La gauche fait sa primaire, Sarkozy réagit en primaire
Au sujet de la primaire, il a cru bon de mettre son petit grain de sel. Mais comme le ridicule ne le tue pas, il est encore vivant. Nicolas Sarkozy a-t-il regardé le dernier débat d'hier soir ? On le lui souhaite car il aurait pu se rendre compte que ses propos étaient à côté de la plaque.
D'abord, s'il y en un qui ne peut se croire digne de Charles de Gaulle, c'est bien lui. De Gaulle a voulu une élection présidentielle au suffrage universel et fait inscrire dans la constitution le rôle des partis politiques. En cela, la primaire organisée à gauche n'a rien de répréhensible, bien au contraire, s'agissant d'un mode direct d'expression populaire allant au-delà d'un parti et visant à sélectionner un candidat à la présidentielle.
Et puis, de toute façon, de quoi se mêle Sarkozy ? On ne lui a rien demandé dans cette affaire où un parti a décidé d'utiliser la méthode qui lui convient pour désigner son candidat.
Effet comique garanti, ce sont ses propres amis ou soutiens qui ont pris le contrepied en approuvant finalement le processus de la primaire.
Dans le lot, il y en a un qui a même fait très fort. L'ancien ministre Alain Lambert (ex-UMP, non étiqueté) a balancé une réjouissante réplique : "L’idée du général de Gaulle, c’était d’instaurer une élection présidentielle à deux tours. Pas à quatre tours. Ni d’aller au Fouquet’s le soir, ni sur un yacht le lendemain, ni d’emmener Bigard chez le Pape, ni de nommer son fils à la Défense, ni de "casser les pauvres cons".
Et d’ajouter : "A un manifestant qui lui cria "mort aux cons !", de Gaulle répondit "vaste programme". Autre culture. Autre temps. Ne faisons pas trop parler le Général, il n’est pas sûr qu’il serait fasciné par la gouvernance actuelle." Fin de la salve.
Un autre, Lionnel Luca, de la Droite populaire concurrente du FN, y est aussi allé de son analyse, lucide à souhait et poétique comme du Bigard : "Si les primaires de gauche foutent le bordel à droite, c'est un peu dommage. C'était pas prévu comme cela. On attendait le bordel à gauche et c'est le bordel à droite." Un délice !
Quoi qu'il en pense, et on se fiche de ce qu'il pense, dans six mois, Sarkozy devra se coltiner la primaire de l'élection présidentielle. Une bonne leçon qui le fera peut-être progresser mais ce sera déjà et heureusement trop tard pour lui.
Revenons au débat d'hier soir. A mon avis, par comparaison avec les deux premiers, il a sans doute été celui qui a permis les développements les plus détaillés puisque les deux postulants en présence ont disposé de plus de temps.
La séquence d'hier soir aura-t-elle une influence sur le choix des électeurs dimanche, par exemple en changeant l'ordre d'arrivée ? Personnellement, j'en doute. Il me paraît que la tendance favorable à François Hollande va plutôt s'accentuer. Si jusqu'à hier on pouvait encore estimer que le total des voix des candidats éliminés était susceptible de se répartir assez équitablement entre lui et Martine Aubry, l'arithmétique aurait été à l'avantage du premier. Mais, les ralliements de trois d'entre eux au mieux placé semblent maintenant ouvrir la voie à un écart plus significatif.
Il ne m'étonnerait pas que plus de la moitié des électeurs d'Arnaud Montebourg rejoigne le même mouvement. Si l'on ne peut en avoir la certitude absolue, selon moi, ces éléments pourraient cependant utilement amplifier le score du gagnant. Et lui assurer une dynamique croissante jusqu'à la confrontation finale.
Pour finir, et le sage n'ignore pas qu'il n'est jamais recommandé de se laisser submerger par un optimisme béat, la nature inédite de cette primaire ne fournit aucun indice sur la participation au second tour. Y aura-t-il plus de votants, ou moins ? Ceux qui auront perdu leur candidat reporteront-ils systématiquement leurs voix ? Ou s'en désintéresseront-ils ? Seront-ils remplacés par de nouveaux venus ? Dans quelles proportions et pour qui ?
Vite ! Que les urnes s'ouvrent dimanche !
Petit coup de gueule : Le français pour ceux qui le maltraitent
Jusqu'à preuve du contraire, pour exprimer la qualité d'un partisan, la règle commune est claire : on doit dire un socialiste, un communiste, un centriste, un sarkozyste (hou !), un gaulliste, un mitterrandiste...
Or, voilà que la plupart des journaux, télés, radios ou sites internet utilisent le mot "hollandais" pour classer les supporters de François. On se demande bien ce que les Pays-Bas viennent faire ici ? Pourtant, c'est bien le vocable "hollandistes" qui devrait logiquement s'imposer, non ?
A ne pas confondre non plus avec les suffixes en "en" et en "ien" qui qualifient une nature ou un caractère : gaullien, giscardien, mitterrandien, phocéen...
Je me souviens que, dans le même ordre de confusion, certains disaient, et disent encore, giscardien au lieu de giscardiste et pompidolien au lieu de pompidoliste, sans doute parce que la sonorité de ces mots dérange quelque peu l'oreille. Mais ce n'est pas une raison, l'erreur est du même acabit. Ci dit.
Je recommande la lecture de ces deux articles :
http://www.lepoint.fr/politique/parti-pris/le-contresens-volontaire-de-nicolas-sarkozy-12-10-2011-1383483_222.php
http://droite.blogs.liberation.fr/alain_auffray/2011/10/pas-%C3%A7a-pas-lui-nicolas-sarkozy-ne-devrait-pas-se-poser-en-h%C3%A9ritier-du-g%C3%A9n%C3%A9ral-de-gaulle-et-en-garant-de-lesprit-de-l.html