Rébellion de la police municipale contre Joissains
Lors de la séance publique du conseil municipal du 26 septembre dernier, Maryse Joissains a présenté une délibération portant sur une révision du fonctionnement de la police municipale. Mais voilà, certaines modalités ne semblent pas être tout à fait du goût des personnels concernés.
Et pourquoi donc ? En fait, tout a commencé avec le rapport, plutôt sévère, de 40 pages d'octobre 2010 de la Chambre régionale et territoriale des comptes, et dont les observations ont été reprises dans le rapport national de la Cour des comptes de juillet 2011. En gros, la CRTC souligne la politique cahotante, voire chaotique, de la sécurité à Aix.
"Aucune politique globale de lutte contre l’insécurité et de prévention de la délinquance n’a été formalisée et aucun bilan véritable de la politique de sécurité n’a été établi." [...]
"Cette absence d’objectifs précis complique l’évaluation de la politique de sécurité de la ville d’Aix-en-Provence." [...]
"La commune ne dispose pas d’un système de comptabilité analytique permettant une connaissance du coût réel de sa direction de la sécurité. En 2009, les dépenses relatives à la sécurité représentent environ 3% du budget de la collectivité. Elles sont restées relativement stables sur la période."
Et à propos de la structuration de la direction de la sécurité, la CRTC écrit ceci :
"De la même façon, il n’existe pas de règlement intérieur du service de police municipale ni de projet de service ou de lettre de mission définissant les objectifs assignés à ce service. Les objectifs globaux du service sont fixés chaque année par l’adjoint délégué à la sécurité. Depuis ces trois dernières années, l’organigramme des services en charge des missions de sécurité a connu de nombreuses modifications révélatrices des hésitations dans la structuration de la direction de la sécurité."
A titre d'exemple, comme je l'ai souvent évoqué ici, le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance d'Aix (CLSPD), dont j'étais l'un des membres élus, n'avait été réuni qu'une seule fois. Et il a fini par être dissous. N'a subsisté qu'un outil de prévention au niveau de la CPA mais ne répondant pas à la vision globale et détaillée des problèmes à l'échelle spécifique de la commune.
Or, en septembre, la municipalité a proposé une délibération-cadre sur la politique de sécurité à Aix qui se présente malheureusement plus comme un état des lieux que comme un véritable plan d'objectifs et d'organisation.
Suite aux conclusions et aux préconisations d'un audit, certaines dispositions sont déjà durement critiquées par la très grande majorité des policiers eux-mêmes. Notamment, le fait que, à partir de février, les nouveaux horaires prévoient une interruption des patrouilles entre 3 et 6 heures et la contrainte de travailler de jour comme de nuit pour tous les agents, quels que soient leur âge, leur ancienneté ou leur état de santé, alors que le service de nuit était assuré jusqu'ici par des agents volontaires.
De mémoire, c'est la première fois qu'une fronde de cet ordre se fait jour à Aix.
Maryse Joissains est mécontente de la réaction des syndicats et a déclaré que c'est en vertu d'une circulaire du gouvernement qu'elle doit "faire de la police municipale une police de proximité". Tiens, tiens ! Cela sonne comme un aveu de l'échec de Nicolas Sarkozy !
Alors, attendons maintenant de voir si nos policiers municipaux vont marcher à la manœuvre.
Concluons avec deux faits survenus ces derniers mois.
Il y a près de six mois, le directeur de la police municipale a soudain été évincé alors que le maire louait depuis 2003 les compétences de ce fonctionnaire qui avait été décoré par elle de la médaille du courage et du dévouement suite à une opération contre un braquage de bijouterie où il s'était distingué avec neuf autres collègues en janvier 2008. Et qui avait également été nommé chevalier de l'Ordre du mérite national (pour ses 24 ans de services civils et militaires) le 17 mai 2008 au titre du ministère de l'intérieur.
Enfin, mais dans ce cas, c'est à juste raison que le responsable du service des agents de médiation et de sécurisation (AMS) en place depuis une dizaine d'années a dû payer sa mise à l'écart pour s'être pris pour un shérif en s'arrogeant une prérogative de policier sans en avoir ni titre ni qualité pour l'exercer.
La délibération du conseil municipal du 26 septembre 2011
=> Délibération cadre sur la sécurité
Les articles de La Provence des 2 et 13 janvier 2011 :
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/aix-la-ville-a-un-profond-mepris-pour-ses-policiers-municipaux
http://www.laprovence.com/article/aix-en-provence/maryse-joissains-impose-une-mue-dans-la-douleur-a-sa-police
Le rapport de la Chambre régionale et territoriale des comptes
(lire notamment la synthèse en pages 3 et 4)
http://www.ccomptes.fr/fr/CRC22/documents/ROD/PAR201023.pdf
Le site non officiel de la police municipale d'Aix :
http://pm.aixenpce.free.fr/index.htm