Sarkozy se vautre dans l'affront national
Hier, à midi et en soirée, et plus à midi que le soir, Nicolas Sarkozy s'est encore vautré dans des propos brûnatres.
A midi, il tenait meeting. Puisant à pleines mains dans le sac à vices démagogiques du Front national, il a assourdi son auditoire de crapuleries bien extrémistes. Faut un peu le comprendre, c'est là sa seule et ultime bouée de sauvetage crevée pour un naufrage qu'il a lui-même provoqué.
Le soir, à la télévision, le même a fait mine d'adoucir ses déclarations du midi, mais sans réellement en renier aucune. Comment le pourrait-il d'ailleurs quand on voit ceux qui le conseillent ou qui l'entourent ? Son formatage mental outrancier semble désormais achevé.
Son conseiller politique s'appelle Patrick Buisson, un journaliste qui a trempé sa plume dans le journal Minute. Son responsable des sondages se nomme Guillaume Peltier. Il a grandi au FN, a fait un tour au MNR puis chez De Villiers. Quant à son entourage, il n'est peut-être pas nécessaire de citer tous les noms mais utile de se souvenir par exemple de Brice Hortefeux, de Claude Guéant ou de Nadine Morano.
A ces cavaliers noirs, il faut y adjoindre l'écurie des quarante députés de la droite dite "populaire" pour masquer l'extrémisme de leurs frasques. L'étalon en chef s'appelle Lionnel Luca, un esprit d'une finesse bien visqueuse qui s'est encore distingué hier avec des saillies sordides pour requalifier le patronyme de la compagne de François Hollande et lapider des ex-ministres certes sans figure ayant lâché Nicolas Sarkozy pour appeler à voter à gauche. A côté de tous ces pitres, Marine Le Pen passerait presque pour la vertu républicaine.
Pourtant, hier soir, Nicolas Sarkozy s'est dit scandalisé par la une de l'Humanité qui a collé une photo de Pétain à côté de la sienne. Parce que parler de "vrai travail", ça ne rappelle rien à l'inculte qu'il est de l'Histoire de France ? Et que dire du slogan "aidez-moi" de De Gaulle, dont il dit qu'il l'ignorait jusqu'à hier soir, même si dans ses coutumières forfanteries il ose se réclamer du gaullisme quand ça l'arrange ? Et voilà pourquoi, Nicolas Sarkozy ne trouve rien à retoucher à sa dernière énormité prétendant que "Le Pen est compatible avec la République".
Devant son public, il s'est plaint d'avoir été l'homme le plus insulté depuis qu'il a été élu. A-t-il perdu la mémoire de ses faits et gestes ? Non, non. Il ne peut avoir oublié qu'il a lui-même tant piétiné, tout, tout le monde et tout le temps, parfois en usant de la vulgarité la plus ignoble. Maintenant, on le piétine. Va bien falloir qu'il s'y fasse. Il est en miettes. Il essaie de recoller les morceaux partis dans tous les sens. Sa mécanique est détraquée. Trop tard. Mission impossible. Il est totalement éparpillé.
Alors, il s'agite, trépigne, vocifère, invective, menace. Chacune de ses apparitions le montre schizophrène, hystérique, désarticulé, menteur, aggressif, les traits défigurés de hargne et de haine, comme aliéné. Il fait honte à voir comme encore président et pour quelques jours comme encore candidat. Grotesque jusqu'à sa propre caricature.
Finalement, il n'aura été qu'une erreur de l'Histoire. Et on ne parlera plus de lui que comme un tragique fait-divers qui aura duré cinq ans.
Dernier caprice avorté dans l'instant, Nicolas Sarkozy exigeait trois débats, pas moins. Et pourquoi cette envie soudaine ? Parce que les socialistes en ont fait plusieurs pour leur primaire ! Il n'avait qu'à en faire autant dans son propre parti en débandade qui est bien parti pour la guerre des califes. Mais que croit-il ? Que les Français sont des demeurés qui ne le connaissent pas, qu'ils ne l'ont pas vu à l'œuvre, qu'ils ne l'ont pas déjà jugé depuis longtemps ?
Le 6 mai, on n'en veut plus. Il perd et il part. Ses meubles, ses Rolex et sa poussette sont déjà sur le trottoir. Il faut maintenant que le peuple huissier dresse l'expulsion définitive du locataire qui a enfreint toutes les clauses du règlement intérieur. A 20 heures, le spectacle de la déroute pourrait être fort désopilant à la vue des têtes hargneuses et des langues fielleuses des Guaino, Morano, Lefebvre, Dati, Bertrand, Pécresse, Baroin et autre Copé. Le soulagement, c'est maintenant.