Hollande pousse Juppé dans le tournis du grand huit
"Quand vous arriverez au pouvoir, on verra ce que vous ferez." En l'entendant lancer cette apostrophe au futur et pas au conditionnel à Francois Hollande, on se demande si Alain Juppé mise encore sur une victoire de Nicolas Sarkozy.
Hier soir sur France 2, on allait voir ce qu'on allait voir. Après quelques séquences avec des questions qui ont versé dans la médiocrité à propos de la personne du candidat, suivies de questions sur son programme, est venu le débat attendu entre François Hollande et Alain Juppé. Depuis le début, François Hollande avait déjà promené les journalistes sur le grand huit. Bien préparé, il était donc chaud pour accueillir Alain Juppé.
Pour parler en défense de Nicolas Sarkozy, c'est curieusement le numéro deux du gouvernement, ministre des affaires étrangères, qui a suppléé le premier ministre. C'est comme envoyer le valet à la place des maîtres.
On le sentait crispé et inhabituellement en dessous de ses moyens. S'il avait été le vrai candidat, il aurait sans doute été meilleur. Mais comme il était bien obligé de défendre le bilan du président, alors que François Hollande en est au projet, il a paru faire le service minimum comme si la partie était fichue.
Car ce qui était frappant, c'était l'impression qu'il dégageait d'être lui-même atteint par l'ambiance délétère qui règne dans le camp de l'UMP et que, même venu par devoir, il n'y croyait plus. François Hollande n'a pas eu trop de mal à l'emmener lui aussi faire un tour sur son grand huit en appuyant un peu plus sur la manette de la vitesse pour le déstabiliser.
Histoire de conjurer le sort, Alain Juppé a conclu son intervention de manière assez inattendue : "Depuis 20 ans, le favori du mois de janvier n'a jamais été l'élu du mois de mai." La remarque était pour le moins maladroite puisqu'un exemple au moins témoigne du contraire : Nicolas Sarkozy était en tête en janvier 2007 et il a gagné. Depuis le Bourget, selon moi, on en est à Hollande : 3, Sarkozy : 0.
Maintenant, attendons dimanche pour savoir ce que le président sortant peut bien encore avoir en réserve. Mais il est fort à parier qu'il encaissera un quatrième but. Par les Français, cette fois.
La conclusion de François Hollande