Dossiers aixois (2) : Le marché entre Cour et Cours
Est-ce la solution définitive ou verra-t-on encore le marché textile du centre ville subir d'autres pérégrinations ?
Le problème, qui semble avoir trouvé une voie de compromis il y a quelques jours en autorisant la présence de ce marché sur le Cours Mirabeau une seule fois par semaine, n'est pas récent.
Le principal obstacle à son maintien régulier autour du Palais de justice a été la mise en place de mesures de sécurité draconiennes lors de la tenue de procès sensibles, le transfert de certains prévenus ou condamnés considérés comme dangereux devant être entouré des précautions les plus strictes.
Ce sujet est évoqué et débattu depuis plusieurs années, au moins depuis 2005. Il a donc fréquemment suscité des mécontentements et des protestations de la part des forains concernés par ces mouvements.
Chaque fois, on a vu la municipalité s'abriter derrière l'injonction de l'Etat lui faisant obligation de libérer les emplacements autour du Palais de justice. Chaque fois aussi, les forains ont réclamé des réunions de concertation pour rechercher des solutions justes qui satisferaient les deux parties.
Une des crises les plus aiguës s'est déroulée il y a près 18 mois lorsque les forains avaient été autorisés à s'installer sur le Cours. Maryse Joissains leur avait alors demandé de retourner autour du Palais suite à la mise en place d'un dispositif moins contraignant pour les affaires de justice. Les forains ne comprenaient pas ce retour en arrière qui ne permettait plus d'ailleurs à certains vendeurs de louer une place. Ils avaient écrit une lettre pour faire revenir le maire sur sa décision.
Ces derniers temps, le débat a été relancé suite à une tentative d'évasion et à la chute d'une
passante. Cela a entraîné de nouvelles manifestations des forains qui désiraient obtenir des garanties pérennes d'installation. Il aura fallu plus d'un an pour que la solution mise en place la semaine dernière, correspondant à quelques détails près aux souhaits antérieurs des forains (voir ci-après la lettre des forains en 2007), soit enfin entérinée après de longues discussions. Cela aurait pu aboutir plus vite si la municipalité avait créé une véritable instance de concertation. Mais non, comme dans d'autres domaines, l'absence de dialogue permanent envenime les relations entre les pouvoirs publics et les citoyens.
Pour conclure, je m'étonne qu'à aucun moment personne n'ait étudié la possibilité de demander aux magistrats de couper la poire en deux en déplaçant la tenue des procès des trois matinées de marché les après-midi dans l'hypothèse du maintien autour du Palais. Cela aurait satisfait tout le monde et n'aurait pas privé les forains d'une journée de vente, le mardi (il ne reste donc que le jeudi sur le Cours et le samedi au Palais) et aurait aussi permis à certains non sédentaires de ne pas être exclus.
La lettre ouverte des forains d'Aix à Maryse Joissains
du 25 novembre 2007
Votre décision de nous déménager du Cours Mirabeau vers le Palais Monclar nous plonge dans un désarroi total. En effet, elle a des conséquences désastreuses pour notre travail, notre sécurité et celle de notre clientèle. La nouvelle implantation du marché ne nous permet pas de déballer correctement et mettre en valeur nos marchandises, à cause des nombreuses bornes de sécurité qui jalonnent nos emplacements.
Nous nous retrouvons avec des places réduites ayant une profondeur insuffisante. De plus, la configuration du marché est telle qu'il existe trop d'espaces vides dédiés aux véhicules de gendarmerie qui diviseront le marché en deux, supprimant ainsi sa convivialité et son attrait. En outre, si la sécurité des bâtiments et du personnel judiciaire est assurée, celle de la clientèle, des commerçants non sédentaires et de leur marchandise n'est pas garantie.
Aix-en-Provence, deuxième cour d'appel de France est amenée à juger de très nombreuses affaires plus ou moins dangereuses ou sensibles, rendant ainsi son environnement direct très incertain. Le va-et-vient des véhicules de police et des prévenus au milieu même du marché n'est pas un atout pour celui-ci mais, au contraire, risque forcément de le pénaliser et de le rendre infréquentable.
Nous voulons un marché de Provence digne de ce nom avec des étalages attrayants et des conditions de travail décentes. Nous exerçons un métier difficile, que nous assumons et aimons. Le marché d'Aix est un des plus beaux de la région; nous aspirons à ce qu'il le reste. Nous ne voulons pas qu'il dépérisse parce que les marchands l'auront délaissé, faute de clientèle et de revenus suffisants.
De même, cette nouvelle implantation a privé de place de nombreux commerçants non sédentaires qui fréquentent le marché d'Aix depuis longtemps. Ils se retrouvent ainsi dans une situation financière catastrophique. C'est inhumain et indigne d'une société qui se veut
solidaire et généreuse.
Nous ne sommes pas des pions que l'on déplace, mais bien des hommes et des femmes travaillant dur et contribuant à l'activité économique et à la pérennité d'un marché de Provence, tant apprécié et fréquenté par la clientèle locale et étrangère.
Pour toutes ces raisons, nous vous demandons, Madame le Maire, de revenir sur votre décision et de nous autoriser à nous réinstaller sur le Cours Mirabeau en janvier 2009. Ne nous mettez pas en situation de désespoir car celui-ci est peut-être de mauvaises réactions. Puisque nous avons l'habitude d'affronter les difficultés, nous ne perdons jamais espoir.
Nous vous faisons confiance et souhaitons vivement que vous compreniez nos doléances et accordiez crédit à notre requête.
A suivre...