Villepin nous fait Che
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La machine à faire du vide a battu hier tous ses records. Les médias ont déroulé le rouge tapis sous les ailées semelles de Dominique de Villepin qui les avait assignés pour son entrée hussarde en résistance et ses sorties artificieuses contre Nicolas Sarkozy.
Le grand homme est particulièrement choyé par toutes sortes de complaisances à son endroit. Qu'on se rende compte, sa conférence de presse était retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télé ! Il faut en convenir, la baudruche sait attirer les courbettes. Il est vrai que, vu l'indigence du discours politique en cours, son style grandiloquent et compassé ne peut que flatter les micros, les caméras et les oreilles.
Mais en grattant un peu, que reste-t-il de ce spectacle monté à coups de projecteurs et de brassées d'air ? L'acrobate est meilleur parleur que faiseur. En effet, comment oublier ses brillants plantages sous Chirac qu'il a longtemps suivi dans les couloirs du pouvoir jusqu'à ce qu'il le sorte de l'ombre ?
N'est-il pas ce premier ministre qui, en fin stratège, conseilla à son président une catastrophique dissolution de l'Assemblée nationale aux dépens de son camp ? N'est-il pas ce glorieux entêté qui dut capituler devant la fronde contre le CPE ? N'est-il pas le blanc chevalier qui dépêcha un avion en Colombie pour aller soustraire sa copine Ingrid Betancourt à ses geôliers, un fait d'armes qui amusa tout le monde lorsque l'avion retourna vide ?
Hier, le jamais candidat ni élu nulle part Villepin a récividé dans la boursouflure, usant de mots plus vides que le néant. Il s'est déclaré "mal à l'aise dans la politique menée par la majorité". Seulement "mal à l'aise", pas scandalisé ? Non, non, faut rester gracieux même dans la fausse adversité.
Puis, pour montrer qu'on allait voir de quelles bûches il se chauffe, il a annoncé la création d'un mouvement "libre et indépendant, au-delà des clivages". A qui veut-il faire croire cela ? N'y aurait-il en France que des individus menottés ? Comment peut-il vouloir prétendre être indépendant en étant toujours inféodé à l'UMP ? Prend-il les gens pour des arriérés mentaux au point de leur vendre le mirage cachotier de l'apolitisme qui, comme chacun sait, conduit systématiquement à droite ?
A l'entendre égrener ses griefs garantis empruntés, il s'en fallait de peu pour qu'il nous la joue gauchiste et nous la fasse révolutionnaire. Grotesque et pathétique.
Si son but est d'essayer de ramasser les anti-sarko, on ne voit pas comment il pourrait convaincre à gauche, même en rejouant la scène jusqu'à l'usure. Pourtant, malgré le pompeux et pitoyable numéro d'hier, il ne faudrait pas négliger son côté utile. Tout n'était pas négatif.
D'ici 2012, la démarche peut s'avérer fructueuse et doublement enivrante. La condition est la suivante : il faut soutenir Villepin juste ce qu'il faut pour l'aider à atomiser Sarkozy. L'un ne pouvant plus espérer le désistement de l'autre et vice-versa, cela nous débarrasserait des deux et de la droite.
Reste à savoir si Villepin saura se montrer à la hauteur de notre confiance. Quoi qu'il en soit, ne soyons pas pessimistes. Nous tenons peut-être un autre saltimbanque en réserve. Faut juste vérifier si Patrick Sébastien ne serait pas plus crédible dans ce rôle.