Maryse Joissains sur France Culture ! Qui l'eût cru, hé ?
Une journée réjouissante avec Maryse Joissains sur... France Culture. Non, non, ce n'est pas un canular. La maire d'Aix raconte ses amours, ses amis, ses emmerdes...
Actualisation 4 juillet : demande de mise au point de Bruno Genzana (voir plus bas)
Actualisation 12h00 : voir plus bas...
Comment refuser un tel cadeau ? Cette pépite unique en son genre a été diffusée sur France Culture dans la série Les pieds sur terre.
28 minutes et 15 secondes d'une émission entièrement consacrée à… Maryse Joissains, maire d'Aix ! Non, on ne rêve pas, c'est bien sur France Culture. Et, nul ne l'ignore, question culture, Maryse Joissains en connaît un plein rayon.
Pendant 24 heures, en compagnie de la journaliste Sonia Kronlund qui l'interroge à micro ouvert, notre bonne maire se donne à fond sur son enfance, ses amours, ses amis, ses emmerdes. On la voit presque lorsqu'elle monte dans sa voiture ou déambule dans les rues, claque la bise, salue les passants. Elle apparaît touchante de spontanéité et de délicatesse. Elle raconte ses drames, ses peines, ses joies, ses envies, ses choix.
Elle s'affiche patronne, femme de combat et de pouvoir, qui a de l'intelligence et du charisme. "Quand j'étais petite, j'étais chef. J'ai toujours été chef. J'étais la dernière de la classe, à la récréation, j'étais chef. Quand on jouait dans les quartiers, j'avais ma bande. J'ai toujours été attirée par la puissance et la force." On frise l'anthologie. Il ne lui manque plus que de faire ériger sa propre statue en haut du cours Mirabeau. Elle est comme ça, Maryse Joissains. On ne la refait pas.
La journaliste fait son travail et n'omet pas de rappeler brièvement le parcours de la maire, le nom de son chauffeur, celui de son mari, et les déboires judiciaires des uns et des autres de sa bande, sans oublier ses prises de position politique qualifiées de dérapages.
S'enchaînent ensuite des propos sur la délinquance, sur les roms, une discussion de haut vol dans les ateliers municipaux où, guidée par son chauffeur Omar Achouri, l'ami de toujours, elle lâche (défense de rire) : "à la mairie d'Aix, c'est pas l'embauche des copains, c'est l'embauche des besoins, et il y a des jurys". Non, on ne rêve pas.
"Il a eu un procès où paraît-il il a gagné trop…"
Elle annonce qu'elle va manger avec Bernard Tapie qui a demandé à la rencontrer. Elle est interpellée par un homme qui lui fait part d'un problème avec son fils, justement un problème d'embauche à la mairie pour faire serrurier. Maryse Joissains explique qu'"il n'y a plus de boulot à ville, et à la communauté d'agglomération, c'est pareil". "Bon, tu me rappelles par Omar, à l'occasion, hein ?" Oui, Omar est le maire bis.
Suit l'évocation d'Alain Joissains, "qui a été un maire très aimé, il a quitté ses fonctions suite à un scandale provoqué de toutes pièces, et mon ménage a explosé". Et là, petit plaisir qui m'est très personnel, la journaliste interroge la maire sur le recrutement de son mari comme directeur de cabinet pendant sept ans. Réponse : "il a eu un procès où paraît-il il avait gagné trop, vraiment on veut absolument m'emmerder, quoi". Non, on ne rêve pas.
Episode suivant : son amour des personnes âgées, des enfants et des animaux. "Je vais essayer de fourguer mon chien qui a neuf ans à Bernard (Tapie). Hein, Omar, c'est toi qui vas apporter le chien à Bernard, pas au journal, tu l'amènes chez lui, Mazerolle il va pas prendre le chien, tu rigoles."
La promenade se poursuit jusqu'au restaurant où l'attend Tapie. Ils parlent de leurs combats. Maryse Joissains : "C'est plus dur pour la famille que pour soi-même. Moi, ma fille, si elle a fait un cancer à 35 ans et qu'elle a failli mourir ma fille unique, c'est bel et bien par ce qu'on avait subi dans notre vie, oui, y a des dégâts". La médecine sera heureuse de la découverte de cette cause.
Omar Achouri raconte maintenant son parcours. Il connaît Maryse Joissains depuis 36 ans. Au sujet de sa convocation chez le juge, il assure avoir été entendu sur une lettre de dénonciation. Selon lui, l'avancement éclair qu'on lui reproche, "c'est une promotion sociale, y a pas de favoritisme", dit-il.
Bref intermède musical. Arrivée de Maryse Joissains dans son bureau à la mairie, devant ses parapheurs. "Jacqueline, demain, vous avez annulé demain matin ? Ah bon, donc, je peux prévoir le coiffeur ?"
Retour dans la rue. "Omar ! Y a rien qui te choque là ?" Trois vitres cassées sur la façade de la mairie. "Tu vas t'occuper illico presto, appelle-moi les services techniques et dis-leur que c'est de l'urgence absolue et que là je suis fâchée, hé."
Et puis : "Des détritus à côté de la poubelle, là, moi, si je le prends sur le fait, je l'emplâtre". Et encore : "Voilà alors, depuis qu'il y a les Roumains, vous avez ces spectacles, des femmes et des hommes qui s'allongent dans la rue, c'est triste, moi ça me fait mal au cœur mais il faut que le gouvernement prenne ça en charge. Ce sont des gens qui viennent ici pour faire la mendicité, en même temps pour surveiller les lieux pour d'autres qui viendront voler, pour piquer le pognon aux vieilles personnes".
"Un vrai sale type…"
Ultimes épisodes : "Eh Omar, tu regardes là pour sortir ?" Omar : "Où tu veux aller ?" "Ben voir le campus culturel." "Il est où ?" "Comment il est où le campus culturel ? Le GTP, le CCN, oh Omar !" "Euh, tu me parles… ben, dis-moi le GTP !" "C'est le campus culturel, Achouri, non mais je rêve." Non, on ne rêve pas. "Omar, il est avec moi tous les jours. Y a que le weekend que tu me laisses tomber. Le weekend, il fait sa vie."
Arrivée de Maryse Joissains au parc Jourdan pour la manifestation Côté Sud : "C'est très people ça." Rencontre avec la DRH de BNP Taïwan. "Bonjour ! Et bien, bienvenue !" Mais elle ne parle que l'anglais. "Alors comment on dit bienvenue ?" "Welcome." "Et bien sûr, welcome, je devrais le savoir ça !"
"Alors, s'il faut que je regarde tout, je suis pas sortie de la merde ! Bonsoir, je passe un peu en vitesse, il y a beaucoup de choses". "Bonsoir !" "Là, la dame qui vient de passer et qui m'a fusillée du regard, elle était sur la liste Front national, une petite bonne femme con comme un balai, elle est venue, elle s'est mise en bas à crier, quand j'étais en train de faire les élections, j'ai dit oh je suis pas une bourgeoise moi hé, je peux gueuler plus fort que toi hé."
"J'ai un peu mal aux pieds là hé." "Omar, coucou !" Omar : "Il est presque 21 heures, on y va, ciao !" "Non, écoute chéri, je peux pas bouger !" Non, on ne rêve pas.
Dernière canonnade contre Bruno Genzana, qui n'est pas nommé mais on comprend qu'il s'agit de lui contre un de ses anciens adjoints (voir mise au point ci-dessous) : "C'était mon ancien adjoint, qui est un sale type, un vrai sale type qui m'a trahie dans des conditions inacceptables, et bien il sera dans aucune élection, terminé pour lui !"
Voilà, voilà… De la culture, de la grande !
La bande son est ici :
Actualisation
Demande de mise au point de Bruno Genzana
Bruno Genzana m'a fait parvenir un courriel avec pièce jointe pour me demander de rectifier un passage de mon article où je cite son nom comme étant probablement celui auquel Maryse Joissains fait référence lorsqu'elle déclare "c'était mon ancien adjoint…".
C'est bien volontiers et en toute honnêteté que j'accède à son souhait.
Bruno Genzana précise en effet qu'il n'était pas présent lors de l'inauguration du salon Côté Sud qui s'est tenu au parc Jourdan et qu'il ne peut s'agir de lui puisqu'il affirme que les propos de la maire d'Aix ne correspondent pas à sa personne. J'admets évidemment son explication sans discussion et lui présente mes excuses pour mon erreur d'interprétation. Dont acte donc.
Mais alors de qui parlait Maryse Joissains ? J'ai bien une autre idée mais je me garderai cette fois de citer le moindre nom.