Cette année, Maryse Joissains transmet ses vœux par le biais d'internet et publie son texte ânonné devant une caméra sur le site de la mairie. Ça, c'est la forme.
Mais le fond mérite d'être regardé de plus près. En effet, certains de ses propos ont de quoi de surprendre tant ils résonnent comme autant d'aveux contradictoires.
Que valent ses constats justes pour la plupart sur l'état de notre pays si on en exonère la responsabilité imputable à la politique du président de la République ?
Ce n'est pas parce que Maryse Joissains enrobe le tout en sur-jouant les bons sentiments que les lois antisociales qu'elle vote à l'Assemblée nationale deviennent des solutions aux problèmes. S'opposer à la loi sur les collectivités territoriales ne suffit pas à marquer son indépendance d'esprit pour laisser accroire qu'elle ne serait pas un député godillot.
Quelques extraits commentés :
"J’ai une conscience aiguë des difficultés, des obstacles et des handicaps de notre Pays ainsi que des nombreux Français en souffrance. Cette crise mondiale, financière, économique et monétaire que nous subissons obère nos capacités à créer les marges de manœuvres dont nous aurions besoin sur le plan national pour améliorer le quotidien de chacun et réduire les écarts sociaux dont souffrent les plus précaires d’entre nous ; les chômeurs, les handicapés, les petits retraités, les jeunes sans qualification mais aussi sans foyer référent. Cette crise n’épargne personne. Certains semblent détenir la solution qui serait de faire payer les riches…"
* "de nombreux Français en souffrance" : 4 millions de personnes au chômage qui souffrent, un aveu qu'on ne saurait mieux exprimer !
* "Cette crise que nous subissons…" : on croyait pourtant avoir compris que Nicolas Sarkozy avait terrassé la crise à lui tout seul, non ?
* "réduire les écarts sociaux" : les riches n'ont jamais été plus riches et les pauvres plus pauvres que depuis que ce président s'est avéré être le meilleur copain des grandes fortunes.
* "Certains semblent détenir la solution qui serait de faire payer les riches…" : c'est vrai, comment n'y a-t-on pas pensé avant, ce sont les pauvres qu'il faut faire payer !
"Comme cela est simple ; Notre économie mondialisée, qui ignore les frontières, est hélas plus complexe et l’on doit se défier de ces solutions faciles proposées par ceux dont la seule ambition est de prendre le pouvoir. Ils entraîneraient la France, dans une situation de non respect du statut et du pouvoir d’achat des fonctionnaires. Ils mettraient en danger les entreprises et l’emploi et ne nous permettraient plus d’honorer nos retraites, ni de financer nos régimes sociaux."
* "l'on doit se défier de ces solutions faciles proposées par ceux dont la seule ambition est de prendre le pouvoir" : l'ambition d'accéder au pouvoir n'appartiendrait-elle qu'à la droite ? Etrange conception du débat démocratique.
* "Ils entraîneraient la France, dans une situation de non respect du statut et du pouvoir d’achat des fonctionnaires ; ils mettraient en danger les entreprises et l’emploi et ne nous permettraient plus d’honorer nos retraites, ni de financer nos régimes sociaux." : jamais un gouvernement n'a programmé une casse aussi massive des services publics et réduit autant le pouvoir d'achat des fonctionnaires en même temps qu'il a paupérisé des millions de personnes.
Un peu plus loin, Maryse Joissains accuse Lionel Jospin (si, si !) d'avoir favorisé le démantèlement des services publics. Celle-là, elle ne nous l'avait pas encore faite !
(Clic sur l'image pour agrandir)
Brève parue dans le Ravi de janvier
"Si la France aujourd’hui traverse les épreuves avec plus de facilité que les autres pays, cela est dû à notre système social, à la ténacité de nos chefs d’entreprises, mais aussi à notre Président de la République et son Gouvernement."
* "cela est dû à notre système social" : formidable, on glorifie un système qu'on s'acharne à faire disparaître !
* "mais aussi à notre Président de la République et son Gouvernement" : que les Français sont donc ingrats de recourir de plus en plus nombreux aux Restos du cœur (gratifiés cette année d'une subvention exceptionnelle de 60.000€ versée par la Ville), de se plaindre dans la rue et d'essorer les cotes de confiance envers leur bienfaiteur en chef !
"En ce jour de début d’année, je salue son courage et lui présente tous mes vœux pour continuer sans relâche à réformer notre pays face à une chienlit qui abuse de la liberté d’expression pour salir l’homme qu’il est et le grand politique qu’il est devenu."
* "une chienlit qui abuse de la liberté d’expression" : élégante l'expression pour réclamer le bâillon !
* "pour salir l’homme qu’il est et le grand politique qu’il est devenu" : on est prié de ne pas rire et de ne pas rappeler la vulgarité de Nicolas Sarkozy et la risée qu'il suscite tant en France qu'à l'étranger.
Maryse Joissains évoque ensuite ses "batailles". Des rodomontades en fait : faire un chantage irresponsable au financement de Marseille 2013 pour réclamer par exemple un siège technique de l'université unique à Aix qui n'est finalement pas le cœur du pouvoir, défendre une voie LGV des métropoles comme beaucoup d'autres ou se vanter d'une réhabilitation du pôle judiciaire dont les engagements de l'Etat ont été revus en forte baisse.
"Merci également au Président de la République d’avoir repositionné la France sur le plan international ; nous lui devons entre autre la création du G 20, la moralisation de la finance, le soutien économique et financier de tous les pays européens et la nomination d’un Français, Monsieur Strauss Khann (sic), au FMI qui soutien (re-sic) la politique de la France à l’étranger."
* "la moralisation de la finance" : une crédibilité identique du même qui a déclaré que "les paradis fiscaux, c'est fini" !
* "Monsieur Strauss Khann, au FMI qui soutien la politique de la France à l’étranger" : là, on sent que certains socialistes vont être très contents !
Idem pour les opposants aixois : "Je ne vous cache pas avoir été blessée par l’acharnement que notre ville et le Pays d’Aix ont subi. En effet, pendant 2 ans, mes adversaires municipaux ont fait peser sur nos institutions une incertitude préjudiciable et tenté d’entraver notre action en remettant en cause le résultat du vote démocratique et sans ambigüité des élections municipales de 2008 et 2009. Le Conseil d’État a mis fin à ce feuilleton politico-judiciaire, en notre faveur. Nous allons pouvoir poursuivre notre travail."
Sa conclusion : "Je pense à vous tous et mon cœur est gros de ne pouvoir faire plus pour chacun d’entre vous mais c’est tous ensemble, chacun à notre niveau, que nous rendrons le monde meilleur. Je souhaite à chacun du bonheur, chacun a le sien à sa main."
Trop aimable à vous, madame la députée-maire !
Le texte intégral et la vidéo des vœux de Maryse Joissains :
http://www.mairie-aixenprovence.fr/Voeux-de-Madame-Maryse-Joissains,2545