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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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5 octobre 2012

Alors, comme ça, Obama aurait donc déjà perdu ?

obama 3(Clic sur l'image pour agrandir)
Ma capture d'écran

Un débat électoral, c'est d'abord de l'image. Et c'est ce qu'ont malheureusement retenu les commentateurs des médias dont on peut se demander s'ils ont tous veillé jusqu'à cinq heures du matin pour se faire leur propre idée. Au lieu de quoi, hier, attitude moutonnière s'il en est, une certaine paresse les a tous fait se soumettre au premier qui a dégainé son point de vue. Un Mitt Romney très en verve aurait écrasé un Barack Obama méconnaissable.
Et, pour ne pas rater le cliché unique à imposer, tous ont repris le score "Romney 1 - Obama 0". A la place, ils auraient pu dire Romney 15 - Obama 12, par exemple. Mais non, à leurs yeux, un score simplificateur fait toujours mieux l'affaire pour assurer une titraille de marchands.
Autres chiffres, tous ont relayé les résultats d'un sondage effectué à chaud par les télévisions américaines, appréciation censée désigner "le plus convaincant", "le vainqueur", et pourquoi pas le futur président tant qu'on y est ! Selon ces résultats, Romney a gagné à 67% et Obama s'est fait écraser à 25%. Pour CBS News, c'était 46% pour Romney et 22% Obama. Le drame, quoi.
Comme en 2008, j'ai pris sur mon sommeil pour suivre en direct la retransmission intégrale sur CNN de 3 à 5 heures du matin. Je ne le regrette pas. Car il vaut mieux aller à la source avant de se faire polluer par les copiés-collés de la grande majorité des médias. Je n'ai donc pas vu exactement la même chose que ce dont on nous bassinés en boucle toute la journée.
D'abord, c'est le premier débat d'une série de trois (hors un débat entre le vice-président en titre et l'autre candidat à la vice-présidence). Autrement dit, les scores déjà sous-entendus et même parfois interprétés comme définitifs ne veulent rien dire à ce stade. Ensuite, personne n'est allé s'aviser de rechercher et encore moins de préciser que ces sondages ont été obtenus sur la base loufoque de 430 sondés pour CNN et de 523 pour CBS News.

obama sondage CNN(Clic sur l'image pour agrandir)

En France, on se plaint de la fiabilité des sondages établis à partir de panels de 1.000 personnes pour une population de 66 millions de Français. Imaginez ce que peut valoir la farce outre-Atlantique au regard de plus de 316 millions d'Etats-Uniens. Et même si CNN prend la précaution de signaler des critères et notamment la marge d'erreur de + ou – 4,50%, que valent ces simulacres de consultation ?
Comme on le peut le voir sur ma capture d'écran du débat, au moment où chacun des candidats s'exprime, des mesures défilent en bas de l'image indiquant le niveau de réaction des téléspectateurs sélectionnés par la chaîne. Le débat se déroulant à Denver, Colorado, devant un public sommé d'être neutre et silencieux, ce sont des habitants de cet état qui ont été appelés à juger instantanément les propos de chaque intervenant.
Pour mémoire, cet état vote plutôt républicain mais il a accordé une bonne majorité à Obama en 2008.
D'un bout à l'autre du débat, les courbes n'ont quasiment jamais franchi la partie inférieure de la ligne médiane pour Obama alors qu'elles fléchissaient plus souvent en-dessous pour Romney.
Au-delà de ces détails peu rapportés dans les médias, la plupart des commentaires médiatisés ont surtout tourné autour des postures des candidats et des réactions suscitées par l'écume d'un spectacle typiquement américain. Pour ceux qui font profession d'informer, une fois encore, la forme a pris le dessus sur le fond, le style sur la substance.
Mais il ne fallait pas que regarder. Il fallait aussi écouter.
Certes, il est indéniable que Romney a fait des efforts pour tenter d'améliorer son image et paraître un peu moins ce qu'il est. Certes aussi, Obama a paru moins spectaculaire. Après tout, le premier est un concurrent qui veut la place tandis que le second est le président qui veut la conserver. Si l'on avait seulement suivi le débat à la radio, sûr que les impressions auraient eu une autre saveur. Pour moi, Romney a joué la forme car sur le fond il n'est pas crédible. Obama a misé sur le fond car la carrure tout le monde la connaît déjà.

truman dewey 1948

(Clic sur l'image pour agrandir)
En 1948, Harry Truman réélu montrant la une du Chicago Daily Tribune
qui annonçait la victoire de Thomas E. Dewey

Et, précisément, qu'ont-ils dit et aussi que n'ont-ils pas dit ? Romney a essayé de gommer toutes ses gaffes et déclarations rétrogrades proches de l'extrême-droite tout en assénant ses principes d'un libéralisme échevelé. Obama s'en est tenu au rappel de sa politique économique et sociale en portant un regard humaniste sur les plus déshérités. Et là, selon moi, il n'y a ni image ni photo entre les deux.
D'ailleurs, les sondages faits cette fois à l'échelle du pays donnent au président sortant un avantage confortable. Et c'est ce qui compte pour pouvoir l'emporter le 6 novembre.
Incidemment, vraie première, des sites d'information américains ont publié les réactions collectées sur des réseaux sociaux. Le débat a généré plus de 10 millions de tweets en 90 minutes, avec une majorité favorable à Obama. Mais là encore, la prudence s'impose, car toute précipitation à y entrevoir un résultat électoral serait hasardeux, pour ne pas dire imprudent. Il suffit d'ailleurs de se rappeler deux cas particulèrement significatifs de plantages des instituts de sondages.
En 1948, le président démocrate sortant Harry Truman était donné perdant face au candidat républicain Thomas E. Dewey, au point que le Chicago Daily Tribune avait fait sa une dans la nuit en anticipant le résultat, qui fut infirmé quelques heures après. Plus près de nous, c'est le démocrate John Kerry qui avait fait les frais de sondages approximatifs puisqu'il fut battu et le républicain George W. Bush réélu.
Je ne voudrais pas finir cet article sans pointer quelques différences et similitudes sur les débats présidentiels diffusés en direct à la télévision.
Aux USA, un seul journaliste pose les questions, assis face aux candidats. En tant que modérateur impartial, il est également chargé de conduire les prises de parole des concurrents se tenant côte à côte debout devant un pupitre sans qu'ils puissent réellement discuter entre eux.
En France, les journalistes sont assis à la même table que les deux candidats et font plutôt penser à des potiches qu'à des interviewers. Les deux finalistes sont face à face et échangent les coups quasiment sans intermédiaire.
Ce qui est commun aux deux dispositifs, c'est que les candidats préparent leurs prestations et s'entraînent préalablement face à des interlocuteurs jouant le rôle du concurrent. Tout est millimétré comme dans une pièce de théâtre. Les seules surprises sont celles qui peuvent jaillir soudainement par la tension de la situation, par la rugosité de certaines attaques, par la mise à l'index des failles ou encore la lourdeur ou la finesse d'esprit de chaque candidat.
Et, hélas, comme aux Etats-Unis, le lendemain, le gros des médias reprend à l'unisson ce que l'AFP A dit qu'il fallait en dire.

L'intégralité du débat

La transcription du débat en français :
http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2012/10/04/verbatim-la-transcription-du-debat-obama-romney_1769785_829254.html

Le débat sur CNN tel que je l'ai suivi :
http://edition.cnn.com/election/2012/debates/first-presidential-debate?hpt=hp_c2

Infographie
Comment se financent les campagnes électorales
 :
http://www.lemonde.fr/ameriques/infographie/2012/03/13/comprendre-le-financement-des-campagnes-electorales-americaines-en-3-minutes_1649185_3222.html

Les prochains débats de l'élection présidentielle américaine auront lieu :
Le 11 octobre, entre le vice-président Joe Biden (démocrate) et Paul Ryan (républicain), le colistier de Mitt Romney. Thématique : la politique intérieure et internationale.
Le 16 octobre, entre Obama et Romney. Thématique : la politique intérieure et internationale.
Le 22 octobre, entre Obama et Romney. Thématique : la politique internationale.

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Commentaires
N
Merci Castro pour tes veilles, tu es une des rares vigies vigilantes dont nous pouvons disposer, pour rester lucide sur ce que nosu rapportent les medias, y compris hors de notre petit territoire
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E
Certains médias sont des spécialistes pour faire un roi ou un champion. Rappelez-vous, Balladur et DSK, pour ne citer que ces deux-là, étaient donnés gagnants. Il n'en fut rien. <br /> <br /> En sport, on monte des individus au pinacle et puis patatras, certains trichent (handball), d'autres se dopent (cyclisme), d'autres encore ont des conduites de voyous (football). Et que ça te revend du papier pour alimenter la chronique et abrutir un peu plus les foules.<br /> <br /> A-t-on vraiment les médias qu'on mérite ?
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C
Merci pour cette petite claque qui réveille les moutons que nous sommes tous à un moment donné ! En dehors de l'ensemble des radios qui ont repris le gourou AFP, je suis étonné par les infos de Canal+ hier soir au Grand journal qui donnaient Romney gagnant de ce premier débat citant, "toute la presse américaine est unanime". Aucun journaliste politique français n'a regardé jusqu'au bout ce débat ?
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