernier n'avait pas reculé d'un pouce pour demander encore une fois un autre type de fonctionnement pour la fédération des Bouches-du-Rhône, surtout depuis que Jean-Noël Guérini a quitté la direction et mis en place Jean-David Ciot : "
Ciot n'a aucune espèce d'autonomie par rapport au président du conseil général, rien ne change", s'était-il désolé. Pour lui, la fédération est "au paroxysme du pouvoir personnel", il y a "un système clientéliste qu'il faut changer".
Or, vendredi soir, on a vu le tandem Guérini Ciot faire la paire et échanger des effusions amicales et "familiales" (dixit Guérini) avec Alexandre Medvedowsky qui fêtait à Jouques sa réélection dans le canton de Peyrolles.
Voilà, donc le point de la situation à ce jour. Les 3 et 4 mai, la commission et son président se rendront à Marseille pour auditionner élus et militants.

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Pour compléter ces informations, on pourra aussi prendre connaissance du communiqué pré-rédigé par Jean-Noël Guérini diffusé à l'extérieur à l'intention de la presse pendant son audition par la commission :
http://www.scribd.com/fullscreen/54050177)

Voir également ce qu'en pense Renouveau PS 13 :
(aller à l'article daté du 22 avril)
http://renouveaups13.blogspot.com/2011/04/temoigner-aupres-de-la-commission.html

20 avril 2011

Guérini : Une commission d'enquête et puis quoi ?

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C'est aujourd'hui qu'Arnaud Montebourg est convoqué à Paris pour s'expliquer devant la commission d'enquête composée de huit membres mise en place par la direction nationale du parti socialiste. Jean-Noël Guérini s'y rendra aussi mais dans une semaine. Après ces deux entretiens, les membres de la commission d'enquête se déplaceront à Marseille pour y entendre les cadres fédéraux, des secrétaires de section, ainsi que des militants, dont certains tirés au sort sur les listes de la fédération.
Faut-il s'attendre à des secousses au sujet de la gestion et du fonctionnement de la fédération départementale ? Si l'enquête est menée sur la base des premières déclarations de Martine Aubry qui ne trouvait rien à redire, ce sera mal parti. En revanche, si la commission veut donner l'impression qu'elle n'aura pas travaillé pour rien, il lui faudra déceler ici ou là quelques poux mais pas de quoi se gratter.
Pour mémoire, l'enquête se passe entre pairs du parti socialiste, les uns jugeant les autres. Par ailleurs, lors du congrès de Reims, la fédération des Bouches-du-Rhône avait apporté son soutien gagnant à la première secrétaire. Pourquoi ne lui renverrait-elle pas l'ascenseur aujourd'hui surtout si elle candidate aux primaires ou même si elle devait s'associer à Dominique Strauss-Kahn pour faire échec à François Hollande ?
Il y a de quoi douter sur le fait que la commission d'enquête puisse disposer de toute l'indépendance nécessaire pour faire la clarté sur la fédération du 13.
Pourtant, dans le cas de celle de l'Hérault, l'exclusion de certains adhérents, suivie d'une mise sous tutelle générale, avait d'abord été prononcée à partir des propos dégueulasses de Georges Frêche. Depuis, les choses se sont corsées. Le parti socialiste a découvert les drôles de méthodes de l'ancien premier secrétaire (lire ci-après l'article du Canard enchaîné). Osera-t-on aller aussi loin pour Jean-Noël Guérini ? On est impatient de le savoir.
D'autant plus que Jean-David Ciot, qui assure l'intérim jusqu'à la fin de l'enquête, vient d'admettre indirectement, dans une longue interview à La Provence, qu'il y a des dysfonctionnements puisqu'il propose plusieurs changements.
Le premier le concerne : pour éviter des confusions, il démissionnera du cabinet de Jean-Noël Guérini qui l'emploie au conseil général. Il prévoit aussi de "laisser la parole libre à l'intérieur de la fédération". Ah bon ? Elle ne l'était pas ?
Et puis, "On a subi les problématiques politiciennes marseillaises. L'enjeu de la reconquête de Marseille peut expliquer certaines postures, mais il n'y a pas que cela. Il y a Aix, il y a les autres. On peut imaginer une structure fédérale différente avec des sections qui correspondent aux bassins de vie plus qu'aux villes. Les militants le demandent". Il est sans doute temps, en effet.
"Il faut changer un système composé d'élus et de militants groupies d'élus qui est efficace électoralement mais qui n'est pas représentatif de l'électorat." A croire que personne ne s'en était aperçu depuis longtemps !
"Après, la commission d'enquête nous aidera à remettre à plat ce qui doit l'être." Mouais, surtout quand on voit avec quel courage beaucoup ont obtempéré lors de la désignation de Jean-Noël Guérini au poste de "président" de la fédération, de sa désignation et de son élection à la présidence du conseil général. Y a du boulot, camarades !

(Clic sur les deux images pour agrandir)
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18 avril 2011

V'Hello d'Aix : Le coûteux rétro-pédalage de Joissains

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Les V'Hello d'Aix ont fini par crever. La décision de résilier le marché du dispositif vélos et stations de vélos a été entérinée par le conseil municipal de lundi dernier. Ce n'est pas trop tôt. Et, en bout de course, à défaut de faire rouler les vélos, c'est la Ville qui s'est fait rouler par JC Decaux.
Les premiers appels d'offres avaient été lancés en 2005. Et l'installation effective avait débuté mi-2007. Il a donc fallu l'équivalent de la durée d'un mandat municipal pour que Maryse Joissains reconnaisse le fiasco de l'opération et fasse un véritable rétro-pédalage.
En février 2010, à la suite d'un rapport cinglant de la Chambre régionale des comptes, elle prétendait pouvoir mettre en place "une série d'actions destinées à relancer l'utilisation des vélos", avec notamment "l'étude de la réimplantation de certaines stations" ou encore "la réalisation de nouvelles pistes cyclables dans le cadre du Plan de déplacements urbains de la communauté d'agglomération". C'était déjà beaucoup trop tard, impossible de redresser le guidon, l'embardée était inévitable.
On se pose alors bien des questions. Dont celle-ci : pourquoi cet entêtement alors que les alertes avaient été émises dès le début du processus ? On nous avait dit aussi que la Ville allait tenter de renégocier un coût à la baisse avec la société Decaux. Peine perdue, un contrat est un contrat.
Lundi, Jean Chorro, admettait : "une chose était sûre, ça a coûté très très cher à la collectivité de résilier le contrat même en payant des indemnités de rupture qui seront à négocier bien entendu et il faudra quand même attirer l'attention de Decaux en disant que c'est lui l'homme de l'art et c'est lui qui aurait dû faire les études préliminaires". Mais la pirouette va avoir du mal prendre.
En 2005, j'étais membre de la commission d'appel d'offres et j'avais fait de sévères observations sur le choix de la nature juridique du marché qui aurait dû être scindé en deux, le mobilier urbain d'un côté en marché public, les vélos de l'autre en délégation de service public. J'avais même alerté le sous-préfet (voir la lettre explicative ICI
). La Ville m'avait répondu que toutes les études nécessaires et toutes les simulations avaient été menées.
Tenter maintenant de faire endosser ces reponsabilités par Decaux, qui n'est pas exempt de reproches par ailleurs, paraît totalement fumeux, illusoire et même plutôt malhonnête. La résiliation partielle unilatérale du contrat va devoir passer par les tribunaux et entraîner de fortes dépenses, y compris celles de remise en état des trottoirs et des chaussées !

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On lira ci-après deux articles que j'avais produits dans Aix en dialogue et un autre article sur mon blog.

Aix en dialogue, septembre 2006

Les vélos de la discorde
Changer les abribus et renouveler les panneaux électroniques d'information, pourquoi pas ? En soi, cette amélioration visant à donner une image plus agréable et plus fonctionnelle de ces mobiliers et à informer correctement n'est pas incongrue. Là où les choses prennent un autre tour, c'est lorsqu'on examine la forme de la procédure utilisée. Car, à ce marché, la municipalité a conjoint un autre projet – un service de prêt de vélos – artificiellement lié au premier.
Pour comprendre, il faut savoir que le premier est un marché public fondé sur une concurrence pour laquelle la ville paie et n'encaisse rien. Pour le second, la perception de recettes alimentées par les usagers nécessite une délégation de service public accordée à un concessionnaire qui se substitue à la ville. Les deux marchés auraient donc dû être traités de manière distincte.
S'il est vrai que certaines villes ont adopté un système comparable, a contrario la ville de Marseille, prudente, a préféré retirer un dossier du même type. A nos yeux, en effet, cela ne tient pas la route juridiquement parlant. Un seul dossier présenté avec un mélange de deux procédures différentes limite très fortement la concurrence. Il aboutit à la candidature unique – cela a été le cas – puisque la rédaction du cahier des charges ne peut s'appuyer que sur les données connues émanant du plus apte à répondre à cette double exigence !
Petits vélos
Si les deux aspects du dossier ci-dessus avaient été considérés séparément, celui des vélos aurait eu un impact plus grand pour le public. Encore aurait-il fallu le mettre en conformité et en cohérence avec les dispositions globales du Plan de déplacements urbains et notamment le "schéma vélo" qui a fait l'objet d'un rapport mais n'a jamais été voté ou appliqué sur l'ensemble de la Communauté d'Agglomération du Pays d'Aix, un schéma déclinable dans chaque commune. Au lieu de cela, le problème, traité de manière isolée et fragmentaire, est plutôt mal… enfourché.

Aix en dialogue, juillet 2007

V’Hello ou comment gâcher une bonne idée
La Ville d’Aix a décidé de mettre en place un service de vélos sur le modèle lyonnais. L’idée est a priori intéressante tant la réussite lyonnaise est parlante. On pourrait donc s'en féliciter si l’application de cette idée n’était dévoyée.
Le grand Lyon avec ses 450.000 habitants propose 3.000 vélos, soit 1 vélo pour 150 habitants. Et ça roule tellement bien qu’ils envisagent d'augmenter le nombre à 5.000. A Aix, il y aura 220 vélos pour 150.000 habitants, en contrepartie de la publicité couverte par le marché public. Cela fait 1 vélo pour 682 habitants, soit 5 fois moins qu'à Lyon. On peut donc s’interroger sur le poids de cette nouvelle installation.
Sur l’implantation des bornes vélos, force est de constater que la Ville d’Aix a tenu à limiter leur localisation dans l’hyper centre. Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que les quartiers ou les parcs relais soient concernés afin de réduire l’usage de la voiture au profit du vélo, rien de tel n'a été mis en place. V’Hello risque donc d’être plus un gadget touristique qu’un moyen de transport pour les Aixois.
Mais ce qui jette un doute sur la pertinence réelle de cette installation, c’est l’absence de politique vélo qu’elle cache. Ainsi, aujourd’hui, les couloirs de bus restent interdits aux vélos, certaines zones urbaines sont interdites à la circulation vélo (comme les "Allées provençales"), aucun schéma vélo n’a été réalisé alors qu’une étude commandée par la Communauté du Pays d’Aix est dans les tiroirs depuis 3 ans, aucune piste cyclable protégeant les cyclistes n’a été construite.
En matière de transport, on ne nous mène pas à vélo… mais en bateau.

Sur mon blog, mars 2010

Rapport de la Chambre régionale des comptes
Le dispositif V'Hello
Il s'apparente autant à une opération de promotion de l'image de la collectivité qu'à la mise en place d'un véritable service à la population. Les possibilités de mise en concurrence du dispositif V'Hello ont été restreintes en raison de son intégration au marché relevant du mobilier urbain (un seul candidat : JC Decaux). Il en résulte un coût annuel pour la collectivité de 3.000€ par vélo. Le choix de la collectivité s'explique d'autant moins que le poids des prestations relatives aux vélos représente 73,5% des prestations totales. 
On constate une sous-utilisation des vélos pour la première année de fonctionnement du dispositif et donc un niveau de recettes de location très faible. Cette sous-utilisation est liée à une publicité insuffisante, à une mauvaise implantation de certaines stations de vélos et aux difficultés de déplacement dans le centre historique. Une meilleure analyse des besoins avec une mise en concurrence séparée du marché de mobilier urbain aurait sans doute permis de mettre en place un dispositif mieux adapté et moins coûteux.
Mon commentaire
Coûteux et peu rigoureux…
La Chambre a relevé l'incongruité du dispositif V'Hello. Comme je l'avais souligné en son temps, l'appel d'offres unique aurait dû faire l'objet de deux marchés distincts : l'un pour les vélos, l'autre pour le mobilier urbain. En regroupant les deux, la municipalité a ainsi réduit la mise en concurrence à la seule candidature susceptible d'y répondre sous cette forme, JC Decaux. Ce qui en résulta sans surprise.
L'os, c'est que la Chambre régionale des comptes pointe à son tour la mauvaise affaire faite par la Ville :
 "Une meilleure analyse des besoins avec une mise en concurrence séparée du marché de mobilier urbain aurait sans doute permis de mettre en place un dispositif mieux adapté et moins coûteux". 

15 avril 2011

Comment Guérini continue à faire sa loi…

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La commission nationale d'enquête interne sur le fonctionnement de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône a commencé son travail. Entre autres recherches d'éléments sur la gestion, elle a décidé de convoquer à Paris Arnaud Montebourg le 20 avril et Jean-Noël Guérini le 27. Il ne s'agit donc pas d'une confrontation mais de deux auditions à une semaine d'intervalle l'une de l'autre.
On le sait, Jean-Noël Guérini a quitté son poste de direction de la fédération suite à sa réélection à la présidence du conseil général. Alors que certains membres du parti socialiste réclamaient une direction collégiale, Jean-Noël Guérini a mis en place un premier secrétaire délégué par intérim, Jean-David Ciot, qui exerçait déjà cette fonction.
Le successeur ne sera désigné qu'en juin après les conclusions de la commission d'enquête. Ce qui a fait dire à Patrick Mennucci que ce dernier "n'a aucune espèce d'autonomie par rapport au président du conseil général. Le message est limpide, rien ne change".
Hier, tel un surveillant général du département, Jean-Noël Guérini a dévoilé les récompenses aux élus méritants. Pour les autres, les sanctions ont consisté à ne rien leur donner, à les ignorer ou à les confiner dans un placard.
Marie-Arlette Carlotti semble amère d'avoir dû troquer la délégation aux relations méditerranéennes contre celle aux relations internationales qu'elle avait déjà exercée lors de son tout premier mandat. Elle y voit là une forme de sanction pour une parole trop libre.
Quinze conseillers généraux sont vice-présidents et la totalité des élus majoritaires moins deux ont obtenu des délégations, parfois avec des permutations. Qui sont ces deux ?
Le premier est Michel Tonon, élu à Salon-de-Provence depuis 2008. Il n'avait déjà pas de délégation. Il n'en a pas non plus cette fois-ci. Il faut dire qu'il a été mis en examen il y a un an. Etonnamment, un autre mis en examen dans la même affaire, Jean-Pierre Maggi, réélu il y a un mois dans le canton de Pélissanne, n'a pas eu de mal, lui, à être reconduit dans sa délégation.
Le second porté disparu est Alexandre Medvedowsky qui était en charge des relations entre le conseil général et la communauté du Pays d'Aix. L'organigramme publié hier ne mentionne ni son nom ni aucune délégation. Paie-t-il ainsi le prix de la contestation de la section socialiste aixoise lors du vote pour le candidat unique Guérini à la présidence ? On ne voit pas d'autre explication… 

13 avril 2011

Guérini : Entre clientélisme et conflit d'intérêts

guerini_jn___CopieQue dira finalement la commission d'enquête menée par la direction nationale du parti socialiste ? En coulisses, il se dit qu'il n'en sortira pas grand-chose.
Certains s'appuient sur les déclarations timorées de Martine Aubry. Ils n'imaginent pas un instant la livraison d'un rapport au vitriol venant contredire sa ligne séparant la vie de la fédération et l'action éventuelle de la justice à l'encontre de Jean-Noël Guérini.
D'autres estiment que les prises de position affichées par certaines personnalités depuis quelques jours ne pourront pas être écartées, surtout si ces personnes sont entendues par les enquêteurs socialistes ou si elles fournissent de leur propre chef des témoignages écrits sur les dysfonctionnements qu'elles ont constatées.
Une chose est sûre, l'ambiance a évolué. On parle maintenant plus clairement face aux journalistes. Patrick Mennucci et Eugène Caselli ont ouvert la voie, et de quelle manière !
La prétendue façade de bonne entente et d'unité exhibée aux militants et aux électeurs s'est fissurée. On n'en est pas au lynchage mais les gants de boxe sont à portée de main. Il ne faut cependant pas s'attendre à une bronca générale. Les affidés et les bien servis continueront à se taire. Pour espérer la mise à plat d'un système cadenessé et opaque (lire ci-dessous les deux articles de la semaine dernière), il ne faudra donc compter que sur ceux qui ont le moins à perdre ou qui possèdent encore une dose de courage.

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A Marseille, le clientélisme reste roi
8 avril 2011 par Xavier Monnier

Malgré les soupçons qui pèsent sur sa gestion, Jean-Noël Guérini a été réélu à la présidence du conseil général. Pour préserver leurs intérêts, rares furent les socialistes à s’y opposer.
Le putsch a échoué. Malgré la tempête judiciaire qui s'annonce autour du conseil général. Malgré le rapport Montebourg, qui dénonce le fonctionnement de cette fédération socialiste. Malgré un clientélisme à tous crins (attributions de logements, d'emplois, de subventions...) dénoncé par la presse. Bien qu'Alexandre Guérini, frère de..., soit mis en examen dans une affaire de marchés présumés frauduleux.
Jean-Noël Guérini, tout-puissant patron socialiste du département des Bouches-du-Rhône, a été triomphalement réélu président : 40 voix pour, 17 contre. Aucune abstention. Silence dans les rangs, furie dans les bancs. Le 31 mars dans l'hémicycle, la foule nombreuse des partisans de Guérini a fait la claque. Et le frais réélu a même brandi un trophée : Charles-Emile Loo, 90 ans. Le dernier baron du defferrisme a lancé une violente diatribe contre la "gesticulation" et la "nullité" des adversaires de son poulain.
Au soir du deuxième tour, une réunion s'est pourtant tenue entre cinq ténors locaux pour trouver une alternative. Avec le soutien de Montebourg, devenu une sorte d'antéchrist pour les soutiens de Guérini, ils ont compté et recompté les conseillers généraux socialistes susceptibles de lâcher "Nono".
"Au maximum, on en a compté huit à douze, peste l'un d'eux, on a vite compris que ce ne serait pas jouable." D'autant qu'entre les cinq séditieux, peu d'atomes crochus, sinon de petites ambitions personnelles : qui pour sa circonscription de député que Guérini rechigne à lui donner, qui pour sa mairie vacillante. Une alliance de (mauvaise) circonstance, et aucune volonté de s'élever à visage découvert.
Le coup de grâce : un coup de fil d'Aubry disant qu'elle soutenait Guérini
Alors ce fut un silence cruel. Seulement perturbé par deux conseillers généraux, Michel Pezet et Marie-Arlette Carlotti. Le premier, dirigeant de la fédération dans les années 80 et avocat, a osé poser la question du maintien de Guérini à son poste. La seconde s'est permis d'écrire qu'elle ne donnerait pas de blanc-seing au président Guérini. Positions réitérées lors de la réunion du groupe socialiste au conseil général, qui devait discuter de l'opportunité de reconduire Guérini.
"Ils se sont retrouvés à trois, pendant que les vingt-sept autres faisaient allégeance. L'un remerciant Guérini de lui avoir rendu sa voiture de fonction, l'autre d'être venu à l'enterrement de sa femme", témoigne un des participants, anonyme et pas plus téméraire qu'un autre.
Pour les opposants, le coup de grâce est venu de Paris. "Guérini nous a dit qu'il avait reçu un coup de fil d'Aubry, et qu'elle le soutenait, même s'il était mis en examen. Le seuil de tolérance est fixé à un renvoi devant un tribunal. Cela a calmé tout le monde, des conseillers généraux jusqu'à la fédération."
Souvent véhément contre la mainmise de Guérini sur le socialisme marseillais, au point de baptiser l'hôtel du département "Pyongyang", l'ancien codirecteur de campagne de Ségolène Royal, Patrick Mennucci, s'est montré fort discret. Patrick "le courageux", comme raillent les guérinistes, s'est borné à lancer un appel pour... Dominique Strauss-Kahn, le matin même de l'élection de Guérini.
Tout juste réélus, les conseillers généraux attendent leur récompense. Le 14 avril sera discuté le budget du deuxième département le plus riche de France. L'enveloppe de l'aide aux communes, qu'aucun critère ne pilote, s'élève à 160 millions d'euros par an...
"Je ne soupçonnais pas un tel degré de lâcheté, s'étonne un membre du premier cercle de Guérini. Désormais, c'est le juge qui va décider de l'avenir."
A Marseille, la politique n'a pas trouvé d'issue. Le quatrième tour des cantonales sera judiciaire.

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