Mis au ban par le PS, Guérini persiste et menace
"Dans quelle République vivons-nous ?"
Cette question, au ton exclamatif outragé, est posée par Jean-Noël Guérini. Mais pas à lui-même. C'est, au choix, aveugle, cynique ou regrettable.
"Je ne démissionnerai pas et j'accomplirai mon mandat jusqu'au bout."
Dans le délicat bourbier où il s'est mis, cela ne s'appelle-t-il pas ne pas avoir de figure ? Car aller chercher des poux chez les autres n'est pas une bonne défense. C'est même s'enfoncer un peu plus dans le déshonneur de ses propres turpitudes.
Reprenons un peu. Jean-Noël Guérini s'est remis en selle suite à la décision du tribunal administratif qui a jugé impropre son arrêté de délégation de pouvoirs. Et revoilà le président du conseil général des Bouches-du-Rhône tout regonflé dans sa superbe lançant un "Je suis innocent" assorti de menaces générales : "Si j'ouvre la boîte de Pandore, il y en aura pour tout le monde". On dirait un concours pour savoir qui aurait commis le plus de crapuleries.
Jean-Noël Guérini, mais pas que lui, n'a toujours pas compris, ou fait-il semblant de ne pas comprendre, que le problème que pose sa conduite est éthique. Que les gens en ont assez des politiques, de gauche et de droite, qui sortent du chemin de la vertu publique, et du devoir d'exemplarité qu'imposent les fonctions électives.
"Je ne démissionnerai pas"
"Je ne démissionnerai pas de la présidence"... par france3provencealpes
La direction nationale du parti socialiste a enfin voulu faire un pas vers la mise au ban de Guérini, en demandant sa démission mais sans aller jusqu'au courage de prononcer une sanction franche en cas de refus. "Le Bureau national a demandé la mise en retrait de M. Guérini et d'en tirer toutes les conséquences en terme d'exécutif, de présidence et de participation au groupe socialiste au Sénat et au conseil général", a déclaré Benoît Hamon.
Au cours de sa conférence de presse d'hier, Guérini s'en est encore défendu en avançant que son parti n'a pas à se mêler de sa présidence d'une collectivité souveraine et en clamant que sa légitimité lui venait des électeurs. Il oublie de dire que c'est avec l'investiture et les moyens du parti qui l'a fait roi.
Au conseil général, pour l'instant, ils sont peu nombreux ceux qui ont osé braver le mutisme qui sied à la servilité. Avec, en pointe, Marie-Arlette Carlotti : "Sa faute est, en se maintenant coûte que coûte à la tête de l'exécutif départemental, de ne pas assumer ses responsabilités et de mettre en danger le parti et l'institution." Michel Pezet, lui, a estimé que "Guérini doit prendre du champ", et a formulé l'espoir qu'"une expression claire soit définie au bureau national".
Depuis quelques jours, la pression exercée sur Guérini est montée d'un gros cran. La question qui reste en suspens est celle de savoir quand pourrait intervenir le point de bascule qui permettrait un retournement majoritaire et salutaire de cette situation grotesque de soutien complice et irresponsable à l'égard de Guérini.
Ce qui fait dire à Guérini que c'est "la droite mais aussi quelques socialistes locaux" qui veulent sa déchéance politique. Il est vrai que, depuis quelques jours, à l'occasion de la sortie de son livre, "Le système Guérini", Renaud Muselier est invité dans les médias pour se gausser des mésaventures des frères Guérini et des reproches judiciaires qui leur sont adressés.
Mercredi, dans des termes déjà entendus sur les ondes, assurant en quelque sorte son propre service de promo pour le livre, il a opportunément posé une question orale un brin téléphonée au gouvernement, à laquelle la ministre du budget s'est fait un plaisir de répondre à l'unisson.
L'approche de l'élection présidentielle n'étant pas exempte de leurs considérations, ce dialogue entre comparses n'a pas manqué de faire diversion vers le candidat François Hollande et d'épargner le gros bataillon de ministres, de parlementaires et de membres de l'entourage direct de Nicolas Sarkozy inquiétés par la justice, mis en examen ou condamnés.
Or, l'argumentation de Renaud Muselier n'est pas loin de friser la malhonnêteté intellectuelle. Car le cas Guérini comporte deux volets distincts. Celui qui relève de son appartenance au parti socialiste et donc d'une appréciation statutaire interne et certainement pas de la justice. Et celui qui est lié à sa fonction de président élu d'une collectivité, ce qui le rend responsable de tous ses actes accomplis dans ce cadre et pouvant donc être poursuivis par un juge en cas de manquement avéré à la loi.
Muselier se fait donneur de leçons en tentant l'amalgame entre les deux volets, comme si l'UMP à Marseille et dans le département ne pratiquait pas elle aussi, par exemple, le clientélisme à tout-va.
Oui, au fait, "dans quelle République vivons-nous ?" En voilà une question qu'elle est bonne !
Concluons (forcément provisoirement) avec ce communiqué de presse du collectif Renouveau PS13 :
"Ce soir, après 9 mois de lutte, Renouveau PS13 se félicite de la décision du bureau national de notre Parti socialiste qui entérine une partie de notre feuille de route en faveur de la fin du système clientéliste et népotique mis en place et dirigé par M. Guérini.
Signifié à la presse dès l’annonce de la décision du bureau national de notre Parti socialiste, le refus de M. Guérini de démissionner de ses fonctions le situe, maintenant plus clairement que jamais, dans le cadre d’une aventure personnelle.
Que M. Guérini choisisse de terminer sa carrière dans le déshonneur de l’ultime trahison du parti auquel il doit tous ses mandats et toute sa carrière politique, est son problème. Le nôtre reste de le voir coupé au plus vite des moyens du Conseil général dont il use pour se maintenir à la tête d’un système clientéliste à l'opposé de nos valeurs.
Pour cette raison, Renouveau PS13 appelle ce soir la direction fédérale du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône, l’ensemble des élus socialistes du Conseil général, ainsi que l’ensemble des élus socialistes des Bouches-du-Rhône et des militants socialistes de conviction à unir leurs efforts pour obtenir le départ de M. Guérini de la présidence du Conseil général."
Une analyse lucide
La lettre n° 8 de Renouveau PS13 (2 novembre 2011) :
https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=explorer&chrome=true&srcid=0ByEiYrMzRwvdNWVlYWZhODgtNzJkYy00ZTAzLWI3OGUtNzZlN2VhZjA3ZmY1&hl=en_US
http://www.marsactu.fr/2011/11/03/jean-noel-guerini-jattends-toujours-lappel-de-martine-aubry/
Le cas Renaud Muselier
http://www.marsactu.fr/2011/10/27/on-a-lu-pour-vous-le-systeme-guerini-de-renaud-muselier/
Mes piqûres de rappel
"Le petit cabanon de Muselier" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/11/05/19519459.html
"Micro-partis et maxi-fric et les cas Muselier / Gaudin" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/10/11/19296355.html