S'abstenir ? Moi, jamais ! Plutôt mourir oui…
Absentéisme ? Abstinence ? Non, ici, le mot idoine est abstention ! Qu'il ne faut pas confondre avec un rendez-vous manqué par étourderie.
S'abstenir, c'est le plus souvent signifier sciemment un refus de se déplacer pour aller voter. Les raisons sont très diverses : peu d'intérêt selon le type de scrutin, aucune candidature ne satisfait, dégoût de la politique ou encore manière de protester. Car, on le voit bien, les élections qui enregistrent les participations les plus fortes sont la présidentielle et les municipales, c'est-à-dire le niveau le plus haut et le niveau plus proche.
On ne peut donc pas croire un instant l'argument selon lequel l'électeur ignore qu'il y a un vote. Normalement, même s'il n'a pas écouté les informations ou lu les journaux, quelques jours avant, il reçoit chez lui une enveloppe marron bien neutre contenant les documents des candidats.
On se demande alors, au lieu de rester à la maison, pourquoi il ne vote pas blanc ou nul. Il est vrai que ces suffrages ne sont toujours pas pris en compte comme étant l'expression d'un avis qui en vaut d'autres. Cependant, même sous cette forme, l'électeur pourrait au moins participer en accomplissant un acte citoyen. Et bien non, lors d'élections locales, l'électeur s'abstient fortement.
On l'a encore amèrement constaté dimanche dernier. Et cela risque bien de se renouveler demain.
Des sept cantons les plus proches du pays d'Aix, l'abstention a été la plus haute à Aix-Sud-Ouest : 66,78%, avec 68,58% à Aix même ! Etrange paradoxe, en vérité, car c'est dans ce canton qu'il n'y a pas de candidat frontiste qualifié pour le second tour. Mystère insondable des urnes !
Quand on interroge les élus sur ce sujet, comme l'a fait La Provence, tous déplorent les faibles taux de participation. A la question portant sur des consignes à donner dans les cas de figure où un candidat frontiste est encore en lice, si la gauche, à l'exception des écologistes, a annoncé clairement qu'elle encourage à voter pour l'autre candidat quel qu'il qu'il soit, la droite préfère le "ni ni".
Ainsi, après avoir déclaré, et sans rire, qu'il aurait mieux valu prolonger le mandat des conseillers généraux pour trois ans sans passer par une élection (et pourquoi pas carrément dissoudre le peuple ?) Maryse Joissains fait-elle savoir qu'à ses yeux "la République ne court aucun risque". Ah bon ?
Au niveau national, la droite atteint des sommets de cacophonie et de démagogie : Nicolas Sarkozy et François Fillon en personne vont jusqu'à appeler à l'abstention ! Pensent-ils eux aussi que la République n'est pas en danger et qu'elle peut donc s'accommoder de pareille forfaiture ? Sont-ce les mêmes qui prétendent aider à l'avènement de la démocratie dans les pays qui se battent au péril de leurs vies pour obtenir l'instauration du suffrage universel libre ? Honte et déshonneur à ceux qui prônent la lâcheté et fomentent de tels calculs !
Demain, même si je devais être sur un brancard, j'irai mettre mon bulletiin dans l'urne. Non mais !
Dimanche soir, les résultats sur le blog dès qu'ils seront disponibles.