PS : Un congrès convenu mais utile
Une fois l'élection présidentielle passée, quelles peuvent être les audiences des congrès, conventions, batailles internes ou autres vrais ou faux débats des partis politiques ? Que peut bien retenir un électeur, même intéressé, des grands discours des uns et des autres. A en juger par les chiffres minables du passage sur France 2 des deux candidats de l'UMP à la conquête du poste de calife, l'engouement semble avoir déserté les téléspectateurs.
De même, quel impact peut avoir eu le congrès du PS de ce dernier weekend sur ceux qui ont regardé les quelques secondes diffusées dans les journaux télévisés ou qui ont suivi en partie ou intégralement (comme je l'ai fait) la retransmission sur la Chaîne parlementaire ?
Le désintérêt, le détachement ou l'indifférence trouvent sans doute leur origine dans l'idée que les jeux essentiels en termes électoraux ayant été faits en mai et juin, il n'était plus aussi crucial de consacrer trop de son temps à des débats sans possibilités de choix ou de sanctions pouvant influer ou décider de l'avenir jusqu'à une prochaine échéance capitale. Or, c'est là l'erreur. Qu'on ait opté pour un camp ou pour l'autre, voter le jour dit ne suffit pas. C'est précisément durant toute la période entre deux élections que tout se joue. C'est ce qui m'a toujours passionné, souvent jusqu'à la soif de n'en perdre aucune goutte.
Maintenant, revenons au congrès de Toulouse. Des surprises de fond, il n'y en a pas eu ou si peu. On avait certes bien compris que tout avait été réglé bien avant : la désignation du nouveau secrétaire national du parti et la teneur des discours de soutien indéfectible adressés au président de la République, au premier ministre et à l'ensemble du gouvernement.
Certains orateurs, par trop zélés, n'ont pas hésité à en faire au-delà du nécessaire et du suffisant en s'exposant dans des allégeances qui laissaient entrevoir les ficelles. L'unanimité affichée semblait un peu factice, surtout quand on sait tout ce que la bataille de la primaire avait dégorgé d'inimitiés, de critiques mutuelles et de mots assassins entre les divers courants.
C'est la règle, m'objectera-t-on. Je ne conteste pas le besoin de se montrer unis après les affrontements, surtout après avoir regagné le pouvoir. Ce que j'ai un peu de mal à admettre, ce sont les excès d'éloges et de lèche qu'on a entendus de la part de certains ministres ou responsables du parti, de ceux qui cherchent à bien se faire voir, de ceux qui sont encore en attente d'une place ou de ceux qui espèrent se faire connaître pour assouvir une ambition.
A mon avis, de tous les discours prononcés ces trois jours, peu ont emprunté des chemin nouveaux ou iconoclastes.
Selon moi, la prise de parole la plus originale et la plus démarquée a été celle d'Emmanuel Maurel, dont la motion avait atteint 13%, qui a osé rappeler avec un allant grinçant quelques vérités parfois escamotées. Sa parole était directe, vive et rafraîchissante.
L'intervention de Martine Aubry était, quant à elle, très offensive et sans fioritures, créant ainsi une forme de surprise alors qu'elle quittait sa fonction. Peut-être a-t-elle voulu faire comprendre qu'il fallait encore compter avec elle pour un éventuel rôle au poste de premier ministre lorsque le temps s'y prêtera.
Enfin, la troisième personne qui a détonné, c'est Harlem Désir, qu'on disait sans charisme et quelque peu moutonnier. On l'a vu s'emporter jusqu'à trop hurler et puis, s'en rendant compte, redescendre d'un ton, tout en continuant à lancer des attaques en formules bien calibrées contre la droite. Son discours a été pugnace et argumenté pour défendre les projets et l'action du gouvernement.
Alors, disons-le, même si ce congrès post-électoral n'a pas semblé vibrer comme les meetings de la campagne électorale, il aura au moins eu son utilité pour riposter aux invectives sinon à la démagogie de l'opposition.
A suivre…
Deux articles intelligents (et drôles) sur le congrès
http://www.bakchich.info/france/2012/10/26/nuances-de-rose-61873