Joissains et les dérapeurs absents de l'Assemblée
Chouette, la nouvelle Assemblée nationale se réunit mardi à 15h. Et ce sera une joie de suivre ce premier moment qui ne sera pas encore une séance de travail légistatif mais une mise en place des instances qui auront la responsabilité du fonctionnement pendant cinq ans.
En amont, majorité de gauche et minorité de droite ont déjà pu préparer le terrain en organisant leurs divers groupes respectifs puisque les députés sont officiellement entrés en fonction le 20.
Leur premier vote important désignera le nouveau président de l'Assemblée. On en connaît déjà le titulaire, Claude Bartolone du parti socialiste. La suite des opérations d'installation des rouages (commissions, groupes, etc.) aura lieu mercredi et jeudi.
L'assemblée qui vient de sortir des urnes offre enfin une image renouvelée de la représentation nationale. 217 députés (soit 38%) sont élus pour la première fois et les femmes constituent désormais 27% de l'ensemble des 577 députés, une avancée notable à mettre en très grande partie à l'actif de la gauche.
L'hémicycle va devoir se familiariser avec un nombre conséquent de nouveaux visages. L'hécatombe a entraîné la disparition de bataillons entiers de député(e)s de droite, voire de positionnement plus extrême, qui ont perdu leurs sièges pour inconduite caractérisée ou tout simplement par alternance voulue par les électeurs.
Ici, dans les Bouches-du-Rhône, deux députés manqueront particulièrement à l'appel. Après son autre déconfiture à la présidence de la Communauté urbaine de Marseille qui avait vu Eugène Caselli lui subtiliser la place par un tour de magie politique, Renaud Muselier s'est fait tailler une veste par la ministre Marie-Arlette Carlotti. Son avenir s'est un peu plus assombri alors qu'il a toujours en tête, paraît-il, l'ambition d'être le successeur de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille. C'est loin d'être fait.
Et puis, il y a Maryse Joissains, qui se croyait invincible mais qui a enregistré l'un des scores les plus minables de la droite dans sa circonscription, défaite par Jean-David Ciot dès sa première candidature. Maryse Joissains n'a à s'en prendre qu'à elle-même. Elle a morflé comme sa collègue Nadine Morano qui a, elle aussi, franchi sans vergogne le pas de la honte en direction du lepénisme.
Depuis des années, Joissains a tout osé dans ce sens et son rejet par les électeurs est une juste sanction qu'il va lui falloir analyser. Est-ce un signe, face à l'évidence de son score plancher à cette législative, cette fois, elle n'est pas allée jusqu'à réitérer le fumeux argument de l'illégitimité du candidat gagnant et son non moins gaguesque coup d'esbroufe du recours.
Joissains est désomais affaiblie et, pour les mêmes raisons, il n'est pas hors de portée de lui régler définitivement son sort lors de la municipale de 2014. Nous en reparlerons, chaque chose en son temps.
Pour elle, comme pour Morano, on pourra alors leur suggérer une reconversion dans une de ces émissions filmées 24h/24 sur la chaîne qui bétonne les cerveaux. Ou leur confier à tour de rôle de participer à ce programme de radio qui offre une seconde carrière aux grasses têtes. L'animateur ne le sait peut-être pas encore mais, avec le nombre de député(e)s battu(e)s en juin, il dispose là d'un vivier pour assurer ses audiences pendant plusieurs années.
Pour ma part, je me réjouis aussi de la disparition hautement méritée de certaines autres caricatures de la caste sarkozienne : Frédéric Lefèbvre qui confondait œuvre littéraire et marque commerciale, Georges Tron qui mettait les pieds où il ne fallait pas, Michèle Alliot-Marie qui excellait, pleine de morgue (maintenant, elle y est !) plus en Tunisie qu'au gouvernement, Chantal Brunel qui proposait ses compétences en expulsion maritime des immigrés, Claude Guéant qui concurrençait son patron en crapuleries policières, ou encore Valérie Rosso-Debord qui se prenait pour un porte-flingue sans se rendre compte que le ridicule ne tue plus.
On en a peu parlé mais une dynastie familiale au pouvoir depuis 1946 dans le Puy-de-Dôme a perdu son dernier descendant, Louis Giscard d'Estaing, qui a lui aussi été contraint à devoir prononcer à son tour la célèbre formule paternelle "au revoir".
Ultime bonheur, l'Assemblée a échappé à l'arrivée du pathétique Benjamin Lancar, clone en devenir de Lefèbvre. Au soir de la décrépitude de la droite, quelques regrets cependant. Dommage que ne fassent pas partie de l'ambulance des évacués les Patrick Balkany, Henri Guaino, Valérie Pécresse et David Douillet.
Ce qui est extraordinaire, mais à vrai dire sans surprise, c'est que, maintenant que Nicolas Sarkozy est réduit au silence, on entend ses suppôts, et pas les moindres, dire à la télé que la stratégie ultra-droitière du président sortant initiée par son conseiller d'extrême-droite Patrick Buisson était allée trop loin. Or, jusqu'au dernier jour de l'élection présidentielle, aucun de ces godillots n'avait osé se rebeller. Non, ils ont toujours menti et tout validé avec servilité et hypocrisie.
Plutôt que de venir épancher leurs états d'âme, qu'ils fassent d'abord leur examen de conscience et d'honnêteté. Etaient-ils les seuls à ne pas voir ce que tout le monde voyait énorme comme un clan de nababs au Fouquet's, un yacht d'ami richissime ou des montres de luxe au poignet, ces symptômes d'une sorte de maladie mentale qu'on nomme le syndrôme d'ubris ? A savoir, la perte totale du sens des réalités, l'intolérance à la contradiction, les actions à l'emporte-pièce, l'obsession de sa propre image et les abus de pouvoir. Etait-ce donc vraiment si difficile d'avoir le courage de sortir du rang pour dénoncer les dérives, mettre en garde Sarkozy et l'alerter sur sa faillite annoncée ?
Allez, hop, tournons la page. Et écrivons-en une autre, plus belle, plus juste et plus humaine. Le changement, c'est maintenant. Assurément !
Coup de chapeau à Jean-David Ciot !
http://www.assemblee-nationale.fr/14/tribun/fiches_id/605557.asp
Calendrier d'ouverture de la XIVe législature :
http://www.assemblee-nationale.fr/agendas/calendrier_ouverture_14.asp
Un article intéressant et sans pitié
(Merci à son auteur d'avoir cité mon blog et d'avoir mis un lien)
http://www.marianne2.fr/Comment-la-droitisation-de-l-UMP-a-conduit-a-sa-chute_a219909.html
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