L'épouse de Renaud Muselier mise en examen
Allons-y franco avec ce dicton si plein de sagesse africaine. "Le singe qui monte au cocotier doit avoir le cul propre."
Jusqu'à présent, l'intrépide Renaud Muselier n'a eu de cesse de tirer à vue chaque obus qu'il a pu dénicher contre les deux frères Jean-Noël et Alexandre Guérini. Et le voilà à son tour, au moins indirectement, sous l'œil de la justice.
Hier, c'est son épouse, avocate, Stéphanie Clément, qui, après avoir été entendue pendant plus d'une heure par le juge marseillais Franck Landou, a finalement été mise en examen pour "recel d'atteinte à la liberté et l'égalité d'accès aux marchés publics" et "recel de prise illégale d'intérêt" dans ses prestations pour l'office HLM municipal Habitat Marseille Provence (HMP). Aïe, la tête !
Cela s'est déroulé dans le cadre d'une information judiciaire portant sur les marchés d'avocats et de communication de l'office HLM municipal. A l'origine de l'affaire, un rapport de la Mission interministérielle d'inspection du logement social (Miilos) sur HMP avait relevé des "irrégularités" en matière de commande publique, "réalisée sans mise en concurrence", pour des prestations juridiques - d'un montant de 735.000 euros de 2005 à 2009 - ainsi que de recouvrement de loyers ou de communication.
Stéphanie Clément gérait depuis 1995 de très nombreux dossiers de HMP. Juste après la mise en examen, l'avocat de Stéphanie Clément a précisé : "Je ne peux pas vous dire que le dossier est vide mais il y a deux thèses qui s'affrontent. Le juge considère qu'il ne peut y avoir de montant d'honoraires supérieur à 4.000 euros. Nous, nous pensons que l'on doit appréhender ce dossier non pas sur un montant global d'honoraires mais sur des honoraires dossier par dossier". Il a par ailleurs déclaré qu'"aucun (n'avait) jamais dépassé ce montant de 4.000 euros", au-delà duquel il faut recourir à une procédure d'appel d'offres.
Dans un communiqué, Renaud Muselier, tout en soulignant que cette mise en examen le touchait "profondément" et qu'il avait une "confiance absolue en (son) épouse", a estimé qu'elle ne (méritait) pas de "subir les conséquences de (son) engagement politique". De son côté, l'avocat de Stéphanie Clément a déclaré ne rien savoir et ne pas s'intéresser à ces aspects politiques du dossier.
Il y a quelques jours, un autre avocat, Jean-Louis Texier, par ailleurs adjoint au maire UMP à La Ciotat, a déjà été mis en examen pour "recel d'atteinte à la liberté d'accès et à l'égalité des candidats dans les marchés publics".
Le feu couvait depuis un monent sous cette affaire. On se rappelle certainement la conversation d'un groupe de proches de Renaud Muselier mis sur écoutes qui, ayant eu vent de l'enquête, avaient tenté d'organiser la défense et la protection du député. (Voir lien ci-dessous)
Alors que cette étape de la mise en examen officielle de l'épouse de Renaud Muselier n'avait pas encore franchie, Jean-Noël Guérini a évidemment fait les gorges chaudes. Dans un communiqué du 16 avril, il en a profité pour crier à la manipulation politique ourdie contre lui-même au niveau du gouvernement.
Sans surprise, maintenant qu'il est atteint lui aussi, Renaud Muselier use du même argument de complot contre sa propre personne et ses proches.
Pour finir, on se rappelle également que, le 23 mars, à l'issue du vote du budget du conseil général, Jean-Noël Guérini avait fait état d'un mail qu'il avait reçu le menaçant de mort. Hier, Renaud Muselier a également dénoncé, en portant plainte, les bandeaux collés sur ses affiches de candidat aux législatives lui promettant une balle pour lui et une rafale pour sa clique. Rien que ça !
L'ambiance n'a jamais été aussi pourrie. Espérons que ça ne dégènère pas.
Le 17 avril 2012
Le 29 février 2012
Les deux communiqués du 17 avril de Renaud Muselier :
(Clic sur les images pour agrandir)
Extraits du communiqué du 16 avril de Jean-Noël Guérini :
Un paragraphe d'un article paru sur le site lyoncapitale.fr daté du 13 avril sous le titre "Michel Mercier et les magistrats : le divorce est consommé" mettant en cause la tentative de mainmise du gouvernement sur la justice de notre pays a attiré particulièrement l’attention sur mon cas :
"Avec Nicolas Sarkozy, les interventions auprès des magistrats s’accélèrent".
Ailleurs, heureusement, certains sont plus bavards. Marseille n’a rien à envier à Paris ni à Nanterre.
Dans le climat d’interventions politiques dénoncées par l’USM, une magistrate du tribunal de grande instance de Marseille, jointe par téléphone et qui souhaite conserver l’anonymat, confie qu'"il y a eu des interventions téléphoniques du cabinet du ministre de la Justice dans des dossiers mettant en cause Michel Vauzelle ou Jean-Noël Guérini… Ces interventions n’ont rien d’illégal puisqu’il s’agissait d’instructions pour poursuivre et non pour classer…”
Cette nouvelle révélation dans le dossier Guérini, où le sénateur et président du conseil général des Bouches-du-Rhône a été mis en examen le 8 septembre pour “association de malfaiteurs, prise illégale d’intérêt, trafic d’influence” dans une affaire de malversations présumées sur des marchés publics, laisse perplexe.
D’autant plus que “le procureur général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, Jean-Marie Huet, a choisi de ne pas transmettre la requête de dépaysement présentée par les avocats de l’élu à la Cour de cassation”, selon la magistrate. Coïncidence ? Jean-Noël Guérini, qui est loin d’être un enfant de chœur, a toujours affirmé “être victime d’une manipulation politique de la majorité”.
Depuis plusieurs mois, je me suis étonné des fuites et des rumeurs savamment distillées à la presse par des sources proches de l’enquête. J’ai demandé plusieurs fois le dépaysement de l’affaire, ce qui m’a été refusé. Je comprends mieux désormais pourquoi, alors que les violations à répétition du secret de l’instruction plaidaient pour un transfert vers une juridiction moins exposée médiatiquement.
Je le répète depuis le début de l’instruction : je souhaite que la justice fasse son travail de manière sereine et indépendante. Je n’ai rien à cacher, je n’ai pas trahi la confiance de mes concitoyens. [...]
Pour qu’enfin, comme je le répète inlassablement, la vérité éclate.
Source : http://lyoncapitale.fr/Journal/univers/Actualite/Justice/Michel-Mercier-et-les-magistrats-le-divorce-est-consomme
Des articles à (re)lire
"Renaud Muselier ciblé comme Jean-Noël Guérini ?" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2012/02/29/23638049.html
"La vie des fauves : aujourd'hui Renaud Muselier" :
(Lire sous l'article le commentaire posté par Muselier et ma réponse)
http://castronovo.canalblog.com/archives/2011/10/03/22219185.html
"Le petit cabanon de Muselier" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/11/05/19519459.html